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jeudi 20 janvier 2022

"Raspoutine" de Boney M ou la biographie cadencée de "la plus grande sexe machine de Russie".

Moine fou, mystique éclairé ou débauché orgiaque, Raspoutine a endossé tous les costumes. Quelques mois seulement après sa mort, il fait déjà l'objet d'un mythe, tandis que les épisodes de son existence se teintent d'un halo de légendes. (1) Un personnage aussi fantasque et mystérieux ne pouvait laisser indifférent la culture pop, comme en témoigne le tube en or massif du groupe disco Boney M. (2) Sorti en 1978, le titre est construit à partir d'une chanson populaire turque intitulée Üsküdar'a gider iken. Les paroles proposent une biographie cadencée et très partiale de Raspoutine,  la "plus grande sexe machine de Russie". Comme souvent, le personnage historique est éclipsé par la figure mystique et surnaturelle.  
 
Qui était-il vraiment?
 

 
* "Dans ses yeux brillait une lueur flamboyante."
Le premier couplet reprend les clichés associés à Raspoutine, tout en posant les cadres spatio-temporels de son existence
 
"Il y a longtemps de cela, un type vivait en Russie.
 
Bien que les premières années soient très mal documentées, Grigori Efimovitch Raspoutine serait né à la fin de la décennie 1860 dans la bourgade de Pokrovskoïe, en Sibérie occidentale, à 80 km de Tioumen. Ses parents sont de petits propriétaires terriens. Alors petit garçon, il tombe dans l'eau glacée avec son frère, qui se noie. Il restera marqué à vie par ce drame. A presque vingt ans, il épouse Praskovia Feodorovna. Trois de leurs cinq enfants survivront. En 1892, à presque trente ans, Grigori part en religion. Il se fait strannik, fréquentant les monastères sibériens, puis les académies de théologie de Kiev et Petrograd. Dès lors, "il pouvait propager la Bible comme un prédicateur, plein d'extase et de feu." L'éducation de Raspoutine est sommaire, mais il sait interpréter de manière très personnelle le Livre saint. Sa réputation de mystique grandit, attirant bientôt auprès de lui une foule de fidèles et de malades. Dès lors, il s'improvise starets, ces pèlerins itinérants auxquels on attribue des pouvoirs thaumaturgiques. Raspoutine passe désormais pour un maître spirituel, ce qui est assez commun dans la Russie d'alors. Mages, prophètes, guérisseurs, mystiques en tout genre pullulent. Le spiritisme et l'occultisme fascinent et servent de clef d'explication aux malheurs du temps. Dans les grandes villes, une fièvre illuministe gagne les élites, assurant la prospérité des fraternités ésotériques, occultistes ou des mouvements sectaires. Pour expier leurs fautes, certains se châtrent ou se flagellent.
Le jeune homme impressionne d'autant plus qu'il est doté d'un regard perçant et semble doté d'un grand charisme."Il était grand et fort, dans ses yeux brillait une lueur flamboyante." Les descriptions physiques de Raspoutine varient pourtant considérablement. Certains le voit de taille moyenne, quand d'autres décrivent un géant. Seule certitude, il a les ongles noirs, la barbe hirsute, porte des loques et semble fâché avec sa savonnette. Beaucoup insistent sur son magnétisme et l'ascendant qu'il a sur ses disciples. Certains le craignent, d'autres l'admirent. Déjà les rumeurs vont bon train. Pour gravir l'échelle sociale, il se rapproche alors des cercles du pouvoir. En 1904, il se rend à  Saint-Pétersbourg et non Moscou comme le suggère Boney M. S'il est un "amant séduisant ", ce n'est pas donc pas "pour les beautés moscovites", mais bien pour celles de Petrograd. Dans la capitale de l'Empire, Raspoutine se met à fréquenter les salons. Il se constitue bientôt un réseau de fidèles, parmi lesquels figurent Olga Lokhtina, l'épouse d'un général influent, Anna Vyroubova, la confidente de la tsarine, ou encore les princesses du Montenegro, Militza et Anastasia, deux sœurs mariées à des grands ducs, cousins du tsar. Par leur intermédiaire, Raspoutine est introduit auprès de l'empereur et de son épouse, à l'automne 1905. Depuis 1896, Nicolas II gouverne la Russie en monarque de droit divin. Mal préparé à sa charge, indécis, l'homme manque de sens politique, ce qui l'empêche de percevoir ce qu'est vraiment l'empire: un pays agricole arriéré, dans lequel quatre vingt pour cent des 170 millions de sujets vivent sous le joug d'un autoritarisme dépassé, dans la plus grande misère. (3)

Public domain via Wikimedia commons. 

* "L'amant de la reine."
Petite-fille préférée de la reine Victoria, la princesse Alexandra est d'origine allemande. Elle a grandi dans un milieu protestant, mais a dû se convertir à la religion orthodoxe lors de son mariage avec Nicolas II, en 1894. Dès lors, l'impératrice déploie un zèle religieux très vif. La jeune femme souffre depuis l'enfance de troubles psychosomatiques liés à l'anxiété, qui se manifestent notamment par des crises de panique aiguë. Après la naissance de quatre filles, la tsarine a accouché d'Alexis en 1904. L'unique héritier mâle de la couronne souffre d'hémophilie, une maladie génétique qui se transmet aux hommes par les femmes. Alexandra se sent coupable. Dès lors, elle consacre sa vie à protéger le tsarévitch, dont la maladie est un secret d'état. La tsarine redoute qu'à tout moment son fils ne se blesse et meure. Les traitements médicaux semblent sans effet sur l'enfant, tout comme les soins prodigués par les guérisseurs gravitant alors autour du couple impérial. C'est dans ce contexte qu'Alexandra entend parler de la réputation du mystique paysan. Aux yeux d'une tsarine inquiète et crédule, Raspoutine tient du messie.   "Elle croyait que c'était le saint-sauveur qui sauverait son fils", clame Boney M. Si officiellement, Grigori doit maintenir les bougies allumées devant les icônes religieuses, officieusement, il s'impose comme le confident d'Alexandra et le pseudo-guérisseur d'Alexis. Fin psychologue, il sait apaiser Alexis en cas de crise, contribuant ainsi à rendre la circulation sanguine moins abondante et à stopper l'hémorragie. Dans ces conditions, la tsarine considère le Sibérien comme un sauveur. "Je ne trouve le repos de l'âme que lorsque toi, mon maître, tu te trouves assis à mes côtés. Lorsque je te baise les mains et pose ma tête sur ton épaule bénie. Comme je me sens légère", lui écrit-elle.
Le couple impérial considère également Raspoutine comme le représentant du petit peuple paysan, l'incarnation de cette Russie authentique dont ils ne connaissent rien.
 Dans les lettres quotidiennes adressées à son mari, l'impératrice invite le tsar à suivre les avis de Raspoutine. " Écoute notre ami et fais lui confiance, il est important que nous puissions compter non seulement sur ses prières, mais aussi sur ses conseils", écrit Alexandra à Nicolas. La séparation imposée au couple impérial par la situation militaire alimente très vite les plus folles rumeurs. Boney M reprend à son compte ces racontars."Envers la reine, il se montrait dévoué", mais bien plus encore. Le mystique sibérien est ainsi désigné comme l'"amant de la reine de Russie". L'accusation d'adultère porté contre la tsarine paraît pourtant fausse. Le couple impérial, autant que l'on puisse en juger à partir de sa correspondance, semblait très bien s'entendre. Les soupçons d'infidélité s'avèrent donc aussi infondés que le titre de "reine" attribué à tort par le groupe de disco.
 
Caricature anti-monarchiste. Public domain, via Wikimedia Commons

*Calife à la place du calife. 
Le deuxième couplet prête une influence politique considérable à Raspoutine. "Il régnait sur la Russie". "Pour les affaires de l'Etat, il était celui à qui il fallait plaire." Par l'entremise d'Alexandra, Raspoutine côtoie l'empereur, pour autant, il ne semble avoir eu aucune influence sur les affaires de l’État. En effet, sa protectrice n'a guère de poids politique. En outre, Nicolas II n'apprécie guère Raspoutine, dont il ne tolère la présence que pour le bien-être de sa femme et de son fils. Il a si peu confiance en lui qu'il le fait surveiller par sa police secrète. Si de manière très exceptionnelle, l'empereur a pu utiliser le mystique comme émissaire, il a plutôt tendance à l'éloigner du cercle du pouvoir.
A partir de 1916, Nicolas II se rend sur le front, au grand quartier général de Moguilev, à des centaines de km de son épouse. Cette dernière reste à Petrograd parmi les courtisans, aux côtés de ses enfants et de son confident. Dès lors, Nicolas II se désintéresse des questions intérieures, laissant le gouvernement gérer les affaires quotidiennes et son épouse l'informer. Or, là encore, aucune décision diplomatique ou militaire majeure n'est prise sur les conseils de Raspoutine. Au moment où les soldats du tsar affrontent ceux du kaiser, la situation de l'impératrice s'avère d'autant plus fragile qu'elle est de nationalité allemande. La présence du mystique russe à ses côtés ne fait qu'accentuer son impopularité. Les rumeurs courent. D'aucuns croient savoir que la tsarine et son conseiller ourdissent un complot pour le compte de l'ennemi. L'enquête commandée quelques mois plus tard par le gouvernement provisoire démontera l'accusation.

Public domain, via Wikimedia Commons

* "Il se comportait de manière éhontée."
Si Raspoutine n'a pas d'influence politique, les rumeurs sur ses turpitudes sexuelles attisent les curiosités, comme en atteste le titre de Boney M. "C'est surtout l'aspect sexuel qui motive la chanson, assez logiquement pour un morceau destiné à entraîner les jeunes Européens à danser et à jouir de la nuit." (source A) Le groupe disco croit savoir qu'"il n'était pas mauvais (...) pour serrer les filles", affirmant même qu'il était la " meilleure sexe machine de Russie." Quand la position de Raspoutine fut de plus en plus menacée - bien conscientes de ce qu'elles risquaient de perdre - "les dames supplièrent: "Ne nous l'enlevez pas, s'il vous plaît!" " Nul doute que ce Raspoutine avait des charmes cachés./ Bien qu'il ait été une brute, elles tombaient dans ses bras. " Le groupe semble ici insinuer que l'ancien moujik disposait "d'un piège tabou, un joujou extra qui fait crac boum hu". Dans les faits, il faut attendre l'arrivée de Raspoutine dans les cercles les plus élevés de l'aristocratie pour que sa réputation s'établisse. C'est surtout après avoir réchappé à une tentative d'assassinat, en 1914, que le mystique modifie ses habitudes. Il reçoit désormais de nombreux visiteurs dans son appartement et mène une vie de bâton de chaise, partagée entre les sollicitations de la journée, les virées nocturnes dans des quartiers interlopes et la fréquentation assidue d'Anna Vyroubova, dame d'honneur et meilleure amie d'Alexandra. Dépeint comme un ivrogne invétéré, congénital et dégénéré, d'aucuns l'accusent de fréquenter les maisons closes et de se livrer à des orgies. Cette image du Raspoutine à l'appétit sexuel débordant provient surtout de rumeurs véhiculées par l'élite impériale, puis par les pamphlets publiés après la révolution bolchevique et la chute de Nicolas II. Ces rumeurs contribuent à discréditer le prestige et l'autorité morale de l'empire finissant, le mystique incarnant aux yeux de tous la déchéance des Romanov. 
Raspoutine n'a pas la vie du commun et fait l'objet de toutes les convoitises. Partout où il se rend, il jouit d'un accueil exceptionnel, digne de la célébrité qu'il est devenue. Le "moine" est entouré d'une aura mystique et érotique certaine. Il sait non seulement identifier le manque d'amour chez les uns et les autres, mais devient également particulièrement intéressant par sa proximité avec les cercles du pouvoir. Les hommes mariés, qui cherchent à faire carrière à la cour, n'hésitent pas à mettre à sa disposition leurs épouses.

* "Cet homme doit disparaître." 
Au sein des élites russes, Raspoutine passe pour un vulgaire moujik, un arriviste, un débauché. Les membres d'une partie de l'aristocratie fustigent les turpitudes du mystique, "les beuveries, les parties fines et la soif de pouvoir."Ainsi, "les protestations contre cet homme méprisable s'élevèrent de plus en plus.", au point que des membres de l'entourage impérial décident d'en finir. "«Cet homme doit disparaître», déclarèrent ses ennemis." L'exécration du mystique tient non seulement à sa personnalité, mais surtout au contexte général de l'empire. La Russie tsariste vacille. Deux années de guerre ont plongé le pays dans un chaos indescriptible. L'armée est désorganisée, sous-équipée, mal commandée, l'économie en ruine. Le luxe entourant la clique aristocratique de Saint-Pétersbourg horrifie des populations en guenilles. Alors que le monde se désintègre, la famille impériale vit isolée à Tsarskoïe Selo, dans un somptueux palais, situé à 25 kilomètres de Saint-Pétersbourg. Dans cette atmosphère délétère, Raspoutine fait figure d'épouvantail. Les griefs pleuvent. L’Église orthodoxe constate que sa créature lui a complètement échappé. Les conseils de prudence prodigués au tsar par Grigori dans le domaine militaire horrifient les va-t-en-guerre, quand sa condamnation des violences antisémites révulse l'extrême droite. Enfin, les tenants des théories complotistes accusent le couple infernal formé par la tsarine et son éminence grise, de négocier une paix séparée avec l'Allemagne dans le plus grand secret. Joue ici contre elle, sa nationalité allemande, mais, puisqu'on ne peut se débarrasser d'Alexandra, il faut éliminer Raspoutine.  De même, si détester le tsar peut sembler sacrilège, haïr l'ancien moujik tombe sous le sens. Pour les puissants de l'Empire, Raspoutine est l'incarnation du mal, un bouc-émissaire idéal.
 
Dans ces conditions, des complots se trament dans les hautes sphères de la noblesse. Pour faire disparaître l'ennemi public numéro un, le prince Félix Youssoupov, plus grande fortune de Russie, s'associe à son amant, le grand duc Dimitri Pavlovitch, et au député d'extrême-droite Pourichkévitch. Dans la soirée du 29 novembre 1916 (16 décembre du calendrier Julien), Raspoutine se rend au palais Youssoupov à l'invitation de son  propriétaire. Au cours de la nuit, les conspirateurs éliminent le paysan sibérien dans des conditions obscures. Après-coup, ils livreront une version rocambolesque du crime, contribuant à forger le mythe d'un Raspoutine trompe-la-mort. Ce dernier aurait en effet englouti des gâteaux empoisonnés au cyanure sans que cela ne suffise à l'occire. Finalement, on lui aurait tiré dessus, mais alors qu'il gisait, inerte, il se serait relevé, tel un mort-vivant. Finalement, il aurait été abattu dans la rue. Fariboles...
 Le corps du mystique est retrouvé deux jours plus tard dans la Néva gelée. Le cadavre est défiguré, entravé, criblé de balles. L'autopsie ne révèle aucune trace de poison, confirmant, s'il en était besoin, l'inanité des aveux de ses assassins. Raspoutine a vraisemblablement était abattu de trois coups de feu, alors qu'il s'enfuyait par le sous-sol du palais. Le corps, chargé dans le coffre de la voiture de l'archiduc Dimitri, est alors abandonné en un lieu isolé afin de le faire disparaître. Il reste finalement coincé sur les berges du fleuve gelé. A la demande de l'impératrice, Raspoutine est inhumé à Tsarskoïe Selo, au fond du parc Alexandre. Les conspirateurs, dont l'identité reste tenue secrète, sont condamnés à des peines clémentes: une assignation à résidence dans une demeure familiale du centre de la Russie pour Youssoupov, l'envoi sur le front de Perse pour le grand duc Dimitri. Des punitions qui leur sauveront la vie lors de la révolution bolchevique.
 
Photographie du cadavre. Public domain, via Wikimedia commons.
 
Les conséquences dramatiques de la guerre catalysent le mécontentement vis-à-vis du régime. Les soldats réclament du pain et la paix. Ce sera le mot d'ordre de la Révolution de février qui balaye tout sur son passage. Le 2 mars 1917, Nicolas II renonce au trône. Le gouvernement révolutionnaire s'empresse de déterrer le cadavre de Raspoutine, avant de l'incinérer dans une chaudière de l'institut polytechnique, puis d'en disperser les cendres. Hors de question que la sépulture ne deviennent lieu de pèlerinage. Assignée à résidence à Tsarskoïe Selo, puis transférée à Ekaterinburg, la famille est exécutée par les bolcheviks, le 16 juillet 1918.

Le mythe du "moine fou" se construit à peine le cadavre refroidi. Comme souvent, la légende s'avère bien plus riche et intéressante que l'histoire, prosaïque et terne, d'un simple mortel. La vie de Raspoutine inspirera des dizaines de livres d'histoire ou de fiction, mais aussi des comics, des bandes dessinées (il affronte par exemple Corto Maltese dans La Ballade la mer salée), des dessins animés (Anastasia), des films, y compris pornographiques. Dépeint sous les traits d'un vampire, d'un fantôme dans les fictions, il est tout à la fois décrit comme scabreux, fou, satyre, saint, ivrogne. La chanson ne déroge pas à la règle. 

Notes:
1. Raspoutine fascine très tôt. Dès 1917, il apparaît dans "The Falls of the Romanoff" de Herbert Brenan. 
2. De prime abord, le groupe se compose d'un pseudo chanteur survolté et de trois danseuses et choristes aguichantes. Derrière le groupe bigarré se cache en réalité le producteur et chanteur allemand Frank Farian, dont les 45 tours disco cartonnent à la fin des années 1970 ("Daddy Cool", "Sunny", "Ma Baker","Raspoutine").
3. Des émeutes éclatent en 1905 dans le contexte désastreux du conflit russo-japonais. Le 22 janvier (9 février dans la calendrier julien), plus de 100 000 ouvriers grévistes manifestent pacifiquement devant le palais d'hiver dans l'intention de remettre une supplique au tsar. L'armée reçoit l'ordre de tirer, provoquant la mort de deux cents personnes. Nicolas II, jugé responsable, doit faire des concessions. Les réformes adoptées accordent la liberté d'expression et permettent au parlement de voter des lois.

Sources:
AAlexandre Sumpf: "Raspoutine", Perrin, 2016.

B. Une vidéo du youtuber Analepse"La vérité sur Raspoutine... par Boney M." 

C. une vie une œuvre: "Grigori Raspoutine: un moujik à Petrograd."
D. Retronews: "l'assassinat du très mystérieux Raspoutine". 

E. "Raspoutine est une fiction." [La marche de l'histoire sur France Inter]

F.  "Pop & Co: "Rasputin" de Boney M " [Pop & Co sur France Inter] 

G. "Grigori Raspoutine (1919-1916): un moujik à Petrograd." [Une vie, une œuvre sur France Culture]

https://www.youtube.com/watch?v=soden8c4F90

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