"La marche pour l'égalité et contre le racisme" (connue aussi sous le nom de marche des Beurs"). |
Jusque dans les années 1970, la "main d’œuvre étrangère" focalise l'attention, laissant croire que l'immigration se résume aux seuls hommes célibataires vivant dans des foyers. En réalité, depuis plusieurs décennies, des dizaines de milliers
d'enfants naissent et/ou grandissent en France. Ainsi, à la fin des
années 1970, sur les 820 000 Algériens de France, 130 000 ont moins de
16 ans.
Or, avec le ralentissement de la croissance et l'apparition du chômage de masse, les Maghrébins deviennent la cible des nouvelles mesures gouvernementales visant à durcir le contrôle des immigrés et à encourager leur retour au pays. Dès 1972, les circulaires Marcellin-Fontanet conditionnent l'entrée sur le territoire français à la détention d'un contrat de travail. Le 3 juillet 1974, le gouvernement décide de suspendre complétement l'immigration (travailleurs et familles) de manière provisoire, à un moment où on ne croit pas à une crise durable. Si le regroupement familial est finalement rétabli en 1976, la main d’œuvre immigrée, très prisée lors des Trente glorieuses, devient indésirable. Réduire sa présence en France apparaît comme LE moyen d'enrayer l'aggravation du chômage. Reprenant à son compte l'équation simpliste: trop d'immigrés = trop de chômage, le secrétaire d'Etat à l'immigration, Lionel Stoléru, propose une "aide au retour" de 10 000 francs par travailleur, sans grand succès. Le président Giscard d'Estaing envisage alors une politique de retours forcés, visant à se débarrasser sur quatre ans de 500 000 migrants, par le non-renouvellement des titres des résidents étrangers et en élargissant les pouvoirs d'expulsion du ministère de l'Intérieur.
En 1980, la loi "Barre-Bonnet" durcit les conditions d'entrée et de séjour des étrangers. Les expulsions menacent désormais les auteurs de délits mineurs et les étrangers en séjour irrégulier (l'ordonnance de 1945 ne prévoyait que la prison ou l'amende). Ainsi certains des mineurs maghrébins expulsés, totalement étrangers aux pays de leurs aïeux, tentent de les quitter par tous les moyens. Devant cette situation dramatique et en guise de protestation, le père Delorme, curé des Minguettes, le pasteur Jean Costil et Hamid Boukhrouma, un immigré algérien en sursis d'expulsion, mènent une grève de la faim, qui conduit à la suspension des expulsions en avril 1981. Le prêtre commente cette victoire en constatant: "Ces jeunes, tout le monde sait maintenant qu'ils existent."
La crise en effet braque les projecteurs sur les "jeunes issus de l'immigration". Ivan Jablonka (voir sources) note: "Le changement de perspective - glissement des "travailleurs immigrés", détenteurs d'une valeur économique, vers les "jeunes issus de l'immigration", porteurs de défis socio-culturels - s'explique par la sédentarisation des immigrés et le retournement de conjoncture: pour l'historien Gérard Noiriel, la crise économique donne une visibilité accrue aux improductifs (les femmes et les enfants), alors que la croissance économique met en relief l'activité des hommes."
Or, avec le ralentissement de la croissance et l'apparition du chômage de masse, les Maghrébins deviennent la cible des nouvelles mesures gouvernementales visant à durcir le contrôle des immigrés et à encourager leur retour au pays. Dès 1972, les circulaires Marcellin-Fontanet conditionnent l'entrée sur le territoire français à la détention d'un contrat de travail. Le 3 juillet 1974, le gouvernement décide de suspendre complétement l'immigration (travailleurs et familles) de manière provisoire, à un moment où on ne croit pas à une crise durable. Si le regroupement familial est finalement rétabli en 1976, la main d’œuvre immigrée, très prisée lors des Trente glorieuses, devient indésirable. Réduire sa présence en France apparaît comme LE moyen d'enrayer l'aggravation du chômage. Reprenant à son compte l'équation simpliste: trop d'immigrés = trop de chômage, le secrétaire d'Etat à l'immigration, Lionel Stoléru, propose une "aide au retour" de 10 000 francs par travailleur, sans grand succès. Le président Giscard d'Estaing envisage alors une politique de retours forcés, visant à se débarrasser sur quatre ans de 500 000 migrants, par le non-renouvellement des titres des résidents étrangers et en élargissant les pouvoirs d'expulsion du ministère de l'Intérieur.
En 1980, la loi "Barre-Bonnet" durcit les conditions d'entrée et de séjour des étrangers. Les expulsions menacent désormais les auteurs de délits mineurs et les étrangers en séjour irrégulier (l'ordonnance de 1945 ne prévoyait que la prison ou l'amende). Ainsi certains des mineurs maghrébins expulsés, totalement étrangers aux pays de leurs aïeux, tentent de les quitter par tous les moyens. Devant cette situation dramatique et en guise de protestation, le père Delorme, curé des Minguettes, le pasteur Jean Costil et Hamid Boukhrouma, un immigré algérien en sursis d'expulsion, mènent une grève de la faim, qui conduit à la suspension des expulsions en avril 1981. Le prêtre commente cette victoire en constatant: "Ces jeunes, tout le monde sait maintenant qu'ils existent."
La crise en effet braque les projecteurs sur les "jeunes issus de l'immigration". Ivan Jablonka (voir sources) note: "Le changement de perspective - glissement des "travailleurs immigrés", détenteurs d'une valeur économique, vers les "jeunes issus de l'immigration", porteurs de défis socio-culturels - s'explique par la sédentarisation des immigrés et le retournement de conjoncture: pour l'historien Gérard Noiriel, la crise économique donne une visibilité accrue aux improductifs (les femmes et les enfants), alors que la croissance économique met en relief l'activité des hommes."
La question immigrée fait l'objet d'une intense politisation au cœur de la campagne présidentielle de 1981. En avril, le candidat Mitterrand envoie un télégramme aux 3 militants en grève de la faim leurs promettant de changer de politique en matière d'expulsion. Sa victoire électorale de mai suscite un grand espoir, qui se concrétise d'emblée par une série
de mesures, dont l'abrogation de la loi Bonnet, la suspension de la politique de la double peine,
la régularisation de 132 000 immigrés clandestins, l'extension du
droit d'association aux étrangers et la libéralisation des ondes. Sa promesse d'accorder le droit de vote aux élections municipales reste toutefois lettre morte.
Or, dans le même temps, la crise aggrave les difficultés que rencontrent depuis la décennie précédente de nombreux quartiers suburbains. La dégradation de l'habitat, le manque de logements sociaux accentuent une ségrégation de plus en plus ancrée dans le paysage urbain. On évoque désormais le "problème des banlieues", la marginalisation de quartiers excentrés, isolés au milieu d'infrastructures de transport qui les desservent mal, voire pas du tout; bref des territoires insuffisamment intégrés, à l'instar de leurs habitants. D'aucuns à droite considèrent en effet que le problème ne réside pas dans la pauvreté sociale, mais que les difficultés s'expliquent par la présence des enfants d'immigrés, ces "habitants à problème", responsables de la délinquance et de l'insécurité qui affectent les cités. A leurs yeux, les violences de l'été chaud 1981 justifient cette assertion.
Or, dans le même temps, la crise aggrave les difficultés que rencontrent depuis la décennie précédente de nombreux quartiers suburbains. La dégradation de l'habitat, le manque de logements sociaux accentuent une ségrégation de plus en plus ancrée dans le paysage urbain. On évoque désormais le "problème des banlieues", la marginalisation de quartiers excentrés, isolés au milieu d'infrastructures de transport qui les desservent mal, voire pas du tout; bref des territoires insuffisamment intégrés, à l'instar de leurs habitants. D'aucuns à droite considèrent en effet que le problème ne réside pas dans la pauvreté sociale, mais que les difficultés s'expliquent par la présence des enfants d'immigrés, ces "habitants à problème", responsables de la délinquance et de l'insécurité qui affectent les cités. A leurs yeux, les violences de l'été chaud 1981 justifient cette assertion.
Les incidents des Minguettes à Vénissieux au cours de l'été 1981 ont un large retentissement. En juillet, des jeunes de la cité brûlent des voitures volées à l'issue de courses-poursuites avec la police (les fameux rodéos). Les médias nationaux se déplacent dans la cité, contribuant à révéler au grand public l'existence de ce qu'on appelle dès lors la "deuxième génération" (1), érigée aussitôt en symbole de la dangerosité et de la crise urbaine. Le quartier de l'est-lyonnais symbolise désormais le "malaise des banlieues." Le Figaro fustige les "voyous, en majorité maghrébins", dramatisant des incidents somme toute limités. Les médias mettent au point un récit simpliste, mais promis à un bel avenir, qu'Ivan Jablonka décrypte dans son ouvrage "les enfants de la République":
" Maîtres d'un espace dont on ne parle que quand il dysfonctionne, les jeunes Maghrébins viennent de trouver leur place dans une narration à la fois réplicable et terrifiante, tout comme, sous la monarchie de Juillet, les bâtards semblaient programmés pour subvertir l'ordre social aux côtés des canuts et autres "barbares". L'image du ghetto afro-maghrébin, fermé aux forces de l'ordre et plus généralement aux Français, commence à s'imposer."
C'est dans ce contexte que les politiques de la ville et de la jeunesse se mettent en place : politique policière de l'îlotage, destruction de barres et tours, essor de la politique nationale de Développement social des quartiers (DSQ). En réponse aux désordres de l'été 1981, des opérations "prévention été" consistant à éloigner et/ou occuper les mineurs des quartiers sensibles, sont développées à partir de 1983.
Or, l'aggravation de la crise entraîne l'explosion de la violence sociale et du racisme qui lui sert d'exutoire. Les sondages témoignent du développement de la xénophobie et de la dégradation de l'image des immigrés dans l'opinion. Sous la pression policière qui accuse le gouvernement de laxisme, dénonçant l'apparition de "sanctuaires de hors-la-loi", le ministre de l'Intérieur Gaston Defferre donne des gages en s'opposant à Robert Badinter, le garde des sceaux, qui entend exercer un contrôle accru sur la police.
Au mois de mars 1983, les élections municipales sont marquées par une surenchère raciste et sécuritaire. La droite cherche à attaquer le gouvernement sur la question de l'immigration et de la sécurité, n'hésitant pas à s'allier avec le Front national pour l'emporter à Dreux. Le FN s'impose désormais comme une force politique nationale.
" Maîtres d'un espace dont on ne parle que quand il dysfonctionne, les jeunes Maghrébins viennent de trouver leur place dans une narration à la fois réplicable et terrifiante, tout comme, sous la monarchie de Juillet, les bâtards semblaient programmés pour subvertir l'ordre social aux côtés des canuts et autres "barbares". L'image du ghetto afro-maghrébin, fermé aux forces de l'ordre et plus généralement aux Français, commence à s'imposer."
C'est dans ce contexte que les politiques de la ville et de la jeunesse se mettent en place : politique policière de l'îlotage, destruction de barres et tours, essor de la politique nationale de Développement social des quartiers (DSQ). En réponse aux désordres de l'été 1981, des opérations "prévention été" consistant à éloigner et/ou occuper les mineurs des quartiers sensibles, sont développées à partir de 1983.
Or, l'aggravation de la crise entraîne l'explosion de la violence sociale et du racisme qui lui sert d'exutoire. Les sondages témoignent du développement de la xénophobie et de la dégradation de l'image des immigrés dans l'opinion. Sous la pression policière qui accuse le gouvernement de laxisme, dénonçant l'apparition de "sanctuaires de hors-la-loi", le ministre de l'Intérieur Gaston Defferre donne des gages en s'opposant à Robert Badinter, le garde des sceaux, qui entend exercer un contrôle accru sur la police.
Au mois de mars 1983, les élections municipales sont marquées par une surenchère raciste et sécuritaire. La droite cherche à attaquer le gouvernement sur la question de l'immigration et de la sécurité, n'hésitant pas à s'allier avec le Front national pour l'emporter à Dreux. Le FN s'impose désormais comme une force politique nationale.
Voiture en flammes lors de "l'été chaud" des Minguettes. |
Dans le même temps, les crimes racistes se multiplient. Un gardien d'immeuble de Vitry sur Seine tue Abdelkhader Lareiche, 15 ans, en février 1980. En octobre, Lahouari Ben Mohames, 17 ans, est tué par un CRS dans les quartiers nord de Marseille. Dans la cité saint-Jean-de-Bron (dans l'Est-Lyonnais), Ahmed Boutelja est assassiné en septembre 1982. (2) A Chatenay Malabry, un policier tire une balle dans la tête de Nasser M'Raidi dans la nuit du 13 au 14 février 1983. (3)
La situation s'avère donc explosive lorsqu'une descente de police effectuée aux Minguettes le 21 mars 1983, dégénère en
affrontements violents. « Où s'arrêteront les dégâts causés par l'actuelle philosophie pénale et par une prétendue solidarité qui aboutit à supprimer le mot "expulsion" du vocabulaire officiel ? » s'interroge un syndicat de policier.
Dans ce contexte, 12 jeunes de la cité créent l'association SOS-Avenir Minguettes et entament une grève de la faim pour interpeller l'opinion, dénonçant les mesures de police brutales et la perpétuation des agressions racistes. Grâce à la médiation de Christian Delorme, un semblant de négociation s'ouvre avec les pouvoirs publics dans le cadre de la commission communale de prévention de la délinquance. Les policiers refusent toutefois de s'asseoir à la même table que ceux qu'ils considèrent comme des "délinquants".
Après une courte accalmie, de nouveaux incidents éclatent. Le 20 juin, un policier tire à bout portant sur Toumi Djaïda. Grièvement blessé, le président de SOS Avenir Minguettes, en réchappe miraculeusement. Sur son lit d'hôpital, il décide avec une dizaine de jeunes originaires du quartier, en concertation avec le père Delorme, d'organiser une marche pour protester contre la recrudescence des violences policières et des agressions xénophobes. L'été 1983 se caractérise d'ailleurs par la recrudescence des crimes racistes. La 6 juillet, le petit Toufik Ouannes, 9 ans, est abattu par un ouvrier de la Courneuve.
L'objectif des participants à cette "Marche pour
l'égalité et contre le racisme", bientôt rebaptisée "Marche des
beurs" est de traverser la France à pied, en espérant susciter des adhésions au cours du périple. Les marcheurs réclament en particulier le droit de
vote pour les immigrés et la carte de séjour de dix ans.
Affiche de la Marche pour l'égalité. Charentaise et babouche symbolisent le "rassemblement de tous les habitants de France, de toutes les origines pour la constitution d'une société solidaire."
L'agression dont est victime Toumi Djaïdja, grièvement
blessé par un policier aux Minguettes en juin 1983, pousse la victime et plusieurs de ses camarades à réagir. Secondés par le "curé des Minguettes", le père Christian Delorme, ils
décident de l'organisation d'une "longue marche" pacifique de protestation
inspirée de celles menées par Gandhi et Martin Luther King.
En dépit du soutien des réseaux chrétiens, humanistes et anti-racistes mobilisés par Delorme et Costil, les premières étapes du périple se déroulent dans la plus grande indifférence. Les marcheurs voient cependant leurs rangs grossir au fur et à mesure de leur avancée. Deux éléments expliquent sans doute cette montée en puissance progressive:
- Les marcheurs, espérant s'attirer les appuis les plus larges, optent pour des slogans fédérateurs (les revendications initiales autour de la police et la justice sont relayés au second plan). Le profil œcuménique de la manifestation, son message, fondé sur la dignité humaine, la fraternité interethnique et la tolérance, séduisent des médias prompts à célébrer ces nouveaux "apôtres de la non-violence".
- D'autre part, l'assassinat de Habib Grimzi, roué de coups, torturé, puis jeté du train Bordeaux-Vintimille par des légionnaires avinés, émeut une grande partie de l'opinion. Ce crime barbare, perpétré dans la nuit du 14 au 15 novembre, contribue à braquer de nouvelles caméras sur les marcheurs.
Ces derniers bénéficient dès lors du soutien des organisations syndicales, associations et partis de gauche, qui invitent leurs militants à rejoindre leurs rangs. Des comités de soutien crées partout en France permettent de collecter des fonds pour financer l'hébergement et les repas des participants.
- Les marcheurs, espérant s'attirer les appuis les plus larges, optent pour des slogans fédérateurs (les revendications initiales autour de la police et la justice sont relayés au second plan). Le profil œcuménique de la manifestation, son message, fondé sur la dignité humaine, la fraternité interethnique et la tolérance, séduisent des médias prompts à célébrer ces nouveaux "apôtres de la non-violence".
- D'autre part, l'assassinat de Habib Grimzi, roué de coups, torturé, puis jeté du train Bordeaux-Vintimille par des légionnaires avinés, émeut une grande partie de l'opinion. Ce crime barbare, perpétré dans la nuit du 14 au 15 novembre, contribue à braquer de nouvelles caméras sur les marcheurs.
Ces derniers bénéficient dès lors du soutien des organisations syndicales, associations et partis de gauche, qui invitent leurs militants à rejoindre leurs rangs. Des comités de soutien crées partout en France permettent de collecter des fonds pour financer l'hébergement et les repas des participants.
A l'été, les Marcheurs s'arrêtent à La Courneuve, pour rendre hommage au petit Taoufik Ouanès, 9 ans qu'un de ses voisins, excédé par le bruit des pétards que manipulait l'enfant, a tué d'un coup de fusil. Les crimes et violences racistes qui jalonnent le temps de leur parcours donne une portée de plus en plus forte à leur démarche.
Dans ces conditions, on ne s'étonnera pas que partis à 32 de Marseille, le 15 octobre 1983, les marcheurs soient déjà mille à Lyon et plus de 100 000 à leur arrivée dans la capitale, le 3 décembre.
A l'issue du cortège, François Mitterrand reçoit 8 marcheurs à l’Élysée. Le président de la République leur octroie la création d'une carte unique de séjour valable dix ans, mais pas le droit de vote pour les étrangers.
Dans ces conditions, on ne s'étonnera pas que partis à 32 de Marseille, le 15 octobre 1983, les marcheurs soient déjà mille à Lyon et plus de 100 000 à leur arrivée dans la capitale, le 3 décembre.
A l'issue du cortège, François Mitterrand reçoit 8 marcheurs à l’Élysée. Le président de la République leur octroie la création d'une carte unique de séjour valable dix ans, mais pas le droit de vote pour les étrangers.
Une de Libération du 3 décembre 1983. |
Le bilan de la marche s'avère contrasté. Le succès immédiat est incontestable et la mise en place d'une carte de séjour d'une durée de 10 ans est la mesure phare qui clôture la mobilisation des Marcheurs. Une multitude d’associations de jeunes surgissent dans les mois qui suivent et se revendiquent de son héritage. La visibilité médiatique et la reconnaissance publique du phénomène « beur », est contrebalancée par une concurrence accrue dans la course à la représentativité et aux fonds publics. La manifestation sensibilise en outre une partie de l'opinion à la réalité des
discriminations dont est la cible une génération majoritairement française, issue de l'immigration.
Le mouvement semble s'inscrire dans la durée avec l'organisation d'autres marches, dont "Convergence 84", une nouvelle pérégrination à mobylette. Or, à l'issue de cette manifestation, la porte-parole du mouvement, Farida Belghoul, dénonce les militants français qui adhèrent à la cause sans rien connaître des souffrances des immigrés.
D'autres événements douchent vite l'euphorie générale.
Trois semaines seulement après la "Marche des beurs", des affrontements "raciaux" éclatent entre grévistes et non-grévistes à Talbot-Poissy.
En outre, les marcheurs ne réussissent pas à mettre sur pied un mouvement national et les premières divisions apparaissent rapidement. En juin 1984, à l'occasion des Assises nationales des jeunes de l'immigration de Lyon, les représentants de 50 associations présentes se divisent. Des tensions apparaissent entre les groupes parisiens soucieux de multiracialité et les Lyonnais partisans de l'affirmation identitaire.
Le mouvement éclate. En 1985, une part des militants antiracistes rejoint les associations nationales SOS- Racisme puis France-Plus qui développent un discours sur le métissage de la jeunesse. La médiatisation et le soutien étatique assurent le succès de SOS-Racisme dont le discours moral et humaniste (le slogan est "Touche pas à mon pote") séduit les jeunes, lycéens et étudiants.
A la fin des années 1980, le bilan est sombre. Les discriminations raciales et la ségrégation socio-spatiale se perpétuent, le discours xénophobe porté par le Front national se banalise. Au lieu de traiter les inégalités sociales et les discriminations qui minent notre société, la gauche s'est trop souvent livrée avec la droite au jeu stérile de la surenchère sécuritaire. Au bout du compte, le parti d'extrême-droite s'est arrogé l'initiative du discours politique sur l'immigration, obligeant tous les autres formations politiques à se situer par rapport à lui.
Les émeutes de Vaux-en-velin, Argenteuil, Sartrouville ou Mantes-la-Jolie en 1990-1991 témoignent de l'acuité du malaise persistant des banlieues. En dépit des espoirs des marcheurs de 1983, "rien n'a changé dans le quotidien des jeunes des cités, soumis à la précarité, au contrôle omniprésent de la police, à la partialité de la justice. Le repli dans les quartiers populaires, la montée des particularismes religieux et identitaires sont le signe patent du dévoiement des politiques d'intégration." (cf: Esther Benbassa)
* "Douce France, cher pays de mon enfance."
Le mouvement semble s'inscrire dans la durée avec l'organisation d'autres marches, dont "Convergence 84", une nouvelle pérégrination à mobylette. Or, à l'issue de cette manifestation, la porte-parole du mouvement, Farida Belghoul, dénonce les militants français qui adhèrent à la cause sans rien connaître des souffrances des immigrés.
D'autres événements douchent vite l'euphorie générale.
Trois semaines seulement après la "Marche des beurs", des affrontements "raciaux" éclatent entre grévistes et non-grévistes à Talbot-Poissy.
En outre, les marcheurs ne réussissent pas à mettre sur pied un mouvement national et les premières divisions apparaissent rapidement. En juin 1984, à l'occasion des Assises nationales des jeunes de l'immigration de Lyon, les représentants de 50 associations présentes se divisent. Des tensions apparaissent entre les groupes parisiens soucieux de multiracialité et les Lyonnais partisans de l'affirmation identitaire.
Le mouvement éclate. En 1985, une part des militants antiracistes rejoint les associations nationales SOS- Racisme puis France-Plus qui développent un discours sur le métissage de la jeunesse. La médiatisation et le soutien étatique assurent le succès de SOS-Racisme dont le discours moral et humaniste (le slogan est "Touche pas à mon pote") séduit les jeunes, lycéens et étudiants.
Le concert gratuit organisé par SOS-Racisme place de la Concorde, le 15 juin 1985, rassemble 300 000 personnes. Ce succès est vécu comme une récupération par les organisateurs de la marche originelle et des premiers concerts. Les liens étroits de l'association avec les socialistes au pouvoir nourrissent les critiques de ceux qui accusent SOS-Racisme d'instrumentaliser politiquement une lutte légitime et de promouvoir un antiracisme moralisateur et spectaculaire. Dans le même temps, les associations locales des jeunes de la banlieue lyonnaise au militantisme plus radical et minoritaire (Jeunes Arabes de Lyon et Banlieue) peinent à attirer les subventions publiques. |
A la fin des années 1980, le bilan est sombre. Les discriminations raciales et la ségrégation socio-spatiale se perpétuent, le discours xénophobe porté par le Front national se banalise. Au lieu de traiter les inégalités sociales et les discriminations qui minent notre société, la gauche s'est trop souvent livrée avec la droite au jeu stérile de la surenchère sécuritaire. Au bout du compte, le parti d'extrême-droite s'est arrogé l'initiative du discours politique sur l'immigration, obligeant tous les autres formations politiques à se situer par rapport à lui.
Les émeutes de Vaux-en-velin, Argenteuil, Sartrouville ou Mantes-la-Jolie en 1990-1991 témoignent de l'acuité du malaise persistant des banlieues. En dépit des espoirs des marcheurs de 1983, "rien n'a changé dans le quotidien des jeunes des cités, soumis à la précarité, au contrôle omniprésent de la police, à la partialité de la justice. Le repli dans les quartiers populaires, la montée des particularismes religieux et identitaires sont le signe patent du dévoiement des politiques d'intégration." (cf: Esther Benbassa)
* "Douce France, cher pays de mon enfance."
Privés de l'égalité des chances, en butte à une hostilité croissante,
méprisés, les jeunes Français d'origine maghrébine de la "deuxième génération" entament
à partir de la fin des années 1970 une lutte pour la reconnaissance, en particulier sur le front culturel,
créant troupes de théâtre (4), journaux (5) et stations de radio .
Parmi d'autres, l'écrivain Mehdi Charef ("Thé au harem d'Archi Ahmed" en 1983), le réalisateur Rachid Bouchareb (" Bâton rouge" en 1985) attestent de cette grande vitalité culturelle du début des années 1980
Dans le domaine musical, de nombreuses formations voient alors le jour, en particulier des groupes de rock tels Carte de séjour. (6)
Le groupe est fondé en 1980 par Rachid Taha, Djamel Dif, Mokhtar Amini, Mohamed Amini, et Éric Vacquer (bientôt remplacé par Jérôme Savy), tous originaires des cités de la banlieue lyonnaise. Prônant la tolérance au fil des chansons, la formation propose un savant mélange de post-punk, rythmes gnawi avant d'orienter davantage son répertoire vers le raï.
Parmi d'autres, l'écrivain Mehdi Charef ("Thé au harem d'Archi Ahmed" en 1983), le réalisateur Rachid Bouchareb (" Bâton rouge" en 1985) attestent de cette grande vitalité culturelle du début des années 1980
Dans le domaine musical, de nombreuses formations voient alors le jour, en particulier des groupes de rock tels Carte de séjour. (6)
Le groupe est fondé en 1980 par Rachid Taha, Djamel Dif, Mokhtar Amini, Mohamed Amini, et Éric Vacquer (bientôt remplacé par Jérôme Savy), tous originaires des cités de la banlieue lyonnaise. Prônant la tolérance au fil des chansons, la formation propose un savant mélange de post-punk, rythmes gnawi avant d'orienter davantage son répertoire vers le raï.
Impliqué dans les marches de protestation, le groupe participe au concert qui clôt la "Marche des Beurs" à la Bastille en 1983.
A l'occasion du concert géant de la Concorde du 15 juin 1985, Carte de séjour chante pour la première fois sa version de Douce France. Taha apostrophe le public qui commence à siffler dès les premières notes du morceau: "Quoi ? On n’a pas le droit de chanter une chanson française ?! C’est aussi notre patrimoine !!! Qui c’est qui siffle ? Les Français racistes ou les Arabes racistes ? Hé oui ! Il n’y a pas que les Français qui sont racistes…"
La reprise du succès de Trenet permet à Carte de séjour d’accéder à une importante notoriété. (7) L'interprétation du groupe introduit des sonorités orientales, tandis que le chant
joue délibérément sur un accent maghrébin, transformant en véritable
manifeste politique le morceau. Christophe Traïni constate: "Le refrain de la chanson, 'Douce France, cher pays de mon enfance',
est immédiatement perçu comme un plaidoyer contre le racisme et
l'exclusion. Pour un grand nombre d'auditeurs de l'époque, les musiciens
du groupe (...) loin de rendre simplement hommage à Charles Trenet,
affirment avec force l'appartenance pleine et entière à la nation
française de tous les enfants issus de l'immigration."A l'occasion du concert géant de la Concorde du 15 juin 1985, Carte de séjour chante pour la première fois sa version de Douce France. Taha apostrophe le public qui commence à siffler dès les premières notes du morceau: "Quoi ? On n’a pas le droit de chanter une chanson française ?! C’est aussi notre patrimoine !!! Qui c’est qui siffle ? Les Français racistes ou les Arabes racistes ? Hé oui ! Il n’y a pas que les Français qui sont racistes…"
La Marche pour l'égalité et contre le racisme a laissé une postérité complexe. Dans l'immédiateté de l'évènement, la dilution de son message et de ses revendications politiques, pour ne pas dire l'invisibilisation de ses acteurs, dans le grand bain des potes de SOS racisme (qui n'a en rien contribué à la conception, l'organisation, ou au déroulement de la Marche) a sans doute contribué à l'effacement des commémorations de l'évènement. De fait, si il eut un grand retentissement au terme de son parcours, les étapes qui ont précédé attiraient peu de gens, et encore moins hors du cercle militant. Dans ce cadre, il est bien difficile de faire entrer l'évènement dans une mémoire commune et célébrée.
Par conséquent les dix ans et vingt ans de l'évènement ne suscitèrent guère d'intérêt au delà du cercle associatif et militant. Avec l'affaiblissement de SOS Racisme, avec l'arrivée à l'âge adulte de la génération des enfants de la Marche pour l'égalité, mais aussi avec la montée en puissance des politiques mémorielles et la production de fictions grand public sur le sujet, la donne change en 2013. La sortie du film "La marche", de Nabil Ben Yadir, dans lequel joue Jamel Debbouze, avec toutes les réserves que l'on peut émettre sur son traitement de l'évènement, l'extirpe de la confidentialité des mémoires. En même temps, des expositions, des conférences se tiennent en France dans lesquelles s'opère une réappropriation de l'énonciation de l'histoire par ses acteurs. Autrement dit, les marcheuses et marcheurs historiques, parfois épaulés par des chercheurs, des journalistes investis dans la désinvisibilisation de l'histoire des populations immigrées en France et de leurs descendant.e.s reprennent la main sur la postérité de l'évènement. Cette nouvelle configuration oriente fortement son approche : il est question d'en tirer un bilan, de le mettre en perspective avec le temps présent, à l'aune de ce que les participant.e.s en attendaient.
Par conséquent les dix ans et vingt ans de l'évènement ne suscitèrent guère d'intérêt au delà du cercle associatif et militant. Avec l'affaiblissement de SOS Racisme, avec l'arrivée à l'âge adulte de la génération des enfants de la Marche pour l'égalité, mais aussi avec la montée en puissance des politiques mémorielles et la production de fictions grand public sur le sujet, la donne change en 2013. La sortie du film "La marche", de Nabil Ben Yadir, dans lequel joue Jamel Debbouze, avec toutes les réserves que l'on peut émettre sur son traitement de l'évènement, l'extirpe de la confidentialité des mémoires. En même temps, des expositions, des conférences se tiennent en France dans lesquelles s'opère une réappropriation de l'énonciation de l'histoire par ses acteurs. Autrement dit, les marcheuses et marcheurs historiques, parfois épaulés par des chercheurs, des journalistes investis dans la désinvisibilisation de l'histoire des populations immigrées en France et de leurs descendant.e.s reprennent la main sur la postérité de l'évènement. Cette nouvelle configuration oriente fortement son approche : il est question d'en tirer un bilan, de le mettre en perspective avec le temps présent, à l'aune de ce que les participant.e.s en attendaient.
2023 sonne l'heure des quarante ans de la Marche pour l'égalité et contre le racisme. L'anniversaire a lieu moins de six mois après les émeutes urbaines en protestation à la mort du jeune Nahel, tué à Nanterre lors d'un contrôle policier et il en porte les stigmates. A un mois des commémorations deux sociologues - François Dubet et Fabien Truong - publient une tribune dans le journal Le Monde intitulée : "Les explosions de colère dans les quartiers populaires ne trouvent pas de traduction politique". L'idée d'un bilan politique et social trop maigre est également mise en avant par les anciens marcheurs tels que Toumi Djaïdja et Christian Delorme, pour refuser l'invitation du chef de l'état, Emmanuel Macron, à l'Elysée afin de réfléchir à mieux inscrire l'évènement dans le récit national.
Les commémorations convient essentiellement les milieux militants ou sont renvoyées à la sphère culturelle. Nombre de musées (Musée d'histoire de Marseille, IMA Tourcoing, Musée de l'Immigration) et quelques médias, la plupart du temps marqués à gauche, organisent projections, débats, tables rondes et initient des publications.
Alors tout ça pour ça ? Heureusement non car d'autres initiatives apparaissent, susceptibles de renouveler l'intérêt pour l'évènement en ayant une meilleure connaissance de ces enjeux au présent, de l'inscrire plus précisément dans l'histoire au lieu de le figer dans la mémoire. D'une part, un mouvement s'initie pour redonner toute leur place aux femmes dans l'histoire de la Marche. D'autre part, un collectif de personnalités, représentées par l'associatif Salah Amokrane et l'historienne Naïma Huber Yahi, demande "L'ouverture d'Etats Généraux de l'histoire et de la mémoire politique, culturelle et sociale des quartiers populaires". Un pan de leurs revendications porte sur la mise en réseaux de structures associatives et d'institutions, notamment de musées, mais aussi de centres d'archives, afin de collecter les traces de l'évènement (témoignages, publications militantes, photographies, archives de presse) qui n'auraient pas encore été identifiées. Cette collecte rapidement mise en place doit également permettre de penser une meilleure inscription de l'étude de la Marche pour l'égalité et contre le racisme dans les programmes scolaires. Ce projet porte l'idée qu'il faut rendre visibles les quartiers populaires, berceau de l'histoire de la Marche pour l'égalité, et leurs habitants, comme lieux et acteurs de luttes et d'initiatives sociales, politiques ou culturelles aux enjeux fondamentaux pour qui prétend comprendre la France de 2023 et construire celle de demain.
Notes:
1. Comme le rappelle Marie-Claude Blanc-Chaléard (voir sources), ce terme "ne concerne pas également tous les enfants de migrants. Tout désigne alors les jeunes de 'type maghrébin' à l'hostilité populaire: l'héritage du racisme anti-algérien, leur situation au plus profond des difficultés sociales et scolaires, leur attitude de révolte et leur place dans les explosions des cités, sans compter leur appartenance à un monde musulman considéré comme ennemi de l'Occident. Issus de milieux algériens parfois forts différents (kabyles, arabes, harkis) tunisiens ou marocains, ils sont tous désignés comme Maghrébins dans les journaux et comme 'Beurs' dans le verlan des banlieues."
2. Or, après 6 mois de préventive, son meurtrier est remis en liberté. Il sera finalement condamné à 5 ans de prison dont un avec sursis.
3. Le brigadier qui avait 1,6 gramme d'alcool dans le sang au moment des fait est condamné à un an de prison avec sursis, car c'est la thèse de l'accident qui est retenue lors du procès.
4. le théâtre amateur devient un moyen d'expression précieux pour exorciser les frustrations d'une génération invisible. La Kahina (1976-1982) monte et joue des pièces racontant l'histoire et le quotidien des femmes algériennes et de leurs filles. La troupe Week end à Nanterre met en scène la vie d'un groupe d'amis et narre les difficultés du quotidien.
Les
deux troupes rompent avec la description traditionnelle de la
communauté maghrébine. La Kahina brise le stéréotype consistant à
réduire les immigrés à des travailleurs célibataires envoyant leur paie à
leur famille restée au pays. Week end à Nanterre met en scène les
petits délits du quotidien, révélateurs du désir d'accéder à la société
de consommation, brisant la représentation traditionnelle réduisant les
immigrés à des membres exploités du prolétariat.
5. Le magazine Sans Frontière
(1979-1985) crée et animé par des étudiants maghrébins devient une
importante source d'information et un moyen d'expression contre les
politiques xénophobes.
6. la musique joue bien sûr un rôle essentiel comme l'atteste l'apparition de Rock against the police
(1980-1982), inspiré du rock against racism britannique. A la faveur de
concerts gratuits, les musiciens tentent de mobiliser contre les
différents formes d'oppression et discriminations. Cette manifestation
est l'occasion d'une prise de parole des enfants de travailleurs
immigrés en proie aux violences policières.7. Carte de séjour se voit récompensé en 1987 par un bus d'acier pour 'album "2 et demi" où figure Douce France. Le triomphe de ce morceau éclipse d'ailleurs totalement les autres titres (en arabe) de cet excellent disque.
Sources:
- Richard Derderian: "La mobilisation des jeunes Maghrébins en France", in Jeunesse oblige. Histoire des jeunes en France XIX-XXème siècle", Le noeud gordien, PUF, 2009.
- Jalons pour l'histoire du temps présent: "l'arrivée de la marche des beurs".
- Christrophe Traïni: "La musique en colère", Les Presses de Sciences po, 2008.
- Sur l'excellente Passerelle d'Emmanuel Grange, une activité pédagogique autour du morceau: "Douce France, les façons d'être français"
- Michelle Zancarini-Fournel et Christian Delacroix: "1945- 2005 - La France du temps présent." Éditions Belin 2010.
- Marie-Claude Blanc-Chaléard: "Histoire de l'immigration", collection Repères, la Découverte, 2001.
- Esther Benbassa: "Dictionnaire des racismes, de l'exclusion et des discriminations", Larousse, 2010.
Liens:
- Rebellyon.info:"En hommage à la 'Marche de l'égalité' de 1983..."
- "Douce France. La saga du mouvement beur."
- Curiosphere: "De la violence des banlieues à la marche des beurs."
- Politis: "La marche des beurs".
- "Les Minguettes, un marqueur national de la politique de la Ville."
- Hommes et migrations: "Une diversité linguistique qui ne se cache plus."
- 1969-2009, 40 ans de Grand Lyon en feuilleton: "1981, 'l'été chaud des Minguettes' scande le mal-être des jeunes des grands ensembles."
- Maëlle Moalic-Minnaert: "La révolte de la jeunesse des grands ensembles au coeur des débats politiques."
- J.B. Willaume: "Jeunesse des banlieues et politique de la ville 1981-1986."
- Les mots sont importants: "Retour sur une émeute"
- Audioblog Arte radio.com: "25 ans de marches et toujours pas d'égalité"
- Le site officiel de Rachid Taha et un portrait de l'artiste dans Libération.
je ne vois pas eric vaquer: combien de temps a t'il joué avec le groupe,sur quel disque et quelles tournées ? merci
RépondreSupprimerSi l'on en croit la page Wiki du groupe, "très vite le principal guitariste, Éric Vaquer, est remplacé par Jérôme Savy." Ils n'en disent pas plus.
RépondreSupprimerJB
Une expérience à la préfecture que je viens de vivre ce matin montre encore que la situation administrative est compliquée voire très compliquée. Je tenais à vous la faire partager.
RépondreSupprimerhttp://www.immigration-news.fr/carte-de-sejour-le-calvaire-de-la-prefecture/
Etonnante chanson à laquelle la version de Dave enregistrée pour le documentaire d'Yves Jeuland ajoute une autre dimension :
RépondreSupprimerhttp://www.dailymotion.com/video/xpkjyp_frankraykh-mayne-par-dave_music