Le 28 décembre 1895, des spectateurs médusés découvrent le cinéma dans une salle de spectacle de Paris, dans le sous-sol du Grand Café, boulevard des Capucines. Les frères Lumière sont les organisateurs de cette première projection publique. Le ticket ne coûte qu'un franc et la séance dure un quart d'heure. Dix films sont projetés, notamment "la Sortie de l'usine Lumière à Lyon", "l'arrivée du train en gare de La Ciotat" (voir ci-dessous).
Au départ, les séances n'attirent pas grand monde, mais quelques semaines après la première, on se presse sur les boulevards pour assister aux projections. Jusqu’en 1905, les Frères Lumière sillonnent les grandes villes de France pour présenter leur Cinématographe. Dans le même temps, ils envoient dans le monde entier des opérateurs filmer des vues.
Affiche de Marcelin Auzolle (1896).
Pour inventer le cinématographe, les frères Lumière se sont servis des travaux d'autres inventeurs, comme le kinétoscope de Thomas Edison (1891). Ils les ont améliorés en fabriquant un mécanisme simple et en utilisant une pellicule perforée. En 1896, les frères Lumière ouvrent la première salle de cinéma.
Les pionniers français du cinéma ouvrent ensuite les premiers studios:
- En 1897, Georges Méliès fait construire le sien. Dans des décors peints, entre 600 et 800 films y sont tournés. Il y réalise notamment un des premiers films de fiction, son plus connu: "le voyage dans la lune "(1902). Méliès innove également en utilisant une caméra en plein air et des pellicules coloriées à la main.
* Mais ne l'oublions pas, le cinéma reste est un art, mais aussi une industrie, très rapidement florissante. Les frères Pathé et Léon Gaumont le comprennent mieux que quiconque.
- Dès 1895, Léon Gaumont se trouve à la tête d'une société de production, de distribution et d'exploitation cinématographique (la plus ancienne de toutes). En 1911, il fait construire à Clichy le Gaumont-Palace, capable d'accueillir 3400 spectateurs! Le cinéma perd ainsi progressivement son caractère temporaire et itinérant.
Le Gaumont-Palace.
- En 1907, Charles Pathé loue les films aux exploitants par l'intermédiaire de sociétés concessionnaires et impose ainsi un système promis à un bel avenir, dans lequel production, distribution, exploitation restent distinctes. Dans ses studios, Pathé produit des centaines de films, des créations ou adaptations de succès littéraires ("Fantômas").
De grandes vedettes apparaissent alors à l'instar de Max Linder qui excelle dans le comique burlesque ou encore le réalisateur Louis Feuillade engagé à la veille de 1914 par Pathé. Avec la grande guerre, la production française décline, rapidement supplantée par Hollywood, la nouvelle "usine à rêves" du monde.
Fantômas est le héros d'une série de romans populaires de Pierre Souvestre et Marcel Allain, adaptés au cinéma par Louis Feuillade en 1913-1914.
Depuis 1910 à Hollywood, situé à proximité de Los Angeles, accueille un vaste complexe de studios. Les conditions climatiques californiennes, la luminosité du site, la main d'oeuvre bon marché disponibles, constituent autant d'atouts essentiels pour le site. De très grandes compagnies cinématographiques prospèrent alors et accompagnent l'essor du cinéma qui s'impose comme l'un des principaux médias de la culture de masse. Dès l'entre-deux-guerres, la production hollywoodienne domine le monde et attire les plus grands talents, acteurs comme réalisateurs. Cette domination outrancière de l'industrie cinématographique américaine ne s'est, jusqu'à présent, jamais démentie. Certes, les studios indiens de Bollywood connaissent un développement impressionnant, mais l'impact des productions à l'échelle mondiale reste sans commune mesure avec les blockbusters hollywoodiens.
Les innovation technologiques de l'âge industriel permettent bien sûr au 7ème art de se transformer. Jusqu'en 1927, le cinéma reste muet ce qui ne l'empêche pas de fasciner un public toujours plus nombreux. Il séduit notamment les classes les plus modestes grâce au faible prix des premières salles, nickelodeons, accessibles pour une pièce de cinq cents en nickel (aux Etats-Unis). Des réalisateurs-acteurs tels que Charlie Chaplin ou encore Buster Keaton, pour ne citer que les plus illustres, triomphent grâce à leurs géniales trouvailles et leur inventivité sans cesse renouvelée.
Le cinéma devient parlant ("le chanteur de jazz" en 1927), puis en couleurs (Becky Sharp en 1935). Son essor s'accompagne en outre d'une spécialisation de la production par genres. En Italie, par exemple, le péplum, qui trouve son inspiration dans l'histoire ou la mythologie antique, apparaît à la veille de la première guerre mondiale. Aux Etats-Unis, les premiers westerns remontent aux années 1930. On y exalte la conquête de l'ouest et les luttes contre les tribus indiennes.
Le facétieux Boris Vian propose avec sa chanson cinématographe une admirable peinture des moeurs de la société de son époque. Il se souvient d'abord, petit enfant, de l'excitation qui le gagnait une fois assis dans la pénombre, l'expérience extraordinaire que constituait pour lui une sortie au cinéma.
Dans le premier couplet, il évoque le cinéma muet (il a 6 ans en 1926) et décrit des personnages aux gestes exagérés à l'image des premiers acteurs, obligés de mimer pour se faire comprendre. Si les dialogues ne peuvent encore être intégrés au film, la musique est partie intégrante de ce premier âge du cinéma ("Un piano jouait des choses d'atmosphère"). Le chanteur confirme encore à quel point, le cinéma reste alors un loisir à la portée de tous ("Ça coûtait pas cher / On en avait pour ses trois francs").
Dans le second couplet, Vian évoque des bandits ("Le bandit va pouvoir mettre la main /
Sur le fric, c'est tragique"). Le cinéma de gangster connaît en effet tès tôt un développement exceptionnel et les figures du grand banditisme, les mafieux, fascinent tout particulièrement le public ("scarface" en 1932).
Dans le couplet suivant, ce n'est plus le petit Boris qui se rend au "cinéma", mais un jeune homme qui va au "cinémascope" (terme galvaudé alors que cinéma reste irremplaçable) en charmante compagnie. Le chanteur y mentionne les "cow-boys sans foi ni loi", poursuivis par des "justiciers qui viennent fourrer / Leur grand pied dans le plat". Le western s'est ainsi définitivement imposé comme un genre populaire.
Dans l'ultime couplet, le chanteur avoue qu'il se désintéresse progressivement du film ayant beaucoup mieux à faire. De fait, le cinéma s'impose très vite comme un lieu de vie familier, particulièrement apprécié de ceux qui veulent se séduire, l'obscurité et la promiscuité facilitant les contacts...
Vian mentionne au passage une des très grandes vedettes du cinéma, qui, ne l'oublions pas permet l'émergence du star-system, en la personne de Gary Cooper. La présence d'Alan Ladd à ses côté, laisse à penser qu'il pourrait s'agir du film "souls to sea" ("âmes à la mer" en 1931) de Henry Hataway. N'hésitez pas à me corriger si vous avez la réponse.
Boris Vian
CINÉMATOGRAPHE
Quand j'avais six ans / La première fois / Que papa m'emmena au cinéma / Moi je trouvais ça / Plus palpitant que n'importe quoi / Y avait sur l'écran / Des drôles de gars / Des moustachus / Des fiers à bras / Des qui s'entretuent / Chaque fois qui trouvent / Un cheveu dans le plat / Un piano jouait des choses d'atmosphère / Guillaume Tell ou le grand air du Trouvère / Et tout le public / En frémissant / Se passionnait pour ces braves gens / Ça coûtait pas cher / On en avait pour ses trois francs
Belle, belle, belle, belle, belle comme l'amour / Blonde, blonde, blonde, blonde, blonde comme le jour / Un rêve est passé sur l'écran / Et dans la salle obscurément / Les mains se cherchent, les mains se trouvent / Timidement / Belle, belle, belle, belle la revoilà / Et dans la salle plus d'un coeur bat / La voiture où elle se croit en sûreté / Vient de s'écraser par terre / Avec un essieu cassé / Le bandit va pouvoir mettre la main / Sur le fric, c'est tragique / Non d'un chien / C'est fini, tout s'allume / A mercredi prochain
Maintenant ce n'est plus mon papa / Qui peut m'emmener au cinéma / Car il plante ses choux / Là-bas pas loin de Saint Cucufa / Mais j'ai rencontré une Dalila / Un drôle de môme, une fille comme ça / Elle adore aller le mercredi dans les cinémas / Bien sûr c'est devenu le cinémascope / Mais ça remue toujours et ça galope / Et ça reste encore comme autrefois / Rempli de cow-boys sans foi ni loi / Et de justiciers qui viennent fourrer / Leur grand pied dans le plat
Gare, gare, gare, gare, Gary Cooper / S'approche du ravin d'enfer / Fais attention pauvre crétin / Car Alan Ladd n'est pas très loin / A cinq cents mètres il loge une balle / Dans un croûton de pain / Gare, gare, gare, gare, pendant ce temps-là / Je l'apprends doucement au creux de mon bras / Le fauteuil où elle se croyait en sûreté / N'empêche pas ma fois d'arriver à l'embrasser / J'ai pas vu si Gary serait gagnant / Mais comme c'est le cinéma permanent / Ma chéri rappelle toi on est resté un an / Et on a eu beaucoup d'enfants.
Sources:
- Les docs de l'actu n° 12: "50 inventions qui ont changé notre vie".
- Une synthèse claire sur l'histoire du cinéma français.
- Le manuel d'Histoire de première des éditions Nathan, sous la dir. de Guillaume Le Quintrec.
Liens:
- Zéro de conduite: l'actualité éducative du cinéma.
J'ai entrepris de visiter ce blog. J'en profite pour contribuer en signalant les liens morts.
RépondreSupprimerCelui du voyage dans la lune a disparu.
Le lien vers la version noir et blanc muette : https://www.youtube.com/watch?v=9m830jhUi3E
Le lien vers la version colorisée (par Méliès) et sonore (musique du groupe Air) : https://www.youtube.com/watch?v=L-xKECueJPo
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