London's burning
Londres est en flammes
London's burning
Londres est en flammes
All across the town,
all across the night
A travers la ville, à
travers la nuit
Everybody's driving
with full headlights
Tout le monde roule
tous phares allumés
Black or white, you
turn it on, you face the new religion
Blanc ou noir, tu
l’allumes, tu regardes la nouvelle religion
Everybody's sitting
'round watching television
Tout le monde
s’installe pour regarder la télévision
London's burning with
boredom now
Londres
se consume dans l'ennui maintenant
London's burning dial
nine-nine-nine-nine-nine
Londres est en feu,
appelez les secours
London's burning with
boredom now
Londres
se consume dans l'ennui maintenant
London's burning dial
nine-nine-nine-nine-nine
Londres est en feu,
appelez les secours
I'm up and down the
Westway, in and out the lights
Je me déplace sur la
Westway, de l’ombre à la lumière
What a great traffic
system, it's so bright
Quel beau système de
transport, c’est si brillant
I can't think of a
better way to spend the night
Je ne peux rien
trouver de mieux pour passer la nuit
Than speeding around
underneath the yellow lights
Que d’accélérer sous
les lumières jaunes
London's burning with
boredom now
Londres
se consume dans l'ennui maintenant
London's burning dial
nine-nine-nine-nine-nine
Londres est en feu,
appelez les secours
London's burning with
boredom now
Londres
se consume dans l'ennui maintenant
London's burning dial
nine-nine-nine-nine-nine
Londres est en feu,
appelez les secours
Now I'm in the subway
and I'm looking for the flat
Je suis désormais dans
le métro, je regarde le paysage
This one leads to this
block, this one leads to that
Ici il me mène à
ce bloc, là il me conduit à ça
The wind howls through
the empty blocks looking for a home
Le vent hurle entre
les blocs à la recherche d’une maison
I run through the
empty stone because I'm all alone
Je cours entre les
pierres vides car je suis tout seul
London's burning with
boredom now
Londres
se consume dans l'ennui maintenant
London's burning dial
nine-nine-nine-nine-nine
Londres est en feu,
appelez les secours
London's burning with
boredom now
Londres
se consume dans l'ennui maintenant
London's burning dial
nine-nine-nine-nine-nine
Londres est en feu,
appelez les secours
1977, la jeunesse londonienne s’ennuie.
La société de consommation qui, sans qu’elle l’ait vraiment choisi,constitue
son horizon, ne lui offre que deux échappatoires : l’abrutissante télévision et
la vrombissante automobile. Alors, les jeunes punks de Ladbroke Grove prennent
le volant pour dévaler un bout de la grande autoroute urbaine qui balafre le
nord-ouest de la ville du cynodrome de White City à la gare de
Paddington - la Westway ou A40 - pour s’étourdir et frissonner en faisant
grimper le compteur de vitesse. Peu importe où l’on va d’un bloc à l’autre
c’est le même No future qui donne envie de courir à toutes jambes et d’appeler au feu : London’s
burning chantent Joe Strummer et les Clash. Londres, proie des flammes, une
histoire qui se répète à travers les siècles.
Les enfants anglais connaissent une
ritournelle qu’ils chantent à l’école en se tenant par la main pour former une
ronde. London’s
Burning. En tournant, on entonne : London’s
burning London’s burning, Fetch The engine, Fetch the engine, Fire ! Fire !
Pour on Water, Pour on Water[1]
Londres est née d’un fleuve, la Tamise.
Puis, elle est née une seconde fois, du feu. Enserrée dans son enceinte
romaine, la ville médiévale s’est densifiée jusqu’au XVIIè siècle.
Les maisons de bois y poussent comme des champignons. Il faut loger le demi
million d’habitants qui s’y entasse. Alors, on construit, au delà du mur. Les
faubourgs s’étendent à l’est (Wapping, Stepney) tandis qu’à l’intérieur, on
gagne en hauteur. Les maisons s’élèvent sur plusieurs niveaux grâce aux
encorbellements, elles se touchent presque les unes les autres parfois. Même le
pont de Londres, selon une habitude courante, est recouvert de maisons. La
ville s’étend alors essentiellement au nord de la Tamise. Le London Bridge est
l’unique liaison vers Southwark,
au sud, nettement moins urbanisé. La croissance démographique de la ville en a
fait oublier les règles élémentaires de sécurité : prévoir des zones de
dégagement non construites pour faire office de coupe-feu.
Steelyard le quartier des marchands hanséatiques aujourd'hui vers Cannon Street station |
L'ancienne cathédrale Saint Paul |
En 1665, les londoniens ont déjà
affronté la terrible épidémie de peste qui emporte un vingtième de la
population et provoque l’exil de la famille royale jusqu’à l’hiver suivant.
Pour tous, le répit est de courte durée. Le 2 septembre 1666, sur Pudding Lane,
un incendie se déclare dans la boulangerie de Thomas Farynor peu après minuit.
Le vent l’attise et il se répand à travers la ville en direction du fleuve. Le
maire, dépêché sur place, se montre totalement incompétent. Les flammes
s’approchent dangereusement des berges où se concentrent les entrepôts des
marchands remplis de produits inflammables. C’est finalement un coupe-feu sur
le London Bridge qui stoppe opportunément la progression du gigantesque
incendie vers le quartier de Southwark. Sur la rive nord, il a emporté quelques
13 000 maisons, plus de 80 églises dont la vieille cathédrale Saint Paul et
bien d’autres bâtiments qui font la renommée de la ville : le royal exchange,
la prison de Newgate, le Christ’s Hospital[2]. London was but is no more écrit J. Evelyn dans
son journal ; il est avec Samuel Pepys, une des principales sources pour
connaitre la progression du feu qui s’arrête le 5 septembre 1666.
London’s
Burning dans nos mémoires d’européen.ne.s fait
surgir d’autres images que celles du Grand Incendie. La cathédrale Saint Paul y
tient encore une place centrale des siècles plus tard. Cernée par les flammes,
elle disparait sous une épaisse fumée qui ne laisse entrevoir que son
gigantesque dôme. Nous sommes à l’automne 1940 quand Londres brûle à
nouveau.
La ville s’est transformée et agrandie
depuis les temps modernes. Epargnée lors du premier conflit mondial, elle se
prépare depuis le déclenchement du second en septembre 1939 à l’éventualité d’une attaque
allemande. Londres se protège et les sacs de sable s’entassent devant les
monuments publics jusqu’à l’été 1940, date à laquelle la Luftwaffe de H. Goering
décide d’en découdre avec la R.A.F. Le 7 septembre, soit à quelques jours près
la date anniversaire de la fin du Grand Incendie de 1666, les bombardiers nazis
déversent leurs projectiles sur les grandes villes britanniques. La capitale
n’est pas épargnée, elle en est même une des cibles privilégiées.
Au matin du 30 décembre 1940, après une
nuit entière de bombardements la ville se réveille scarifiée. La City, autour
de la cathédrale Saint Paul, est devastée au point qu’on compare souvent cette
nuit de bombardements intensifs de la Luftwaffe au désastre de 1666. Ce second
grand incendie de Londres a également ses chroniqueurs parmi lesquels le doyen
de la cathédrale qui tient un journal durant le blitz. Voici ce qu’il dit de
cette nuit infernale :
“In half an hour fires were raging on every side of the
Cathedral, but we had no leisure to contemplate the magnificent though terrible
spectacle for many bombs had fallen simultaneously on different parts of the Cathedral
roofs. Watchers on the roof of the Daily Telegraph building in Fleet Street,
who had a full view of St. Paul’s from the west thought that the Cathedral was
doomed and told us later that a veritable cascade of bombs was seen to hit and
glance off the Dome. Some of these bombs fell on the long stretches of the Nave
and Choir roofs and some into what are known as pocket roofs, i.e. the lower
roofs over the aisles; others landed in the Cathedral gardens producing a
fairly like effect amongst the trees and shrubs on the north and south sides.
Twenty eight incendiary bombs fell on St. Paul’s and its precincts that night.
Some of the bombs penetrated the roofs and came to rest on the brick or
hardwood floors over the vaulting, but some lodged in the roof timbers and
started fires. It may be imagined that the volume of the attack and its
dispersal over the wide area of the roofs presented a hard problem for the
defence”.[3]
« En
une demie heure de temps, les flammes ravageaient la cathédrale de tous côtés
mais nous n’avions guère le loisir de contempler ce spectacle car de nombreuses
bombes étaient tombées simultanément sur les toits de la cathédrale. Des
observateurs juchés sur le toit de l’immeuble du Daily Telegrah sur Fleet
Street et qui avaient une vue imprenable sur la cathédrale nous ont dit plus
tard avoir pensé que celle-ci était condamnée et avoir vu une véritable cascade
de bombes s’abattre et glisser sur son dôme. Certaines d’entre elles tombèrent
dans le long des toits de la nef et du chœur que l’on appelle aussi les toits
de poche ainsi que sur les toits des ailes de l’édifice situées en contrebas.
D’autres atterrirent dans les jardins de la cathédrale (…). 28 bombes
incendiaires s’abattirent sur Saint Paul et sa circonscription cette nuit là.
(…) »
L'incendie du 29 au 30 décembre 1940 @alondoninheritance.com |
Les quelques 24 000 bombes incendiaires
déversées sur la zone nécessitent de mobiliser des centaines de canons à eau
pour éteindre les flammes. Ils pompent tant et tant que la pression diminue et
qu’il est alors extrêmement difficile de venir à bout de l’incendie. La marée
montante de la Tamise leur octroie un regain de pression, de quoi lutter. Le
raid s’arrête le 30 décembre au matin, vers 9 heures, laissant le quartier
exsangue mais le dôme de Wren[4],
lui, est intact. Jamais les nazis ne viendront à bout de la résistance des
civils britanniques, debouts dans l’adversité, comme leur cathédrale.
Autour de Saint Paul le 30/12/1940 @alondoninheritance.com |
London’s burning.
Nouvelles saisons. Londres brûle encore et encore dans le second XXè siècle.
Une partie de sa population s’enflamme sporadiquement. Les causes ? Les
violences policières et le racisme dont elle est victime. Leurs cibles ? Les
populations d’origine caribéennes regroupées dans quelques quartiers de la
ville.
Meeting public de la White Defense League |
Brixton riot 1981 |
Tottenham, immeuble en feu, 2011 |
Juin 2017. Londres est à nouveau en
flammes. L’incendie dramatique a cette fois-ci dévasté une des tours HLM située
au nord de Notting Hill connue sous le nom de Grenfell Tower à quelques
encablures de la Westway. L’incendie s’est déclaré dans la nuit du 14 au 15 juin vers
une heure du matin au 4ème étage de la tour qui en compte plus de vingt et
s’élève à presque 70 mètres de hauteur. C’est en tous cas aux alentours de
cette heure que les pompiers sont alertés. Le feu s’étend rapidement et
enveloppe l’immeuble. Dès le lendemain six personnes sont annoncées comme
disparues et vraisemblablement décédées. Plus de 70 personnes sont déjà
hospitalisées,, de nombreuses dans un état critique. Dans la journée du 15 juin,
le bilan grimpe rapidement à 12 puis 17 morts. Le lendemain il s’alourdit
encore à 24 puis 27 victimes. Ce 18 juin, le décompte morbide devient
vertigineux approchant la soixantaine de victimes.
Grenoble tower la nuit de l'incendie |
Les manifestations spontanées du 17 juin 2017 contre T. May |
L’incendie est éteint mais Londres brûle toujours. Les trombes d’eau et la boue de l’ouragan Katrina ont sali à jamais le
mandature de G. Bush et anéantit sa popularité. L’incendie de Grenfell Tower oeuvre
de la même façon pour T. May d’autant plus que résonne dans les têtes de tous
les londoniens le slogan du Labour pour les récentes élections générales For the many Not The few,
qui illustre parfaitement l’absence de morale dans cette tragédie évitable. Un Labour dont le maire de Londres est
issu et dont le leader, J. Corbyn s’est rendu sur les lieux du drame dans les
heures qui ont suivi l’incendie fort de sa nouvelle légitimité post électorale.
Il est des carrières politiques qui volent en fumée, nul ne sait si T. May va pouvoir s'extraire de l'incendie qu'elle a elle même attisé.
Il est des carrières politiques qui volent en fumée, nul ne sait si T. May va pouvoir s'extraire de l'incendie qu'elle a elle même attisé.
[1] Londres est en flammes,
Londres est en flammes, amenez les machines, amenez les machines, au feu, au
feu, mettez de l’eau, mettez de l’eau.
[2] M. Green, Lost in the great fire : which London buildings
disappeared in the 1666 blaze ?, The Guardian, 30 aout 2016, https://www.theguardian.com/cities/2016/aug/30/great-fire-of-london-1666-350th-anniversary-which-buildings-disappeared
[3] La transcription complète
de l’épisode est disponible ici en ligne à cette adresse qui offre des
archives intéressantes sur la nuit en question : http://alondoninheritance.com/thebombedcity/the-second-great-fire-of-london-29th-december-1940/
[4] Christopher Wren,
architecte, a joué un rôle déterminant dans la renaissance de Londres après
1666.
[5] Outre ses accointances avec
les milices orangistes d’Irlande du Nord, cette bucolique et sympathique
formation politique se distingue aussi par ses positions anti LGBT et
anti-avortement.