Il rencontre alors Ray Barreto et surtout Willie Collon avec lequel il enregistre un des chef-d’œuvres de la salsa, l'album Metiendo mano (1977). L'album Siembra (1978) démontre que la salsa peut véhiculer un message social à l'image de son titre phare Pedro Navaja.
La chanson desapariciones est tirée de l'album "Buscando América" (1984), dans lequel les thèmes sociaux et politique dominent.
Cet engagement pousse logiquement Blades vers le monde politique. Ainsi, il se présente aux élections présidentielles panaméennes en 1994 et arrive en troisième position. En 2000 il est nommé ambassadeur aux Nations unies et rencontre des étudiants pour dénoncer le racisme.
Que alguien me diga si ha visto a mi esposo, / preguntaba la doña, / se llama Ernesto y tiene cuarenta años, / trabajaba de peón en un negocio de autos, / llevaba camisa oscura y pantalón claro, / salió de noche y no ha regresado / y no se ya qué pensar pues esto antes no me había pasado.
"Quelqu'un a t'il vu mon mari?" : demandait la dame / il s'appelle Ernesto, il a 40 ans / il travaille dans un garage / il portait une chemise foncée et un pantalon clair / il est sorti dans la nuit et n'est pas rentré / je ne sais pas quoi penser / car cela ne m'était encore jamais arrivé.
Cela fait 3 jours que je cherche ma sœur / elle s'appelle Altagracia comme sa grand mère, / elle a quitté le travail pour aller à l'école, / elle portait un jean et une chemise blanche, / son fiancé n'y est pour rien, il est chez lui, / la police et l'hôpital n'ont pas de nouvelles d'elle
Que alguien me diga si ha visto a mi hijo, / es estudiante de medicina, / se llama Agustín y es un buen muchacho, / es a veces terco cuando opina, / lo han detenido, no sé qué fuerza, / pantalón blanco camisa a rayas, pasó ante ayer.
"Quelqu'un a t'il vu mon fils", / il est étudiant en médecine, / il s'appelle Agustin et c'est un bon garçon, / il est parfois têtu quand il est convaincu, / il a été arrêté par je ne sas quelle force, / (il portait) un pantalon blanc et une chemise à rayures, c'est arrivé hier.
Clara Quiñones se llama mi madre, / ella es un alma de Dios y no se mete con nadie, / se la han llevado de testigo / por un asunto que es nada más conmigo / y yo fui a entregarme hoy por la tarde / y ahora me dicen que no saben quién se la llevó / del cuartel.
Ma mère s'appelle Clara Quiñones, / c'est une sainte femme et elle ne cherche pas les problèmes, / ils l'ont embarquée en tant que témoin / pour une affaire qui ne concerne que moi / je suis allé me rendre cette après-midi / et maintenant on me dit que personne ne sait qui l'a embarquée.
Anoche escuché varias explosiones, / tiros de escopeta y de revólver, / autos acelerados, frenos, gritos, / ecos de botas en la calle , / toques de puerta, quejas por dioses, platos rotos, / estaban dando la telenovela, / por eso nadiemiró pa´fuera / avestruz.
Hier soir j'ai entendu plusieurs explosions, / des tirs de fusils et de revolver, / des voitures qui accélèrent, qui freinent, des cris, / le bruit des bottes dans la rue, / des gens qui frappent aux portes, des plaintes, des assiettes cassées, / le feuilleton passait à la télé, / personne n'a donc regardé dehors. / Ils faisaient l' autruche.
Adónde van los desaparecidos, / busca en el agua y en los matorrales / y por qué es que desaparecen, / porque no todos somos iguales / y cuándo vuelve el desaparecido /
cada vez que lo trae el pensamiento, / cómo se llama al desaparecido, / una emoción apretando por dentro.
Où vont les disparus? / cherche dans l'eau et dans les buissons / et pourquoi disparaissent-ils?
Parce que nous ne sommes pas tous égaux / et quand reviennent-ils? / A chaque fois que l'on pense à eux. / et comment les appelle-t-on? / lorsqu'une émotion nous serre le coeur.
Dans ce titre, Ruben Blades décrit les conditions d'existence épouvantables des populations civiles dans les sociétés latino américaines sous le joug des dictatures militaires qui s'imposent dans la zone au cours des années 1960 et 1970. Le recours aux enlèvements, à la torture y sont systématiques.
La dictature militaire argentine qui sévit en Argentine de 1976 à 1983, serait ainsi responsable de la mort de 30 000 personnes. Les opposants politiques (syndicalistes, communistes...) et leurs enfants sont traqués, éliminés. Le régime a recours aux enlèvements. Les Mères de la place de Mai manifestent régulièrement pour exiger du pouvoir en place de rendre des comptes concernant les milliers de personnes disparues sous la dictature. Cette pratique ne se limite malheureusement pas à la seule Argentine. Le Chili de Pinochet (1973 à 1989) et Manuel Contreras, directeur des services secrets chiliens (la Dina) et instigateur principal du plan condor, se spécialise aussi dans ces disparitions organisées. C'est aussi le cas du Paraguay de Stroessner (1954-1989), de la Bolivie de Banzer (1971-1978).
Les disparitions en Amérique Latine peuvent aussi avoir été organisées par des groupes paramilitaires qui éliminent des opposants ou des gêneurs, par des groupes d'opposants ou de guérilla qui kidnappent et séquestrent contre des rançons sans oublier les cartels mafieux qui organisent des disparitions ou des meurtres. Les uns et les autres utilisent des sicaires et tueurs à gages. Il est donc simpliste de réduire la chanson de Ruben Blades à la lutte contre les dictatures de droite pro-americaine
RépondreSupprimerMême si la chanson peut être interprétée comme une dénonciation de toutes types de disparitions, toutes les références explicites concernent les forces armées :
RépondreSupprimerLa police de sécurité nationale (PSN), la poste de police, la prison, un fils enlevé par “je ne sais qu’elle force”, le bruit de bottes dans la rue.
Chouette reprise assez fidèle par notre sergent national:
RépondreSupprimerSergent Garcia - Los Desaparecidos
https://www.youtube.com/watch?v=GzZBu1SScUo