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mardi 24 octobre 2023

"SLT". Une chanson coup de poing de Suzane pour dénoncer les différentes formes de harcèlement dont sont victimes les femmes.

En 2020, Suzane enregistre SLT, pour "salut" en langage sms. Sur un fond sonore mélangeant rap et électro, elle décrit différentes formes de harcèlement dont sont victimes les femmes. Sous la vidéo du clip, la chanteuse revient sur la signification du morceau: «SLT, (…) c’est l’histoire de la fille qui reçoit constamment des "salut la miss tu baises" parce qu’elle a posté une photo d’elle sur Insta. C’est l’histoire de la fille qui ne porte plus de jupes "trop courtes" parce qu’elle a peur de se faire siffler par un inconnu dans la rue. C’est l’histoire de la fille qui ne donne plus son opinion trop fort parce qu’elle en a marre qu’on lui réponde "t’es énervée, t’as tes règles aujourd’hui?". C’est l’histoire de la fille qui marche plus vite et qui se tait parce qu’elle a peur. ‘SLT’ c’est le quotidien de millions de femmes”. 

Dans la première strophe, une femme marche dans la rue et se fait “accoster” par un homme, qui finit par l’insulter… Dans la seconde, un patron exige - par la menace et l'insulte - un rapport sexuel d'une employée. Enfin, la dernière strophe met en scène une femme victime de cyberharcèlement. Les trois couplets proposent un florilège, loin d'être exhaustif malheureusement, des différentes formes de violences faites aux femmes. A chaque fois, la chanteuse adopte le point de vue du harceleur (dans la rue, au travail, sur internet). Les menaces succèdent aux flatteries. Systématiquement, l'agresseur inverse les rôles. Si il se montre de plus en plus insistant, c'est soit disant à cause de la tenue ou de l'attitude de son interlocutrice, réduite à un objet de satisfaction sexuelle. Quand il constate que ses assauts échouent, l'homme devient menaçant, insultant, hostile. 

EddyLlrg, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

* Harcèlement de rue.
Premier couplet, la jeune femme part au travail, quand un homme l'invective de façon vulgaire. Après les compliments outranciers d'usage ("Hey salut bonne meuf, t'es vraiment très charmante" ), il lance une proposition salace: "Tu sais j'te mangerais pour le 4 heures, t'es si appétissante / J'te ferais pas la bise mais si tu veux on peut baiser." Constatant que son interlocutrice poursuit son chemin, il lui reproche de l'ignorer, feignant de ne pas comprendre l'attitude de celle qui a l'affront de lui résister. "Bah pourquoi tu marches plus vite? J't'ai pas agressé / J't'ai même fait des compliments, tu pourrais au moins t'arrêter". Pathétique, il reproche à la jeune femme sa tenue, une jupe courte justifiant à ses yeux son agression verbale. " là tu l'as bien cherché / T'as une jupe tellement courte même pas besoin de la soulever". Cette attitude est typique du victim blaming, qui consiste à tenir pour responsable les femmes lorsqu'elles sont victimes d'abus ou d'agressions. "Trop jolie", "habillée trop court", "le coin est mal fréquenté", autant de mauvaises raisons pour justifier l'injustifiable. En ignorant le harceleur, la passante change de statut; de femme à séduire, elle devient "une pouf" ("T'es une pouf, c'est devenu courant / De l'entendre trois fois par journée"). Dès lors, «"T'as un num?" peut devenir violent/ Si tu donnes pas un vrai».

Reprise dans les médias français, l'expression "harcèlement de rue", traduction de l'anglais street harassment, devient rapidement incontournable et le sujet sort des sphères féministes pour s'imposer dans le débat public. (1) Plusieurs initiatives ont permis de faire connaître l'ampleur du phénomène pour mieux le dénoncer et le combattre. Nous les détaillons dans la note 2.

En juillet 2018, Marie Laguerre, une étudiante en architecture est prise à parti par un type assis à la terrasse d'un café. Elle lâche un "ta gueule". L'homme attrape un cendrier et le jette sur la jeune femme, puis se lève, l'insulte et la gifle avec une très grande violence. L'agresseur s'en va, tout comme sa victime. En quelques instants, on est passé du harcèlement à une agression caractérisée. Décidée à ce que les choses n'en restent pas là, la jeune femme parvient à récupérer les images de surveillance du café, puis à porter plainte. C'est cette affaire qui, plus que tout autre, contribue à médiatiser le phénomène en France.

Giuseppe Bartolomeo Chiari, Public domain, via Wikimedia Commons

> Ce harcèlement provoque pour les femmes un sentiment d'insécurité. Il a ceci d'insupportable qu'il oblige parfois à rester sur le qui-vive, à éviter certains secteurs à ne pas sortir seule tard le soir, à modifier sa façon de s'habiller. "Tout cela a pour conséquence une occupation genrée de l'espace public: les hommes investissent la rue et se comportent comme si elle leur appartenait, tandis que les femmes, conscientes d'être des proies potentielles, ne font que passer." (source A) Pour que ces violences cessent, plusieurs municipalités mettent en place des amendes pour les coupables pris en flagrant délit. Par ailleurs, depuis août 2018, la loi française sanctionne les «outrages sexistes », lorsqu'ils sont «dégradants, humiliants, intimidants, hostiles ou offensants». Les amendes peuvent aller de 90 à 1500 euros en cas de circonstance aggravante, notamment lorsque la victime a moins de 15 ans.

* Harcèlement au travail.
Dans le deuxième couplet de la chanson, la scène change. La jeune femme se trouve désormais sur son lieu de travail. "T'es au boulot dans la réserve / Tout le monde est parti manger / Le patron t'appelle dans son bureau". Profitant de l'isolement, de sa position hiérarchique, et après les compliments d'usage ("aujourd'hui t'es ravissante"), le boss soumet une proposition indécente à son employée, balayant d'un revers de main les objections qu'elle pourrait lui opposer ("Ouais je sais que t'as un mec / Mais ça c'est pas gênant"). Justifiant, là encore, son attitude, par la tenue vestimentaire de son interlocutrice ("Ton joli décolleté me dit que t'es plutôt partante"), il se fait menaçant et exige un rapport sexuel. Aucune échappatoire ne semble possible pour la jeune femme, dont l'absence de consentement est ignoré par l'agresseur.  "D'façon si tu dis non / Moi j'entendrai un oui / Tu verras que j'suis con / Je plaiderai ton hystérie". Le chantage à l'emploi se double d'une volonté d'humilier. "Tu seras pas la première à passer sous mon bureau / Les filles comme toi font moins les fières / Quand elles veulent garder leur boulot / Alors maintenant tu vas te taire / T'en diras pas un mot / Si tu veux garder ton salaire / Pour nourrir tes marmots". 

Les violences sexuelles et les comportements sexistes au travail prennent des formes diverses. Le Code pénal définit le harcèlement sexuel comme "le fait d'imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste, qui portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant ou créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante." Par ailleurs, faire pression pour "obtenir un acte de nature sexuelle" est également considéré comme du harcèlement sexuel, même si ce n'est pas de manière répétée et que le coupable n'est pas son supérieur hiérarchique.
Tous ces comportements et violences sont punis par la loi. L'auteur des faits est passible de deux ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende, voire trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende lorsque les faits sont commis par une personne qui abuse de l’autorité que lui confèrent ses fonctions. Pour la victime de harcèlement, il est important de signaler les faits, en particulier à sa direction, et de déposer plainte. Par ailleurs, l'employeur a l'obligation de prendre les dispositions nécessaires pour prévenir les faits de harcèlement sexuel en informant, en mettant en place des mesures de prévention et en finançant la formation des représentants des travailleurs.
 
* Cyberharcèlement. 
Troisième couplet. "T'es enfin chez toi" et pourtant toujours pas de répit. Caché derrière son pseudo, dans l'anonymat offert par les réseaux sociaux, le cyberharceleur fait d'internet un espace de prédation. Les sollicitations indues, les propos et photos à caractères sexuels constituent autant d'agressions. Non content d'envoyer une photo de son sexe (dick pic ou cyber-flashing) ("Du coup je t'envoie une tof / De moi, ma teub et un cœur bleu"), le persécuteur cherche à humilier ("t'en vaux pas la peine"), faisant tout l'étalage de sa misogynie crasse. La femme n'est vue que comme un objet de satisfaction sexuelle ("t'es vraiment sexy / je cherche un plan pour la nuit", "ton regard de chienne qui attendrait de bouffer depuis au moins une semaine"), forcément intéressée ("J'suis sûr que t'es du genre à dîner étoilé") que l'on peut insulter, menacer ("Quand j'serai en bas dans ta rue / On verra ce que tu feras") et dont on ignore le non consentement et la personnalité ("T'façon t'es comme les autres").
 
Le cyberharcèlement est une forme de violence qui s'exerce par voie numérique (réseau social, forum, jeu en ligne...). (4) Puni par la loi, il est fondamental de le signaler. Le cybersexime se caractérise par des "actes / commentaires / messages à caractère sexuel ou qui critiquent la manière de s’habiller, l’apparence physique, le comportement amoureux ou sexuel. Ce sont des violences sexistes ou sexuelles qui visent principalement les filles (mais aussi des garçons)..." Les sanctions peuvent aller jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende. Pour l'individu victime de cyberharcèlement, il est important de révéler les faits à une personne de confiance, de bloquer ou signaler le harceleur, de garder des preuves (capture d'écrans des contenus, copie de l'url), de demander la suppression des contenus problématiques, éventuellement de porter plainte. 

Après avoir encaissé ("Souffle, serre les dents / Comme d'hab tu te tais"), le refrain de la chanson invite les femmes à se protéger ("Souffle, sois prudente / Marche dans le couloir d'à côté") en faisant preuve de lucidité ("Un gentil peut devenir méchant / Faut pas croire aux Disney"), de résilience et de résistance ["Bats-toi fillette (Bats-toi, bats-toi, bats-toi)"]
 



Notes:

1. Le terme est loin d'être parfait. En effet les harceleurs agissent non seulement dans la rue, mais dans tous les autres espaces publics, en particulier les bars, les transports en commun... L'expression désigne un lieu et non l'auteur du harcèlement. "Enfin, le harcèlement (moral, sexuel) désigne habituellement une action répétée par la même personne. Or, ici, la sensation de harcèlement éprouvée par la victime vient de la multiplicité des harceleurs. (...) Malgré ses défauts, ce terme a le mérite de mettre un mot sur le phénomène, et de désigner comme un problème ce qui était autrefois subi comme une sorte de fatalité. Oui, des hommes se permettent d'interpeller des femmes dans les lieux publics, sans tenir compte de leur refus, les hèlent, commentent leur corps. Non, il ne s'agit pas de drague: à partir du moment où on ne respecte pas les signaux négatifs envoyés en retour, on n'est pas un dragueur «lourd», on est un harceleur." (source A, p103)

2. Le Projet Crocodiles propose des "Histoires de harcèlement et de sexisme ordinaires mises en BD". Sur Youtube, en 2010 le court-métrage Majorité opprimée d'Eléonore Pourriat remporte un franc succès. La réalisatrice y inverses les rôles entre femmes et hommes. En 2012, Anaïs Bourdet, une graphiste marseillaise, recueille la parole de milliers de femmes sur le tumblr "Paye ta schnek". Cette même année, une chaîne flamande diffuse Femme de la rue, un documentaire de la réalisatrice Sofie Peeters. La jeune femme s'y filme en caméra cachée, déambulant dans les rues de Bruxelles. Sur son passage, les hommes multiplient les réflexions sur son physique. Les propositions salaces et les insultes fusent. Certains la sifflent, d'autres simulent des orgasmes... La vidéo bénéficie d'un large relais sur internet qui incite de nombreuses femmes à raconter via les réseaux sociaux leurs expériences personnelles. (3) En 2013, l'émission Envoyé spécial diffuse un reportage reprenant le même dispositif que Sofie Peeters, transposé cette fois ci en Ile-de-France. En 2014, le collectif new-yorkais Hollaback! met en ligne 10 Hours of Walking in NYC as a woman , une vidéo tournée en caméra cachée dont le cumul des vues atteindra les 50 millions. Le collectif Stop au harcèlement de rue , lancé en France en 2014, organise des happenings pendant lesquels sont mis en place des "zones sans relous" pour sensibiliser les passant.e.s. Un rapport de 2015 du Haut Comité à l'égalité entre les femmes et les hommes montre que 100% des femmes interrogées ont été harcelées dans les transports en commun. Face à l'ampleur du phénomène, la Mairie de Paris imagine une campagne de sensibilisation avec le slogan «Ma jupe n'est pas une invitation». (sources D) En 2016, le "harcèlement de rue" entre dans le Petit Robert.

3. Certains hommes, au contraire s'interrogent: ne s'agit pas que de "drague un peu lourde"? Les féministes ne voient-elles pas le mal partout? pour décrédibiliser le reportage, d'aucuns reprochent au documentaire un biais raciste. Sofie Peeters a tourné Femme de la rue dans le quartier pauvre d'Anneessens, où les populations issues de l'immigration maghrébine sont nombreuses. Certains hommes se saisissent de ce choix pour mieux développer un argumentaire raciste expliquant que les comportements sexistes auraient une origine culturelle. Or, le harcèlement dans l'espace public concerne toutes les populations et toutes les classes sociales comme en attestent de nombreux exemples. En 2012, par exemple, Cécile Duflot, alors ministre du logement, essuie des sifflements dans l'enceinte de l'Assemblée nationale, parce qu'elle avait eu le malheur de porter une robe. En 2021, le député de Vendée Pierre Henriet traite une élue de l'opposition de "poissonnière" dans l'hémicycle

4. Les harceleurs agissent parfois en meute. Ainsi, les Incel, "célibataires involontaires" en français, se définissent comme victimes des femmes, qui refusent d'entamer une relation amoureuse ou sexuelle avec eux.

Sources:

A. Marie Kirschen et Anné Wanda Gogusey: "Herstory. Histoire(s) des féminismes", La ville brûle, 2021.

B. Ivan Jablonka:"Des hommes justes. Du patriarcat aux nouvelles masculinités.", Seuil, 2019.

C. "L'affaire Marie Laguerre, le harcèlement de rue à la une" [Affaires sensibles du 6 décembre 2019 sur France Inter] 

D. Bibia Pavard, Florence Rochefort, Michelle Zancarini-Fournel:"Ne nous libérez pas, on s'en charge", Éditions La Découverte, 2020. 

E. "Marie Laguerre, l'histoire d'une indignation féministe 2.0" [L'effet domino du 27 septembre 2019 sur France Inter] 

F.  "Harcèlement de rue" [Wikipédia]

Liens:

- Les Décodeurs: "Est-ce de la drague, du harcèlement ou une agression sexuelle? Un quiz pour faire la différence." 

- "projet crocodile / harcèlement de rue" [pointculture.be]

jeudi 19 octobre 2023

La musique sous le Troisième Reich

Les nazis ont un rapport ambivalent avec la musique. Elle est bien sûr un puissant vecteur d'embrigadement, à condition d'avoir défini ce qu'il est possible ou pas d'écouter en tant qu'Allemand. Dans cette optique, sous le IIIème Reich, la musique est mise au pas. Toute forme d'innovation artistique sortant de la ligne définie par le régime est proscrite, tout comme sont bannies les influences étrangères. Les artistes juifs sont quant à eux persécutés et leurs œuvres interdites.

*** 

* Le bouillonnement culturel de la République de Weimar. 

En 1918, la République est instaurée en Allemagne. Le nouveau régime doit signer le traité de Versailles en 1919, ce que de nombreux Allemands vivent comme une injustice et une humiliation. L'hyperinflation du mark en 1923 fragilise considérablement un régime qui parvient néanmoins à se stabiliser dans la deuxième moitié de la décennie. La levée de la censure impériale libère les arts qui connaissent alors un foisonnement créatif exceptionnel. Le dadaïsme, l'expressionnisme, la nouvelle objectivité révolutionnent les arts visuels, mais aussi la musique. A l'aube des années 1930, le kroll oper de Berlin s'impose comme le haut lieu des créations modernes de la République de Weimar, avec des mises en scène très audacieuses. Otto Klemperer, son directeur musical, dirige une suite orchestrale de "l'opéra de quat' sous" de Kurt Weill. On peut y entendre une musique ouverte aux influences étrangères, en particulier le jazz. 


Dans les années 1920, les jazz-bands se multiplient, jouant fox-trot, shimmy et charleston dans les cabarets et dancings. Une des formations les plus connues se nomme les Weintraub's Syncopators. Son chef d'orchestre et pianiste, Friedrich Hollaender signe les musiques de l'Ange de Joseph von Sternberg. La chanson la plus célèbre du film, Ich bin von Kopf bis Fuss, est un immense succès, qui ne contribue pas peu à la popularité de Marlène Dietrich.

La République de Weimar est surtout fragilisée par la crise économique de 1929. Adolf Hitler profite de cette situation. A la tête du NSDAP, son parti politique, il accuse la République, les Juifs, les communistes d’être responsables des difficultés du pays et remporte de grands succès électoraux. Le 30 janvier 1933, Hitler est nommé chancelier, chef du gouvernement. En quelques semaines, il obtient les pleins pouvoirs et instaure une dictature. Les élections sont supprimées et les opposants politiques arrêtés par la Gestapo, la police politique. Désormais seul le NSDAP est autorisé. Ainsi, l'Allemagne sous le joug nazi devient un État totalitaire. Le strict contrôle de l’État nazi s'abat sur l'ensemble de la société allemande. La propagande impose le culte de la personnalité. Hitler est présenté comme le guide (führer). Des organisations du parti encadrent les adolescents au sein des Jeunesses hitlériennes. La propagande est partout et l'endoctrinement se fait aussi en chansons.

* La musique comme vecteur d'embrigadement. 

La musique constitue un puissant levier d'embrigadement car elle s'adresse d'abord à l'émotion et s'inscrit parfaitement dans les mises en scène géantes du régime. Le III° Reich accorde la plus grande attention à l'endoctrinement de la jeunesse. Le chant choral, censé créer une dynamique de groupe est privilégié, tandis que les rythmes répétitifs accompagnent parfaitement les marches et défilés militaires chers aux nazis; enfin les thématiques du "sang et de la terre" ("Blut and Boden") ont la faveur des instructeurs. Lors des rassemblements et des activités en groupe, les jeunes doivent chanter fort. L'hymne des Jeunesses hitlériennes insiste sur la soumission absolue au führer. "En avant ! En avant ! Chantent les joyeuses fanfares. En avant ! En avant ! La jeunesse se moque du danger. Führer, nous t'appartenons. Tous les camarades t'appartiennent. Et le drapeau nous conduit vers l'éternité ! Oui, le drapeau est plus fort que la mort !"

Les chants du début du mouvement national-socialiste sont la plupart du temps de simples adaptations, emprunts, reprises, contrefaçons de chants populaires et patriotiques existants, dont le sens est subverti. Ni le texte, ni la musique ne sont originaux. C'est le cas du "Horst Wessel lied". Horst Wessel, obscur chefaillon nazi assassiné en 1930 dans le cadre d'un règlement de compte, devient, par la magie de la propagande, un saint-martyr du nazisme. Le chant qui lui rend hommage s'impose comme hymne officiel du parti nazi. Les Volkslieder, littéralement les "chants du peuple", compatibles avec l'imaginaire Völkish sont chantés à l'unisson et contribuent à l'édification de la pseudo communauté aryenne (Exemple: "Ein heller und ein Batzen").

Les grands compositeurs allemands, à la condition qu'ils ne soient pas juifs, sont exaltés. Bach, Bruckner, Beethoven sont présentés comme des paradigmes du génie créateur aryen. Bien que Hongrois, Lizst, par le miracle de la propagande devient Allemand. Goebbels peut affirmer que l'Allemagne est le "premier peuple musicien de la terre". Wagner fait l'objet d'un véritable culte et devient pour les nazis le promoteur d'un art authentiquement allemand. Antisémite notoire, auteur d'un essai intitulé "la juiverie dans la musique", il est considéré par Hitler comme le compositeur quasi officiel du régime. Ses opéras revisitent les mythologies nordiques. Sa maison à Bayreuth devient un des temples du nazisme, tandis que ses compositions accompagnent les grands rassemblements comme "la chevauchée des Walkyries" ou "les maîtres chanteurs de Nuremberg", dont le chœur proclame fièrement: " Le Saint Empire romain germanique pourra s'effondrer, toujours subsistera l'art sain et noble allemand".

* Musique racialisée et "épuration artistique".

Dès l'arrivée au pouvoir des nazis, la vie culturelle est placée sous contrôle. Goebbels, en tant que président de la Chambre de culture du Reich (Reichkulturkammer), organise et encadre toutes les professions artistiques dont il exclut les juifs. La vie musicale est organisée et contrôlée par le Reichsmusikammer. Alfred Rosenberg, l'idéologue du parti, s'emploie à l'aryanisation de la vie musicale. Dans cet esprit, en mai 1938, se déroulent à Düsseldorf les "journées musicales du Reich" (Reichmusiktage), au cours desquelles une exposition de propagande dénonce la "musique dégénérée" (Entartete Musik), jetant l'anathème sur toute innovation artistique. Le jazz est dénoncé comme une musique à la fois "juive, bolchevique et nègre". L'affiche de l'exposition représente d'ailleurs un saxophoniste noir arborant une étoile de David au revers de la veste, condensé de tout ce que le régime vomit: le juif, le jazz, l'Amérique, le noir. 

Sous la République de Weimar, le jazz jouit d'une popularité exceptionnelle, en lien aussi avec l'émergence de l'explosion d'une culture de masse. Ernst Krenek triomphe alors avec l'opéra jazz Jonny spielt auf. L'accession au pouvoir des nazis change la donne. Les nouveaux dirigeants fustigent l'usage excessif des syncopes et de la batterie. Pourtant, en dépit de l'interdiction de diffusion du jazz à la radio, le succès du genre ne se dément pas, ce qui contraint les autorités à mettre de l'eau dans leur bière, en germanisant les plus grands succès.


Pour le national-socialisme, la musique se résumait donc à une opposition manichéenne entre musique allemande et musique dégénérée, un terme dont l’absence de définition précise permettait d’interdire toute œuvre suspecte. Le bannissement d'un auteur et de son œuvre se fonde sur des critères raciaux, mais aussi sur une base esthétique. Ainsi, toutes les avant-garde artistiques sont censurées et condamnées. Au fond, les nazis vomissent le foisonnement culturel de la République de Weimar, assimilant l'esthétique musicale au régime politique. Ainsi, la musique d'Arnold Schoenberg, inventeur du dodécaphonisme, est considéré comme subversive, intellectuelle, loin des préoccupations du peuple. Sa musique ne trouve plus droit de citer à la fois parce son auteur est juif, mais aussi en raison de son audace moderniste. Les œuvres des illustres compositeurs juifs passés sont mises à l'index. Malher, Offenbach ou Mendelssohn ne sont plus joués. Dès lors, impossible par exemple d'écouter le "songe d'une nuit d'été" sur une scène allemande. 

Dès 1933, les nazis traquent tous les acteurs du bouillonnement culturel de la République honnie. Ils interdisent par exemple "Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny", l'opéra en 3 actes composé par Kurt Weill sur un livret de Bertold Brecht. Parce qu'elle remet en cause les formes traditionnelles de l'opéra classique, introduit des rythmes de blues, un texte anglais, des personnages féminins avides d'argent facile, l’œuvre ne pouvait qu'irriter les nazis. En mars 1931, dans les Cahiers mensuels du parti nazi, Hitler, l'artiste raté, assène: "Les textes de Bertold Brecht et la musique de Weill ne pourront jamais être considérés comme de l'art allemand." Avec une circonstance aggravante à ses yeux, ces deux hommes sont juifs. 

"Alabama song", la plus célèbre chanson de l'opéra, exprime la complainte d'un groupe de prostituées à la recherche d'une ville sans prohibition. Lotte Lyena muse de Weill, en donne une interprétation lugubre. En 1967, les Doors reprennent le morceau dont ils modifient légèrement les paroles.

 *L'attitude des artistes.

Avec l'accession au pouvoir des nazis, les musiciens se trouvent confrontés à un choix, parfois difficile. Certains compositeurs s'accommodent de façon plus ou moins ambiguë du nouveau régime à l'instar de Richard Strauss qui prend la tête de la Chambre de musique du Reich de 1933 à 1935. L'année suivante, il compose l'hymne des JO de Berlin. Lors de la cérémonie d'ouverture, dans une arène ornée de bannières frappées de la croix gammée, il dirige lui même sa composition. Les chefs d'orchestre Ernest von Karajan, Karl Böhm, les chanteuses Elizabeth Schwarzkopf et Zarah Leander, le compositeur Hans Pfitzner et Werner Egk pactisent franchement avec le régime.

Pour beaucoup d'autres, la prise de décision s'avère très difficile. Faut-il rester dans un III ème Reich de plus en plus hostile ou partir vers une destination inconnue en abandonnant son héritage culturel? Arnold Schönberg, Kurt Weill, Ernst Toch, Erich Korngold ("la ville morte"), Otto Klemperer se résignent à l'exil et trouvent refuge aux États-Unis. D'autres voient non seulement leurs carrières brisées, mais aussi leurs existences, à l'instar d'Erwin Schullof. Juif, homosexuel, avant-gardiste et communiste, il subit une véritable chasse à l'homme. Arrêté à Prague, il est déporté à Wülzburg où il meurt de la tuberculose en 1942. Le destin du Tchèque Pavel Haas bascule avec le démantèlement de la Tchécoslovaquie en 1939. Haas est juif, sa musique moderniste, donc interdite. Déporté à Theresienstadt en 1942, il meurt gazé à Auschwitz en octobre 1944.


*Existe-t-il une musique nazie? 

Les nazis savent exclure et mettre au piloris, il peine en revanche à définir ce que devraient être une musique nazie. Leur quête d'un nouveau Wagner reste vaine, trop de talents ayant fui. Quant à ceux qui se rangent sous la bannière du nazisme, ils en étaient largement dénués... Citons tout de même Carl Horff, dont les "Carmina burana" composées en 1937, mettent en musique 24 chants de l'abbaye de Beuem en Bavière. La vitalité rythmique, la simplicité des mélodies et la répétition inlassable font l'intérêt d'une musique compatible avec les canons esthétiques nazis. 

Conclusion :

 L'absence de liberté laissée aux artistes par les nazis explique sans doute qu'aucun compositeur majeur n'est émergé pendant leur règne. En guise de conclusion, citons l'excellent "Entartete Musik. Musiques interdites sous le IIIème Reich" d'Elise Petit et Bruno Giner (source C). "En stigmatisant, déportant et assassinant des milliers d'artistes et intellectuels, c'était bien l'annihilation de toute une culture qui était programmée, peu avant celle de tout un peuple."

Sources: 

A. SCHNAPPER Laure, « La musique « dégénérée » sous l'Allemagne nazie », Raisons politiques, 2004/2 (no 14), p. 157-177.

B. Élise Petit et Bruno Giner présentent "Entartete musik: les musiques interdites sous le IIIème Reich", Bleu nuit éditeur. 

C. "Elise Petit et Bruno Giner: «Entartete Musik: les musiques interdites sous le IIIème Reich», Bleu nuit éditeur, 2015

lundi 2 octobre 2023

Les espaces de faibles densités en chansons.

Avec une densité de population inférieure à 30 hab/km², les espaces faiblement peuplés en France occupent près de la moitié du territoire national et regroupent environ 4 millions de personnes. Dans ces espaces, la population réside majoritairement dans de petites villes, villages ou dans un habitat isolé.  

Phillip Capper, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons

Le déclin démographique des campagnes françaises remonte à loin. Il a accompagné la diminution drastique du nombre d'agriculteurs. Le pays connaît un puissant mouvement d'exode rural (1), qui affecte tout particulièrement les régions pauvres de moyenne montagne dès la fin du XIX° siècle. Dans "Chacun vendrait des grives", Jean-Louis Murat revient sur le dépeuplement d'un village du Massif Central qui passe de 3900 à 114 habitants entre le début et la fin de la chanson. 

Très grand succès de Jean Ferrat , "la montagne" oppose le monde artificiel et frelaté des villes aux terroirs montagnards peuplés d'habitants authentiques. Le chanteur n'y va pas avec le dos de la bêche, opposant les vieux paysans, qui savaient monter "des murettes jusqu'au sommet de la colline", et leurs enfants qui "seront flic ou fonctionnaires / de quoi attendre sans s'en faire que la retraite sonne". Les premiers vivent dans un cadre naturel somptueux, quand les seconds rentrent "dans leur HLM / manger du poulet aux hormones".
 


Les espaces de faibles densités sont variés. Il peut s'agir de régions d'agriculture productiviste comme la Beauce ou la Champagne. Les très hauts rendements y sont obtenus grâce à une agriculture très mécanisée nécessitant peu de main d’œuvre. 
D'autres espaces ruraux sont facilement accessibles depuis une grande aire urbaine, ce qui incite quelques citadins à quitter la ville, dans l'espoir de trouver à la campagne de meilleures qualités de vie du calme, de beaux paysages, un coût de la vie moins élevé. Ainsi Ridan rêve de reconversion et de devenir "agriculteur". "J'en ai ras-le-bol de tout ce béton / J'ai la folie des grands espaces / J'en ai ras-le-bol de tout ce béton / J'ai la folie des grands espaces". (0'50)"Et puis merde! J'ai décidé de vivre loin sur la colline / Vivre seul dans une maison avec la vue sur ma raison / J'préfère vivre pauvre avec mon âme, que vivre riche avec la leur / Et si le blé m'file du bonheur, je ferais p'têt' agriculteur".
 
Dans le Perche, dans le sud de la Normandie, à environ 2 heures de route de Paris. les villages accueillent désormais de nouveaux habitants venus de la ville. Désignés comme des néo-ruraux, ils contribuent à transformer ces espaces. Parfois, la cohabitation avec les habitants de longue date ne va pas sans confrontation.
En 1977, Michel Delpech révèle l'ambivalence des relations entre citadins et ruraux dans son titre "Loir-et-Cher". Le jeune urbain d'origine rurale est l'objet des railleries de la famille restée aux champs. "Ils me disent (X2) / Tu vis sans jamais voir un cheval, un hibou / Ils me disent / Tu ne viens plus, même pour pêcher un poisson / Tu ne penses plus à nous". Jeanne Cherhal se met dans la peau d'un résident secondaire qui aime la campagne et tout ce qui est "rural" mais de loin ou de manière épisodique, et à condition de ne pas se salir. "D'assez loin c'est joli / La province le samedi / La paroisse l'ensilage / Le purin le village / C'est fermier tiers-état / Paysan mais très sympa / C'est tranquille bien tranquille / Si tranquille trop tranquille / C'est rural bien rural / Si rural trop rural / Touche pas chéri c'est sale". Dans A la campagne, Bénabar moque l'attitude des citadins n'envisageant les terroirs ruraux que comme des espaces récréatifs. "À la campagne on veut de l'authentique / Du feu de cheminée et du produit régional / À la campagne il nous faut du rustique / Un meuble qui n'est pas en bois / Ça nous ruine le moral / À la campagne on dit qu'on voudrait rester / Quitter Paris, le bruit, le stress et la pollution / À la campagne c'est la fête aux clichés / La qualité de vie et le rythme des saisons".
 

 
Kent propose; "Allons z'à la campagne". "Allons z'à la campagne (allons z'à la campagne) et oublions Paris (Paris) / Cherchons à la campagne (cherchons à la campagne) le vrai sens de la vie / Dans quelques temps, dès qu'on pourra, quand notre plan-épargne / Sera fini, on se paiera une maison d'campagne".
 
Un autre type d'espaces de faibles densités est composé des zones de haute et moyenne montagne, parfois enclavées et mal desservies, qu'il s'agisse d'une grande partie du Massif central, des Pyrénées ou des hautes vallées alpines. L'essor des sports d'hiver permet toutefois de créer des emplois dans le stations de ski de haute montagne. Cependant, ces activités de service (gîtes, restaurants) restent saisonnières et très dépendantes du climat (enneigement).
 
Certains espaces de faibles densités possèdent de solides atouts leur permettant de lutter contre le déclin démographique et la déprise agricole: le calme, les beaux paysages naturels, un riche patrimoine historique, des produits du terroir de qualité (fromage, vin...), parfois un climat favorable. Le Lubéron, l'Ardèche, la Drôme, les Cévennes, le Périgord bénéficient ainsi d'un fort héliotropisme. Tous ces éléments permettent parfois le maintien ou la création d'emplois sur place. Le tourisme vert attire de nombreux visiteurs en Périgord, dans le Lot ou le Cantal. Jean-Louis Murat décrit mi-amusé, mi-affligé, l'arrivée des estivant dans leur super "camping à la ferme". "Le paysan vient en tracteur / Nous chercher je te jure / C'est vraiment la folie / Des gens charmants qui vous / Accueillent dans leur famille / Devine pour quoi, pour qui / Cool, super cool / C'est le camping, / Camping à la ferme".
 
Artisan d'un Ploucstarap hexagonal, MC Circulaire dresse un portrait au vitriol de la Vendée rurale, dont il est originaire. La misère, l'ennui, l'alcoolisme règnent en maître dans "Demain c'est trop tard". "T"façon tout l'monde s'en branle, on est la France oubliée / Dans mon quartier y'a jamais eu de MJC! / Pourtant la misère est là, j't'assure qu'elle est bien réelle / Elle s'cantonne pas qu'dans les banlieues, elle est universelle / Combien de familles au chômdu qui survivent grâce aux allocs / Y'a plus de darons alcooliques qu'en cure de désintox / L'Etat nous laisse dans not'merde, et verra plus tard / On est qu'une bande de crevards gouvernée par des bâtards / On est pas la France qui squatte les halls, mais les arrêts d'car/ Et ici-bas on sait bien que demain c'est trop tard."


 
Tous les espaces de faibles densités ne tirent pas leur épingle du jeu. Le terme hyper rural désigne ainsi les territoires isolés, très peu peuplés, les plus éloignés des villes importantes. Les contraintes naturelles (relief, climat), l'enclavement (peu de routes, zones blanches), le vieillissement de la population affectent ces territoires. Devenus répulsifs, ils subissent la fermeture des commerces, la désertification médicale et la disparition des services publics. Les rares jeunes du coin partent vers les villes pour y suivre des études supérieures ou parce qu'elles offrent davantage de perspectives d'emplois. Dans ces conditions, ces campagnes se dépeuplent toujours plus, entraînant la disparitions des derniers services. La Poste, le commerce, l'école ferment les uns après les autres. Les habitants de ces espaces ont alors le sentiment de compter pour quantité négligeable. Gauvain Sers, originaire de la Creuse, se fait le porte-parole de ces "oubliés", dans une chanson narrant la fermeture d'une école.

Découvert sur internet grâce au morceau "Marly-Gomont", Kamini dépeint son quotidien dans ce village de l'Aisne, en Thiérache. La rareté des services y représente une gêne considérable pour les habitants. Le départ à la retraite de médecins non remplacés transforme ces territoires en déserts médicaux. Ainsi le rappeur ne peut que constater: "Dans les p'tits patelins / Faut pas être cardiaque / Ah ouais, sinon t'es mal / Faut traverser vingt villages / En tout cinquante bornes pour trouver un hôpital / Que dalle / Là-bas y a rien / C'est des pâtures".

Ces territoires connaissent alors un abandon progressif des activités, notamment agricoles. Les terres ne sont alors plus cultivées, les logements demeurent inhabités, la population continue de diminuer. David Lafore:"Petit village" (1'49")
 
Originaire du Lauragais (Montgiscard à 25 km de Toulouse), Yous MC décrit son environnement dans "la colline d'en face". "J'viens chroniquer les steppes anonymes et discrètes /Je vois que la verdure prospère du haut de ma colline / Viens dans mon Lauragais, ses plaines à la folie s'y prêtent / Je vois qu'elles ont que de l'air pur, mais austère, à t'offrir / Tu croiseras personne de Villeneuve à Pompertuzat / Ni belle gosse, ni caisse, ni restau / le pousse en l'air on s'enfonce dans les profondeurs rurales / Une odeur de bête morte dans le fossé plus bas". Il rappe: "Le pousse en l'air, on s'enfonce dans les profondeurs rurales". De fait, les habitants de ces espaces se doivent d'être motorisés car pour trouver un emploi et le conserver, il faut parcourir de nombreux kilomètres et passer beaucoup de temps sur la route. Cette dépendance à la voiture explique la colère suscitée par la diminution de la vitesse de circulation autorisée de 90 à 80 km/h lors du surgissement du phénomène gilets jaunes.
 
Terminons avec "la diagonale du vide", le beau morceau poétique que Bertrand Burgalat a consacré aux espaces de faibles densités. Le chanteur nous invite à ne pas voir seulement dans ces territoires des vides, dépourvus de signal ou de connexion. "Une bande de territoire à faible densité / Des bases de loisir / Et des rideaux de fer / Un silence absolu / Sauf le bruit de mes pas".

Notes:

1. C'est en 1931 que, pour la première fois, la population française devient majoritairement urbaine.  

Ce billet est aussi disponible en version podcast:


Sources:

A. Benoît Coquard:"Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin", La Découverte, 2019

B. Jean-Laurent Cassely et Jérôme Fourquet:"La France sous nos yeux", Le Seuil, 2021

C. Lorraine de Foucher:"Le rap des champs", Le Monde, 1er décembre 2017

D. Certains titres ici mentionnés ont fait l'objet d'un billet et d'une analyse plus approfondie: "la diagonale du vide" de Bertrand Burgalat, "les oubliés" de Gauvain Sers, "Marly-Gomont" de Kamini, "la montagne" de Jean Ferrat et "Chacun vendrait des grives" de Jean-Louis Murat.