samedi 28 mai 2011

237. Lou Reed: "The day that John Kennedy died". (1982)

* une terrible onde de choc.
L'assassinat de John F. Kennedy le 22 novembre 1963 bouleverse une Amérique majoritairement attachée à son président. Une terrible onde de choc déferle sur le pays et le monde entier. Presque instantanément, les chaînes de télévision interrompent leurs programmes pour diffuser la nouvelle. Sur CBS, le journaliste vedette, Walter Cronkite, ému, retire ses lunettes et reste sans voix avant de se reprendre (voir ci-dessus vers 5 minutes 10 après le lancement de la video) . La Une du journal Le Monde résume la situation: "A l'est, comme à l'ouest, l'assassinat de John Kennedy soulève consternation et inquiétude."
La bourse de Wall Street connaît même un vent de panique puisque l'indice Dow Jones cède plus de vingt points.

Caroline et John Jr, les enfants du président s'ébattent joyeusement dans le bureau ovale de la Maison Blanche. [Cecil Soughton 1962]


Quatrième président américain en exercice assassiné, John F. Kennedy est à n'en pas douter le plus pleuré, à la fois en tant que chef d'état, mais aussi comme s'il s'agissait d'un membre de la famille. Dès ses débuts en politique, les grands médias en ont fait leur chouchou, multipliant les reportages complaisants sur la famille Kennedy. JFK se forge ainsi une image de play boy, père attentionné de deux adorables enfants. La première dame devient rapidement une icône de la mode, incarnant la quintessence du bon goût. Les journaux et magazines populaires, en particulier LIFE, qui diffuse à près de 8 millions d'exemplaires chaque semaine, consacrent de nombreuses couvertures à cette famille idéale... La maison du clan, sise à proximité du cap Cod, est investie en permanence par des journalistes amis. Pour beaucoup il s'agit donc presque d'un deuil personnel.


A l'heure des médias de masse, la nouvelle du drame sidère l'opinion américaine.



La forte exposition du couple présidentiel accroît encore un peu plus l'extraordinaire déflagration médiatique suscitée par ce drame.
L'assassinat du président se fait sous l’œil des médias. Dès les coups de feu de Dealey Plaza, le drame pénètre dans les foyers américains et ceux du monde entier par le biais de la télévision, de la radio et des journaux.


Les obsèques nationales, voulues et organisées par l'Etat fédéral, confèrent une grande solennité à ce deuil public. Les autorités rapatrient la dépouille présidentielle et organisent son exposition à la Maison-Blanche pour les proches, puis sa présentation au public au Capitole. Près de 300 000 personnes viennent rendre hommage au défunt les 24 et le 25 novembre, jour de deuil officiel décidé par le président Johnson. Earl Warren, le président de la Cour suprême, prononce l'éloge funèbre.

Jackie Kennedy entourée de ses enfants lors des funérailles officielles de JFK. John Kennedy Jr fait le salut militaire devant le cercueil de son père qui descend Pennsylvania Avenue. Cette image émouvante fait le tour du monde. Caroline se tient à droite de sa mère, devant son oncle Edward, sénateur du Massachussets. A droite de la veuve se tient Robert Kennedy, qui occupe alors le poste d'attorney general (ministre de la justice). A la mort de son aîné, Bobby endosse le costume de chef du clan Kennedy.


Un million de personnes assistent à la procession qui conduit d'abord le corps du président à la cathédrale St Matthew the Apostle avant de rejoindre le cimetière national d'Arlington. Lady Bird Johnson, qui succède à Jackie en tant que première dame, décrit la scène: "De chaque côté on voit une mer de visages allongés, des visages silencieux, attentifs [...]. J'avais l'impression oppressante d'avancer un pied devant l'autre dans une tragédie grecque."
Les trois réseaux nationaux CBS, NBC et ABC diffusent en direct la cérémonie. L'émotion atteint son comble à la sortie de la cathédrale lorsque John Jr, 3 ans, se met au garde-à-vous et salue le cercueil de son père. L'image fera le tour du monde.
* Naissance du mythe.
Un véritable mythe se créé autour du président, dont Joseph, le père est à la fois l'inventeur et le principal artisan. Les positions isolationnistes de celui qui fut ambassadeur des Etats-Unis en Grande Bretagne au début de la seconde guerre mondiale, lui empêche d'accomplir son rêve d'accéder à la présidence. Il reporte alors ses espoirs sur sa progéniture. La mort du fils aîné pousse sur le devant de la scène le cadet, John, à disposition duquel il met son immense fortune.
Celui que tout le monde appelle Jack inaugure le temps de "la présidence médiatique". Mieux que quiconque avant lui, il comprend tout l'intérêt qu'il y a à mettre en scène son action. Sa jeunesse et son charisme font merveille devant les caméras. Il sait par ailleurs se concilier les sympathies de nombreux journalistes influents. Son assassinat achève de faire de lui un héros, le symbole de la jeunesse brisée.
Une semaine après sa mort, le président défunt a réuni toutes les caractéristiques d'un saint mort en martyr.
La sacralisation de Kennedy est encore renforcée par les déboires qui affectent sa famille et convainquent certains qu'elle est victime d'une malédiction (lobotomie ratée de sa sœur Rosemary en 1941, décès de son frère Joseph Jr dans l'explosion de son avion en 1944, mort de sa sœur dans le crash de son avion en 1948, mort de son fils Patrick deux jours après sa naissance en 1963, assassinat de Robert 5 ans après le sien, mort de son fils John Jr en 1999...). En outre, le drame qui se joue à Dallas est perçu par beaucoup comme une tragédie typiquement américaine.

Le jeune sénateur John F. Kennedy et sa fiancée Jacqueline Bouvier faisant de la voile au large du cap Cod en 1953. Une du magazine LIFE du 20 juillet 1953.


Arthur Schlesinger et Theodore Sorensen, ses proches collaborateurs, se font panégyristes et dressent un portrait hagiographique dans leurs ouvrages respectifs. A leur suite, la famille perpétue la mémoire du défunt et entretient le culte. Robert réunit ses partisans sur la tombe du cimetière d'Arlington et se réfère à longueur d'interviews à l'élan de son aîné pour définir son idéal politique. Le Kennedysme lui sert ainsi de point de départ pour une nouvelle mobilisation politique payante. Lors du congrès national du Parti démocrate de 1964, Bobby reçoit une ovation de plus de vingt minutes, l'empêchant de prononcer son discours.

La résistance du mythe de John F. Kennedy tient sans doute dans ce culte familial, amical et partisan, revivifié grâce à une multitude d’évènements politiques et médiatiques. Si des rumeurs, faisant état de l'infidélité chronique du président, sourdent ça et là, elle ne parviennent pas à ébranler le mythe. Or, au lendemain du Watergate, les parlementaires républicains aux abois déclenchent le scandale en dénonçant la relation de JFK avec Judith Campbell Exner, alors maîtresse d'un des principaux parrains de la mafia, Sam Giancana. D'aucuns imaginent la collusion entre le président et le malfrat. L'image de Jack en sort écornée et cadre de plus en plus mal avec le mythe entretenu par ses zélateurs. Un verrou saute et il devient de bon ton de vilipender Kennedy et sa famille.
Les critiques se focalisent sur la vie privée de Jack et non l'aspect politique, défendu avec acharnement par ses partisans. Les faces sombre et lumineuse de Kennedy finissent par composer deux légendes qui s'ignorent mais s'additionnent dans la propagation du mythe.



La une du magazine Life du 21 avril 1958: "Jacqueline, Caroline and Jack Kennedy".


* Une Amérique vacillante.


La violence qui gangrène la vie politique américaine (assassinats de Martin Luther King, Bobby Kennedy en 1968), l'enlisement dans un conflit contesté et perdu en 1975, le discrédit de la classe politique à la suite du scandale du Watergate, font douter de nombreux Américains de la pertinence de leur modèle. C'est pourquoi, a posteriori, les années Kennedy sont associées par certains à un âge d'or perdu.
Or, la société d'abondance et le modèle triomphant du début des sixties ne doivent pas masquer les réalités moins glorieuses de la présidence Kennedy: ségrégation raciale persistante au Sud, interventionnisme américain et manœuvres de la CIA , prospérité du crime organisé, violence endémique du système...
Le personnage de JFK s'inscrit aussi dans cette dichotomie. La mort violente du président lui confère une aura qui rend toute critique inaudible dans les mois qui suivent le drame. On vante alors son volontarisme, l'élan de la "nouvelle frontière", sa recherche d'une plus grande justice sociale, sa lutte contre les discriminations raciales, enfin sa croisade pour la liberté. Rien ne filtre sur ses fréquentations douteuses. De même la minceur de son bilan lors de son décès passe inaperçue. Certes, sa mort précoce ne permet pas de savoir comment aurait évolué sa présidence, mais il n'est pas parvenu à convaincre le Congrès de la validité de son programme. A contrario, sa mort ouvre des perspectives que saura saisir Johnson. Excellent connaisseur des arcanes du Congrès, ce dernier fait adopter de nombreuses réformes essentielles (les deux grandes lois de 1964 et 1965 sur l'interdiction de la ségrégation dans les lieux publics et les droits civiques, Medicare et Medicaid). L'occultation relative du bilan de la présidence Johnson s'explique par sa concomitance avec l'enlisement au Vietnam. En outre, on attribue bien souvent les succès de Johnson à son prédécesseur, oubliant que JFK se trouvait dans l'impasse en 1963 et que la majeure partie de son programme ne trouve un début de réalisation qu'à sa mort.
Les deux hommes se détestent cordialement et le premier n'a jamais compris la fascination que suscite JFK chez de nombreux Américains."C'était quelque chose d'incroyable, ce jeune godelureau était atteint de la malaria et vachement malade. Il n'avait prononcé un mot important au Sénat et n'y avait rien fait. Mais, d'une certaine façon, avec ses livres et son prix Pulitzer, il est parvenu à se faire passer pour un brillant intellectuel et un jeune leader qui changerait l'image du pays. Je dois aussi admettre qu'il avait un réel sens de l'humour et qu'il passait super bien sur ce foutu écran de télévision, et grâce à cela c'était finalement un bon gars, mais son emprise grandissante sur le peuple américain est restée un mystère pour moi."

Lyndon B. Johnson, en position de vice-président sur le ticket présidentiel, tance un perturbateur lors de la campagne de 1960.

De nombreux artistes consacrèrent des chansons au drame de Dallas, juste après les faits ou bien plus tard. C'est le cas de cette chanson de Lou Reed, issue de l'album Blue Mask et sortie 19 ans après les faits. L'ex leader du Velvet Underground et songwriter hors-pair décrit le choc ressenti par une majorité d'Américains à l'annonce de l'attentat.
L'interprète semble plongé dans un cauchemar dont il ne peut s'extraire. Tout ce qui vient de se passer est-il bien réel?
Le chanteur narre à deux décennies de distance ce qu'il faisait lorsqu'il apprit la nouvelle par l'intermédiaire du petit écran. Ce faisant, il confirme ce qu'avait affirmé avec justesse le présentateur du journal télévisé de la NBC lors de l'attentat du 23 novembre 1963: "qui que vous soyez, vous vous souviendrez toujours du lieu où vous étiez et ce que vous faisiez lorsque vous avez appris la mort du président."





Lou Reed: "the day that Kennedy died"

I dreamed I was the president of these United States
I dreamed I replaced ignorance, stupidity and hate
I dreamed the perfect union and a perfect law, undenied
And most of all I dreamed I forgot the day John Kennedy died

I dreamed that I could do the job that others hadn't done
I dreamed that I was uncorrupt and fair to everyone
I dreamed I wasn't gross or base, a criminal on the take
And most of all I dreamed I forgot the day John Kennedy died

Oh, the day John Kennedy died
Oh, the day John Kennedy died

I remember where I was that day, I was upstate in a bar
The team from the university was playing football on TV
Then the screen went dead and the announcer said,
"There's been a tragedy
There's are unconfirmed reports the president's been shot
And he may be dead or dying."

Talking stopped, someone shouted, "What!?"
I ran out to the street
People were gathered everywhere saying,
Did you hear what they said on TV
And then a guy in a Porsche with his radio hit his horn
And told us the news
He said, "The president's dead, he was shot twice in the head
In Dallas, and they don't know by whom."

I dreamed I was the president of these United States
I dreamed I was young and smart and it was not a waste
I dreamed that there was a point to life and to the human race
I dreamed that I could somehow comprehend that someone
Shot him in the face

Oh, the day John Kennedy died (4X)

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J'ai rêvé que j'étais le président des Etats-Unis
J'ai rêvé que j'arrêtais l'ignorance, la stupidité et la haine
J'ai rêvé d'une union parfaite, d'une loi juste et incontestée
et la plupart des choses auxquelles j'ai rêvé je les ai oubliées le jour où John Kennedy est mort

J'ai rêvé que je pourrais faire le boulot que les autres n'ont pas accompli
j'ai rêvé que j'étais honnête et juste avec chacun
j'ai rêvé que je n'étais pas grossier et ignoble, un criminel qui touche des pots de vin
et la plupart des choses auxquelles j'ai rêvé je les ai oubliées le jour où John Kennedy est mort

oh, le jour de la mort de John Kennedy (2X)

je me souviens où je me trouvais ce jour là, j'étais au fin fond de l'état, installé dans un bar
l'équipe de l'université jouait au foot à la télé
soudain, l'écran s'est obscurci et un présentateur déclara,
"une tragédie vient d'avoir lieu
des informations à vérifier indiquent que l'on a tiré sur le président et il pourrait être mort ou agonisant."

Tout le monde s'est tu, quelqu'un a crié, "Quoi?"
j'ai couru dehors dans la rue
les gens recueillis discutant partout,
avez-vous entendu ce qu'ils ont dit à la télé
et un type dans une Porsche équipée de la radio appuya sur son klaxon
et nous annonça la nouvelle
il dit, "le président est mort, il a été atteint par deux balles dans la tête
à Dallas, et ils ne savent pas par qui."

J'ai rêvé que j'étais le président des Etats-Unis
j'ai rêvé que j'étais jeune et intelligent et que rien n'était gâché
j'ai rêvé que la vie et l'espèce humaine signifiait quelque chose
j'ai rêvé que je pouvais comprendre d'une façon ou d'une autre que quelqu'un
lui ait tiré une balle en pleine tête

Oh, le jour de la mort de John Kennedy (4X)


Merci Marie pour l'aide à la traduction.


Sources:
- Jacques Portes: "Lyndon Johnson. Le paradoxe américain", Biographie Payot, 2007.
- Thierry Lentz: "L'assassinat de John F. Kennedy, histoire d'un secret d'Etat", Nouveau Monde, 2010.
- Claude Quétel (dir.): "Dictionnaire de la guerre froide", 2008.
- Lindsay Porter: "Assassinat. Une histoire du meurtre politique", Actes Sud, 2010.
- Peter Collier et David Horowitz: Les Kennedy, une dynastie américaine, Petite Bibliothèque Payot, 2001.

Liens:
- American Experience.
- Medarus.org

lundi 23 mai 2011

236. Médine : "17 octobre 1961" (2007)

Voilà un rappeur qui, selon ses propres mots, "ne parle que de guerres, d'histoire-géographie". Il a donc toute sa place dans l'histgeobox. Dans sa chanson "17 octobre", Médine nous relate ce qui s'est passé à Paris, en pleine Guerre d'Algérie, ce 17 octobre 1961. Il replace la journée dans le temps long des relations complexes et tendues entre la France et sa colonie. Sa connaissance de cette histoire et la force qu'il met à la transmettre en font un rappeur atypique.
Nous commençons par la musique en vous proposant le clip et les paroles de la chanson. Dans un deuxième temps, VServat nous fait le récit de cette journée et évoque la manière dont sa mémoire a évolué dans le temps jusqu'à aujourd'hui. Enfin, nous avons demandé à Nathanaël, qui connaît et apprécie l'oeuvre de Médine depuis plusieurs années, de nous retracer le parcours du rappeur. Quelques liens, lectures et prolongements terminent l'article.
Mais place à la musique et bonne lecture !

Aug





Alger capitale, au commencement des « sixties »
Les pieds-noirs quittent le navire, les colons dératisent
1961, période estivale, c’est la guerre d’Algérie et son festival
Et son lot de discriminations, de tortures, d’exactions tout un ramassis d’ordures
Quelques degrés au Nord de l’équateur
Je quitte l’Algérie française, un pincement dans le coeur

Voici mon parcours Ahmed, fils de Mohamed

Gangrené du corps par la misère du Maghreb

Par les meurtres les soirs de couvre-feu,

Par la peur du soldat français qui ouvre le feu

Ouvre les voiles petit paquebot libérateur

Emmène moi au pays des employeurs

Loin de l’inactivité beur algéroise

Loin de ceux qui transforment nos mosquées en paroisses

Basilique de Notre-Dame d’Afrique

S’éloigne de mon regard lorsque les mouchoirs s’agitent
Verse une larme dans la Méditerranée
Une goutte d’eau dans la mer contient la peine de ma terre damnée.

Accoste à Marseille, port autonome, cité phocéenne,
Un étranger parmi les autochtones
Direction Saint Charles gare ferroviaire
Embarquement quai 7, voiture 6, wagon fourrière
Croise le regard des îlotiers me foudroyant le cœur comme un tir de mortier
Reçoit la flèche de la haine par les appelés du Contingent
"Tes papiers !
- Je suis français missié l’agent "
Chemin de fer, terminus Paris, Gare de Lyon
La métropole et son peuple par millions
Quelques dizaines de francs serrés dans un poing
Serviront de premier contact au café du coin
Moi qui cherchait de la chaleur j’eus le sang glacé
Quand mes yeux rencontrèrent les leurs, couleur iceberg bleuté
Bluffé par leur manque d’hospitalité ainsi sont-ils,
Moralisateurs sans moralité
Démoralisé je reprends le chemin,
Lequel me conduira dans les quartiers maghrébins
Nanterre, monticule de bidonvilles,
Habitation précaire pour mon entrée en vie civile

"Je ne laisserais pas les cœurs du FLN faire la loi dans Paris !
A partir de maintenant, pour un coup reçu … vous en rendrez 10 ! "

Ici, rien de bon pour les ratons,
M’a dit le commissaire sanguinaire de mon canton
Après m’avoir uriné sur les mains, le gardien de la paix casse du cru au quotidien
17eme jour du mois d’octobre, le FLN a décidé de mettre fin a l’opprobre
En effet, le journal de la veille titrait :
"COUVRE-FEU RECOMMANDÉ POUR LES IMMIGRÉS"
Non ! La réaction ne s’est pas faite attendre
Algériens de France dans les rues nous allons descendre
Protester contre leurs lois discriminatoires
Investissons leurs ponts et leurs centres giratoires
Embarqué dans un cortège pacifique,
Nous réclamons justice pour nos droits civiques
Mais la police ne l’entend pas de cette oreille
En cette période nous sommes un tas de rats rebelles
Marchons en direction du pont Saint-michel
Nous verrons bien quelle sera l’issue de cette querelle
Une fois sur la berge j’aperçois le comité d’accueil
Qui souhaite faire de ce pont notre cercueil
Les camps s’observent et se dévisagent
Un silence de mort s’installe entre les deux rivages
Puis une voix se lève, scande " A bas le couvre-feu " et ouvre le feu
La première ligne s’écroule et commence la chasse à l’homme
Je prends mes jambes à mon cou, comme un pur-sang je galope
Mais le pont est cerné, nous sommes bernés
Dans une prison sur pilotis nous sommes enfermés
Pas une, pas deux mais une dizaine de matraques viennent me défoncer le crâne
Et mes os craquent sous mon anorak
Ma bouche s’éclate bien sur les trottoirs
Leurs bouches s’esclaffent bien grandes de nous voir
" Nous allons voir si les rats savent nager
Au fond de la Seine vous ne pourrez plus vous venger "
Inconscient, gisant dans mon propre sang
Les brigadiers en chef par tous les membres me saisissant
Amorcent ma descente là où passent les péniches
S’assurent de ma mort frappant ma tête sur la corniche
Je tombe comme un déchet au vide-ordure
Dans la chute violemment ma nuque a touché la bordure
Liquide poignardant tous mes orifices, le fleuve glacial un bûcher chaud pour mon sacrifice
Monsieur Papon a jugé bon de nous noyer
Aucun pompier pour étouffer le foyer
On n’éteint pas des braises avec un verre de gasoil
Sans penser aux tirailleurs et combattants zouaves
Mon cadavre emporté par le courant
Sera repêché dans les environs de Rouen.

D’étranges nénuphars flottent sur la Seine
Séquence long métrage les yeux plongés dans la seine
Dégât des eaux pour les gens des humans-zoo
Déshumanisés les basanés ne font pas de vieux os

D’étranges nénuphars flottent sur la Seine
Séquence long métrage les yeux plongés dans la seine
Un sceau de pisse dans lequel on noie des rats
Octobre noir, ratonnade sur les boulevards
Ici rien de bon pour les ratons m’a dit le commissaire Maurice Papon
4 mois plus tard on ratonne à Charonne
Les "crouilles" et les "cocos" qui aident les "bougnoules"
132 ans d’occupation française ont servi à remplacer nos cœurs par des braises
Algérie en vert et blanc, étoile et croissant
Devoir de mémoire grandissant.
Jezzaïre.



17 octobre 1961 : aux confluences de l'histoire coloniale, de l'histoire de la guerre d'Algérie et de celle des Trente Glorieuses.

Inscrite dans l'histoire coloniale, le 17 octobre 1961, est une journée emblématique de la guerre d'Algérie. En effet, en ce jour on retrouve autant les acteurs que les grandes problématiques de cette guerre d'indépendance. Le FLN (Front de Libération National) , les supplétifs harkis, les forces françaises, ici représentées par la police, les Algériens de France : tous sont présents. Le fait qu'elle se déroule à Paris, ou plus largement dans le département de la Seine [1] témoigne des évolutions territoriales dans les affrontements en cours. A partir de 1958, le FLN décide, en effet, d'ouvrir un second front d'actions et de combats en France, ce qui le conduit à une confrontation sanglante avec l'autre parti algérien, l'ancienne "étoile Nord Africaine" de Messali Hadj devenue le MNA (mouvement National Algérien). L'adhésion des algériens de France à la cause du FLN est l'enjeu majeur de cette lutte.

Que sait-on de ces algériens de France? Paradoxalement, alors que leur pays est en guerre, ce sont pour une partie non négligeable d'entre eux, des arrivants de fraîche date. Les chiffres restent incertains mais si l'on recense 210 000 algériens en France en 1954, ils sont environ 436 000 à résider en métropole à l'heure de l'indépendance, en 1962. Autrement dit, au cours du conflit, leur nombre a doublé. Pour une part minoritaire certes, mais néanmoins existante, il y a dans cette population, femmes et enfants, car le contexte de la guerre est propice au rapprochement familial.
L'écrasante majorité d'entre eux vit en Région Parisienne. Ainsi, le recensement de 1959 fait état de 131000 Algériens dans le département de la Seine. Les nouveaux arrivants utilisent, comme c'est encore le cas dans les migrations du XXIème siècle, les réseaux de connaissance pour s'établir dans un quartier. En région parisienne, le quartier de la Goutte d'or, dans le nord-est de la capitale, abrite une importante communauté. A l'extérieur de Paris, les bidonvilles concentrent aussi une partie des Algériens de France : Nanterre est le plus célèbre, mais on peut tout autant citer ceux de l'Hay-les-Roses, Bonneuil-sur-Marne, Saint-Ouen, Genevilliers-Asnières. Les Algériens de France connaissent globalement des conditions de logement difficiles. Des foyers de travailleurs nord africains aux hôtels meublés lugubres et donc, aux bidonvilles, il n'y a rien d'enviable. En 1959, on estime à 11 000 le nombre d'algériens vivant dans des bidonvilles dans le département de la Seine, dont 350 femmes et un millier d'enfants.

Le bidonville de Nanterre, 1960.
[crédits]
L'histoire du 17 octobre 1961 est également à insérer dans le contexte des Trente Glorieuses. Les communautés d'algériens de France, dans leur implantation géographique, tracent la géographie de la France industrielle : la région parisienne, mais aussi Marseille, Longwy, Lille-Roubaix-Tourcoing sont des lieux d'ancrage majeurs. Les industries métallurgiques, le bâtiment, et évidemment l'industrie automobile emploient d'autant plus volontiers la main d'œuvre algérienne qu'il faut remplacer les jeunes bras des appelés partis combattre de l'autre côté de la Méditerranée.
Le cadre industriel et urbain constitue pour les algériens de France une véritable rupture puisque l'écrasante majorité d'entre eux était issue du monde rural (de Kabylie en particulier) avant de migrer pour l'autre rive de la Méditerranée. Rappelons que dans l'histoire de la colonisation et de l'immigration, la période des 30 Glorieuses, pour ceux qui décident venir s'établir en France est un moment de basculement : sur l'autre rive de la Méditerranée, on assiste à une prolétarisation de la main d'œuvre immigrée, qui trouve des résonances dans notre société actuelle.

Dernière caractéristique importante concernant les algériens de France : ils forment une communauté assez largement politisée. Acquise au MNA au début du conflit, elle va assez rapidement passer sous le contrôle du FLN, qui ouvre à cette fin un conflit dans le conflit. Multipliant les assassinats contre les adhérents et responsables du MNA, le FLN utilise aussi bien la carotte que le bâton pour gagner à sa cause les Algériens de France. Ponctionnés sur leurs revenus par l'impôt révolutionnaire qui finance la guerre en Algérie, les récalcitrants à son paiement sont éliminés. En revanche, ceux qui soutiennent le FLN sont assurés d'un certain nombre de services de nature sociale en retour qui va permettre progressivement l'émergence d'une contre société [2]. Ce faisant, les services sociaux français qui utilisaient l'aide apportée aux "musulmans de France" très souvent comme une arme (aussi) idéologique, se font damer le pion par la puissante structure du FLN qui impose autant d'interdits (celui de l'alcool par exemple) que de services (notamment en matière de santé).
17 octobre 1961 : une journée singulière.
En dépit du principe approuvé par référendum du droit à l'autodétermination de l'Algérie, l'année 61 est loin d'être calme. Pour mémoire, l'OAS se crée au début l'année et fait régner la terreur de part et d'autre de la Méditerranée (attentats à Alger,Oran, puis attentats en métropole, assassinat du maire d'Evian), de Gaulle doit faire face à la fois au putsch des généraux d'Alger [3], et à un attentat contre sa personne. Le FLN est loin d'être inactif en métropole, perpétrant des attentats contre les membres des forces de l'ordre ou contre le MNA [4] avec qui il est toujours en conflit. La police française multiplie les exactions contre les algériens de France (des noyades dans la Seine ont eu lieu avant le 17/10/61).
Photographie de Jean Texier, pour le journal l'Humanité.[4]
5 octobre 61, c'est l'instauration d'un couvre feu de 20h30 à 5h30 du matin sous prétexte d'une recrudescence des violences liées à la guerre d’Algérie. (Stora p 306-307 texte officiel) Le préfet de police est alors Maurice Papon, Fort de son expérience de secrétaire général du protectorat du Maroc et de celle de préfet de la région de Constantine, il a recruté, sur l'ordre de M. Debré, Premier Ministre, une harka (FPA = Force de Police Auxiliare) constituée de 220 supplétifs et règne sur la police parisienne.

17 Octobre 1961, Photo Elie Kagan.
La manifestation qu'organise le FLN en ce 17 octobre 1961 marque, de sa part un changement de stratégie. En raison de son emprise sur les algériens de France, il convoque la communauté de la Région parisienne à une manifestation pacifiste et désarmée. De façon à permettre à tous ceux qui travaillent d'y particper elle est organisée en fin de journée. En amont des points de rendez vous fixés au préalable (Bonne Nouvelle pour la banlieue nord, Saint Germain pour la banlieue sud, l'Etoile pour le bidonville de Nanterre (regroupement au pont de Neuilly), les manifestants, d'où qu'ils viennent, sont contrôlés par le FLN pour vérifier qu'ils ne portent pas d'armes. Les cortèges doivent ensuite se déployer dans Paris sur les Grands Boulevards, dans le quartier latin, sur les grandes artères de la capitale.
Algériens entassés dans les bus
de la RATP au soir du 17 octobre.

La manifestation ayant été interdite, la répression débute très tôt, à certains endroits dès les sorties des bouches de métro (Concorde). Entre 20000 et 30000 manifestants subissent la menace des violences policières alors que des familles entières ont rejoint les cortèges. Papon accrédite la diffusion de fausses nouvelles concernant le meurtre d'un policier ce qui démultiplie les exactions policières : les ratonnades [5] ont lieu sur les Grands Boulevards ou des coups de feux éclatent devant le Grand Rex notamment, les algériens qui rentrent chez eux sont arrêtés au pont de Neuilly et certains sont passés par dessus la balustrade, jetés à la Seine. Il y a plus de 11000 arrestations ce soir là. Les algériens sont entassés dans les bus de la RATP réquisitionnés pour l'occasion, passés à tabac et regroupés qui au palais des sports, qui au gymnase Jappy, qui au stade Pierre de Coubertin, ou encore à Vincennes qui accueille depuis début 1959 le CIV - ou Centre d'Identifcation de Vincennes - dans lequel les algériens arrêtés peuvent être maintenus en détention jusqu'à 15 jours. Au soir du 17 octobre 1961, 200 personnes s'y entassent pour 40 places. Parmi les personnes arrêtées certaines sont expulsés (1500) , d'autres sont incarcérées. Le bilan officiel de l'opération est de 3 morts et 64 blessés. Les témoignages recueillis a posteriori ne laissent pourtant que peu planer l'équivoque quant à la violence de la répression. [6]


17/10/1961, Elie Kagan.

17 octobre 1961 : une journée oubliée dans une histoire socialement vive.

Si Médine conclut sa chanson sur un appel au devoir de mémoire, on peut parier, qu'en rappeur engagé, il ne l'invoque pas sans raison. Histoire et mémoire ne faisant pas toujours bon ménage, revenons sur les processus d'occultation, volontaires ou circonstanciels, qui ont contribué, scandaleusement, pendant des années, à faire du17 octobre 1961 une journée oubliée.

Des lendemains immédiats jusqu'à très récemment, les gouvernements français successifs ont mis en oeuvre différentes stratégies pour que la connaissance des évènements qui se sont déroulés ce 17 octobre 1961 soit empêchée. Du simple refus de répondre aux questions de la presse, à des opérations de censure ou de saisie de documents (films de la télévision belge par exemple, ou témoignages déposés aux éditions Maspero pour une publication et saisis avant leur dépôt légal), les politiques ont clairement mis un frein aux processus permettant une connaissance précise des faits. Les évènements du 17/10/1961 sont donc restés longtemps en état de mémoire souterraine [7], transmise à l'intérieur des familles, des milieux confinés, entre témoins puis entre leurs descendants. Le refus de laisser travailler des commissions d'enquête (sous des motifs systématiquement fallacieux) n'a permis ni de libérer ou de recueillir la parole des témoins, ni de laisser sereinement travailler les historiens. L'accès aux archives est aléatoire et difficile. Quelques travaux dont ceux de Jean Luc Einaudi qui publie en 1991, La bataille de Paris, 17 octobre 1961 sortent un peu l'évènement de l'oubli.

Une du monde le 3 mai 2001 sur les aveux
du général Aussaresses concernant l'usage
de la torture en Algérie.
En outre, on sait que tout ce qui se rapporte à la guerre d'Algérie reste un sujet historiquement vif (il l'est aussi socialement) dont les zones d'ombre sont longues à éclairer. Les mots ont mis bien du temps à se préciser (des "évènements" à la "guerre", terme admis officiellement en 1999 seulement...) et les faits à être reconnus (la torture par certains généraux français, dont Aussaresses).
C'est finalement par des chemins de traverse que le 17/10/1961 va réapparaître dans l'espace public lors du procès qui s'ouvre en octobre 97 à la cour d'assises de Gironde contre Papon. Alors que celui-ci est entendu pour la déportation de 1600 Juifs de Bordeaux vers Drancy entre 42 et 44, Einaudi témoigne sur les évènements du 17 octobre.

Par la suite, Maurice Papon entame une procédure en diffamation envers un fonctionnaire public contre Jean Luc Einaudi qui écrivait, le 20 mai 1998, dans Le Monde : « Je persiste et signe. En octobre 1961, il y eut à Paris un massacre perpétré par des forces de l’ordre agissant sous les ordres de Maurice Papon ».
Papon est débouté en mars 99. La médiatisation a porté ses fruits. Une querelle s'installe entre différents historiens sur la question du bilan morbide de la journée, point qui reste à l'état d'estimation encore aujourd'hui. [8] Il est à noter qu'une plaque a été posée le 17 octobre 2001 par le maire de Paris, Bertrand Delanoé, au pont Saint Michel.


[Plaque inaugurée le 17 octobre 2001 par le Maire de Paris Bertrand Delanoë au Pont Saint-Michel (photo E.A.)]

Mémoire de la guerre d'Algérie, mémoire des algériens, mémoire des immigrés et de leurs enfants français, autant de filiations dans lesquelles Médine s'inscrit, dans la posture du porte-parole. Il remonte le cours du temps, évoquant les "132 ans d'occupation française", parlant de cette fin du XIXème siècle au cours de laquelle les zoos humains, ces "exhibitions ethnologiques" attirèrent des milliers de visiteurs au jardin d'acclimatation, et du temps de la Grande Guerre, pour laquelle l'apport des troupes coloniales d'Afrique du Nord fut réél mais peu reconnu. Bien sûr, on pourra trouver que le rappeur a les épaules larges, mais quels que soient les bémols que l'on peut émettre sur son discours en la matière ou sur les procédés employés, il semble animé, dans sa démarche, d'un souci de faire entendre une parole trop longtemps restée bâillonnée, et ce faisant, de parvenir à la résilience.



Qui est Médine ?

Médine Zaouiche est un rappeur français d’origine algérienne. Il est né en 1983 au Havre (Haute-Normandie).
Médine se caractérise par une apparence qui a tout pour se prêter aux jeux des préjugés :
musulman pratiquant, barbu, crâne rasé, banlieusard issu de l’immigration, une voix rauque… Mais en regardant ses textes de plus près, on s’aperçoit qu’il est provocateur (dans le choix des titres de ses albums par exemple : 11 septembre, Jihad). Son rap est en effet très engagé politiquement. Il met sa connaissance de l'histoire au service de la dénonciation des amalgames sur l’Islam ainsi que des dérives de sa communauté, il donne ainsi beaucoup d'importance à l’Histoire, à la lecture, à la tolérance, aux femmes, et ce avec toujours un effort considérable d’écriture.

On peut résumer son état d'esprit par une des phrases de son titre "Besoin de résolution", véritable manifeste du rappeur : "Besoin de mettre la forme au service du fond".

Après avoir rappé aux côtés de La Boussole (groupe avec lequel il a sorti 3 albums depuis 1999), c’est en 2004 que Médine sort son premier album solo - sans avoir sorti de EP au préalable - 11 Septembre : récit du onzième jour. Dans le livret, onze personnes anonymes ou connues interviennent sur le thème des attentats du 11 septembre 2001.
Huit mois plus tard, et cinq mois après la sortie du troisième album de La Boussole, Le Savoir est une arme, il sort un deuxième album solo intitulé Jihad : le plus grand combat est contre soi-même. Une manière pour lui de rappeler que le mot Jihad peut également avoir un sens spirituel.
Le 21 décembre 2006, il décide de sortir un 10 titres inédits, Table d’écoute, suite au piratage d’un album que les internautes baptiseront Album blanc, un album qu’il n’avait pas encore eu le temps de sortir. C'est sur
Table d’écoute que figure la chanson "17 octobre".
En 2008 sort sa Don’t panik tape, une mixtape regroupant sa discographie parallèle, mais surtout Arabian Panther, son troisième album solo. Avec plus de 25 000 exemplaires, il est son album le plus vendu.
Enfin, cette année 2011 a vu sortir Table d’écoute 2, dont le but est de faire connaître au grand public ses acolytes de Din Record (à savoir, Tiers Monde, Brav’, Koto et Proof). Il prévoit de sortir un quatrième album solo cette année, Protest Song.

Comme beaucoup de ses chansons, "17 octobre" est une chanson engagée. On peut parfois le trouver dérangeant mais il utilise souvent la provocation pour faire réfléchir. Dans la plupart des cas, comme dans cette chanson, il a auparavant effectué un important travail de documentation qui nourrit son écriture (je pense également à sa chanson sur Massoud et Malcolm X ou à celle sur les Indiens).

Notes :
  1. Le département de la Seine qui a existé jusqu'en 1968. Il englobait Paris, et, en substance, les départements actuellement limitrophes (Hauts de Seine, Seine st Denis et Val de Marne).
  2. Peggy Derder, L'immigration algérienne et les pouvoirs publics dans le département de le Seine, 1954-1962 l'Harmattan, 2001, p67 et suivantes et B. Stora Les immigrés algériens en France, une histoire politique 1912-1962, Hachette 1992, p 335 et suivantes.
  3. Il s'agit d'une tentative de coup d'état datée du 23 avril 1961 et perpétrée par 4 généraux de l'armée française (Maurice Challe, André Zeller, Edmond Jouhaud et Raoul Sallan) contre la politique de De Gaulle jugée trop favorable à un abandon de l'Algérie en tant que colonie française.
  4. Voir Yann Potin / Vincent Lemire
  5. Terme désignant les violences physiques perpétrées volontairement contre les personnes originaires d'Afrique du Nord.
  6. Plusieurs témoignages dans B. Stora Les immigrés algériens en France, une histoire politique 1912-1962, Hachette 1992. Ainsi "Beaucoup d'algériens sont tombés à la Seine, entraînant des CRS auxquels ils s'étaient agrippés. Je revois ce compatriote qui avait réussi à sortir du fleuve pour se voir accueillir par un CRS qui lui a brisé la mâchoire et le tibia à coups de matraque". Témoignage de M. Benharrat El Hadj dans El Moudjahid, 17/10/1984, "Octobre à Paris".
  7. J'emprunte l'expression à Peggy Derder.
  8. La querelle des chiffres est insoluble car certaines archives (comme celles de la police fluviale) sont inaccessibles et/ou ont disparu. Brunet énonce entre 30 et 50 morts, Einaudi plus de 200. Les Anglais J. House et N. Mac Master, dans leurs différentes publications, se rangent davantage du côté d'Einaudi, reconnaissant le travail remarquable fait dans "La Bataille de Paris, 17 octobre 1961".

Bibliographie :
  • B. Stora, Les immigrés algériens en France, une histoire politique 1912-1962, Hachette 1992.
  • Peggy Derder, L'immigration algérienne et les pouvoirs publics dans le département de le Seine, 1954-1962, L'Harmattan, 2001.
  • Jean-Luc Einaudi, La bataille de Paris : 17 octobre 1961, Seuil, 2001
  • Abdelmalek Sayad et Elyane Dupuy Un Nanterre algérien, terre de bidonvilles, Autrement 2008
Lien
Sitographie :
Deux articles rédigés par des élèves de Première dans le cadre d'un travail sur l'histoire commune entre le Maghreb et la France :

Pour élargir vers la fiction :
  • Didier Daeninckx, Meutres pour mémoire, Folio policier n°15, 2007.
  • A. Tasma, Nuit Noire, téléfilm, 2005.
  • B. Guerdjou, Vivre au paradis, 1997.