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vendredi 16 février 2024

 Beds are burning (1987)

 

Out where the river broke
 The bloodwood and the desert oak
 Holden wrecks and boiling diesels
 Steam in forty five degrees
 

The time has come
 To say fair's fair
 To pay the rent
 To pay our share
 The time has come
 A fact's a fact
 It belongs to them
 Let's give it back
 
 How can we dance when our earth is turning
 How do we sleep while our beds are burning
 How can we dance when our e
arth is turning
 How do we sleep while our beds are burning
 
 The time has come
 To say fair's fair
 To pay the rent, now
 To pay our share
 


 
Four wheels scare the cockatoos
 From Kintore East to Yuendemu
 The western desert lives and breathes
 In forty five degrees
 
 The time has come
 To say fair's fair
 To pay the rent
 To pay our share
 The time has come
 A fact's a fact
 It belongs to them
 Let's give
it back
 
 How can we dance when our earth is turning
 How do we sleep while our beds are burning
 How can we dance when our earth is turning
 

How do we sleep while our beds are burning
 
 The time has come
 To say fair's fair
 To pay the rent, now
 To pay our share
 The time has come
 A fact's a fact
 It belongs to them
 we'r gonna give it back
 
 How can we dance when our earth is turning
 How do we sleep
while our beds are burning
 
 



 
Dehors où le fleuve a cassé
 Le sang du bois et le chêne de désert
 Les épaves de Holden et
 La Vapeur de gazoles bouillante dans quarante-cinq degrés
 


 
Le temps est venu
 De dire qu'il faut être juste
 Pour payer le loyer
 Pour payer notre part
 le temps est venu
 un fait un fait
 Cela leur appartient
 Aller, rendons le
 
 Comment pouvons nous danser quand notre terre tourne
 Comment dormons nous pendant que nos li
ts brûlent Comment pouvons nous danser quand notre terre tourne Comment dormons nous pendant que nos lits brûlent
 
 Le temps est venu
 

De dire qu'il faut être juste
 Pour payer le loyer
 Pour payer notre part
 le temps est venu
 un fait un fait
 Cela leur appartient
 Aller, rendons le
 
 Quatre roues effraient les cacatoès de l'Est Kintore à Yuendemu que le désert occidental vit et respire à quar
ante-cinq degrés
 
 Le temps est venu
 De dire qu'il faut être juste
 Pour payer le loyer
 Pour payer notre part
 le temps est venu
 un fait un fait
 

Cela leur appartient
 Aller, rendons le
 
 Comment pouvons nous danser quand notre terre tourne
 Comment dormons nous pendant que nos lits brûlent Comment pouvons nous danser quand notre terre tourne Comment dormons nous pendant que nos lits brûlent
 
 Le temps
est venu
 De dire qu'il faut être juste
 Pour payer le loyer
 Pour payer notre part
 le temps est venu
 un fait un fait
 Cela leur appartient
 Aller, rendons le
 


 
Comment pouvons nous danser quand notre terre tourne
 Comment dormons nous pendant que nos lits brûlent

 

Le clip de Beds are burning débute par une éolienne qui hulule difficilement, c’est étrangement le même « chant «  suspendu qu’on peut retrouver dans la scène d’ouverture du film mythique de Sergio Leone, Il était une fois dans l’Ouest. Mais là s’arrête la comparaison, le propos de la chanson fait oublier un temps la référence à l’Ouest américain puisque nous sommes en Australie. Une autre histoire de colonisation blanche, de spoliation de terres et donc d’une cohabitation fragile et difficile entre population dite « native » et des Européens qui ont été des prédateurs, colonisateurs. Aujourd’hui, ils doivent assumer cet héritage encombrant.




 


Le groupe Midnight Oil a eu son heure de gloire dans la décennie 1980 alors que la musique australienne avait pointé son nez sur la scène internationale avec auparavant AC/DC ou encore INXS mais Midnight Oil assume sans doute davantage son identité aussie. Le nom du groupe viendrait d’une expression idiomatique Burning the midnight oil « brûler l’huile de minuit » pour signifier celui qui travaille tard dans la nuit mais ce nom fait aussi référence à un titre de Jimi Hendrix, Burning of the Midnight Lamp. Fondé en 1972, le groupe s’est un temps, fait appeler The Farm. Le trio de musiciens originaire de Sydney se spécialise dans les reprises de grands groupes comme Led Zeppelin. En 1975, l’emblématique, Peter Garrett rejoint le groupe pour donner de sa voix au timbre si particulier. Le quatuor adopte en 1977, le nom actuel du groupe : treize albums studio vont ponctuer sa longue carrière. Entre le premier album intitulé Midnight Oil (1978) et le dernier Resist (2022), la formation a connu des changements, des évolutions, néanmoins les membres historiques n’ont pas changé, Jim Moginie (guitare), Martin Rotsey (guitare) et Rob Hirst (batterie) mais c’est le chanteur et leader, Peter Garrett qui par ses engagements militants a imprimé une identité forte au groupe. Si les quatre premiers albums séduisent surtout les Australiens de la côte Est, le 5ème album intitulé 10,9,8,7,6,5,4,3,2,1 (1982) est produit à Londres et s’inscrit dans un contexte particulier, d’un retour de la guerre froide. Il exprime ainsi un antimilitarisme déterminé et une critique claire contre le réarmement nucléaire de cette période.L’album suivant, Red Sails in the Sunset produit en 1984 affiche sur sa pochette une représentation de Sydney dévastée par une explosion nucléaire. L’engagement antimilitariste se poursuit clairement au moment où la guerre froide connaît ses dernières tensions.

                                                 Red Sails in the Sunset, 1984

Après 1986, l’engagement du groupe prend d’autres formes. En effet, il va donner une série de concerts dans le bush en compagnie du groupe aborigène The Warumpi Band. Cette rencontre les inspire pour composer The Dead Heart qui défend clairement la cause des Aborigènes. Cette chanson trouvera sa place dans la l’album de référence du groupe, Diesel and Dust (1987) et connaîtra un succès presque aussi grand que Beds are Burning. Le groupe acquiert une dimension internationale et les engagements antimilitaristes, pro-aborigènes se complètent dans une cause plus large, la défense de l’environnement.

Sortie en août 1987, la chanson Beds are burning va connaître un écho international par son double engagement : la défense des aborigènes en réclamant la restitution de leurs terres natales et la nécessité d’entamer une transition écologique en montrant l’impact des activités humaines sur l’environnement.  

Le premier paragraphe de la chanson évoque ainsi les premiers effets de l’activité humaine sur la nature australienne, la chaleur, les forêts et les fleuves en danger mais aussi les épaves des voitures de la marque australienne (Holden) qui polluent les paysages. Le refrain reprend l’idée de cette urgence, Comment pouvons-nous danser...comment dormons-nous quand nos lits brûlent ? Dans cette 2ème moitié des années 1980, la cause environnementale commence à interpeller les artistes, Sting rencontre pour la première fois en 1987, le chef Raoni Metuktire pour défendre la cause des indiens et de la forêt amazonienne. En cela, Midnight Oil, Sting et quelques autres rocks stars ont œuvré assez tôt pour la prise de conscience de la question environnementale.

Les paragraphes qui suivent abordent l’autre thématique de la chanson, la spoliation des biens des aborigènes.  Les paroles sont ici très explicites. Les terres leur appartiennent, il faut leur rendre et payer le loyer. Outre les spoliations de leur terre, les aborigènes ont subi des politiques discriminatoires honteuses. Jusqu’en 1967 par exemple, ils étaient considérés comme faisant partie de la faune et de la flore, un référendum, leur donne enfin la citoyenneté australienne de plein droit. Jusqu’en 1969, un programme social permettait d’éloigner les enfants métis de leur famille aborigène. Mais avec le début des années 70, la lutte pour les droits des aborigènes  s’intensifie encore. En 1976, l’Aboriginal Land Rights Act rétablit leur droit de propriété dans le Nord du pays, ce n’est bien sûr que le début. La chanson s’inscrit ainsi dans cette deuxième décennie de ce long combat afin de peser sur l’opinion publique des Australiens d’origine européenne. Les résultats, tout au moins juridiques semblent quelque peu avancer durant la décennie suivante : en effet, 1992, la Haute Cour Australienne (dans Mabo vs Queensland) rejette la fiction juridique de la  terra nullius (concept juridique d’une « terre inhabitée » qui permet la colonisation et l’appropriation des terres par les colons). Cette décision laisse alors la voie à des procès, des indemnités négociées pour rétablir en partie les droits des aborigènes. La chanson Beds are burning a ainsi rempli son rôle, de chanson engagée accompagnant les victoires, réparant autant que possible toutes ces injustices. A la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Sydney en 2000 (ceux dont l’athlète aborigène Cathy Freeman a été le symbole), Midnight Oil interprète la chanson vêtu de noir avec en blanc le mot Sorry pour répondre à la polémique autour du refus du Premier ministre de l’époque, John Howard de s’excuser auprès des Aborigènes pour les enlèvements d’enfants, appelés aussi la « Génération volée ».

                                                    Peter Garrett, ministre en 2013 / phoot de Stegan Postles

Peter Garrett a poursuivi son engagement dans l’écologie, encore et encore. Le réchauffement climatique, les énormes incendies de forêts lui donnent sans doute un peu raison. En décembre 2002, il quitte le groupe pour se consacrer à ses engagements politiques. Il rejoint deux ans plus tard, le Parti travailliste australien, élu dans la foulée, député. Entre 2007 et 2013, il devient successivement ministre de l’environnement puis ensuite, ministre de l’éducation..... Imaginez un peu cela en France, une rock star, rue de Grenelle ! Enfin, un ministre qui pourrait se targuer de s’y connaître en notes !

                                                                                                                                        Jean-Christophe Diedrich

Bibliographie/ sitographie

  • Barbara Glowczewski, Rêves en colère avec les Aborigènes australiens, Paris, Plon, .
  • https://fr.wikipedia.org/wiki/Peter_Garrett
  • https://fr.wikipedia.org/wiki/Terra_nullius
  • https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/very-good-trip/autour-d-ac-dc-une-breve-histoire-du-rock-n-roll-australien-1428046

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