La crue la plus meurtrière du Mississipi, en 1927, inonda 66 000 km2, touchant sept États. Randy Newman consacre son morceau "Louisiana 1927" à ces inondations catastrophiques.
Crue du Missippi en Louisiane, 1927.
La gestion de la crise de 1927 avait été pourtant plutôt rapide. Hoover, alors ministre du commerce, se chargea de coordonner les premiers secours. Mais, cette gestion de la crise n'était pas exempte de racisme ("Le Président Coolidge est venu par le chemin de fer / Avec un petit rondouillard avec un carnet en main / Le président dit "Petit rondouillard, quelle honte ce que le fleuve a fait / A cette terre de pauvres petits blancs"). Ainsi, les Blancs de la Nouvelle Orléans furent transportés sur des bateaux en dehors de la ville inondée, tandis que les Noirs restaient abandonnés à leur sort ou parqués dans des camps, dans des conditions tout à fait insalubres. D'ailleurs, selon plusieurs témoignages, les Blancs chantaient sur le bateau « Bye Bye Blackbirds » (« Au revoir les merles », mais « blackbird », ici, désignait en fait les Noirs).
Ces inondations provoquent la mort de 200 personnes et le déplacement forcé de 500 000 autres. D'intenses précipitations au cours de l'été 1926 sont à l'origine de la catastrophe ("Ce qui s'est passé ici c'est que les vents ont changé / Les nuages sont arrivés du nord et il a commencé à pleuvoir / Il a plu sacrément fort et il a plu sacrément longtemps"). Au printemps suivant, les digues cèdent en 145 points différents. Près de 70 000 Km² se retrouvent sous les eaux, dans six états différents : l'Arkansas, l'Illinois, le Kentucky, la Louisiane, le Mississippi et le Tennessee. L'inondation fait plus de 400 millions de dollars de dégâts.
Archival Photography by Steve Nicklas, NOS, NGS [Public domain] |
Louisiana 1927
What has happened down here is the wind have changed
Clouds roll in from the north and it started to rain
Rained real hard and rained for a real long time
Six feet of water in the streets of Evangeline
The river rose all day
The river rose all night
Some people got lost in the flood
Some people got away alright
The river have busted through clear down to Plaquemines
Six feet of water in the streets of Evangelne
CHORUS
Louisiana, Louisiana
They're tryin' to wash us away
They're tryin' to wash us away
Louisiana, Louisiana
They're tryin' to wash us away
They're tryin' to wash us away
President Coolidge came down in a railroad train
With a little fat man with a note-pad in his hand
The President say, "Little fat man isn't it a shame what the river has
done
To this poor crackers land."
CHORUS
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Ce qui s'est passé ici c'est que les vents ont changé
Les nuages sont arrivés du nord et il a commencé à pleuvoir
Il a plu sacrément fort et il a plu sacrément longtemps
Six pieds d'eau dans les rues d'Evangeline
Le fleuve montait toute la journée
Le fleuve montait toute la nuit
Des gens ont disparu dans le déluge
Des gens s'en sont tirés
Le fleuve est sorti de son lit jusqu'à Plaquemines
Six pieds d'eau dans les rues d'Evangeline
Louisiane, Louisiane
Ils essayent de nous emporter
Ils essayent de nous emporter
Louisiane, Louisiane
Ils essayent de nous emporter
Ils essayent de nous emporter
Le Président Coolidge est venu par le chemin de fer
Avec un petit rondouillard avec un carnet en main
Le président dit "Petit rondouillard, quelle honte ce que le fleuve a fait
A cette terre de pauvres petits blancs"
Louisiane, Louisiane
Ils essayent de nous emporter
Ils essayent de nous emporter
Louisiane, Louisiane
Ils essayent de nous emporter
Ils essayent de nous emporter
Ils essayent de nous emporter
Ils essayent de nous emporter
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Led Zeppelin interprétant "When the levee breaks".
Les crues dévastatrices du Mississippi inspirèrent très tôt les paroliers et de nombreux titres reviennent sur ces catastrophes naturelles récurrentes. Ainsi le "Back water blues" de Bessie Smith évoque la grande crue de 1927. Memphis Minnie, célèbre blues woman de Memphis, compose en 1929 un poignant "When the levee breaks" ("quand les digues s'effondrent"). Le morceau sera d'ailleurs repris bien plus tard par Led Zeppelin. Charley Patton, quant à lui, décrit la montée des eaux du fleuve qui bouleverse la région du delta de fond en comble ("High water everywhere"). Blind Lemon Jefferson chante pour sa part « Rising high water blues ». Le terrible "Tupelo" de John Lee Hooker décrit la montée des eaux et le cortège de malheurs qu'elle engendre. Le blues se fait ainsi le chroniqueur des catastrophes qui ravagent le sud profond.
* Le morceau de Randy Newman prend encore plus de relief à la lumière des dégâts provoqués par l'ouragan Katrina. Il est, en effet difficile de ne pas rapprocher la gestion de la crise de 1927, de celle, calamiteuse, de George W. Bush, en 2005. Revenons sur ce désastre.
Les ouragans et tempêtes tropicales constituent une menace chronique pour les Etats-Unis et frappent, tout au long de l'été et au début de l'automne, les régions côtières situées entre le golfe du Mexique et l’Océan Atlantique (surtout la Floride, mais aussi le Texas, la Louisiane et la Caroline du Nord). Quelques cyclones particulièrement violents ont semé sur leurs passages morts et dévastations, tels les ouragans Camille (1969), Hugo (1989) ou Andrew (1992). Or, la saison 2005 peut-être considérée comme une saison hors du commun avec un nombre record de tempêtes tropicales et d'ouragans, dont trois classés en catégorie 5, la plus forte, sur l'échelle Saffir-Simpson.
Le 29 août 2005, l'ouragan Katrina approche de la Nouvelle-Orléans. Les vents atteignent 280 km/h. Le lendemain, les digues qui protègent la Nouvelle-Orléans, mal entretenues, cèdent. La ville sombre dans le chaos (inondée à 80%). Tous ceux qui le peuvent, fuient en catastrophe. Quant aux autres, ils se réfugient dans des lieux mis à disposition, à l'instar du stade du Superdome où s'agglutinent 26000 personnes, dans des questions sanitaires très difficiles. Pendant ce temps, les pillages se multiplient dans une ville désertée de ses habitants. Au total, plus d'un million de personnes sont évacuées des côtes du golfe du Mexique. Dans les états de la Louisiane, du Mississippi et de l'Alabama, 235 000 km² sont dévastés. Le bilan s'avère particulièrement lourd puisque l'on dénombre plus de 1800 morts, des dizaines de milliers de sans-abri et plus de 100 milliards de dollars de dommages. Surtout, ce bilan a sans doute été aggravé par le manque de préparation et l'inefficacité des secours.
Les grandes villes touchées ne sortent pas indemnes de cette catastrophe. La Nouvelle-Orléans a ainsi perdu 40% de sa population et sa composition ethnique en ressort sensiblement modifiée (les Noirs représentaient 60% de la population de la ville avant le cyclone, contre 40% aujourd'hui!).
Surtout, Katrina souligne les fragilités de la puissance américaine. Pour la première fois, le pays a accepté l'aide financière et matérielle de la communauté internationale. Ironie du sort, les voisins les plus remuants des Etats-Unis, Cuba et le Venezuela, ont été les premiers à proposer leur aide. Enfin, l'incurie gouvernementale est apparue au grand jour dans les jours qui ont suivi la catastrophe. George W. Bush n'a manifestement pas mesuré l'ampleur de la catastrophe puisqu'il n'a pas juger bon d'interrompre ses vacances. De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer l'incapacité des autorités à protéger le territoire, soulignant au passage que la lutte contre le terrorisme avait bon dos.
Pour approfondir:
- "Si je t'oublie Jerusalem", le récit poignant de la crue de 1927 par William Faulkner.
- Deux récits terrifiants des inondations sous la plume de Richard Wright:"Là-bas près de la rivière" et "L'homme qui a vu l'inondation".
Liens:
- "Lorsque les digues s'effondrent" une chanson de Led Zeppelin consacrée aux inondations du Mississippi.
- "Le cyclone Katrina : révélateur de la fragmentation de la société américaine" par Cafés géographiques.
- Pour les anglophones, un article sur la superbe chanson de Newman: "A flood of emotion in a song".
- Enfin, un article très intéressant de Romain Huret signalé par Mister T en commentaire (merci l'ami).
Excellent billet. A noter, sur le sujet, cet article de Romain Huret dans lequelle il montre que la gestion catatrophique de la situation post-Katrina n'est que la conséquence du désinvestisssement du terrain social pas les administrations Bush, et du détachement de Washington par rapport aux étâts fédérés, laissant à ces derniers le soin de gérer ce type de situation . Par exemple, la FEMA devait, après 9/11, se concentrer sur des questions de sécurité intérieure, et ce au détriment de l'assistance lors de catastrophes naturelles, ce qui était sa mission originelle, avec les conséquences dramatique que l'on sait.
RépondreSupprimerhttp://nuevomundo.revues.org/index3928.html
Merci pour ton éclairage. En effet, la catastrophe n'est naturelle que jusqu'à un certain point. Merci pour le lien (vraiment très convaincant).
RépondreSupprimerJu