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mercredi 21 mai 2008

40: Earl Sixteen: "Malcolm X".



Malcom Little est né en 1925 à Omaha, dans le Nebraska. Son père, pasteur, est un adepte du nationalisme noir défendu par Marcus Garvey, ce qui lui vaut l'animosité des populations blanches de la ville. En 1928, le Klan incendie sa maison. Trois ans plus tard, il est écrasé par un tramway, dans des conditions suspectes. La famille plonge dans la misère. Madame Little est internée après avoir sombré dans la dépression. Une famille d'accueil blanche s'occupe alors du petit Malcom.
"Ils m'aimaient comme ils aimaient leurs animaux domestiques", affirmera-t-il plus tard.



Élève brillant, il aspire à devenir avocat, mais un professeur lui rétorque:"Sois réaliste, tu n'es qu'un nègre". Il quitte bientôt l'école et exerce de petits boulots à Boston, puis Harlem, avant de plonger dans la délinquance. Chef de bande, il s'adonne à la contrebande, aux vols... Arrêté en 1946, il passe alors sept ans en prison où il découvre la Nation of islam, une secte fondée en 1930 et présidée par Elijah Muhammed.
La conversion de Malcom Little a l'islam le transforme profondément. A sa sortie de prison, il se fait désormais appeler Malcom X. Ce X symbolise le nom africain perdu:" J'ai abandonné mon nom d'esclave. (...). Je m'appelle X parce que je ne sais pas quel est mon vrai nom".

Orateur brillant, Malcom X devient rapidement le porte-parole officiel des Musulmans noirs et le second d'Elijah Muhammed. La doctrine de ce dernier affirme la supériorité de la race noire et assimile l'homme blanc à un "démon aux yeux bleus". Il prêche un séparatisme radical, dont le but serait l'attribution de plusieurs États de l'Union aux Noirs.
Malcom X, dans des prêches enflammés, affirme le droit à l'autodéfense et fustige la stratégie non-violente de Martin Luther King, "la meilleure arme" de l'homme blanc. Il se proclame Noir et non Américain, parle de la beauté et du pouvoir noirs, enfin il refuse l'intégration.

Son charisme médiatique lui attire bientôt des inimitiés au sein de la Nation of islam. Une déclaration provocatrice à la mort de J. F. Kennedy le marginalise davantage encore. Muhammed l'interdit alors de déclaration publique pendant 90 jours. En 1964, Malcom X quitte la Nation of islam et fonde l'Organization of African American Unity. Débarrassé de son mentor, il entend désormais agir politiquement.

Le nationalisme noir tel que le conçoit X implique de "contrôler la politique et les politiciens de notre communauté, (...) contrôler l'économie de notre communauté", c'est-à-dire les États peuplés majoritairement de Noirs. Il plaide pour un État séparé ou un retour en Afrique, terre originelle des Afro-Américains. A partir de 1964, il infléchit pourtant son discours en admettant que les Noirs doivent rester aux États-Unis. Le respect de leurs droits et libertés doit être arraché "par tous les moyens nécessaires", quitte à utiliser la violence donc.

Au printemps 1964, il se rend en pèlerinage à La Mecque et visite des pays du Proche-Orient et d'Afrique du nord. Ces voyages modifient en profondeur sa pensée. Il côtoie alors des musulmans "aux yeux du bleu le plus bleu, aux cheveux du blond le plus blond, et à la peau du blanc le plus blanc", ce qui le poussera à déclarer publiquement à son retour en Amérique:"Je n'approuve plus la condamnation d'une race entière (...) Je ne suis pas raciste et je n'approuve aucune croyance raciste".

Au début de 1965, Malcom X se rend à Selma en Alabama afin de soutenir la campagne de la SCLC de Martin Luther King et du SNCC. S' il a eu des mots très dur à l'égard de Luther King, Malcom X n'en partage pas moins avec lui la conviction qu'il est nécessaire d'inscrire le plus de Noirs possibles sur les listes électorales (ce qui est l'objet des marches de Selma). Les deux grands leaders ne se sont rencontrés, furtivement, qu'une seule fois en 1964, mais King, conscient de l'évolution intime de X, n'exclut plus la possibilité d'un rapprochement.

Malcom X prononce alors un discours lourd de sous-entendus: "les gens feraient mieux de donner [à King] ce qu'il demande, et de le lui donner vite, avant que d'autres groupes ne se présentent et n'essayent d'y parvenir d'une autre façon. Ce qu'il demande est juste, c'est le bulletin de vote, (...) et ce sera obtenu d'une manière ou d'une autre".
Le 21 février suivant, Malcom X est abattu de seize balles tirées à bout portant. La police conclut à une vengeance des Musulmans noirs, mais d'autres enquêtes ultérieures conclurent au rôle possible du FBI, de la CIA, ou même de la Mafia.

Avec son titre sobrement intitulé "Malcom X", Earl Sixteen rend un hommage poignant à ce théoricien du black power dont la popularité ne s'est jamais démentie.

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