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mardi 27 octobre 2009

189. Wolf Biermann: "Die Stasi ballade" (1974).




Wolf Biermann est né à Hambourg en 1936 dans une famille juive et communiste. Son père est assassiné à Auschwitz. Il reçoit une éducation communiste modèle. D'abord membre des jeunes pionniers, il intègre ensuite le Parti socialiste unifié. A 17 ans, il choisit, par conviction communiste et antinazie, de s’installer en RDA (à cette date, les migrations ce font plutôt dans l'autre sens!). Il étudie l'économie politique tout en collaborant avec le Berliner Ensemble, le célèbre théâtre fondé par Brecht. A partir de 1961, il se met à écrire des pièces et fonde le théâtre ouvrier et étudiant de Berlin-Est. Mais, ses prises de positions lui aliènent très vite le soutien du SED (le parti communiste au pouvoir en RDA). Une pièce sur le Mur déplaît particulièrement en haut lieu. Son théâtre doit fermer et les mesures vexatoires se multiplient à son encontre.

Dans le même temps, Biermann écrit des poèmes qu'il met en musique. En 1964, il donne des concerts en RFA où paraît son premier disque en 1965, ainsi que son recueil de poèmes Harpe de barbelés ("Die Drahtharfe"). Après une période d'accalmie, il subit de nouveau les foudres des censeurs est-allemands qui l'empêchent de s'exprimer en l'interdisant de publication. En 1976, il est déchu de sa nationalité et interdit de séjour, à l’occasion d’un concert donné à l’Ouest. Il se réfugie en RFA où il se consacre particulièrement à sa carrière de chansonnier.

Dans l'extrait ci-dessous, il dépeint avec brio le quotidien de nombreux Est-Allemands, surveillés et contrôlés par la redoutable police politique, connue sous le nom de Stasi.

* La RDA sous le règne de la Stasi.

Dès sa création en février 1950, le ministère de la sécurité d’Etat de l’Allemagne de l’Est exerce une surveillance étroite de la population, et ce jusqu’à la chute du mur de Berlin, en 1989. Elle constitue l’instrument essentiel du pouvoir dictatorial du Parti socialiste unifié d’Allemagne (le PC de la RDA).

Un embryon de police politique est mis en place dès 1946, le K5, sur le modèle du NKVD (la police politique soviétique jusqu’en 1954). Ses membres intègrent le ministère de la sécurité nationale lors de sa création. Les dirigeants de ce ministère, membres du PC durant l’entre-deux-guerres, furent marqués par la clandestinité et sont familiarisés avec les techniques du renseignement et du sabotage qui leurs ont permis de sortir vivants de la période nazie.

Jusqu'à la fin des années 1950, la Stasi est un organe répressif chargé de "liquider les ennemis politiques" du socialisme. Cette répression de toute opposition s’abat dès la création de la RDA et touche toutes les personnes susceptibles de conspirer, d’espionner ou tout simplement de s’opposer à l’emprise du PC sur le pays. Le parti, lui-même est épuré de ses membres les plus remuants. Entre 1952 et 1953, près de 10 000 personnes auraient été arrêtées et condamnées à des peines de prison. La Stasi se spécialise aussi dans l’enlèvement d’Est-Allemands réfugiés en RFA.



Erich Mielke, Erich Honecker, Heinz Hoffmann und Kurt Hager zum 30. Jahrestag der DDR 1979. (Foto: WDR)


Les méthodes utilisées par la police politique n’ont rien de très originales, mais s’avèrent redoutables :

- conditions de détention très rigoureuses (isolement absolu, tortures, pression psychologiques), afin d’obtenir des « aveux » sur des complots imaginaires.

- Les assassinats politiques restent exceptionnels, mais la violence d’Etat existe. Des centaines d’Est-Allemands sont exécutés alors qu’ils tentent de franchir le mur de Berlin ou de gagner la RFA après 1961.

- Recours à la propagande et contre-espionnage en RFA. La Stasi se dote aussi d'un service culturel afin de surveiller et réprimer les intellectuels et artistes. La culture est mise au service de la propagande.

- Identification des milieux à risque (intellectuels et étudiants, services de sécurités…) et surveillance des suspects grâce à des moyens variés: ouverture du courrier, écoutes téléphoniques, appartements placés sous écoutes, filatures…

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Emblème de la stasi.

Progressivement, la répression se ralentit, pour laisser plus de place à la prévention. La Stasi entre alors dans une seconde phase qui se caractérise par la surveillance de la population est-allemande. Les emprisonnements politiques se réduisent, les conditions de détention se transforment. Les violences physiques cèdent la place à des techniques plus élaborées qui visent à déstabiliser psychologiquement l’adversaire. Les directives du Ministère de la Sécurité d'Etat invitent ainsi à “décomposer les âmes” de tout sujet “indiscipliné”. La Stasi diffuse des rumeurs, des calomnies sur les sujets visés, organisent des infractions, afin de les isoler du reste du corps social et les inciter à cesser toute activité d’opposition (aspects très bien mis en avant dans le film La vie des autres).

http://timesonline.typepad.com/photos/uncategorized/2007/08/06/stasi.jpg
Le héros du film La vie des autres, officier modèle de la Stasi soudain en proie au doute.

Pour mener à bien ce contrôle sur la société, la Stasi se dote d’un dense réseau d’informateurs, de « collaborateurs officieux » (des membres du SED, des jeunes qui financent ainsi leurs études, des individus en quête de gratifications et d'avantages matériels). Ces Inofizielle Mitarbeiter permettent une infiltration exceptionnelle de la société. En RDA, le niveau d'encadrement de la population est exceptionnel (de 20 à 30 000 informateurs à la fin des années 1950, on grimpe à 170 000 en 1989 pour 17 millions d'habitants). Le fichage des suspects concerne 4 millions d'individus, près du quart de la population.



Qui surveille-t-on ? Le milieu des opposants, les institutions stratégiques comme le personnel de l’armée et de la police, les organes du parti, les membres des ministères, les cadres économiques en RDA, les délégations est-allemandes à l’étranger. Pour autant, la surveillance ne se limite pas aux opposants politiques déclarés, mais affecte tout individu au comportement suspect aux yeux du régime. Tout comportement qui s’écarte de la norme définie par le SED est condamnable. Les jeunes aux cheveux longs, attirés par le rock font ainsi l’objet de l’attention des autorités.

Cette surveillance de tous les instants distille un climat de peur, qui incite à la plus grande prudence et pousse au mutisme. Au bout du compte, cette traque de tout comportement déviant entraîne la sclérose de toute la société est-allemande. Le harcèlement moral et psychologique affecte tous les rapports sociaux dans la mesure où personne n'est à l'abri de poursuites et surtout les indicateurs peuvent être vos proches (dans le couple, le voisinage…). Sonia Combe parle ainsi de "société sous surveillance".

Cela dit, il ne faut pas imaginer la Stasi comme une société secrète au-dessus de la population, mais plutôt comme une "entreprise publique", visible (elle comptait 91 000 fonctionnaires en 1989), profondément ancrée dans la société. Lors des dernières années du régime, elle fonctionne comme une instance éducative de surveillance politique visant à "discipliner" la population est-allemande.

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L'ancien ministre de la Sécurité d’Etat de la RDA, Erich Mielke (au centre) entouré de ses proches collaborateurs.

Malgré tous ses efforts, la Stasi éprouve des difficultés à anticiper les contestations qui peuvent se faire jour (les émeutes ouvrières de 1953), elle n’est pas parvenue non plus à éradiquer l’opposition politique, qui se structure au cours des 1980’s. Surtout, sans l’appui du grand frère soviétique, la Stasi et les autorités de la RDA ne peuvent pas empêcher le délitement du régime, précipité par les gigantesques manifestations de l’année 1989, qui aboutissent à la destruction du mur de Berlin.


Minister für Staatssicherheit Erich Mielke bei einem Appell des MfS-Wachregiments, 1967

Si le nombre de victimes directes des services de sécurité semble assez limité. Il n'empêche que les autorités n'ont pas hésité à tirer sur ceux qui voulaient fuir le régime. Ainsi, de 1961 à 1989, environ 1200 individus périrent en tentant de franchir la frontière entre les deux Allemagne. D'autre part, au cours des 40 années d'existence de la RDA, on estime que près de 200 000 individus furent emprisonnés pour des raisons politiques.

Les plus hauts responsables est-allemands et bon nombre de membres de la Stasi, durent rendre des comptes lors de la réunification. Or, cette épuration fut menée avec une certaine sévérité. Dans deux domaines au moins, les investigations furent systématiques: les crimes frontaliers, les condamnations d'opposants prononcées par la justice pénale de RDA.



Une fois le mur de Berlin détruit, les populations est-allemandes se précipitèrent vers les locaux de la Stasi afin d'empêcher la destruction des archives. Les militants des mouvements civiques apparus au cours de l'automne 1989, entendaient ainsi contrôler les millions de dossiers constitués par la Stasi sur de très nombreux citoyens est-allemands.
La loi du 20 décembre 1991 fonde l'agence fédérale indépendante chargée des archives de la Stasi (BStU).
Deux grandes missions incombent à cette agence:
- mettre fin aux "légendes" et permettre l'accès aux archives de la Stasi aux chercheurs, institutions. Les citoyens ont le droit de consulter l'éventuel dossier constitué par la Stasi sur leurs cas. Cette disposition connaît un grand succès (2,5 millions de demandes adressées à la BStU de sa création à juin 2009).
- examiner le passé des fonctionnaires et responsables politiques afin d'écarter de la fonction publique les anciens "informateurs non officiels" de la Stasi.



Wolf Biermann, "Die Stasi-Ballade"

Menschlich fühl ich mich verbunden
mit den armen Stasi-Hunden
die bei Schnee und Regengüssen
mühsam auf mich achten müssen
die ein Mikrophon einbauten
um zu hören all die lauten
Lieder, Witze, leisen Flüche
auf dem Klo und in der Küche
- Brüder von der Sicherheit
ihr allein kennt all mein Leid

Ihr allein könnt Zeugnis geben
wie mein ganzes Menschenstreben
leidenschaftlich zart und wild
unsrer großen Sache gilt
Worte, die sonst wärn verscholln
bannt ihr fest auf Tonbandrolln
und ich weiß ja! Hin und wieder
singt im Bett ihr meine Lieder
- dankbar rechne ich euchs an:
die Stasi ist mein Ecker
die Stasi ist mein Ecker
die Stasi ist mein Eckermann

____________________________

Humainement je me sens lié
Avec ces pauvres mecs de la Secrète
Qui par la neige et par la pluie
Sont contraints de veiller sur moi,
Pour tout entendre de mes chansons,
De mes saillies, de mes jurons
Ils ont installé un micro
Dans ma cuisine dans mes WC
Frères de la Sécurité
Vous seuls mes malheurs savez
Vous seuls pouvez témoigner
Que mon unique souci
Ma passion démente et douce
A notre cause est consacrée
Mes paroles sinon oubliées
Par vos bandes vous les fixez
Et je le sais, de temps à autre
Mes chansons au lit vous chantez
— je vous en dis ma gratitude
La Secrète c’est mon secret
La Secrète c’est mon secret
La Secrète c’est mon secrétaire
(…)


Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Hammer
Publié dans le recueil Ainsi soit-il et ça ira, Christian Bourgois Editions, 1978

il s'agit (ci-dessus) d'extraits de la chanson, l'intégralité des paroles peut-être lue ici.


Sources:

- Article d'Emmanuel Droit: "Le communisme au quotidien", L'Histoire n°346, octobre 2009.

- Article de Guillaume Mouralis: "Une épuration allemande", L'Histoire n°346, octobre 2009 et "Stasi: ruée sur les archives" du même auteur.

- Article de Sandrine Kott: ”Comment la Stasi à mis la RDA sous surveillance”, L'histoire n°317, février 2007.

- Article de Stéphane Courtois:”La terreur peut être douce”, L'histoire n°324, octobre 2007.


Liens:
- Biographie du chanteur.
- Biermann sur Wikipédia.
- Le dossier consacré au film la vie des autres par l'équipe de Zéro de Conduite (en particulier la page 8) ou encore ce dossier (en allemand).
- Extraits d'un ouvrage qui évoque Biermann.

dimanche 25 octobre 2009

188. Oxmo Puccino pour l'UNICEF : "Naître adulte" (2009)

Il y a 20 ans, le 20 novembre 1989, était adoptée la Convention internationale des droits de l'enfant. Ce texte précisait les droits des enfants :
  • le droit à la survie
  • le droit de se développer dans toute la mesure du possible
  • le droit d'être protégé contre les influences nocives, les mauvais traitements et l'exploitation
  • le droit de participer à part entière à la vie familiale, culturelle et sociale
La Convention rappelait également les quatre principes fondamentaux :
  • la non-discrimination
  • la priorité donnée à l'intérêt supérieur de l'enfant
  • le droit de vivre, de survivre et de se développer
  • le respect des opinions de l'enfant

A cette occasion, le rappeur Oxmo Puccino a offert une chanson à l'Unicef [Photo : Unicef]. Avant de l'écouter, voici quelques informations issues du rapport 2009 de l'agence.

Qu'est-ce que l'UNICEF ?

L'UNICEF est une agence de l'ONU créée en 1946. Le sigle signifie au départ United Nations Children Emergency Fund (Fonds d'urgence des nations unies pour l'enfance). Il a son siège à New York. Comme son nom l'indique, il doit au départ secourir les enfants menacés par la faim et les maladies après les ravages causés par la Seconde Guerre mondiale qui n'a pas épargné les civils, dont les enfants. Ses objectifs : améliorer leur accès à la santé, à l'éducation, à l'hygiène et à l'alimentation. Très rapidement, son action concerne surtout les pays du Tiers-Monde naissant. L'agence a reçu le Prix Nobel de la Paix en 1965. Une déclaration des Droits de l'enfant est adoptée en 1959 puis la Convention internationale en 1989.
37 comités nationaux (dont Unicef-France) relaient son action dans plus de 150 pays. Elle compte de nombreux ambassadeurs internationaux et des ambassadeurs nationaux, essentiellement des artistes et personnalités connues.


Quelle est la situation des enfants dans le monde en 2009 ?


Le rapport 2009, publié début octobre, donne des statistiques sur la situation des enfants pour plusieurs critères. Tout en ponctuant ponctuellement des progrès dans certains pays (au Bangladesh, en Guinée et au Népal pour les mariages précoces et forcés), le rapport dresse un bilan très sombre. Quelle est cette situation ?

  • L'absence d'existence légale : "arriver sur terre par catapulte"
De nombreux enfants n'ont pas d'existence légale, leurs parents, pour des raisons culturelles, politiques, économiques comme l'éloignement des lieux de recensement. L'Unicef établit ainsi que 51 millions d'enfants nés en 2007 ne sont pas inscrits à l'état-civil, pour moitié en Asie du Sud. Dans certains pays comme la Somalie ou l'Afghanistan, moins de 10% des enfants sont enregistrés. Cela pose de nombreux problèmes ensuite pour faire valoir toute sorte de droits parmi les plus élémentaires.

  • Les violences faites aux enfants : "en espérant que les grands répondent"
Très souvent, les enfants sont les premières victimes des mauvais traitements, dans le cadre domestique notamment. Entre 500 millions et 1,5 milliard d'enfants sont soumis chaque année à des violences. 70% des enfants des Territoires palestiniens ont ainsi subi des châtiments corporels et des violences psychologiques dans le cadre familial ou en dehors (comme victimes ou témoins de violences dans la rue). Lorsque cette violence se déroule dans le cadre domestique, elle est le plus souvent jugée comme normale par les personnes qui en sont victimes, en particulier dans les ménages les plus pauvres et les moins instruits...

  • Les mutilations féminines : "avec des arbres aux branches pleines de poèmes roses"
Dans les pays où elles sont pratiques courantes (Afrique subsaharienne et Yémen), les mutilations féminines et l'excision touchent 70 millions de jeunes filles et de femmes de 15 à 49 ans. Ce chiffre important ne prend pas en compte les femmes qui subissent ces mutilations dans d'autres pays en Europe et en Amérique du Nord où vivent des émigrés venus des pays où la pratique est habituelle. Même si de plus en plus de femmes s'y opposent, ces pratiques restent courantes dans de nombreux pays.


  • Le travail des enfants : "c’est nourrir sa famille avant d’apprendre à lire"
150 millions d'enfants âgés de 5 à 14 ans travaillent dans le monde. En Afrique subsaharienne, plus du tiers des enfants travaille. Dans certains pays comme le Brésil, l'Inde et le Mexique, le travail des enfants semble reculer lentement. Dans les pays les plus pauvres en revanche, la proportion reste stable. Dans les zones rurales, les enfants commencent ainsi à travailler dès l'âge de 5 ans parfois. L'Unicef pointe le paradoxe suivant :
"Le travail des enfants est à la fois la cause et la conséquence de la pauvreté et il perpétue la paupérisation en compromettant gravement l’éducation des enfants. En commençant à travailler très jeunes, la plupart des enfants retardent leur entrée à l’école, n’achèvent pas leur éducation de base ou ne vont parfois même pas à l’école du tout. Lorsque les filles qui travaillent vont à l’école, elles portent un triple fardeau : tâches ménagères, travail scolaire et travail en dehors de la maison, rémunéré ou non, ce qui limite inévitablement leur niveau d’instruction et leurs performances scolaires."

  • Les mariages forcés et précoces : "les plus fragiles coupables d’innocence"
"En 2007, plus du tiers des jeunes femmes âgées de 20 à 24 ans vivant dans les pays en développement ont rapporté qu’elles étaient mariées ou vivaient en union à l’âge de 18 ans. Les proportions étaient le plus élevées en Asie du Sud (46 %) et Afrique subsaharienne (39 %)." Dans certains pays, l'âge médian au premier mariage est bien inférieur à 18 ans. Ainsi au Bangladesh, même s'il remonte légèrement, il s'établit à 16 ans et dépasse l'âge médian pour le Niger, inférieur à 16 ans. Précisons enfin que les garçons sont également concernés , dans une moindre mesure il est vrai, par cette pratique des mariages forcés et précoces.

  • Les enfants dans la guerre : "pour les orphelins avec des mitraillettes"
Plus d'un milliard d'enfants vivent dans un territoire qui connaît un conflit armé. Outre le facteur aggravant que cela constitue en terme de développement, ces conflits entraînent souvent leur déplacement et leur exposition à des violences. Ils sont également nombreux parmi les victimes des mines anti-personnelles, souvent peu au fait des précautions à prendre. Mentionons aussi le sort des enfant-soldats dont je vous ai déjà parlé plus longuement sur Samarra.

  • Les enfants en prison : "c’est voir le jour au crépuscule"
Plus de la moitié des enfants détenus n'ont pas été jugés et condamnés. L'emprisonnement est utilisé couramment pour les enfants alors que la Convention précise que cela doit rester excepetionnel et en dernier ressort. Cinq pays appliquent même la peine de mort à des enfants depuis 2005. Il s'agit de l'Iran, de l'Arabie Saoudite, du Soudan, du Pakistan et du Yémen.



Voici les paroles de la chanson d'Oxmo Puccino, téléchargeable gratuitement sur le site de l'Unicef :

Naître adulte c’est nourrir sa famille
avant d’apprendre à lire
pour ça papa m’a souvent dit
si tu te couches tard tu te cultives,
le poison de ce monde c’est l’ignorance
les plus fragiles coupables d’innocence
l’enfance est un long voyage
l’arrivée dépend du paysage
à ceux dont les yeux n’ont plus d’étincelles
nous chantons cette mélodie qui rappelle
que le secret des plus grand trésors
se tient dans les poings d’un bébé qui dort

Naître adulte
arriver sur terre par catapulte
en espérant que les grands répondent
on va chanter pour changer le monde
naître adulte
c’est voir le jour au crépuscule
en espérant que les grands répondent
on va chanter pour changer le monde

Les droits de l’enfant se dressent pas à pas
serrons-nous les pétales que l’on fasse un parc,
découvrez le meilleur des mondes imaginaires
où s’allument des bougies vertes
ici poussent des glaces au gout d’arc en ciel
pour les mauvaises mines anti-personnelles
des poupées de caramel, plein de marionnettes
pour les orphelins avec des mitraillettes
à l’abri d’une forêt d’émeraudes
avec des arbres aux branches pleines de poèmes roses
on y cueille de douces paroles
fredonnez-les, puis la peine s’envole

Naître adulte
arriver sur terre par catapulte
en espérant que les grands répondent
on va chanter pour changer le monde
naître adulte
c’est voir le jour au crépuscule
en espérant que les grands répondent
on va chanter pour changer le monde

Tenter de danser pour conjurer le sort
donner sans mesurer l’effort
se pencher pour apporter des forces
à ceux qui n’ont plus d’écorce
bien que la vie soit dure
on veut tout l’amour qui nous est du
et si la réponse est longue
chantons tant que la terre est ronde
Des liens pour en savoir plus :



samedi 24 octobre 2009

Sur la platine: octobre 2009.




1. Willie Williams: "Jah rigtheous plan".
Reggae ultra-classique, mais très efficace tiré de la compilation Studio one Roots 2.

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2. Ann Peebles: "I'm gonna tear your playhouse down".
Une très belle chanson d'Ann Peebles lors de ses enregistrements pour Hi Records de Willie Mitchell tiré d'une compilation consacrée à la deep soul sudiste: "Take me to the river: a southern soul story (1961-1977)". Ce titre fut samplé à plusieurs reprises (The Plan - "Sunz of Man").

3. Fool's gold: "Surprise hotel".
Ce groupe de dix musiciens californiens, grands amateurs de musiques africaines, proposent un mélange savoureux (afro-pop). Pour en savoir plus, allez faire un tour sur le Mellotron.

4. Gregory Isaacs: "All I have is love".
Le cool ruler interprète ici un de ses grands succès de sa voix suave et nonchalante.

5. Howlin' Wolf: "Killing floor".
"Loup hurlant" reste un des plus grands bluesmen grâce à sa voix nasillarde et puissante, épaulée par le son saturé et sauvage de son groupe.

zoelulu:  Girl Crush Hope Sandoval of Mazzy Star  She has such unique features and how is it that she’s not still around?  She can give me the chills, make me cry, and love life all in one song.  True. There was a time when I would have dropped everything for her…
Hope Sandoval du groupe Mazzy Star.

6. Mazzy Star:" Five string serenade".
Ce groupe a disparu de la circulation, mais il fut, au cours des années 1990, à l'origine d'une pop hypnotique très originale et toujours agréable à écouter aujourd'hui.

7. Geoffrey Oryema: "Land of Anaka".
Un morceau tiré du premier album (1990) du chanteur ougandais: "Exile" (surtout célèbre pour la chanson "Ye ye ye" qui servait au générique du cercle de minuit).

8. Alain Peters: "Complainte pour D".
Une des figures de la maloya réunionnaise disparu bien trop tôt.

http://ecx.images-amazon.com/images/I/51idb0S13%2BL._SS500_.jpg

Pour terminer:
- le clip montrant la rencontre au sommet du king of rock'n'soul avec les Blind boys of Alabama. Le titre est issu de l'excellent album "don't give up on me" (2002, Fat Possum).

- enfin, et surtout, une interprétation extraordinaire de Sammy Davis Jr.

Solomon Burke "None of us are free".




Sammy Davis Jr: "Vehicle".

mercredi 21 octobre 2009

187. Jean Ferrat: "Le bilan".

Jean Ferrat reste l'un des grands noms de la chanson à texte. Il a écrit et interprété de nombreuses chansons engagées dans lesquelles il dénonçait l'exploitation de l'homme par l'homme. Ce compagnon de route du parti communiste français critique ici (en 1980, un peu tard diront certains) la "caricature" de socialisme que fut le système soviétique, en tout cas stalinien. Revenons sur les heures les plus sombres de l'URSS et de son bloc. 

* "De Prague à Budapest de Sofia à Moscou". Le chanteur évoque ici les capitales du bloc de l'est, notamment celles des démocraties populaires secouées parfois par des mouvements de protestation. Les tentatives de libéralisation du régime à la suite de manifestations furent systématiquement réprimées avec la plus grande violence par les troupes du pacte de Varsovie au moins jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Gorbatchev en 1985. Revenons sur deux épisodes très révélateurs: August 1968 in České Budějovice 1 Les chars soviétiques à Prague en août 1968. 

 - A Budapest, en octobre 1956, la population hongroise se soulève contre l'URSS. Les manifestants souhaitent l'instauration d'une démocratie véritable et entendent se libérer de la tutelle soviétique. Ce mouvement prend place dans le contexte de la déstalinisation, ouverte par Khrouchtchev. Elle suscite un immense espoir dans toute l'Europe de l'Est, vite douché par la féroce répression de l'Armée rouge. - A Prague, en janvier 1968, le nouveau secrétaire du parti communiste tchécoslovaque, Alexandre Dubcek, mène une politique de libéralisation du régime. L'intervention des chars du pacte de Varsovie le 20 août 1968, met un terme au "printemps de Prague".

"faire signer les aveux les plus fous".

Ici, il est question des fameux procès de Moscou et de la "grande terreur". En seize mois, d'août 1937 à novembre 1938, 750 000 citoyens soviétiques furent exécutés après avoir été condamnés à mort par des tribunaux d'exception à la suite de parodies de procès. Les fameux procès de Moscou ne représentent que la face émergée de l'iceberg. Ce sont principalement les élites politiques qui y furent sacrifiées, tandis que l'immense majorité des victimes (plus de 90%) furent anéanties dans le cadre de la "grande terreur". L'objectif des instigateurs des procès de Moscou, à commencer par Staline, est de remplacer une élite par une autre, politiquement plus obéissante et formatée selon les canons staliniens. Ferrat, juste après avoir mentionné les parodies de procès, évoque tous ceux qui avaient combattu au cours de la guerre d'Espagne ou contre les nazis lors de la seconde guerre mondiale: "Vous aviez combattu partout la bête immonde / Des brigades d'Espagne à celles des maquis". De fait, les officiers et soldats de l'Armée rouge, ils payèrent souvent un lourd tribut au cours de la grande terreur (35 000 officiers arrêtés, dont un tiers environ furent exécutés). De retour de la guerre d'Espagne, les officiers soviétiques un peu trop populaires, aux yeux de Staline, furent sacrifiés. Si bien que lorsque débute l'opération Barbarossa en avril 1941, l'Armée rouge manque cruellement de cadres compétents. Les mouvements de résistance communistes, parfois un tantinet rebelle ou en tout cas pas suffisamment soumis furent souvent lâchés ou sacrifiés par le Kremlin au cours de la seconde guerre mondiale.
Prozess mit Rudolf Slánský Slansky lors de son procès (cliquez sur l'image pour agrandir).

"Vous aviez nom Kostov ou London ou Slansky".

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les autorités soviétiques veulent étendre la sphère d'influence communiste dans les territoires d'Europe de l'est libérés par l'Armée rouge. Rapidement (1947-1948), les démocraties populaires sont imposées. Dans ces pays satellites, le pluralisme est supprimé au profit des seuls partis communistes, eux-mêmes strictement contrôlés par le Parti Communiste d'Union Soviétique (PCUS). Le monolithisme idéologique stalinien est imposé et s'accompagne d'une purge au sein des dirigeants communistes d'Europe orientale. Les résistants communistes qui se sont illustrés au cours de la guerre et qui ont acquis à cette occasion un certain prestige sont dénoncés comme des communistes "nationaux", insoumis à l'autorité stalinienne. En Pologne, Gomulka remplace Bierut, tandis que Rajk en Hongrie, Dzodze en Albanie sont exécutés après un procès expéditifs au cours duquel les accusés n'ont jamais la possibilité de se défendre. Aucune dissension (si tant est qu'elle existe) n'est tolérée. Le chanteur fait ici référence à deux autres dirigeants communistes sacrifiés au cours de ces années: - En Bulgarie, le premier secrétaire du parti communiste et président du conseil des ministres, Traitcho Kostov, est arrété avec 11 autres personnalités et condamné à mort. - au lendemain du coup de Prague, les principaux dirigeants du parti communiste tchécoslovaque deviennent la cible des persécutions. Une terrible purge décapite le parti. Lors des procès de Prague, en 1952, 14 hauts responsables communistes, dont Rudolph Slansky s'accusent des crimes les plus fous et jouent le rôle qu'on leur a imposé au cours des interrogatoires. En effet, ces parodies judiciaires sont réglés selon une stricte mise en scène. A l'époque, de nombreux observateurs furent très surpris d'entendre les accusés endosser les pires charges. En fait, tous furent broyés psychologiquement par d'interminables interrogatoires au cours desquels ils furent soumis à des tortures physiques, mais surtout psychologiques par la police secrète tchécoslovaque épaulée par des conseillers soviétiques. Ils n'ont alors pas d'autre choix que de signer les aveux que l'on a rédigé pour eux.

Déjouer les "complots".

Dans le second couplet de la chanson, Ferrat revient sur l'utilisation d'épouvantails permettant de détourner l'attention. Staline et sa clique ne cessent d'utiliser l'arme du complot (à peu près toujours imaginaire): "Ah ils nous en ont fait applaudir des injures / Des complots déjoués des dénonciations (...)/ Ah comme on y a cru aux déviationnistes / Aux savants décadents aux écrivains espions / Aux sionistes bourgeois aux renégats titistes". Ainsi, les procès de Moscou avaient une dimension pédagogique importante aux yeux des autorités soviétiques. Les procès, publics et largement médiatisés, désignaient à la vindicte populaire des boucs émissaires. L'existence de ces traîtres permettait d'expliquer les difficultés rencontrées dans la "construction du socialisme".


Portraits de Staline et Tito promenés dans les rues de Belgrade en 1946. Le schisme ne tardera pas. Les cibles de Staline évoluèrent en fonction des événements: Il voue d'abord aux gémonies les "trotskystes", bientôt remplacés par les "titistes". C'est en effet dans le contexte de la mise en place des démocraties populaires en Europe de l'est (1947-1948), qu'intervient le schisme yougoslave. Le maréchal Tito, avec l'aide de ses partisans, a libéré son pays du joug nazi, sans l'aide de l'Armée rouge. Il ne voit donc pas la nécessité d'accepter la "protection" soviétique. C'en est trop pour Staline qui fait accuser, par l'intermédiaire du Kominform, le PC yougoslave de dévier du marxisme-léninisme. D'une manière générale, tous ceux qui s'écartent de la ligne politique du PCUS (définie par Staline) sont taxés de "déviationnisme".

La "Grande Terreur" (août 1937-novembre 1938).

Staline entend éliminer les "ennemis" de l'Etat soviétique, selon la logique de la lutte des classes. Les koulaks, autrement dit les paysans qui s'opposent à la collectivisation sont qualifiés d'"exploiteurs". Les ouvriers qui refusent la course à la productivité ne sont plus considérés comme des prolétaires , mais comme des "saboteurs". Les anciennes élites tsaristes, "gens du passé" (selon la terminologie en vigueur) ne méritent aucun ménagement. Tous sont voués aux "poubelles de l'histoire". En juillet 1937, Staline et son commissaire du peuple à l'Intérieur, Iejov, déclenchent l'éradication de tous les "éléments socialement nuisibles" et "appartenant au passé". Dans la directive secrète n°00447 du 30 juillet 1937, envoyée aux responsables régionaux de la police politique, Iejov affirme que le "temps est venu d'éliminer une fois pour toutes les éléments qui sapent les fondements de l'Etat soviétique". Ces éléments sont principalement d'anciens koulaks, des "spéculateurs" (souvent d'ex-commerçants ou artisans vivotant grâce au marché noir), des membres du clergé orthodoxe, des fonctionnaires et officiers de l'ancien régime, d'anciens membres de partis politiques non bolcheviques encore en vie, des délinquants... Parallèlement, Staline et Iejov mènent une dizaine d'opérations de masses visant des minorités ethniques. Ces citoyens soviétiques d'origine polonaise, allemande, balte, finlandaise sont soupçonnés d'être des espions à la solde de puissances étrangères, hostiles à l'URSS. Pour Nicolas Werth, ces ""opérations nationales " indiquaient un changement, qui allait s'affirmer avec force au cours des années suivantes: l'ennemi était désormais ethniquement- et non plus socialement- ciblé."

Joseph Staline et Nikolaï Iejov.

Joseph Staline et Nikolaï Iejov (à sa gauche).

Joseph Staline.

Iejov, exécutant en chef de la Grande Terreur pour le compte de Staline sera lui-même éliminé rapidement. Staline fait donc retoucher les clichés sur lesquels Iejov apparaît.

Les procès de Moscou.

Les procès de Moscou constituent la face publique de la Grande terreur. A partir de 1936, Staline se débarrasse les vieux bolcheviques devenus hostiles, mais aussi certains de ses fidèles. L'objectif ultime reste d'éliminer toute équipe de rechange susceptible de l'évincer à l'intérieur du parti, mais aussi d'anéantir toute hiérarchie autonome dans le parti, l'armée ou la police politique. Les trois grands procès de Moscou qui se déroulent en août 1936, janvier 1937 et mars 1938, mettent en scène des dirigeants bolcheviques de la première heure comme Kamenev, Boukharine, Rykov, Zinoviev. Tous sont accusés de trahison, responsables de crimes imaginaires, de sabotage ou de complot contre-révolutionnaire.
Procès de Moscou

Photographie d'un des procès de Moscou.

Retour de la répression au lendemain de la guerre.

- Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, au cours de laquelle l'emprise sur les populations avait été quelque peu relâchée, la répression s'abat sur les paysans. Les effectifs du Goulag augmentent très fortement (2,5 millions de personnes au début des années 1950), notamment avec la criminalisation de menus délits. La déportation de groupes ethniques, engagée lors de la grande terreur, reprend de plus bel au sortir du conflit. Des peuples entiers (Allemands de la Volga, Tchétchènes, Tatars de Crimée, anciens prisonniers de guerre jugés responsables des échecs militaires du début de la guerre) sont considérés comme suspects et envoyés comme "colons spéciaux" en Asie centrale et en Sibérie. Enfin, en 1953, le régime s'invente de nouveaux traîtres. Les autorités procèdent ainsi à l'arrestation des médecins du Kremlin, juifs pour la plupart, sous l'accusation d'avoir assassiné plusieurs dirigeants, dont Jdanov. Seul le décès de Staline leurs évite la mort. Béria les réhabilite rapidement. On le voit, la répression prend parfois une dimension antisémite et l'expression "sionistes bourgeois" vient donc enrichir le vocabulaire des Staliniens.

Les "savants décadents" et les "écrivains espions" inquiétés.

Le totalitarisme stalinien entend aussi contrôler les esprits et surveille donc aussi le monde de la culture. Tous ceux qui ne rentrent pas dans le moule défini par Staline sont inquiétés. Les écrivains et peintres doivent se conformer aux canons du jdanovisme ( Jdanov, membre du Politburo dirige cette politique avec zèle, à tel point que ses victimes appelleront cette campagne la Jdanovschina). Seul les thèmes définis par le parti, conformes aux exigences du réalisme socialiste, ont désormais droit de citer. Dès l'été 1946, les autorités lancent une offensive contre toute création de l'esprit dénotant soit-disant des "influence de l'étranger". Jdanov dénonce les revues Leningrad et Zvezda pour avoir publié les oeuvres de la poétesse Anna Akhmatova ("femmelette hystérique, ballotée entre le boudoir et l'oratoire"). En septembre 1946, le Comité central condamne la production de films "dépourvus d'idées" (c'est à dire sans contexte idéologique). Même un cinéaste comme Eisenstein, qui a pourtant largement contribué à exalter le régime soviétique dans l'entre-deux-guerre devra se soumettre au lendemain de la guerre. Staline se reconnaît en effet dans le portrait du tsar Ivan le Terrible que dépeint le réalisateur dans la deuxième partie de son film. Des revues telles que Partiinaïa Zhijn ("la vie du parti") et Kultura i Zhijn ("la culture et la vie") sont chargées de vérifier l'évolution de la vie intellectuelle, artistique et scientifique. Aucun genre n'est épargné, on fustige les "tendances décadentes" dans le théâtre, ainsi que dans la musique. Les plus grands compositeurs soviétiques de l'époque, Prokofiev, Chostakovitch, Khatchatourian et Miakovski se voient reprochés d'avoir "flatté "les goûts dégénérés d'une poignée d'individualistes esthétisants fascinés par l'Occident". Le monde scientifique subit lui aussi une tutelle pesante et sclérosante et doit se mettre au service du communisme. Au fond, toutes les disciplines sont soumises à une évaluation politique. On condamne la psychanalyse, la cybernétique, qualifiées de "sciences bourgeoises", mais aussi toutes les sciences qui envisagent une forme d'indétermination, telles que l'analyse statistique de la sociologie, la physique quantique, le calcul des probabilités. A contrario, le lyssenkisme marque le triomphe d'une pseudo-science volontariste. Le biologiste Lyssenko rejette les travaux de Mendel sur l'hérédité. Sa génétique officielle s'impose bientôt (grâce à de nombreuses expériences truquées). Selon ce charlatan, il s'avère possible de créer l'"homme nouveau" que le régime appelle de ses vœux grâce à une éducation socialiste transmise de générations en générations. Le malheureux académicien Vavilov sera déporté pour avoir osé critiqué les théories de Lyssenko ( qui ne seront abandonnées qu'en 1965). Dans les milieux intellectuels, ces campagnes idéologiques prennent souvent la forme de réunions "de critiques et d'autocritiques". Les juges de ces "tribunaux d'honneur" peuvent prononcer une peine symbolique de "blâme social". Et, si il est vrai que les artistes et intellectuels blâmés échappent la plupart du temps à l'arrestation et la déportation vers les camps, ils subissent néanmoins des pertes d'emplois, rétrogradations et perdent les privilèges liés à leurs fonctions. Cette surveillance des intellectuels se poursuit d'ailleurs bien après le décès du "petit père des peuples" et ils seront nombreux à subir les foudres de la censure ou de la répression soviétique. Les écrivains Pasternak, Grossmann, Soljenitsyne, pour ne citer que les plus célèbres, seront dénoncés, critiqués par les organes du parti. Leur tort: avoir décrit des réalités qui déplaisent (les camps, les tortures pour les deux derniers)
retrouver ce média sur www.ina.fr
"quand j'entends parler de "bilan" positif".
Au cours des années 70, alors que les Français prennent conscience que le PCF reste trop attaché au modèle soviétique, Georges Marchais continue de défendre l'indéfendable. En 1979, il évoque le "bilan globalement positif de l'URSS" et approuve l'intervention soviétique en Afghanistan. Ces prises de positions coûtent de nombreuses voix au PCF lors des consultations électorales suivantes. De fait, le parti connaît alors une terrible hémorragie. * "ces millions de morts qui forment le passif". Il reste très difficile d'évaluer le nombre de victimes du stalinisme. Ce décompte macabre suscite en tout cas de nombreux débats au sein de la sphère historienne. On se souvient que lors de la sortie du livre noir du communisme, le bilan retenu par Stéphane Courtois suscita de nombreuses critiques. Il y associait pêle-mêle sous la bannières de "victimes du communisme" des populations et des phénomènes très différents. Ce sont avant tout les méthodes utilisées par Stéphane Courtois pour aboutir à un chiffre compris entre 85 et 100 millions de victimes qui posent problème. Ce résultat était le fruit d'une addition curieuse qui amalgamait des phénomènes aussi différents que le génocide khmer rouge, la famine ukrainienne des années 1930, les victimes du Grand Bond en avant dans la Chine de Mao, les victimes des purges staliniennes... privant au bout du compte le lecteur d'une bonne compréhension de chaque épisode ressitué dans son contexte. Pour autant, il est nécessaire de tenter d'évaluer les victimes de tel ou tel régime. En ce qui concerne les victimes de la période stalinienne, Nicolas Werth retient les chiffres suivants (cf sources): - Déportés (1929 et 1953): 7 millions. - 7 millions d'individus morts de famine (6 millions en 1931-1933, 1million en 1947) - 1,8 million Morts en camp. - Fusillés: 1 million (dont 750 000 au cours de la Grande Terreur).

Le culte de la personnalité

Dans le dernier couplet, Ferrat repousse les formes d'idolâtrie qu'a revêtu le culte de la personnalité, particulièrement à l'époque stalinienne. Ce culte atteint son apogée au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Les statues de Staline ornent toutes les villes et villages. Le soixante-dizième anniversaire de Staline, en décembre 1949, donne lieu à des cérémonies d'adoration inédites. Les journaux titrent durant des semaines sur le "guide génial du prolétariat universel", le "coryphée de la science"... Au lendemain du conflit, ce culte semble s'enraciner dans une réelle ferveur populaire. Depuis 1943 et la bataille de Stalingrad, le nom de Staline est en effet associé à "la grande guerre patriotique".
Statue de Staline (Moscou, 1941).
Les populations soviétiques n'avaient pas oublié les terribles années 1930 (notamment la collectivisation imposée des campagnes et ses conséquences désastreuses, les victimes des purges de 1937-1938), mais comme le rappelle l'écrivain Vassili Grossman: "le sang sacré versé à la guerre a tout nettoyé - le sang innocent des dékoulakisés, le sang de l'année 1937". Il faudra attendre le XXème Congrès du PCUS, pour que les autorités sovétiques, en l'occurence Nikita Khrouchtchev, dénoncent les excès du culte de la personnalité sous Staline.

Au bout du compte, le chanteur ne revient pas sur son idéal communiste, mais regrette davantage les méthodes. L'interview qu'il accorde à Michel Drucker ci-dessus est à cet égard intéressante. Jean Ferrat:"Le bilan" (1980). Ah ils nous en ont fait avaler des couleuvres De Prague à Budapest de Sofia à Moscou Les staliniens zélés qui mettaient tout en oeuvre Pour vous faire signer les aveux les plus fous Vous aviez combattu partout la bête immonde Des brigades d'Espagne à celles des maquis Votre jeunesse était l'histoire de ce monde Vous aviez nom Kostov ou London ou Slansky Au nom de l'idéal qui nous faisait combattre Et qui nous pousse encore à nous battre aujourd'hui Ah ils nous en ont fait applaudir des injures Des complots déjoués des dénonciations Des traîtres démasqués des procès sans bavures Des bagnes mérités des justes pendaisons Ah comme on y a cru aux déviationnistes Aux savants décadents aux écrivains espions Aux sionistes bourgeois aux renégats titistes Aux calomniateurs de la révolution Au nom de l'idéal qui nous faisait combattre Et qui nous pousse encore à nous battre aujourd'hui Ah ils nous en ont fait approuver des massacres Que certains continuent d'appeler des erreurs Une erreur c'est facile comme un et deux font quatre Pour barrer d'un seul trait des années de terreur Ce socialisme était une caricature Si les temps on changé des ombres sont restées J'en garde au fond du coeur la sombre meurtrissure Dans ma bouche à jamais le soif de vérité Au nom de l'idéal qui nous faisait combattre Et qui nous pousse encore à nous battre aujourd'hui Mais quand j'entends parler de "bilan" positif Je ne peux m'empêcher de penser à quel prix Et ces millions de morts qui forment le passif C'est à eux qu'il faudrait demander leur avis N'exigez pas de moi une âme de comptable Pour chanter au présent ce siècle tragédie Les acquis proposés comme dessous de table Les cadavres passés en pertes et profits Au nom de l'idéal qui nous faisait combattre Et qui nous pousse encore à nous battre aujourd'hui C'est un autre avenir qu'il faut qu'on réinvente Sans idole ou modèle pas à pas humblement Sans vérité tracée sans lendemains qui chantent Un bonheur inventé définitivement Un avenir naissant d'un peu moins de souffrance Avec nos yeux ouverts et grands sur le réel Un avenir conduit par notre vigilance Envers tous les pouvoirs de la terre et du ciel Au nom de l'idéal qui nous faisait combattre Et qui nous pousse encore à nous battre aujourd'hui

Sources:

 - Jean-Louis Van Regemorter: "Le Stalinisme", documentation photographique n°8003, juin 1998. 

- Nicolas Werth: "La vérité sur la Grande Terreur", in L'Histoire n°324, octobre 2007. 

- Mark Grosset et Nocolas Werth: "les années Staline, éditions du chêne, Hachette, 2007. 

- F. Armand et F. Barthélémy: "Le Monde contemporain. L'histoire en terminale", Seuil, 2004. 

Liens: 

* Sur les blogs d'Etienne Augris: 1. " dossier sur le modèle soviétique" . 2. "La Hongrie sous le stalinisme".

 * Sur le blog de Richard Tribouilloy: - "purges et procès staliniens en Europe de l'Est (1948-1953)". - " Staline par l'image": première et deuxième parties. 

 * Le Boomer Café: "3 décembre 1952: exécution des condamnés de Prague.

 * Bricabraque: - "Le modèle totalitaire stalinien s'abt sur l'Europe". - "Le jdanovisme". - "Le rapport Khrouchtchev". - "Printemps de Prague et doctrine Brejnev". - "Les dissidents".

* des films et livres sur le sujet: 

- Arthur London: "Le zéro et l'infini" et "l'Aveu". Rescapé des purges tchécoslovaque, l'auteur témoigne des simulacres de justice au cours de la Grande Terreur ou des purges au lendemain de la guerre dans les démocraties populaires. Publié en 1968, 'l'aveu' est adapté à l'écran par Costa-Gavras, sous le titre de "l'aveu" (Yves Montand interprète le personnage principal).  

 - "Vie et destin", le sublime roman-fleuve de Vassili Grossmann. Voir ce qu'en dit Pierre Assouline sur son blog.

jeudi 8 octobre 2009

186. Daniel Balavoine: "Lady Marlene" (1977).

Lady Marlène est une chanson écrite et composée par Daniel Balavoine en 1977 pour l'album Les aventures de Simon et Gunther. Il s'agit d'un album-concept qui a pour cadre le mur de Berlin. Balavoine y chante l'histoire de deux frères qui vivent en Allemagne à l'époque du mur de Berlin. Ils se sont donnés rendez-vous le 13 août 1961, rue Bernauer, au moment et à l'endroit où est édifié le premier pan du mur. Séparés par cette frontière, tous les deux établissent une correspondance. Le disque se clôt sur la mort de Simon, abattu alors qu'il tente de franchir le mur.

Le morceau "Lady Marlène" parle de l'échec de l'évasion et de la destruction du rêve de quitter la partie Est de Berlin.

Construction du mur par l'armée est-allemande.



L’Allemagne demeure un point de crispation durant toute la guerre froide.

A l'issue de la seconde guerre mondiale, conformément aux dispositions prises lors des conférences de Yalta et Potsdam, les vainqueurs occupent l'Allemagne nazie vaincue. Le pays se trouve découpé en quatre zones: une zone soviétique à l'est, des zones américaine, britannique et française à l'ouest. Berlin, capitale de l'ancien Reich, qui se trouve en zone soviétique, est divisée, elle aussi en quatre zones. Cette situation ne doit être théoriquement que provisoire. Le pays doit retrouver son unité une fois la dénazification menée à bien.

La constitution progressive des blocs et les tensions accrues entre l'URSS et les Etats-Unis changent la donne. De juin 1948 à mai 1949, Staline décide le blocus terrestre de Berlin afin de couper les communications entre les zones occidentales de l'Allemagne et Berlin ouest. Il conteste la décision des Occidentaux d'introduire une nouvelle monnaie, le Deuscthe Mark, à Berlin. En fait, il s'agit d'un prétexte, car le dirigeant soviétique ne peut tolérer la constitution d'une enclave occidentale dans la zone soviétique. Si son plan réussit, ce serait ainsi l'occasion d'intégrer l'ensemble de la ville à la RDA. Mais le général Clay, commandant en chef des forces américaines en Allemagne, organise un pont aérien afin de ravitailler les Berlinois de l'ouest, en contournant le blocus. Le 12 mai 1949 (après 45 semaines) Staline, constatant son échec, lève le blocus. Le 15 mai apparaît la République Fédérale d'Allemagne (RFA), régime démocratique pro-occidental. En réponse, la République Démocratique Allemande (RDA) voit le jour en octobre 1949. Il s'agit d'une nouvelle démocratie populaire aux mains du parti communiste allemand (SED).

17 Juni 1953, Leipziger Straße, Berlin par swarve

Emeutes Berlin-Est, juin 1953.

Très vite, un grave problème se pose pour le parti au pouvoir (le parti socialiste unifié, SED). De très nombreux individus quittent la RDA en passant par Berlin ouest (3,5 millions d'est-allemands selon les spécialistes entre 1945 et 1961). Cette terrible hémorragie menace bientôt l'existence même de l'Allemagne de l'Est.
Le régime reste en effet très impopulaire comme le prouvent les émeutes qui éclatent à Berlin-Est en juin 1953. Le SED vient de décider l'augmentation des normes de production, accompagnée d'une baisse de salaire. Très vite, la protestation ouvrière devient politique puisque les manifestants réclament la tenue d'élections libres. Aussitôt, la police est-allemande et les chars soviétiques interviennent violemment. On compte une centaine de morts. A Moscou, on redoute la perte de cet avant-poste du bloc sovialiste et une contagion dans l'ensemble des pays de l'est. Aussi, dès les années 1950, le SED réfléchit aux moyens de combler "la brèche" berlinoise.

Le constat est rude pour le SED qui se rend compte qu'il reste minoritaire dans le pays et ne doit sa survie qu'à l'aide soviétique. Dans un entretien accordé au magazine l'histoire, Etienne François revient sur les conséquences de cette révolte:

"Se met en place un accord tacite entre le régime et la population qu'on pourrait résumer en ces termes: "on vous laisse gouverner parce qu'on n'a pas le choix, mais assurez-nous en échange une réelle amélioration des conditions de vie pour que nous soyons les mieux nourris, les mieux logés du bloc socialiste. Sinon, on s'en va."La puissance coercitive du régime est suffisamment grande pour que la marche forcée vers le socialisme se poursuive après 1953. Mais ceux qui migrent deviennent trop nombreux. Dans la course de vitesse entre la construction d'une nouvelle société socialiste et la désaffection de la population, le parti sent qu'il est en train de perdre. C'est pour cela qu'il décide d'édifier le mur de Berlin en août 1961. Une décision imposée par les dirigeants de la RDA aux Soviétiques."


Walter Ulbricht, l'homme fort de la RDA insiste auprès de Nikita Khrouchtchev, dont il doit attendre le feu vert avant d'engager quoi que ce soit. Monsier K hésite. Il redoute que cette construction ne soit interprétée comme un aveu de faiblesse et une défaite idéologique.
Finalement, il donne son aval aux autorités est-allemandes (vraisemblablement au début du mois de juillet 1961). L'érection d'un tel mur nécessitait une longue préparation. Les matériaux nécessaires à la construction sont ainsi rassemblés au cours des semaines précédent le 12 août. Erich Honecker, futur dirigeant de la RDA, se voit confier cette mission délicate.


Maçon est-allemand en train de travailler à la construction séparant les deux secteurs de Berlin (août 1961).

Le 13 août 1961, vers 2heures du matin, les autorités commencent à édifier le Mur. L'information ne semble pas avoir filtré à l'ouest. La plupart des Berlinois, quant à eux, ne le découvrent qu'au matin. Le « mur de Berlin » coupe la ville en deux sur une longueur de 43 km, tandis qu'il couvrait 112 km en dehors (soit une longueur totale du Mur de 155 km autour de Berlin-Ouest). La plupart des points de passage entre secteurs furent murés.

http://davidspitz.files.wordpress.com/2007/05/checkpoint-charlie-1961.jpg
Checkpoint Charlie: un des rares (8 en tout) points de passage entre les deux parties de la ville.


Il fallut aussi réorganiser, de part et d'autre du mur, la distribution d'eau, d'électricité, de gaz. L'édifice, quant à lui, ne cessa de changer d'apparence. Au matin du 13 août, il ne s'agissait pas encore vraiment d'un mur, mais de fils de fer barbelés. Jusqu'en 1963, il a l'aspect d'une structure sommaire de parpaings creux. Bientôt, les autorités de la RDA dotent le mur d'un rempart de béton, de miradors et de bunkers. Si le Mur matérialise vraiment l’opposition des 2 camps, il sépare parfois aussi des familles.

http://ecjs.stlouis.stemarie.chez-alice.fr/murdeberlin.jpg


Le Mur n'était pas infranchissable. Pour autant, les risques encourus restaient extrêmement forts dans la mesure où les garde-frontières avaient ordre de tirer sur tous ceux qui tentaient de franchir l'obstacle. D'après des études récentes, 136 personnes auraient trouvé la mort en tentant de franchir le Mur. Certaines tentatives d'évasion furent néanmoins couronnées de succès. Par exemple, en octobre 1964, 57 personnes parviennent à rejoindre la partie occidentale de la ville en empruntant un tunnel creusé de leurs mains. En 1979, deux familles s'échappent en montgolfière.


BE062743 • © Bettmann/CORBIS par ♫ enzinho

Le 17 août 1962, Peter Fechter, âgé de 18 ans, est abattu par les gardes-frontière alors qu'il tente de franchir le Mur pour rejoindre Berlin-Ouest. Il agonise durant 45 minutes devant les caméras de télévision.
En 1999, le Sénat de Berlin a inauguré un monument à sa mémoire.Une stèle d'acier porte la mention suivante: " Il ne voulait que la liberté".


Cette victoire soviétique apparente (les Occidentaux ne peuvent que constater) est en fait un aveu d’impuissance et une désastreuse contre-publicité. Son coût politique se révèlera très lourd (chute de Khrouchtchev en 1964, départs de nombreux militants communistes en Allemagne de l’Ouest).



En vertu des logiques de la coexistence pacifique, les Occidentaux laissent faire et se contentent de protester à l'instar du président américain John Fitzgerald Kennedy, qui se rend à Berlin en juin 1963 pour s'écrier devant le mur:” ich bin ein Berliner!”, affirmant ainsi avec éclat, la solidarité occidentale avec Berlin-Ouest. Pendant 28 ans, 2 mois et 27 jours, le mur symbolise la division du monde en deux blocs antagonistes jusqu'à sa destruction le 9 novembre 1989.



Daniel Balavoine: "Lady Marlene" (1977).

Près du mur
Assis sur le côté
Ma tête dure
Rampait encore
Au pavé lustré
Je le savais
J'arriverais

Mes chaussures
Me faisaient mal aux pieds
Mes mains si sûres
Creusaient encore
Vers la liberté
Quand ils ont tiré
Sur mes idées

Lady Marlène
Toi tu t'endors de l'autre côté
Lady Marlène
A Berlin tu sais rien n'a changé
C'est bien difficile de s'évader
Les hommes en vert ont ...

Près du mur
Vide sur le côté
Ma rage mûre
S'est effondrée
Au bord du fossé
Je la savais
J'y resterais

Lady Marlène
Toi tu t'endors de l'autre côté
Lady Marlène
A Berlin tu sais rien n'a changé
C'est trop difficile de s'évader
Les hommes en vert ont tiré

Sources:
- Entretien avec Etienne François: "la RDA a-t-elle vraiment existé?", in L'Histoire n°346, octobre 2009.
- Edgar Wolfrum: "Sept questions sur un mur", in L'Histoire n°346, octobre 2009.

Liens:
- Sur le blog de J.C. Diedrich: "Celui qui a sauté par dessus le mur".
- Un portrait du chanteur sur ce blog, avec notamment des éclairages sur l'enregistrement de l'album de Balavoine, à Berlin.
- Sur le site d'Arte: "le mur raconté par les Berlinois" ou encore "RDA le mur des sons". Le blog "ma vie en 89".
- le discours de JFK en video.
- Le mémorial de Caen consacre un dossier complet au mur de Berlin.

- Animation sur la mise en place du mur.
- Site consacré au Mur (nombreuses cartes).

- Photos autour du mur.