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mardi 1 décembre 2015

302. La complainte de Mandrin

Inique et particulièrement lourde, la fiscalité d'Ancien régime grève les budgets étriqués des sujets les plus pauvres du royaume. Les impôts indirects, qui pèsent sur de nombreux produits (sel, tabac),  et les agents de la ferme générale chargés de leur recouvrement, sont donc particulièrement impopulaires. La France de Louis XV connaît alors une recrudescence de la contrebande. Des dizaines de "brigands" sillonnent alors le pays et proposent les produits frauduleux à des prix imbattables. Mandrin est l'un de ses hommes. Pendant plusieurs mois, il parvient à tenir tête aux agents de la Ferme et aux soldats du roi. Les autorités, qui parviennent finalement à le capturer, s'empressent de l'éliminer et s'emploient aussitôt à le dénigrer. Une fois exécuté, Mandrin est bien sûr réduit au silence  mais, sa personnalité et ses hauts faits, généralement déformés, suscitent aussitôt l'intérêt et la curiosité.

Comment ce personnage obscur et ambiguë, autoproclamé "prince des brigands", s'est-il imposé au fil des décennies comme une figure mythique, polymorphe et complexe?

Une image extraite des "Chants de Mandrin" de Rabah Ameur-Zaïmeche.


* La Ferme générale.
Au XVIIIème siècle, les contrebandiers se trouvent aux prises avec la Ferme générale. En effet, le souverain "ne percevait pas lui-même l'ensemble des impôts royaux (...) il avait choisi d'en confier la levée à une série de financiers qui furent ainsi chargées de recouvrer, pour le compte du Trésor et moyennant un prix réglé à forfait, tous les revenus fiscaux dont l'ensemble correspondait ainsi à la totalité des contributions indirectes de l'époque. C'est le système de 'l'affermage' qui s'oppose à celui de la 'régie' pour lequel l'administration fiscale perçoit elle-même les impôts." (cf: F. Martineau, voir sources).
A partir de 1681, des baux de 6 ans, renouvelables, sont consentis à la Compagnie des fermiers généraux. Une fois le bail signé, ces quarante financiers richissimes s'empressaient de lever lever les impôts indirects dans le royaume ( la traite, les taxes sur le sel (gabelle), le tabac et les indiennes...) grâce à la puissante organisation administrative mise en place par leurs soins. Assisté d'une véritable armée (les gapians), le fermier général prélevait l'impôt mais n'en restituait qu'une partie aux finances royales, conservant le reste dans sa poche si bien qu'il se trouvait en quelques mois d'activité à la tête d'une fortune colossale.
Dans l'ensemble du royaume, ce sont quarante-deux  directions provinciales qui étaient chargées de percevoir les droits et de lutter contre la contrebande. A leur tête, un directeur disposait de pouvoirs étendus et de subalternes zélés: 3 contrôleurs généraux, de nombreux commis chargés de percevoir l'impôt, une armée d'agents de surveillance et mouchards stipendiés pour contrer la fraude... A la veille de la Révolution, on estime que les Fermes employaient 24 000 personnes.

Ce système fiscal s'avérait particulièrement inique, dans la mesure où les sommes exigées variaient considérablement d'une province à l'autre. Il y avait alors partout des frontières et des limites, entre généralités, pays d’État, pays de gabelle, circonscriptions d'aides, entre territoires seigneuriaux, provinciaux, citadins... En outre, chaque fermier général disposait d'une totale latitude dans la manière de percevoir les impôts. Fixés à la fantaisie des commis ou des employés de la Ferme, sans véritable contrôle ou vérification possible, les droits prévus sur le vin, le sel et le tabac étaient donc très durement ressentis. Dans ses Remontrances que présentent au roi les gens tenans sa Cour des Aides à Paris, Malesherbes note ainsi en 1775: "Le code de la Ferme générale est immense et n'est recueilli nulle part. C'est une science occulte. Il faut que le commis s'en rapporte au commis lui-même, son adversaire et son persécuteur." De fait les méthodes de ces derniers ne laissent pas de surprendre. Une lettre écrite en 1714 à un contrôleur général se plaint du zèle employé par les gapians pour lutter contre la contrebande:"Les gardes des tabacs brisent les pipes entre les dents des fumeurs, ou font, à coups de poing, rejeter le tabac à mâcher que d'autres individus ont dans la bouche, sous prétexte qu'ils reconnaissent que le tabac est de contrebande."
Unanimement détestés, fermiers généraux et gapians subissent quolibets et moqueries de leurs contemporains. Voltaire se moque ainsi  de la Ferme: "Je vais vous raconter une histoire de brigands. Il était une fois un fermier général... J'ai oublié le reste."


 *La contrebande au XVIIIème siècle.
Au moment même où la législation anti-contrebande et les verdicts prononcés par les commissions spéciales se durcissent, la contrebande s'épanouit comme jamais auparavant. Comment expliquer ce paradoxe? 
Le brigandage sévit de manière endémique au XVIIIème en raison de la conjonction de différentes causes
- Retenons en premier lieu la lourdeur de la fiscalité indirecte. A force de taxer certains produits, leur prix devient prohibitif et pousse les consommateurs à se tourner vers les articles de contrebande, bien meilleurs marchés, car non imposés. Ainsi Daniel Roche (cf sources) constate que "les contrebandes du sel et du tabac sont par leur dimension les plus intéressantes.
- L'importance des profits que l'on pouvait tirer de la contrebande, bien supérieurs aux maigres revenus de la terre, suscitèrent évidemment de nombreuses vocations.  Ainsi, quand le sel se vendait 58 livres dans le bas Anjou en 1784, il ne s'échangeait que pour 2 ou 3 livres dans la Bretagne voisine. Dans ces conditions, on comprend aisément que "le 'faux-saunage' [soit] une réalité quotidienne aux limites des pays de grande gabelle." (cf: Daniel Roche)  
Cette contrebande s'exerce rarement comme "à plein temps". Il s'agit plutôt d'une activité complémentaire, susceptible d'offrir d'appréciables suppléments de ressources à une population pauvre. De dimension "artisanale", elle était avant tout pratiquée par les faux sauniers dans les régions mitoyennes aux provinces franches. Pour arriver à leur fin tout en échappant aux gapians, ces petits contrebandiers usaient de subterfuges innombrables; du dressage de chiens-contrebandiers à l'usage de sacs à double fond, en passant par l'organisation de faux enterrements au cours desquels le cercueil vide servait à transporter la marchandise frauduleuse.
- L'élévation des conditions de vie de la population française s'accompagnèrent enfin d'une hausse de la demande en produits de contrebande dont la consommation augmenta alors sensiblement. C'est tout particulièrement le cas du tabac dont le trafic connaît un essor fulgurant à la fin des guerres de Louis XV. Introduit au début du XVIème siècle en France, l'usage du tabac se généralisa au XVIIIème pour s'imposer comme un produit de consommation populaire. (1)  Or, le tabac représente la marchandise de contrebande idéale. Cher en petite quantité, léger, il est aussi facilement transportable et dissimulable.
Le "faux tabac" provient de Suisse, de Savoie ou de Franche-Comté,  une province récemment acquise et "réputée étrangère". La marchandise de contrebande s'écoule à un tarif deux fois plus avantageux que celui du tabac ordinaire proposé par la Ferme. André Zysberg souligne ainsi que "la fraude devient très rentable si le tabac de contrebande est débité par ceux qui l'achètent à l'étranger. Ce circuit court exige une bande nombreuse, aguerrie, car il faut contrôler pendant plusieurs heures, voire pendant une journée entière, les accès de la ville ou du bourg où les 'margandiers' [= contrebandiers] tiennent leur marché en plein jour  en vendant tabac, toiles peintes, alcool, armes de chasse et autres 'articles de Genève'."
En ce cas, il ne s'agit plus d'une simple contrebande artisanale, mais de véritables troupes de trafiquants. En général, ces bandes étaient commandées par un chef, possédant les chevaux et achetant les marchandises frauduleuses. Ce dernier avait sous ses ordres valets et domestiques attachés à son service de façon permanente. Enfin, le chef pouvait engager des journaliers pour des expéditions particulières. Dans ces occasions, la contrebande s'imposait comme l'affaire de tous et les contrebandiers savaient, généralement, pouvoir compter sur l'appui des communautés.

La contrebande ne revêtait bien sûr pas la même ampleur partout. Sa persistance et sa recrudescence dans les régions enclavées ou situées aux confins de plusieurs circonscriptions administratives et judiciaires, s'expliquaient d'abord par la rareté ou l'absence des représentants de l'autorité royale. Rien d'étonnant en outre à ce que les contrebandiers aient su tirer le meilleur parti de l'inextricable enchevêtrement intérieur des frontières, bornes et limites du royaume.


* La guerre contre les "margandiers".
Pour conserver leur sinécure, les fermiers généraux se devaient donc d'éradiquer ou, en tout cas, d'endiguer au maximum la contrebande dont l'activité représentait, pour eux, un redoutable manque à gagner. 
En dépit de leur nombre, les gapians se bornaient à contrôler l'entrée des marchandises frauduleuses aux alentours des villes. Ils disposaient de très grands pouvoirs  d'investigation et de perquisition et se répartissaient en brigades territoriales, elles-mêmes subdivisées en capitaineries et en postes
Tout au long du XVIIIème siècle, on constate un renforcement du caractère répressif de la législation anti contrebande. Aux peines pécuniaires se substituèrent bientôt les peines afflictives (carcan, bannissement, galères). Une déclaration de 1729 prévoyait désormais pour les simples contrebandiers le supplice du fouet, le marquage à la fleur de lis, une amende de 500 livres d'amende, puis les galères. Ceux qui opéraient en bandes armées étaient punis de mort et leurs biens confisqués. Quant à leurs complices (receleurs et hôtes), ils encouraient également de lourdes amendes, voire le bannissement en cas de récidive.

Les contrebandiers ne relevaient pas de la juridiction répressive de droit commun, mais bien de cours spéciales. Or, afin d'obtenir les peines les plus sévères, les fermiers généraux obtinrent la création des redoutables commissions spéciales, composées de juges "commis par le Conseil du roi". La première commission s'installa à Valence en 1733 et se distingua aussitôt par la dureté des condamnations. Dans son ouvrage pionnier, Funck-Brentano notait ainsi: "Soixante-dix-sept particuliers accusés de contrebande sont condamnés à être pendus (...) et cinquante-huit à être rompus au rouet vif; six cent trente et un contrebandiers sont envoyés aux galères, un seul acquittement, jamais de grâce. C'est un record..."

En dépit des peines encourus et de la dureté de ces "tribunaux de sang", de nombreux contrebandiers opéraient au milieu du XVIIIème siècle. Le plus illustre d'entre-eux se nommait Mandrin.   





* Jeunesse. 
Issu d'une famille d'anciens paysans aisés, Louis Mandrin naît en 1725 à Saint-Etienne de Saint Geoirs, dans le Dauphiné. L'entreprise de maquignonnage et le commerce de mercerie dont il hérite à la mort de son père périclitent rapidement. Aîné de la fratrie, Louis doit rapidement subvenir aux besoins d'une famille de neuf enfants. En 1748, Mandrin pense se refaire en montant une expédition chargée de transporter des produits à destination de l'armée d'Italie dans le cadre de la guerre de succession d'Autriche. Or, l'entreprise vire rapidement au désastre. De nombreuses mules meurent au cours du trajet. Mandrin se tourne alors vers les banquiers de la Ferme avec lesquels il a passé contrat. Ces derniers refuse catégoriquement de le dédommager et de payer les sommes qui lui étaient dues.
De nouveau ruiné, Mandrin vit d'expédients. Condamné aux galères par contumace pour un vol commis dans l'église de Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs en 1752, il est impliqué l'année suivante dans l'assassinat de deux miliciens partis à la recherche d'un réfractaire, ce qui entraîne sa condamnation à être roué vif. Seulement, Mandrin est en fuite et échappe donc au supplice. Quelques mois plus tard, son frère cadet, Pierre, est pendu pour faux-monnayage sur simple dénonciation d'un employé de la Ferme. C'est sans doute alors que Mandrin conçoit le souhait de mener la guerre aux fermiers généraux pour se venger de la compagnie. 


* Mandrin chef de bande.
Pour l'heure, Mandrin vit dans la clandestinité, en hors-la-loi. Il entre alors dans une bande de contrebandiers dont il ne tarde pas à supplanter le chef (Bellissard). Le nouveau venu est un meneur d'hommes qui sait s'imposer, en jouant du charme ou des armes. Beau-parleur, enthousiaste, il recourt à la violence quand il en ressent le besoin. En dépit de son autorité naturelle, il se trouve en quête de reconnaissance. Militaire contrarié, il entend bien prouver à ses adversaires sa valeur militaire et organise donc en conséquence sa troupe. (2) Mandrin, qui prétend ne vouloir dans son armée ni " voleur ni assassin", sélectionne ses hommes avec soin, exigeant d'eux une obéissance sans failles. L'autoproclamé "capitaine général des contrebandiers de France" recrute ses mandrins parmi les militaires démobilisés, les déserteurs et tous ceux qui ont une rancœur contre la Ferme, ce qui explique qu'il n'y ait pas de crise de recrutement... Le groupe constitué est important puisqu'il avoisine les 300 membres. (3)  


Fresque représentant Mandrin à Brioude (43).

 

* 6 campagnes.
Mandrin dispose d'un refuge en Savoie qui ne fait alors pas partie de la France. Il s'y procure (ainsi qu'en Suisse) les produits de contrebande (principalement du tabac et des indiennes) et s'y réfugie entre deux campagnes.
Une fois pourvu en produits de contrebande, Mandrin et les siens les vendent très bons marché, car détaxés, dans les provinces françaises traversées. En un an, les mandrins montent six campagnes. Ces raids impliquent de très longues chevauchées puisque les distances parcourues avoisinent parfois les 1000 km (de la Savoie jusqu'au Rouergue). La bande opère avec une rapidité telle que l'effet de surprise joue à plein.
Les principaux faits d'armes de Mandrin restent certainement la prise de villes (Nantua, Beaune, Mende, Brioude), investies et contrôlées en quelques minutes.
A Rodez, Mandrin pousse l'audace à son comble. Il attaque le receveur des fermes qu'il contraint à acheter 20 000 livres de tabac. Il en fait son dépositaire et exige même un reçu. Cette vente de tabac de contrebande au principal responsable de sa répression ne manque pas de piquant. Ces faits d'armes renforce considérablement l'aura du bandit auprès de la population. De fait, Mandrin jouit du soutien, au moins tacite et passif, des populations rencontrées. Grâce au contrebandier, les villageois peuvent se procurer à bon prix des produits très prisés et habituellement lourdement grevés. En outre, Mandrin sait se mettre en valeur. Avant de quitter les villes investies, le chef de bande fait défiler son "armée", parade, se donne en spectacle pour le plus grand plaisir de la foule amassée.
Face à à la tactique adoptée, inédite et toujours plus audacieuse, les gapians semblent désemparés et n'ont d'autre alternative que de fuir




A l'issue de chaque expédition, le brigand et sa bande réside dans une grande bâtisse située à Rochefort sur Novalaise, à quelques lieues seulement de la frontière française.

* Mandrin arrêté.
A l'issue de la cinquième campagne d'octobre 1754, Mandrin s'empare et pille la maison de l'entreposeur des tabacs du Puy-en-Velay dont il vend le mobilier à l'encan. En s'échappant une nouvelle fois, "Belle Humeur" - comme il aime désormais à se faire appeler - ridiculise définitivement la Ferme dont les agents n'ont d'autre solution que d'en appeler au roi. Louis XV ne peut tolérer une telle agitation en son royaume et décide donc d'envoyer l'armée aux trousses des contrebandiers. Mandrin a désormais bien conscience qu'il s'oppose 
aux soldats du roi et plus seulement aux agents de la Ferme. Il s'agit d'un acte de rébellion, un crime de lèse-majesté. Par conséquent, le contrebandier se dérobe, rechignant à affronter les soldats du roi. En outre, la rapidité de déplacements des "mandrins" rend leur traque difficile. Voltaire note ainsi: "Ce Mandrin a des ailes, il a la vitesse de la lumière. [...] C'est un torrent, une grêle qui ravage les moissons dorées de la ferme..." La poursuite des contrebandiers n'a donc rien d'une promenade de santé pour les hommes du premier régiment de chasseurs du capitaine Jean-Chrétien Fischer.  

Image d’Épinal: "Forcée dans ses retranchements, la troupe de Mandrin combat à outrance contre les soldats et les paysans."

  
La sixième et dernière campagne de Mandrin se déroule au cours de l'hiver 1754. Les brigands parviennent à s'emparer de plusieurs villes, mais après la prise d'Autun, Mandrin et ses hommes tombent dans un guet-apens particulièrement meurtrier (9 contrebandiers sont brûlés vifs dans une ferme). Pour la première fois, "Belle Humeur" doit fuir. Le retour vers la Savoie s'avère particulièrement éprouvant. 
Louis XV réclame avec de plus en plus d'insistance la tête de Mandrin à son oncle, Charles-Emmanuel III, duc de Savoie et roi de Sardaigne. Ce dernier tergiverse, mais continue de protéger celui dont l'activité rapporte tant. C'est donc par la surprise et la force qu'Alexis de La Morlière - un capitaine audacieux et en quête de promotion - mène le rapt de l'ennemi public numéro un. Une trahison révèle que Mandrin se cache dans le château de Rochefort-en-Novalaise, à quelques lieues seulement de la France. L'opération est périlleuse, car il faut opérer en territoire étranger. Dans la nuit du 11 mai 1755, cinq cents hommes déguisés en paysans franchissent la frontière. Capturé dans son repaire, le brigand est transporté ligoté à la commission de Valence, siège du tribunal d'exception. Son président est alors Gaspard Levet, seigneur de Malaval dont la cruauté lui a très vite valu le surnom de "Torquemada des quarante [fermiers généraux]".

 * Procès et exécution.
Le procès du "capitaine général des contrebandiers" est bâclé (11 jours) et la procédure systématiquement violée. Les fermiers généraux exigent un châtiment exemplaire. Mais, scandalisé par la violation de son territoire, le duc de Savoie réclame au même moment la restitution du prisonnier. Louis XV, soucieux de ne pas se brouiller avec un allié précieux, cède. Or, la lettre d'extradition envoyée de Versailles n'arrive qu'après la mort de Mandrin. A coups de menaces et de pots de vin, les fermiers ont en effet obtenu du président de la commission l'exécution immédiate de la sentence. 
 Durant la durée de son procès, Mandrin subit  huit heures d'interrogatoires quotidiens. Le brigand reconnaît les faits, mais refuse de donner les noms de ses complices. Le 24 mai 1755, le tribunal de Valence le condamne à la question ordinaire et extraordinaire, puis au supplice de la roue; supplice réservé aux homicides et crimes de lèse-majesté. Mandrin reçoit la sentence sans broncher. L'exécution intervient deux jours plus tard.

Le calvaire de Mandrin attire les foules et ce sont 6000 personnes qui assistent au spectacle. Les curieux se pressent aux balcons et fenêtres donnant sur la place des Clercs, tandis que les gradins édifiés pour l'occasion se louent à prix d'or.
Mandrin endure d'abord la torture des brodequins qui consiste à broyer ses jambes entre deux planches. Sur le chemin qui le conduit à l'échafaud, le brigand prononce la formule rituelle de l'amende honorable devant la cathédrale Saint-Apollinaire: "je demande pardon à Dieu, au roi et à la justice de tous mes crimes et attentats..."
Le condamné est attaché sur le dos à une croix de Saint-André, avant d'être roué vif. Le bourreau lui fracasse les membres à l'aide d'une barre de fer, puis l'attache à une roue de carrosse hissée sur un mât. Touché par le repentir de Mandrin, l'évêque de Valence obtient du juge qu'il fasse abréger ses souffrances. Le bourreau l'étrangle à l'aide d'une corde. Tout au long du supplice, Mandrin conserve un air fier et martial.

 A Valence, Mandrin reçoit des visites dans sa cellule. Sa popularité est immense.
(Wikimédia)

 
* Naissance d'un mythe.
De son vivant, Mandrin jouit déjà d'une célébrité exceptionnelle, comparable à celle de Cartouche, son illustre prédécesseur. Or une fois mort, il devient aussitôt une figure mythique. L'épopée des "mandrins" et l'exécution de son chef font la "Une" des gazettes et  suscitent très tôt une littérature extrêmement variée: ouvrages biographiques, littérature de colportage diffusée sous forme de livrets et généralement éditée par la Bibliothèque bleue, chansons et poèmes transmis oralement, sans oublier des évocation dans les livres de raison et registres domestiques...
La geste de Mandrin s'impose donc comme un phénomène éditorial. Dans la chronique qu'il rédige peu après le supplice auquel il assiste d'ailleurs, Michel Forest, un bourgeois de Valence, constate: "Peut-être n'a-t-on jamais vu un brigand faire autant de bruit pendant sa vie et à sa mort. On ne parloit que de lui dans toutes les assemblées, en Allemagne, en Espagne, etc.; les gazettes françoises et étrangères n'étoient remplies que de ses faits. Bien des gens se sont empressés d'écrire après sa mort sur ses expéditions, de faire des chansons, qui se vendoient ce que l'on vouloit."
"L'événement Mandrin" nourrit donc l'imaginaire de ses contemporains et des générations suivantes, façonnant l'image de ce personnage fondamentalement ambiguë; brigand généreux pour ses thuriféraires, mais bandit cruel pour ses contempteurs. Selon l'intention des auteurs, le discours oscille en effet entre l'hagiographie pure et la condamnation sans appel. 

En cherchant à tout prix à faire de Mandrin un fourbe, de nombreuses images d’Épinal ne s'embarrassent guère de subtilités. La légende de celle-ci indique: "Mandrin, pour former son quartier général dans un vieux château, met les habitants en fuite en y faisant le revenant."


* Plus semblable à un bouc qu'à un homme."
 Compte tenu de la grande popularité dont semble jouir très vite Mandrin, le pouvoir royal tente de contrôler strictement l'information sur les exploits du bandit. Ainsi, les écrits favorables à Mandrin (en particulier le Testament politique) subissent la censure. 

Dans le même temps, les fermiers généraux s'emploient à dépeindre le contrebandier sous les traits du bandit sanguinaire et cruel, vulgaire malfrat et bandit repenti. En vouant la mémoire de Mandrin aux gémonies, les autorités espèrent susciter un anti-héros dont la jeunesse se détournerait. Cette légende noire se diffuse par l'intermédiaire des petits "livres bleus", caractéristiques de la littérature de colportage alors en vogue. Dans L'Histoire de Louis Mandrin depuis sa naissance jusqu'à sa mort, Mandrin y est un criminel de lèse-majesté:"Les bandits ne devraient pas trouver place dans l'histoire. On blâme Salluste de nous avoir appris que Rome a eu un Catilina. Il semble que tous les chefs  des voleurs aient trouvé gloire à marcher sur ses pas.  Cependant, le supplice qu'ils ont en perspective aurait dû mettre une barrière à leurs crimes. Cartouche a péri sur la roue, Mandrin a eu le même sort.  C'est toujours par là que finissent les brigands, les assassins, les incendiaires. On a jamais vu le coupable jouir impunément de son crime." La Mandrinade dépeint quant à elle un scélérat, un monstre "plus semblable à un bouc qu'à un homme".

Image d’Épinal: "Mandrin fait assassiner une malheureuse mère de famille qui refuse de se livrer à lui, et qui avait découvert un trésor qu'il avait caché."


 * Le grain de sable.
Or, dans le même temps, Mandrin suscite une multitude de textes favorables et c'est bien la légende dorée qui l'emporte auprès du peuple. Aussi, le marquis d'Argenson ne peut que déplorer: "Le malheur est encore que tout le peuple est pour ces révoltés puisqu'ils font la guerre aux fermiers généraux, qu'on répute trop riches, et pour donner au peuple les marchandises à meilleur marché.
Dans son journal, Ménétra note également: "Partout où je passais l'on n'en disait que merveille et même l'on parlait de ses bienfaits.
Les éditions successives des best-sellers de la Bibliothèque bleue témoignent de la popularité du brigand. Lus ou entendus, les détails de ses aventures sont très vite connus d'un très large public. L'Oraison funèbre de Louis Mandrin; le Testament politique de Louis Mandrin; la Mort de Mandrin et les chansons populaires  "font du criminel un "héros bien aimé" plus ou moins ambigu. Les textes oscillent entre la contestation sociale d'évidence et la moralisation, l'honnêteté du héros et sa culpabilité, l'admiration pour la victime vengeur du peuple et la terreur devant le criminel de lèse-majesté." [cf. Daniel Roche]
 Les admirateurs de Mandrin s'attardent sur se hauts faits et insistent sur le caractère professionnel de ses opérations, montées avec adresse et minutie. Dépeint sous les traits d'un meneur d'homme, Mandrin est vu comme un chef militaire incontesté sachant se faire obéir de ses hommes et capable de tenir les armées du roi en respect grâce, notamment, au soutien complice  de la population. Le contrebandier n'apparaît donc pas à ses contemporains comme un exclu, rejeté des siens et en marge de la société. Certains vont jusqu'à décrire Mandrin comme le parfait honnête homme.

 Les derniers gestes de Mandrin sont scrutés avec le plus grand soin. Pour les observateurs, Mandrin meurt en bon chrétien. Il ne songe  alors plus au destin martyr de son corps, mais au seul salut de son âme. Il fait ainsi fi de la justice royale, mais non de celle de Dieu.



Pour ses admirateurs, il est le grain de sable qui tente de vicier l'inique engrenage fiscal. Cette dimension du personnage semble essentiel et la popularité de Mandrin tient en effet, non seulement à ses actions intrépides, mais aussi au discrédit du système fiscal et des fermiers généraux, ces "quarante rois plébéiens qui tiennent à bail l'empire des Perses, et qui en rendent quelque chose au monarque." (Voltaire: "Le monde comme il va")

Hans-Jürgen Lusebrink, qui travaille sur les écrits consacrés à Mandrin, "a pu observer, dans la longue durée des représentations populaires du crime, un mouvement de politisation croissante marqué par la transformation du criminel en vecteur de revendications sociales de l'époque, et ce dès la fin du XVIIIème siècle." (cf: Sylvie Mouysset)
On passe alors du champion de la lutte anti-fiscale au rebelle défiant la justice royale, du brigand justicier au bandit social protecteur des pauvres. Rappelons ce qu'Eric Hobsbawm disait de ce dernier. Le bandit social est un paysan hors-la-loi que le seigneur et l'Etat considèrent comme un criminel, mais qui demeure à l'intérieur de la société paysanne, laquelle voit en lui un héros, un champion, un vengeur, un justicier, peut-être même un libérateur, et en tout cas, un homme qu'il convient d'admirer, d'aider et de soutenir.
Quant au rôle des bandits: "En tant qu'individus, ce sont moins des rebelles politiques ou sociaux que des paysans qui refusent de se soumettre et qui, ce faisant, se distinguent de la masse, ou même tout simplement des hommes qui, exclus de la carrière qu'ils suivaient normalement, sont contraints de vivre hors-la-loi et dans le 'crime.' (...) Ce sont des activistes et non des idéologues (...). Ce sont des leaders, dans la mesure où leur courage et leur assurance, auxquels s'ajoutent souvent une forte personnalité et des talents militaires, peuvent les disposer à jouer ce rôle." Autant d'éléments qui correspondent assez bien à Mandrin.


Noire ou dorée, la légende reste une légende, donc fort éloignée de la réalité. (4) Or ce qui est frappant dans le cas de Mandrin, c'est la longévité du mythe dont de nombreux aspects se retrouvent aujourd'hui inchangés aujourd'hui sous la plume de certains biographes du brigand. Mandrin y est toujours dépeint comme une sorte de Robin des bois qui "prend aux riches pour donner aux pauvres".
Or, Marie-Hélène Rumeau Dieudonné rappelle que "Mandrin n'a rien du précurseur de la Révolution française qu'on a quelquefois vu en lui , à la fin du XIXè siècle et au début du XXè, à l'époque de la république triomphante." Loin de remettre en cause la monarchie absolue ou l'ordre social, Mandrin se considère comme un fidèle sujet de son roi. Pieu,il respecte le clergé. Il admire la noblesse et ne cesse au cours de sa brève existence de se conformer aux valeurs militaires et chrétiennes de l'aristocratie. Au contraire, il n'éprouve que mépris pour les financiers qui incarnent une bourgeoisie montante. "C'est [donc] bien un homme de l'Ancien Régime, fort éloigné des idées nouvelles qui commencent à se répandre parmi les élites." Ses agissements s'inscrivent en revanche pleinement dans la lignée des soulèvements antifiscaux des XVII-XVIIIèmes siècles, ce que ses admirateurs perçoivent d'ailleurs parfaitement comme nous l'avons vu plus haut. 
 





* La complainte: une tragédie mise en musique.  
Jusqu'à présent nous n'avons encore rien dit de la célébrissime "complainte de Mandrin", or cette dernière (5) n'a rien d'anecdotique, car à bien y réfléchir c'est - la plupart du temps - d'abord à elle que l'on pense lorsqu'on évoque Mandrin. Ainsi à plus de 250 ans de distance, nous nous surprenons parfois à la chantonner comme le firent les contemporains du célèbre bandit.
Sous l'Ancien Régime, à l'occasion de faits divers sensationnels, livrets imprimés (les occasionnels) et complaintes fleurissent. Ces deux supports jouissent d'une extraordinaire popularité. Placés dans des lieux de passage, les chanteurs ambulants font commerce de chansons imprimées sur feuilles volantes. L'interprète d'une complainte choisit toutes les occasions où les foules se rassemblent: foires et marchés, fêtes religieuses, voire exécutions capitales. Les complaintes, dont le mode de propagation conjugue oralité et écriture, connaissent une très large diffusion tant dans les milieux citadins que ruraux. Dans son Tableau de Paris (1788) Louis-Sébastien Mercier note: "Un parricide, une empoisonneuse, un assassin, le lendemain, que dis-je, dès le jour même du supplice, enfantent des complaintes qui sont chantées dans tous les carrefours et composées par les chanteurs du Pont-Neuf."
Comme le rappelle Joseph Le Floc'h, la complainte criminelle a pour fonction essentielle de clôturer une affaire judiciaire. "Ce qu'elle rapporte en effet, c'est bien une entité indissociable qui, partant, d'un fait négatif le crime, s'impose un retour à une situation positive par la voie du supplice et de l'expiation."
La complainte prend souvent la forme d'une confession qui se décompose en trois temps: une formule d'appel suivie d'une longue narration exposant le(s) crime(s), avant l'énoncé puis l'exécution de la sentence, enfin un bref épilogue à visée moralisante.
La très grande majorité des complaintes procède de la composition sur timbre, c'est-à-dire l'usage d'une mélodie préexistante, généralement connue de tous, ce qui facilite grandement sa diffusion. 
Composée à une date inconnue, la complainte de Mandrin aurait puisé son thème musical dans un opéra comique de Charles-Simon Favart (1742), lui-même fortement inspiré du prélude instrumental de Hippolyte et Aricie de Jean-Philippe Rameau (1733). Comme très souvent, cette complainte prend de grandes libertés avec la réalité. Ainsi, la troupe de Mandrin comptait un nombre de membres bien supérieur aux 20 à 30 individus mentionnés dans la chanson". De même les "mandrins" ne portaient pas les habits blancs "à la mode des marchands, trop peu discrets. C'est parce qu'ils s'adonnent à la contrebande de tabac et d'indiennes que Mandrin et ses hommes sont traqués et non pour de simples vols de manteaux ou bourses. Enfin, "Belle Humeur" est jugé et exécuté à Valence et non Grenoble. 



Laissons le dernier mot au rédacteur du Testament politique de Louis Mandrin (1755) qui  prête ces mots à l'illustre contrebandier:
"j'ai cherché la cause de cette grande affluence de Peuple qui venait chaque jour s'enrôler sous mes drapeaux; en remontant à sa source, j'ai découvert qu'elle prenait elle-même son origine dans le système des Fermes. J'ai trouvé que c'est à celui-ci, qui a renversé en France le premier ordre du Gouvernement économique, politique, civil qu'il fallait l'attribuer. Depuis soixante ans une espèce de maladie a attaqué le Ministère Français. La fureur des Baux [principe de la Ferme] a prévalu sur tous les autres systèmes de l'administration. Tout est Ferme aujourd'hui en France, tout est Contrat, bientôt, il ne sera permis au Peuple de respirer que par entreprise." (6)




Notes:
1. Richelieu comprend très vite les avantages fiscaux que le roi pouvait tirer de cette nouvelle mode. Il adopte en 1629 une taxe sur l'entrée de toute livre de tabac dans le royaume. Colbert va plus loin en décidant que le roi se réserverait désormais la vente exclusive du tabac à l'intérieur du royaume. Rapidement affermée, l'exploitation de ce monopole d’État (comme le sel), chasse gardée de la Ferme générale, constitue aussitôt une manne importante pour les caisses royales.
2. Un évènement illustre cette soif de reconnaissance. Lors d'une de ses campagnes, Mandrin rencontre l'aide de camp du maréchal de Saxe (vainqueur de Fontenoy). Il demande alors au représentant royal de passer en revue son "armée". Il veut être reconnu comme un vrai capitaine à la tête d'une véritable armée. L'absence de reconnaissance le mine et accentue sans doute son rejet de l'autorité.
3. On est toutefois loin des 6000 hommes dont parle Voltaire. 
4. La brutalité dont Mandrin fait parfois preuve, ses accès de fureur et le sillage sanglant qu'il laisse derrière lui, sont passés sous silence ou à peine évoqués.   
Ainsi, il n'hésite pas à tuer une fillette dans les bras de son père avec lequel il a un différend. Ceux qu'ils soupçonnent de l'avoir trahi sont impitoyablement massacrés et leurs restes exposés le long des chemins en guise d'avertissement.
5. Ces chansons tristes sont destinées à l'origine à célébrer les mérites et les exploits d'un héros ou d'un souverain disparu. "Traditionnellement, le premier couplet s'adresse directement au public pour mieux l'attirer. Pendant plusieurs siècles, la complainte prospère partout sous des formes à peu près similaires, comme la Murder Ballad anglaise puis américaine ou la Moritat allemande." [cf: Bernard Oudin]
6. Publié à Genève l'année même de l'exécution de Mandrin, le Testament politique - parfois attribué à Voltaire - est aussitôt interdit en France. Il faut dire qu'il s'agit à la fois d'une apologie de Mandrin et d'un violent pamphlet politique.
 




La Complainte de Mandrin. [généralement datée de 1755]
1. Nous étions vingt ou trente brigands dans une bande,
Tous habillés de blanc, à la mode des
Vous m'entendez
Tous habillés de blanc à la mode des marchands.


 2. La première volerie que je fis de ma vie
C'est d'avoir goupillé la bourse d'un
Vous m'entendez
C'est d'avoir goupillé la bourse d'un curé.


3. J'entrai dedans sa chambre : mon Dieu! Qu'elle était grande!
J'y trouvai mille écus, j'y mis la main,
Vous m'entendez
J'y trouvai mille écus, j'y mis la main dessus.


4. J'entrai dedans une autre : mon Dieu! Qu'elle était haute!
De robes et de manteaux, j'en chargeai trois
Vous m'entendez
De robes et de manteaux, j'en chargeai trois chariots.


5. Je m'en allai les vendre à la foire en Hollande,
J'les vendis bon marché, ils m'avaient rien
Vous m'entendez
J'les vendis bon marché, ils m'avaient rien coûté.


6. Ces messieurs de Grenoble avec leurs longues robes
Et leurs bonnets carrés m'eurent bientôt
Vous m'entendez
Et leurs bonnets carrés m'eurent bientôt jugé.


7. Ils m'ont jugé à pendre, ah! C'est dur à entendre!
A pendre et étrangler sur la place du
Vous m'entendez
A pendre et étrangler sur la place du marché.


8. Monté sur la potence, je regardai la France
J'y vis mes compagnons à l'ombre d'un
Vous m'entendez
J'y vis mes compagnons à l'ombre d 'un buisson.


9. Compagnons de misère, allez dire à ma mère
Qu'elle ne me verra plus, j'suis un enfant
Vous m'entendez
Qu'elle ne me verra plus, j'suis un enfant perdu.



Lexique:
Aides = les aides désignent les taxes sur les denrées et les boissons. Perçues à l'entrée des villes et des bourgs, elles justifiaient la mise en place de barrières d'octrois.
Gabelle = cet impôt sur le sel était en fait un impôt direct payé par le contribuable contraint d'acheter chaque année dans les greniers du roi une certaine quantité de sel à un prix fixé par les autorités (c'est le "devoir de gabelle"). Il s'agit, pour les finances royales de l'impôt le plus productif.
Traites = les traites représentent un droit de douane qui frappait la circulation des marchandises, à l'intérieur du royaume comme à ses frontières.

Sources:
- Marie-Hélène Rumeau-Dieudonné: "Mandrin, prince des voleurs", in L'Histoire n°275, pp 70-74.
- André Zysberg:"Mandrin, Cartouche et les autres brigands...", in L'Histoire n°111, pp16-24.
- E.J. Hobsbawm:"Les bandits", La Découverte, 1999.
- Sylvie Mouysset: "Mandrin au miroir des écrits de son temps : intr épide contrebandier ou brigand sc él érat ?"
- Daniel Roche: "La France des Lumières", Fayard, 1993.
- Pierre-Yves Beaurepaire:"La France des Lumières. 1715-1789", Belin, 2011.
- "Vivre en clandestinité" dans la Fabrique de l'Histoire, 2013.
- Bernard Oudin: "Le crime entre horreur et fascination", Découvertes Gallimard, n°556.
- François Martineau: "Fripons, gueux e loubards. Une histoire de la délinquance de 1750 à nos jours.", JC Lattès, 1986.
- RHEI: Joseph Le Floc'h "Chanteurs de rue et complaintes de judiciaires.


Liens:
- Criminocorpus: "Le portrait du criminel."
- Musée national des douanes: "Douane et contrebande" (pdf).
- Le repaire de Mandrin à Saint-Génix sur Guiers en Savoie.
- Un site personnel dédié à Mandrin.
- Abrégé de la vie de Louis Mandrin
- Article très intéressant sur la fin des complaintes criminelles. (Criminocorpus)