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mercredi 22 août 2018

353. "Respect" ou comment transformer une chanson machiste en un hymne féministe.

Né dans une famille de métayer du Mississippi, le jeune révérend Clarence Lavaughn Franklin devient à force de ténacité et d'études un pasteur baptiste influent. Il gravit la hiérarchie symbolique de l'Eglise par la seule puissance de son verbe et ses sermons enflammés. Maître du tempo fracassant, volcanique, répétitif, le révérend fait partie de ces pasteurs qui pratiquent le whoop, cette envolée spectaculaire entre râle, chant et cri susceptible d'emporter l'audience jusqu'à l'extase. Pour prolonger la transe musicale et spirituelle, la New Bethel Baptist Church de Detroit où le pasteur officie, dispose de l'une des meilleures chorales gospel du pays.
Dans les années 1950, les enregistrements de ses sermons distribués par Chess records connaissent un succès considérable. (1) Dès lors, le révérend multiplie les tournées pastorales et sillonne les Etats-Unis à la tête d'un show impressionnant. Parmi les autres chanteurs gospels qui composent la troupe du pasteur, "une voix s'affirmait chaque semaine davantage parmi la multitudes des talents (...); celle d'Aretha, la fille du pasteur, dont le talent était si évident que nul ne s'étonnait de l'entendre chanter en solo à 14 ans devant la foule des fidèles de son père. (...) Au milieu de cette assemblée dont elle était la petite princesse. Ils la regardaient, ils l'écoutaient avec admiration lorsque sa voix s'élevait entre les murs de l'immense bâtisse, lorsqu'elle emplissait l'espace et immobilisait le temps d'un cantique, d'une supplique à Dieu chantée sous les encouragements des hommes et les cris des femmes." [P. Evil: p120]
Subjuguée enfant par les solistes invités par son paternel - Clara Ward, Dinah Washington, Mahalia Jackson ou Sam Cooke - la jeune fille a bénéficié d'une solide éducation musicale. Sa voix adolescente figure sur un enregistrement réalisé par Joe Von Battle en  1956. La future reine de la soul y chante quelques classiques du gospel comme Precious Lord, interprété avec une puissance charnelle et une maîtrise stupéfiante pour une artiste de son âge. 

 
By Atlantic Records (Billboard, page 9, 15 July 1967) [Public domain], via Wikimedia Commons



En 1960, le découvreur de talent John Hammond recrute la jeune femme pour Columbia Records. Sur son premier album, simplement intitulé Aretha, la jeune femme délaisse le gospel pour un répertoire profane, au grand dam des gardiens du temple. (2) "Les envolées imprévisibles de la voix de la chanteuse étaient, d'un bout à l'autre du disque, à couper le souffle." [Guralnick p385] Pour le compte du label new-yorkais, Aretha enregistrera au total neuf albums en six ans dans un répertoire trop souvent constitué de chansons pop médiocres ou de jazz stylisé. Les arrangements tape-à-l’œil choisis par les producteurs successifs ne permettent alors pas de sublimer cette voix sublime.
En 1966, la chanteuse débarque finalement chez Atlantic records et y trouve enfin les conditions propices à l'explosion de son talent. "J'ai voulu la ramener dans le giron de l'église, l'asseoir au piano et lui demander d'être elle-même", se souvient Jerry Wexler, le producteur en chef d'Atlantic. Sitôt le contrat signé, ce dernier emmène Aretha enregistrer aux studios Fame de Muscle Shoals. Le brio des musiciens du cru offre enfin l'écrin instrumental à la hauteur de cette voix d'exception. Dan Penn se souvient de leur première réaction: "Quand elle est arrivée, qu'elle s'est assise au piano et qu'elle a plaqué ce premier accord, ils avaient tous l'air d'abeilles se pressant autour de leur reine." [Guralnick p 388] La chanteuse grave I nerver loved a man (the way I love you), un titre merveilleux qui permet à la chanteuse de s'imposer enfin dans un registre qui lui correspond. Le succès est immédiat. Dès lors et pour sept années successives, les hits - devenus classiques - s'enchaînent: Since you've been gone, Chain of fools, Until you come back to me, Think... Aretha Franklin est désormais considérée comme la "Queen of Soul". A l'été 1968, la chanteuse fait la une de Time, une première pour une femme noire américaine. La couverture la présente comme la figure de proue radieuse de la soul, cette "musique forte, belle, jamais entendue", mais l'article, caricatural, déterre ses problèmes conjugaux et familiaux. (3)

By Atlantic Records / Columbia Records / Screen Gems (http://www.45cat.com/record/452441) [Public domain or Public domain], via Wikimedia Commons

* De la chanson machiste à l'hymne féministe et noir. 
Sur l'album I never loved a man figure une reprise du titre Respect composé et enregistré par Otis Redding en 1965. A cette date, Big O est devenu la superstar du label Stax. Sans cesse en tournée, le chanteur a l'impression que sa famille lui échappe et qu'il perd de son autorité de mari. Son batteur Al Jackson le rassure: "Tout ce que tu peux espérer chez toi, c'est un peu de respect." De cette discussion naît l'histoire de ce musicien qui rentre chez lui et réclame le respect dû - selon lui - au pater familias. "Tout ce que je te demande ma chérie / c'est un petit peu de respect quand je rentre à la maison." (4) La mélodie survitaminée et l'interprétation toute en puissance font oublier le texte machiste.
Le 14 février 1967, Aretha enregistre à New York sa version de Respect. Secondée brillamment par la section rythmique de Muscle Shoals, le saxophone de King Curtis, les chœurs assurés par ses soeurs Carolyn et Erma, la chanteuse délivre une déclaration d'indépendance soul à la puissance phénoménale. Mieux qu'une reprise, il s'agit bien d'une recréation. 
La chanteuse place les paroles de Redding dans la bouche d'une femme. A l'homme demandant du respect lorsqu'il rentre chez lui, elle exige le même respect. Ici, le changement de pronom change tout. Au "Tout ce que je demande c'est un peu de respect quand je rentre à la maison", elle substitue "Tout ce que je demande c'est un peu de respect quand tu rentres à la maison".
 Dans sa version de la chanson, Aretha semble répondre à Otis. "Tu peux me tromper, si tu veux / Tu peux me tromper, chérie, pendant que je suis parti" chante ce dernier, "Je ne te tromperai pas, pendant que tu seras parti / Je ne te tromperai pas, parce que je ne le veux pas", rétorque-t-elle. Quand Otis lance: "Hey, petite fille, tu es plus douce que le miel / Et je vais te donner tout mon argent / Tout ce que je veux en échange c'est un peu de respect quand je rentre à la maison ", Aretha répond du tac au tac: "je vais te donner tout mon argent / et tout ce que je veux en échange, chéri / c'est que tu me donnes ce que je mérite quand tu rentres à la maison."



La chanteuse ajoute également des paroles au texte d'Otis qu'elle truffe d'expressions issues du ghetto. A la fin du morceau par exemple, les chœurs répètent à l'envi "sock it to me". Dans le contexte du morceau cela peut signifier "donne moi du respect". Ensuite Aretha demande de "Take care T.C.B.!" (Taking Care of Business signifie en argot noir américain "prends les affaires en main"). Ces expressions à double sens confèrent également une impérieuse dimension sexuelle au titre. 
Le talent prodigieux d'Aretha réside autant dans ces paroles revisitées avec humour que dans la manière dont elle les chante. (5) Le refrain incantatoire ou sa façon d'épeler R-E-S-P-E-C-T laissent peu de place à la négociation. « (...) Sa version est si profonde et si remplie d’angoisse, de détermination, de ténacité et de toutes ces émotions contradictoires que c’en est devenu un hymne » note David Ritz, biographe de la Queen of soul.
Au total, la version d'Aretha Franklin subvertit le sens initial du morceau. (6) "La chanson en elle-même est passée d'une revendication de droits conjugaux à un vibrant appel à la liberté. Alors qu'Otis parle spécifiquement de questions domestiques, Aretha en appelle ni plus ni moins à la transcendance extatique de l'imagination", note Peter Guralnick. [source H: p 380]

* "Retha, Rap and Revolt"
Pour comprendre l'impact considérable du morceau, il faut le replacer dans son contexte. Alors que le magazine Ebony présente les mois chauds de l'année 1967 comme "l'été de Retha, Rap et de la Révolte" (7), le chant et les paroles de Respect font mouche. Le morceau se répand aussitôt dans les foyers de la culture noire des quartiers pauvres. "Cette chanson répondait aux besoins du pays, au besoin de l'homme et la femme de la rue, l'homme d'affaires, la mère de famille, le pompier, le professeur - tout le monde aspire au respect. La chanson a pris une signification monumentale. Elle est devenue l'incarnation du 'respect' que les femmes attendent des hommes et les hommes des femmes, le droit inhérent de tous les êtres humains", explique a posteriori la chanteuse dans son autobiographie.
"Lorsque Aretha réclame davantage de considération, tout le monde comprend qu'elle réclame l'égalité des droits non seulement pour les Afro-américains, mais aussi et peut-être, surtout pour la femme en cette période de montée du féminisme." [Danchin p 219]
Alors que le revenu moyen de la femme afro-américaine est trois fois inférieur à celui d'un homme blanc et deux fois inférieur à celui d'un homme noir, où une Afro-américaine sur trois élève seule ses enfants, où la femme noire a trois fois plus de risques de mourir en couches que ses concitoyennes, la chanson devient une puissante dénonciation des dérives machistes et misogynes, l'hymne d'une prise de conscience des problématiques du féminisme. 
En 1967, la lutte des Afro-américains pour l'obtention des droits civiques bat son plein. Si la ségrégation raciale est devenue illégale dans le Sud, cela n'empêche pas la persistance des violences racistes. (8) Les conditions d'existence sordides dans les grandes métropoles américaines provoquent d'ailleurs une série d'émeutes raciales d'une ampleur considérable au cours de l'été (le "Long Hot Summer"). L'attente de respect n'en est que plus forte. Dès la sortie du disque, les auditeurs noirs se reconnaissent dans cette voix prodigieuse dont l'influence culturelle devient considérable. "On entendait Aretha trois ou quatre fois par jour. On n'entendait Martin Luther King qu'au journal télévisé", se souvient l'humoriste Dick Gregory. [Delmas, Gancel: p182] Désormais, aux yeux de tous, Lady soul "incarne avec constance l'intransigeante dignité des femmes et des Afro-américains" et devient l'éminente représentante de la soul, terme qui "transcende progressivement sa signification musicale pour devenir synonyme de blackness (négritude) et de fierté des Noirs." (Delmas, Gancel: p181)

Aretha Franklin. By Jerry Schatzberg/CORBIS. (CC. BY 2.0)


Respect (version Otis Redding). 1965
What you want, honey, you got it                       Ce que tu veux, chérie, tu l'as
And what you nedd, baby, you've got it             Et ce dont tu as besoin, chérie, tu l'as
All I'm asking, is for a little respect                    Tout ce que je demande c'est un peu de respect
When I come home, hey now                              Quand je rentre à la maison, hey maintenant

Do me wrong, honey, if you wanna to               Tu peux me tromper, chéri, si tu veux
You can do me wrong, honey,                             Tu peux me tromper, chéri
 while I'm gone                                                       Pendant que je suis parti
But all I'm asking                                                   Mais tout ce que je demande en échange
Is for a little respect when I come home,          C'est un peu de respect quand je rentre
Oh, yeah now                                                         Oh, oui maintenant
Hey hey hey, yeah now                                        Hey hey hey, oui maintenant


Hey hey hey, yeah now                                         Hey hey hey, oui, maintenant
Hey little girl, you're so sweeter than honey    Hey petite fille, tu es plus douce que le miel
And I'm about to give you all of my money      Et je suis sur le point de te donner tout 
                                                                                   mon argent
All I'm asking hey, is a little respect                  Tout ce que je demande c'est un peu de respect
When I come home, hey hey                              Quand je rentre à la maison, hey maintenant
Hey hey hey, yeah, now                                      Hey hey hey oui, maintenant

...
Respect is what I want from you                      Du respect, c'est ce que j'exige de toi
Respect…                                                                Du respect...


__________________________________________

Respect (version Aretha Franklin). 1967
What you want Baby, I got it                            Ce que tu veux baby, je l'ai
What you need cause you know I got it         Et aussi ce dont tu as besoin car tu sais que je l'ai
All I'm askin' is for a little respect                  Tout ce que je demande c'est un peu de respect
When you get home (just a little bit)             Quand tu rentres à la maison (juste un petit peu)
Hey baby (just a little bit) when you             Hey baby (juste un petit peu) quand tu
get home                                                             rentres à la maison
(just a little bit) mister (just a little bit)       (juste un petit peu) monsieur (juste un petit peu)

I ain't gonna do you wrong while                 Je ne te tromperai pas pendant
you're gone                                                       tu seras parti
Ain't gonna do you wrong 'cause                 Je ne te tromperai pas parce

 I don't wanna                                                  que je ne le veux pas
All I'm askin' is for a little respect               
Tout ce que je demande c'est un peu de respect
when you come home (just a little bit)        Quand tu rentres à la maison (juste un petit peu)
Baby (just a little bit)                                      Chéri (juste un petit peu)

when you get home (just a little bit)           Quand tu rentres (juste un petit peu)
Yeah (just a little bit)                                     Ouais (juste un petit peu)

I'm about to give you all of my money         je suis sur le point de te donner tout mon argent
And all I'm askin' in return, honey               Et tout ce que je demande en retour, chéri
Is to give me my propers                                C'est que tu me donnes ce que je mérite
When you get home (just a 4x)                     Quand tu rentres (juste un 4x)
Yeah baby (just a 4x)                                      Ouais chéri (juste un 4x)
When you get home (just a little bit)           Quand tu rentres (juste un petit peu)
Yeah (just a little bit)                                      Ouais (juste un petit peu)

pont instrumental

Ooo, your kisses  sweeter than honey        Oh, tes baisers sont plus doux que le miel
And guess what? So is my money               Et devine quoi? Mon argent aussi

All I want you to do for me                           Alors tout ce que je veux que tu fasses pour moi
Is give it to me                                                 C'est de me le donner

when you get home (re, re, re, re)               Quand tu rentres à la maison (re, re, re ,re)
Yeah baby (re, re, re ,re)                               Ouais chéri (re, re, re, re)
Whip it to me (respect, just a little bit)     Rends le moi (respect, juste un petit peu)
When you get home, now                            Quand tu rentres à la maison

(just a little bit)                                             (Juste un petit peu)

R-E-S-P-E-C-T                                              R-E-S-P-E-C-T
Find out what it means to me                    Trouves ce que cela signifie pour moi
R-E-S-P-E-C-T                                             
R-E-S-P-E-C-T 
Take care, TCB                                              Prends soin, maîtrise la situation


Oh (sock it to me 4x)                                  Oh (montre moi ce que tu sais faire 4x)
A little respect (sock it to me 4x)             Un peu de respect
(montre moi ce que tu sais faire) Whoa, babe (just a little bit)                     Whaou, chéri (juste un petit peu)
A little respect (just a little bit)                Un peu de respect (juste un petit peu)
I get tired (just a little bit)                        J'en ai assez (juste un petit peu)
Keep on tryin' (just a little bit)                Essaie encore (juste un petit peu)
You're runnin' out of foolin'                    Tu cours en faisant l'imbécile

(just a little bit)                                           (juste un petit peu)
And I ain't lyin' (just a little bit)             Et je ne mens pas (juste un petit peu)
(re, re, re, re) 'spect                                   Du (re, re, re, re) respect
When you come home (re, re, re ,re)     Quand tu rentres (re, re, re, re)
Or you might walk in                                Ou tu pourrais courir les rues

 (respect, just a little bit)                         (respect, juste un petit peu)
And find out I'm gone                              Et découvrir que je suis partie

(just a little bit)                                         (juste un petit peu)
I got to have (just a little bit)                   Je dois avoir (juste un petit peu)
A little respect (just a little bit)              Un peu de respect (juste un petit peu)


Notes:
1. Il fréquente les stars, enchaîne les tournées qui le conduisent loin de chez lui et de sa famille. Lassée de ses infidélités, sa femme Barbara Siggers, quitte le foyer alors qu'Aretha n'a que 6 ans.
2. Chez les Franklin, "la musique profane n'a jamais été interdite, et les aspirations commerciales n'étaient pas non plus découragées. (...) Au milieu des années cinquante, les sermons de Clarence Franklin en font une star de Chess sur le marché gospel."
3. La perte d'amis chers (Sam Cooke, Dina Washington, King Curtis), un divorce très difficile avec Ted White, des hospitalisations pour "surmenage", des accouchements précoces (14 ans pour son fils Clarence, 17 pour Edward). Le reportage contribuait à "la stigmatiser comme une 'victime' et une femme battue, ce qui renforça à jamais sa crainte quasi-inébranlable des interviews et de la publicité." [Guralnick: p 394]
4. Johnny Hallyday en donne une version franchouillarde en 1966.
5. Aretha Franklin définit ainsi la soul music: "Pour moi, la soul, c'est une sensation, beaucoup de profondeur et la capacité de ramener à la surface ce qui se passe à l'intérieur, de donner une image claire. La chanson n'a pas d'importance... C'est seulement l'émotion, la façon dont elle touche d'autres personnes."
6. "Lui [Otis] se rend compte de combien on peut donner du sens aux mots. Il voit bien que la chanson marche mieux, qu'elle a plus de sens portée par Aretha, et ce n'est pas juste l'arrangement très réussi par Aretha et ses musiciens, c'est aussi le sens qui est projeté par le public sur la chanson", note avec justesse Frédéric Adrian. (source B) "J'ai perdu ma chanson, cette fille me l'a prise" concédera Redding. En 1967, alors qu'il s'apprête à interpréter Respect au festival de Monterey, il lance goguenard: « La prochaine chanson est une chanson qu’une fille a emmenée loin de moi. Une bonne amie, cette fille, elle m’a juste pris la chanson. Mais je vais quand même la jouer. »
Dror précise d'ailleurs que "finalement il copie la version d’Aretha dans une émission à la télévision la veille sa mort (émission Upbeat de Don Webster, Cleveland, 9 décembre 1967).
7. Retha pour Aretha. Revolt pour les émeutes qui ravagent Detroit le 23 juillet. Rap pour le Black Panther H. Rap Brown. 
8. Dans les années 1950, alors qu'elle accompagnait son père dans ses tournées pastorales, Aretha avait pu mesurer l'ampleur du racisme qui sévissait alors dans le pays. Aussi célèbres et riche soit-il, Clarence Franklin - et sa troupe - ne pouvait manger dans les restaurants réservés aux Blancs ou dormir dans les hôtels ségrégués.
 
Sources: 
Source A. Pierre Evil:"Detroit sampler", Ollendorff & Desseins, 2014. 
Source B. "Respect: il y a cinquante ans, Aretha Franklin en faisait un hymne féministe."
Source C. "Comment Aretha Franklin a transformé Respect d'Otis Redding en un manifeste féministe et politique", in Le Monde du 16/8/2018. 
Source D. Dorian Lynskey: "33 révolutions par minute" (vol. 1), éditions Payot et Rivages, 2012.
Source E. Gerri Hirshey: "Nowhere to run. Étoiles de la soul music et du rythm and blues", éditions Payot et Rivages, 2013.
Source F. Comparaison des deux versions de Respect et la traduction de l'interview pour Time Magazine en juin 1968 par Dror. 
Source G. Yves Delmas, Charles Gancel: "Protest song. La chanson contestataire dans l'Amérique des sixties", Textuel, 2005. 
Source H. Peter Guralnick: "Sweet soul music", éditions Allia, 2003.


Liens:
- "I never loved a man the wai I love you", le premier disque pour Atlantic, est un chef d'oeuvre absolu. "Aretha ne s'éloignait pas vraiment de la norme, mais son génie, précisément, redéfinissait cette norme. Son succès balaya tout sur son passage (...); les anciens critères d'excellence furent tous brusquement revus à la hausse face à un talent aussi unique. L'inspiration dont tmoignait l'art d'Aretha renvoyait tous les autres artistes au statut de nains. Rien n'est perdu aujourd'hui du frisson qui vous parcourait l'échine quand (...) vous vous empariez de ce premier album pour Atlantic (...). [...] C'est une musique qui vous saute au visage, qui réclame votre attention, un instant artistique éternellement jeune, éternellement frais", écrit Peter Guralnick dans son indispensable "Sweet soul music". [source H p394-395]
- "My song" / "Ain't no way" / "Rough lover" / "The weight" / "One step ahead" / "Until you come back to me" / "You'll lose a good thing" / "Chain of fools" / "I'm trying to overcome"
- Un peu de Sweet soul music sur l'histgeobox: "Dancing in the Streets", "Quand la northern soul galvanisait la jeunesse anglaise", "A Muscle Shoals, seul le groove comptait,  "Respect yourself". 
- NPR: "Respect wasn't a feminist anthem until Aretha Franklin made it one"

Bonus: 
En 1980, dans une brève scène du film The Blues Brothers, Aretha joue la propriétaire d'un restaurant soul food de Chicago. Au moment où les Blues Brothers essayent d'enrôler son guitariste d'amant en le convaincant d'abandonner sa spatule et de rejoindre le groupe, Aretha et ses "filles" - jouant les clientes - leur tiennent tête avec une version intense de "Think", son tube de 1968. Dans ce qui constitue sans doute la meilleure séquence du film, "Aretha arpente le sol carrelé et cendreux avec des mules blanches, menace du doigt, fait claquer son tablier et agite les bras. Gainée dans un collant rose de circonstance, elle est un concentré explosif de la femme bafouée et blessée." (Source E p299)

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