Après cette première partie qui sonne comme une reconnaissance de la dette de la France envers ces immigrés, Sefyu aborde un autre thème tout en suivant Moussa et Hussein, deux immigrés originaires du Sénégal et d'Algérie (Hussein est harki). Nous suivons donc ces deux hommes de foyer pour jeunes travailleurs en HLM. Avec la complicité des autorités, chaque groupe reste replié sur lui-même. Moussa et Hussein deviennent voisins après s'être mariés et s'être installés dans un HLM. La méfiance et le racisme naissent alors de l'incapacité à communiquer. C'est donc aussi une chanson contre le racisme intercommunautaire que Sefyu voit à l'oeuvre dans les banlieues. Le salut vient des enfants qui, malgré les préjugés de leurs parents, deviennent les meilleurs amis du monde...
La chanson est parsemée d'interludes. On y entend des extraits probablement issus de documentaires évoquant la ségrégation au sein de l'armée et le rôle des tirailleurs sénégalais (Sefyu est lui-même d'origine sénégalaise).
Sur les troupes coloniales dans les deux guerres, voir l'article de Yassine. Sur l'épisode de l'occupation de la Ruhr et "la honte noire", lisez l'article de Mehdi et Vincent. Vous trouverez tout ça sur le blog réalisé par les premières S autour des mémoires de guerre France-Allemagne. A compléter avec l'article de Yanis, Nassim, William et Djébril (élèves d'Alger) sur le blog Algérie-France.
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Interlude
1962, la France est ravagée par
La victoire a coûté cher en argent, en litres de sang
La chute des allemands puis la fin d’Hitler,
Les tirailleurs sénégalais épaulés par l’Algérie ont quitté leurs petites chéries pour l’amour de ce pays,
La bataille est finie, c’est le début de
Des obus sont restés coincés dans les rues de Poitiers
La France doit reconstruire, rebooster son économie,
Rembourser les milliards de l’américain son ami…
A ce moment-là, la France ne se sentait pas très forte, la guerre fut un gros choc, la capitale était morte
Il fallait la relooker au même titre qu’un mannequin
Car ses talons s’étaient cassés sur les routes de Berlin
Pour ça, il fallait des hommes costauds et robustes,
Prêts à tout pour la famille laissée au bled dans
C
Tous prêts à travailler comme des dogues argentins, la main d’œuvre est humaine, les outils sont les hommes qui vendent corps et âmes, leur chair pour pas cher
Dans le bâtiment, la voirie, les mines de charbon, à l’usine, à la chaîne, l’immigré se déchaîne
Interlude
1963 l’arrivée de Moussa, 1964 l’arrivée de Hussein.
Moussa, 23 ans, originaire de Dakar, lorsqu’il débarque à Marseille en clandé dans des containers Hussein a 24 ans quand il vient d’Alger, fils d’ancien combattant harki réfugié politique
Il dépose ses valises sur la ville de Paris, à Belleville, à l’ouest de la belle vie
Moussa décroche un boulot dans la voirie, il ramasse les déchets à mains nues, sans les gants Hussein, quant à lui, travaille à l'usine, il respire de l’amiante pour cracher son loyer, crouille… Hussein et Moussa vivent dans des foyers pour jeunes travailleurs immigrés, sans moyens, classés par communauté, par pays, par couleur.
Moussa ne vit qu’avec des noirs et Hussein avec des beurs,
La France n’avait pas l’intention de les dépayser, l’objectif était de bosser et de ne pas les intégrer
Les portugais mangeaient portugais, dormaient portugais,
Les arabes parlaient qu’en arabe, marchaient qu’entre arabes,
Les noirs, dans le noir, faisaient du travail au noir
Chacun vivait avec la personne qu’il y avait dans son miroir
La meilleure nourriture au monde pour Moussa était du riz,
Les meilleurs plats de la terre pour Hussein, la galette kabyle 1980, 20 ans passés en France, Moussa et Hussein à la chaîne se déchaînent.
Interlude
1981, Hussein cherche une femme, 1982 Moussa se marie, 1983
Hussein trouve sa femme, 1984 les deux font des gosses
Ça se passe tout au début des années 80, l’arrivée des HLM qui deviendront des banlieues.
Moussa recherche un logement, obtient sa mutation, quitte Marseille pour Paris, pour agrandir sa famille
De son côté Hussein aussi doit déménager, une pétition est signée pour immeuble en démolition
La vérité, c’est qu’il fallait les reloger afin de rendre des secteurs plus fréquentables comme d’hab
Quand Moussa arrive dans la cité, il est comme choqué en s’apercevant que son voisin n’est plus Sénégalais
En face, Hussein est autant choqué, son voisin c’est Moussa
Moussa face à Hussein, ils parlent en langage des signes, aucun d’entre eux ne parle le français,
A force de rester qu’entre eux, tous ceux qui ne sont pas comme eux sont des bœufs
Les noirs parlent des arabes, les arabes sur les noirs, car la France les a conduits sans phares ni anti-brouillards
Voici le départ de
Le
« Nique sa mère, nique sa grand-mère », c’est notre vocabulaire
1996 : pour Hussein c’est la merde, car son fils Malik, 12 ans, traîne avec Boubakar le grand fils de Moussa qui ne comprend pas les arabes.
Les deux familles ne se supportent pas, se trouvent des défauts
Ce qui rapproche encore plus leurs enfants, meilleurs amis du monde, solidaires
Boubakar et Malik s’attachent, s’enchaînent, leurs parents se déchaînent
ce texte simple est digne d'un grand artiste.
RépondreSupprimerC'est clair et facile à comprendre.
Du talent à l'état pur.
BIG UP Sefyu.
Dommage que dans un blog lu par des lycéens on retrouve cette grossière erreur historique, que certains ont le plus grand intérêt qu'elle devienne une réalité : "les immigrés ont reconstruit la France"... C'est affligeant..., les 17 ans oubliés par Sefyu entre 1945 et 1962! Professeurs ! Faites faire des frises chronologiques!
RépondreSupprimerDommage de lire les articles à moitié et d'avoir des jugements à l'emporte-pièce dénués de fondement.
RépondreSupprimerÉvoquer "le rôle des immigrés dans la reconstruction de la France" (et non pas "les immigrés on reconstruit la France" comme vous le dîtes) est-il erroné ? Que vous souhaitiez l'occulter, voilà l'erreur historique !
Sefyu n'est certainement pas un historien. Qu'il n'ait pas conçu sa chanson comme un cours d'histoire parfait ne fait aucun doute. Mais il a le mérite, avec ses mots à lui, d'aborder ces sujets.