Pages

samedi 31 mai 2008

46. Nougaro:"Paris mai."

Claude Nougaro écrit ce morceau quelques semaines après la fin du mouvement social qui secoue la France en mai-juin 1968. La musique est signée Eddy Louiss. Le superbe texte de Nougaro n'incite pas à la rébellion, mais porte un regard poétique sur l'immédiat après-mai et ses désillusions. Son chant exalté fait ici des merveilles et confère au titre un souffle puissant.
La simple évocation des événements entraîne la censure du morceau à sa sortie.
Cette même année, Nougaro triomphe à l’Olympia, où il se produit deux semaines durant.

"Paris mai " Claude Nougaro.
Mai, mai, mai, Paris mai, mai, mai, mai, Paris
Mai, mai, mai, Paris mai, mai, mai, mai, Paris
Mai, mai, mai, Paris mai, mai, mai, mai, Paris

Le casque des pavés ne bouge plus d'un cil
La Seine de nouveau ruisselle d'eau bénite
Le vent a dispersé les cendres de Bendit
Et chacun est rentré chez son automobile
J'ai retrouvé mon pas sur le glabre bitume
Mon pas d'oiseau forçat enchaîné à sa plume
Et piochant l'évasion d'un rossignol titan
Capable d'assurer le sacre du printemps

Mai, mai, mai, Paris mai, mai, mai, mai, Paris

Ces temps-ci je l'avoue j'ai la gorge un peu acre
Le sacre du printemps sonne comme un massacre
Mais chaque jour qui vient embellira mon cri
Il se peut que je couve un Igor Stravinski

Mai, mai, mai, Paris mai, mai, mai, mai, Paris
Mai, mai, mai, Paris mai, mai, mai, mai, Paris

Et je te prends Paris dans mes bras pleins de zèle
Sur ma poitrine je presse tes pierreries
Je dépose l'aurore sur tes tuileries
Comme roses sur le lit d'une demoiselle
Je survole à midi tes six millions de types
Ta vie à ras-le-bol me file au ras des tripes
J'avale tes quartiers aux couleurs de pigeon
Intelligence blanche et grise religion

Mai, mai, mai, Paris mai, mai, mai, mai, Paris

Je repère en passant Hugo dans la Sorbonne
Et l'odeur d'eau-de-vie de la vieille bonbonne
Aux lisières du soir, mi-manne, mi-mendiant
Je plonge vers un pont où penche un étudiant

Mai, mai, mai, Paris mai, mai, mai, mai, Paris
Mai, Paris

Le jeune homme harassé déchirait ses cheveux
Le jeune homme hérissé arrachait sa chemise
Camarade ma peau est-elle encore de mise
Et dedans, mon coeur seul, ne fait-il pas vieux jeu
Avec ma belle amie quand nous dansons ensemble
Est-ce nous qui dansons ou la terre qui tremble?
Je ne veux plus cracher dans la gueule à papa
Je voudrais savoir si l'homme a raison ou pas
Si je dois endosser cette guérite étroite
Avec sa manche gauche, avec sa manche droite
Ses pâles oraisons, ses hymnes cramoisis
La passion du futur, sa chronique amnésie

Mai, mai, mai, Paris mai, mai, mai, mai, Paris
Mai, Paris

C'est ainsi que parlait sans un mot ce jeune homme
Entre le fleuve ancien et le fleuve nouveau
Où les hommes noyés nagent dans leurs autos
C'est ainsi, sans un mot, que parlait ce jeune homme
Et moi l'oiseau forçat casseur d'amère croûte
Vers mon ciel du dedans j'ai replongé ma route
Le long tunnel grondant sur le dos de ses murs
Aspiré tout au bout par un goulot d'azur
Là-bas brillent la paix, la rencontre des pôles
Et l'épée du printemps qui sacre notre épaule
Gazouillez les pinsons à soulever le jour
Et nous autres grinçons, pont-levis de l'amour

Mai, mai, mai, Paris mai, mai, mai, mai, Paris
Mai, mai, mai, Paris mai, mai, mai, mai, Paris
Mai, mai, mai, Paris mai, mai, mai, mai, Paris


2 commentaires:

  1. Abd Al Malik vient de faire une chanson (avec le même titre) où il sample Nougaro.
    A écouter sur l'album Dante.

    RépondreSupprimer
  2. A propos de claude nougaro, je vous recommande chaudement un tout nouveau projet monté par 4 musiciens reprenant une quinzaine de chansons du poète.
    N'hésitez pas à consulter le site de leur projet nougaro les mots sur nougaro-les-mots.com pour écouter quelques enregistrements.
    Musicalement !

    RépondreSupprimer