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mercredi 17 juillet 2024

Le requin : une évocation musicale.

Nous nourrissons des sentiments mitigés à l'égard des requins. La perception du grand public est marquée par la peur. A l'évocation de son nom, notre imaginaire convoque d'abord une rangée de dents affûtées, un aileron, une musique anxiogène, autant de représentations dont nous peinons à nous départir. Or, ce délit de sale gueule a été aggravé par l'évocation des squales par la culture pop, en particulier dans son versant musical.   

User:Zac Wolf (original), en:User:Stefan (cropping), CC BY-SA 2.5, via Wikimedia Commons
 

Présents sur notre planète depuis 450 millions d'années, donc bien avant les dinosaures, les requins colonisent tous les habitats marins : des régions polaires aux tropiques, des récifs coraliens aux profondeurs océaniques. Plus de 500 espèces de requins ont été répertoriées. Parmi elles, quatre seulement s'en prennent à l'homme, et encore de manière généralement accidentelle : le tigre, le bouledogue et le requin blanc. Derrière le terme générique de requin se cache en fait une très grande diversité. Le plus petit requin connu, le requin lanterne ou sagre elfe mesure moins de 20 cm, quand le plus gros, le requin-baleine, peut atteindre 18 mètres. Le squelette des requins se compose de cartilages, sans arêtes, ce qui les rend légers et souples. Dotés d'une grande capacité d'adaptation, ils ont, jusqu'ici, résisté à tous les bouleversements environnementaux et aux cinq premières extinctions de masse.  La plupart des requins sont carnivores, mangeant des poissons vivants ou morts. En privilégiant les individus les plus faibles ou malades, ils jouent un rôle de régulateur des océans. En tant que super prédateurs au sommet de la chaîne alimentaire, ils permettent de réguler les populations des petits poissons qui, sans eux, proliféreraient, au risque de dérégler les écosystèmes marins. En outre, leur digestion, lente, fait qu'ils mangent assez peu. Familier de tous, le requin reste pourtant largement méconnu, car il est difficile à approcher. 


Dans la seconde moitié du XXème, la littoralisation des hommes et des activités, ainsi que l'exploration grandissante des fonds marins, font qu'un public de plus en plus large "découvre" les requins, par l'entremise notamment de reportages ou de films tels que Le monde du silence. L'animal requin  fascine et répugne à la fois.

Comme d'autres animaux - le rat, le corbeau -, le requin souffre de nombreux préjugés. La squalophobie, longtemps triomphante, tient largement à la méconnaissance et repose sur des peurs, des préjugés, de fausses représentations ancrées dans notre imaginaire collectif et alimentée par une offre culturelle qui aime à faire du requin un mangeur d'homme. (1) Le cinéma populaire contribue à entretenir la psychose d'un requin qui hante nos imaginaires. En 1975, Steven Spielberg réalise son deuxième long métrage intitulé les "Dents de la mer". Depuis lors on ne peut s'empêcher de s'y référer lorsqu'on évoque les requins ou d'entendre dans notre tête la musique de John Williams. Pendant toute la première partie du film, deux notes jouées et répétées à l'envi parviennent à susciter l'angoisse. Un véritable coup de génie. Le spectateur se raidit sur son siège dès que retentit le Mi-Fa insidieux, incarnation sonore terrifiante du requin qui n'apparait pas à l'image. Réveillant une peur primale, la fiction devient pour certains une réalité et le requin un monstre.

 

Le prodigieux succès remporté par le film de Spielberg accrédite l'idée que le grand requin blanc est une machine à tuer, une contre-vérité qui devient axiome. Les paroles de "Monsieur requin" enregistré en 1976 par Marcel Zanini témoignent de l'angoisse sucitée par le film. "Depuis ce film je l'avoue, je vois des squales partout." Incontestablement, le titre à sa place dans Bide et musique.

La fructueuse relation entre les requins et le cinéma débute à partir des années 1970 avec le classique de Spielberg. (2) Le film engendre des suites, des copies, des parodies. Les requins sont partout, jusqu'à ce que la lassitude fasse disparaître un temps les squales des grands écrans. Pourtant, à l'aube des années 2000, l'intérêt pour les films de requins reprend de plus bel ("Peur bleue", "Open water", "Bait", "The reef", "Instinct de survie", "USS Indianapolis" (3), "En eaux troubles"), au point que la série télévisée Shark attack initie même une véritable sharksploitation. Ces films se caractérisent généralement par l'indigence des scenarii, des effets spéciaux approximatifs, des requins improbables, croisés avec des pieuvres, des dinosaures, des fantômes, voire des requins volants dans Sharknado. (4) La musique des Dents de la mer fait également des émules. Ainsi, le thème horrifique composé par John Williams sera samplé des dizaines de fois, pour des résultats parfois très étonnants. Avec "Mr Jaws", le producteur Dickie Goodman  parodie les Dents de la mer, proposant une interview exclusive du grand requin blanc, ponctuée d'échantillons d'anciens succès musicaux. Autre exemple avec "El tiburon" des artistes reggaeton portoricains Alexis y Fido. Les paroles évoquent un groupe d'hommes vantant leur capacité à attirer les femmes dans leurs lits. "Laisse le requin m'emmener" scandent les conquêtes féminines que ces charos consomment comme le squale ses proies. 


Selon une étude américaine publiée en 2016, une des causes les plus insidieuses de la peur du squale "pourrait résider dans… la musique qui accompagne les images de requins, notamment dans les documentaires, qui constituent pour le grand public une des premières sources d’informations sur la vie de ces animaux." (source E) Un exemple avec "le massacre des requins", un titre composé par Yves Baudrier pour la bande originale du Monde du silence de Louis Malle. 

Répétons-le, encore et encore, la chair humaine répugne aux requins, qui ne considèrent pas les plongeurs comme des proies. (5) Loin du tueur d'homme insatiable, et sans vouloir minimiser ici le traumatisme que constitue une attaque de squale, le requin fait figure de "petit joueur" si on compare les décès liés à ses attaques aux morts provoquées par les chutes de noix de coco ou par les piqûres de moustiques. Bien sûr, l'assaut d'un squale entraîne un décès quasi-immédiat et brutal, bien plus spectaculaire que la mort, indirecte et retardée, provoquée par une piqûre. La dimension spectaculaire des blessures infligées par une attaque de requin (membres arrachés, hémorragies importantes, etc.) contribue encore au choc émotionnel, laissant à chaque fois aux témoins des images bouleversantes. 

Amaury Chabauty : "Première attaque de requin"

Le requin est considéré depuis des siècles comme le vilain de l'histoire. Aussi, son nom est-t-il très négativement connoté dans la langue française. Au figuré, le mot requin définit une personne cupide et impitoyable en affaires. Ainsi, Stupeflip intitule une de ses chansons "sharkattack, soit "attaque de requin", une référence aux hommes d'affaires qui dirigent de manière impitoyable les maisons de disques, soucieux de rentabilité, non de musique, et prêts à attaquer leurs artistes quand il ne sont plus suffisamment rentables. Sur le même registre, "Sharks" d'Imagine Dragons témoigne du fait qu'il faut toujours rester sur le qui vive, ne pas baisser la garde, car il y a des requins partout. "Tu es incontournable, puis plus / Tu es une lueur dans le noir / Attends juste et tu verras que tu nages avec des requins."


Dans le domaine musical, le musicien de studio interprète et enregistre dans l'ombre des artistes du moment. Certains couraient le cachet, ce qui les fit considérer comme de véritables mercenaires, insatiables et leur valut l'appelation péjorative de "requins de studio". C’est un «tueur», nulle part plus à l’aise que derrière la vitre de l’aquarium qu’est le studio, d’où il tire son surnom de «requin». Comme le squale, le requin de studio est capable de s'adapter, de tout jouer, mais, comme le grand prédateur marin victime de la surpêche et de techniques toujours plus sophistiquées, le musicien est rudement concurrencé par l'avènement du home studio. L'importance musicale de ces requins ne doit pas être dévaluée, comme le prouve le mythique break de batterie sur Billie Jean, imaginé par le discret Ndugu Chancler.


Depuis des années, les biologistes s’alarment du déclin rapide des populations de requins – dont plusieurs espèces sont menacées d’extinction –, mais il faut bien reconnaître qu’on ne se bouscule pas au portillon pour protéger des animaux considérés depuis des siècles, en Occident, comme des créatures cruelles et sournoises. Sans surprise, l'évocation du requin dans la chanson le présente presque toujours sous un mauvais jour. L'Opéra de quatre sous, le drame anticapitaliste composé par Bertold Brecht et Kurt Weill en 1928, s'ouvre sur une complainte comparant Mackie-le-Surineur à un requin. Le morceau devient un classique jazz ou pop sous le titre de "Mack the Knife". Dans sa version française, il s'agit de "la complainte de Mackie", interprétée, entre autres, par Catherine Sauvage. "Le requin, lui, il a des dents, / Mais Mackie a un couteau : /Le requin montre ses dents, / Mackie cache son couteau." "Le sang coule des mâchoires / Au repas du grand requin / Mains gantées et nappe blanche / M’sieur Mackie croque son prochain… / Les dents longues, redoutables / Le requin tue sans merci… "

En 1980, Splitz End enregistre "Shark attack". Ici, le squale prend les traits de la petite amie qui vient de vous larguer. "Eh bien, elle m'a mâché et elle m'a recraché / Je ne voulais pas rencontrer un mangeur d'hommes / Attaque de requin!"

France Gall interprète "Bébé requin", une chanson de Joe Dassin, une mise à mort déguisée en chanson d'amour. La fille a ici le pouvoir. Elle entraîne le garçon dans ses filets, va le chercher, avant de le dévorer. "Je suis un bébé requin / Au ventre blanc, aux dents  nacrées / Dans les eaux chaudes / Je t'entraînerai / Et sans que tu le saches / Avec amour, avec douceur / Moi, joli bébé requin / Je vais te dévorer le cœur"

En 1994, Morphine enregistre "Sharks patrol these waters". Là encore, l'animal est à l'attaque. "Les requins patrouillent dans ces eaux / Ne laissez pas vos doigts pendre dans l'eau / Et ne t'inquiète pas du gilet de sauvetage / Il ne te sauvera pas / Nagez vers les rives aussi vite que vous le pouvez, nagez !"


Le requin, "Tiburon" en espagnol, chanté par Ruben Blades et Willie Colon personnifie l’impérialisme états-unien à l'assaut du continent américain. “Si lo ves que viene, palo al tiburón, En la unión está la fuerza, y nuestra salvación” Les salseros chantent :"si vous le voyez approcher, abattez ce requin; c’est dans l’unité que nous trouverons notre force et notre salut."

Dans "Shark in the water", VV Brown doute de la fidélité de son petit copain. Il y a un loup quelque part... ou plutôt un requin. "Chéri, il y a un requin dans l'eau / Il y a quelque chose sous mon lit / Oh, crois-moi s'il te plaît / Je te dis qu'il y a un requin dans l'eau".

Extinction

Les populations de requins océaniques ont diminué de 70% dans les cinquante dernières années. Parmi les 536 espèces de requins répertoriées, deux tiers sont menacées. Les humains éliminent leur nourriture, détruisent leur environnement et se montrent, au bout du compte, plus dangereux pour les requins que l'inverse. L'exploitation industrielle des mers du globe fait que le squale est devenu la proie. Ses ailerons, qui n'ont aucun goût, sont très appréciés sur le marché chinois car ils donnent de la "texture" aux soupes. Une grande partie de ces ailerons est obtenue par le finning, une pratique de pêche qui consiste à couper à vif l'organe recherché avant de rejeter le reste du corps par-dessus bord, car la chair du requin, saturée en urée, n'a guère d'intérêt commercial. 38 millions de requins meurent chaque année à cause de cette pêche. Les requins sont également victimes de la forte demande en squalane, un dérivé d'huile de foie de requin favorisant la pénétration de la crème dans la peau. On estime ainsi à 3 millions le nombre de requins de grands fonds  tués chaque année pour l'élaboration de produits cosmétiques. 

La routine amène la dépression, du moins si l'on en croit "Le requin tigre" de Fauve. Considéré comme un danger pour l'homme, le requin tigre est menacé. "Je me suis senti comme un requin-tigre / Vous savez que les requins quand ils avancent plus, ils crèvent / Et le requin-tigre c'est, c'est, c'est le plus agressif / Quand il est immobilisé il défonce tout ce qui passe / Et c'est la même chose avec les loups quand tu les coinces / Moi je me servais de, de la musique / Des, des mots, de, de l'écriture pour avancer / Pour progresser à travers l'existence / Alors quand j'ai perdu ça ben / Ben j'ai perdu ma capacité à progresser / C'est comme ça que je me suis mis à gueuler". 


Le principal problème demeure la surpêche, avec la hausse vertigineuse des captures au fil du temps. Cent millions de requins seraient pris chaque année. Le recours à des techniques comme la pêche aux filets dérivants ou à la palangre augmente les captures accidentelles de requins (20 000 hameçons sur une ligne pouvant atteindre 130 km de long). Pour écouler les produits en Europe, les requins sont parfois vendus sous des noms trompeurs. Derrière le terme "saumonette" ne se cache pas un "petit saumon" mais la roussette, l'aiguillat ou le requin hâ. La surpêche affecte d'autant plus le requin qu'il s'agit d'un animal à faible capacité de renouvellement, car il arrive à maturité sexuelle plus tardivement que les poissons osseux et a, généralement, peu de petits. Deux caractéristiques qui le rendent particulièrement vulnérable. Enfin, les requins disparaissent, car nous détruisons leur habitat, phénomène encore aggravé par la crise climatique; le réchauffement des océans entraînant la disparition des récits coralliens où vivent plusieurs espèces de requins. Parmi les nombreuses espèces considérées comme en danger, citon le"requin baleine", auquel Pain noir consacre une belle chanson qui, pour une fois, porte un regard bienveillant sur l'animal.  


Le requin est mal protégé. La haute mer représente aujourd'hui une zone de non droit, où une flotille de navires pille les océans. Très peu de moyens existent pour contrer ces pratiques, même si des avancées significatives ont eu lieu. En 2022, la COP 15 de Montréal parvient à faire adopter une mesure phare : protéger 30% de la planète d'ici 2030, avec la création de sactuaires marins. Depuis 2012, la pêche au requin est ainsi interdite dans toute la Polynésie française (sur une superficie de 5,5 millions de km²), alors que les Fidjis s'apprêtent à faire de même. (6) Les requins vivants deviennent alors un atout touristique non négligeable, drainant des visiteurs désireux de plonger au milieu des squales. Problème, de nombreuses espèces de requins ne restent pas statiques et migrent, en quête de pitance ou pour des raisons de températures de l'eau. Si bien que les aires protégées ne suffisent pas à garantir la survie des requins, qui peuvent très bien être capturés ailleurs, lors de leurs prérégrinations. Il conviendrait donc plutôt de créer des corridors de protection. 

Le requin terrorise, mais fascine également, y compris les plus petits. En 2016, la société coréenne Pinkfong met en ligne en 11 langues Baby shark dance, une comptine au rythme répétitif et à la mélodie entêtante. A ce jour, elle est la vidéo la plus visionnée sur Youtube avec plus de 14 milliards de vues, imposant la chanson comme un objet de pop culture. Véritable "ver d'oreille" comme disent les Québécois, le morceau est même devenu un instrument de supplice lorsque des gardiens d'une prison de l'Oklahoma en imposèrent l'écoute intensive aux détenus. 


Conclusion : En dépit de toutes leurs capacités d'adaptation, les requins peinent à faire face à l'hyper prédation humaine. Nous sommes à l'orée d'une nouvelle extinction de masse, d'origine humaine cette fois. Or l'inertie est à l'oeuvre. La protection des requins reste très insuffisante. Pour autant, notre rapport au requin a changé. Ces derniers ne sont plus systématiquement considérés comme les tueurs fous présentés par les dents de la mer. En 2022, interrogé par la BBC, Steven Spielberg se confiait ainsi sur l'impact de son film sur les requins : "je crains toujours que les requins soient toujours fâchés contre moi à cause de la frénésie des chasseurs de requins qui s'est produite après 1975. (...) Je regrette vraiment la décimation de la population de requins à cause du film (...)."

Notes :

1. La hantise et la haine du requin remontent à loin, et concernent même les marins et plongeurs chevronnés. En 1954, dans Le monde du silence, réalisé par Louis Malle et Jacques-Yves Cousteau, couronné de la Palme d'or à Cannes en 1956, les images donnent à voir le massacre de squales sur le pont de la Calypso, pendant que la voix du commandant déclare : "pour nous, plongeurs, le requin, c'est l'ennemi mortel. (...) Tous les marins du monde détestent le requin. Les plongeurs, eux, sont déchaînés. Rien ne peut retenir une haine ancestrale. Chacun cherche une arme, n'importe quoi, pour cogner, crocher, hisser."

2. Avant cette période, citons toutefois Le harpon rouge de Howard Hawks, Shark de Samuel Fuller, Le monde du silence de Louis Malle.

3. Le 30 juillet 1945, le croiseur USS Indianapolis, le fleuron de la marine de guerre américaine, est torpillé par un sous-marin nippon. Des survivants  dérivent en pleine mer pendant 4 jours. Les cadavres d'une cinquantaine d'entre eux, morts d'hypothermie et de déshydratation, seront dévorés par des requins. L'écho médiatique du drame fait rapidement de ces derniers les responsables du drame.

4. Citons également les requins de dessins animés : Le monde de Nemo en 2003, Gang de requins en 2004.

5. Au pire, ils peuvent les considérer comme des concurrents, surtout lorsque les requins sont attirés sur un site par du broyat de poisson. 

6. Rien d'étonnant à cela, car, dans les territoires polynésiens et mélanésiens, les requins sont vénérés par les peuples de la mer.  

Sources :

A. "Plongée dans le monde des requins avec François Sarano", dans Le Temps d'un bivouac sur France Inter.  

B. "La complainte de Mackie-le-Surineur", sur un site en français présentant l'Opéra de quatre sous.

C. "Et si les requins disparaissaient ?" dans La réponse à presque tout sur Arte.

D. "Le requin" dans la Mécanique du vivant sur France Culture.

E. Pierre Barthélémy : "Quelle musique pour sauver les requins?", in Le Monde du 22 août 2016.

Pour aller plus loin :

Dino Buzzati : "Le K", Robert Laffont, 1967.

lundi 19 février 2018

340. A la Réunion, la "crise requin" sème la discorde.

La Réunion est une île tropicale montagneuse dont les côtes escarpées possèdent un récif corallien de près de 40 km entouré de fonds qui descendent très rapidement. Autant de composantes qui font du littoral réunionnais un milieu favorable aux squales. Les attaques de requins sur le littoral réunionnais remontent à loin, (1) un des caps de l'île était d'ailleurs surnommé le "cap requin" par les anciens. Depuis février 2011, la recrudescence des attaques de requins sur les 30 km de la côte ouest très touristique, plonge l'île dans une situation de crise.  Avec plus d'une vingtaine d'attaques dont neuf mortelles en 6 ans, l'île possède un "risque requin" parmi les plus élevés du monde (avec les États-Unis, l'Australie et l'Afrique du Sud).  
Les accidents impliquant les squales plongent l'île dans une situation d'instabilité durable débouchant sur une crise à la fois économique, sociale et politique.

*****

Requin bouledogue (wikimedia Common)
 * Le requin à la Réunion: un familier devenu intrus.
Dans les années 1980, les articles de la presse quotidienne régionale évoquent la mer comme "le territoire du requin" dont les attaques répondent aux incursions humaines sur son territoire. Au cours de la décennie, on déplore cinq assauts dont un fatal. (2) Or, même au lendemain de l'attaque mortelle dont est victime un jeune surfeur en 1989, "le risque reste perçu comme marginal et acceptable, car les attaques concernent des activités risquées, pratiquées en pleine mer et résultent d'imprudences patentes." (source A: Surmont p76)
La décennie 1990 s'avère particulièrement meurtrière avec 16 attaques dont dix mortelles. Dès lors les médias locaux relaient les inquiétudes des habitants dont certains déplorent les défaillances de la sécurité publique. Au moment où la Réunion commence à s'imposer sur le marché mondial du tourisme, l'éventualité d'une attaque de squale sur les plages très fréquentées de l'ouest ne laisse pas d'inquiéter. Les perspectives économiques engendrées par la manne touristique contribuent déjà à modifier la perception du requin au large des côtes. "Une véritable demande de gestion commence à se structurer dans l'opinion publique, alors que de plus en plus de jeunes pratiquent des activités balnéaires. Désormais la présence du requin est perçue comme plus inquiétante et anormale." (source A. Surmont p76)
Au cours des années 2000, les attaques se raréfient (8 au total dont une mortelle). Les requins se font plus discrets. L'oubli du risque s'installe dans un contexte d'essor balnéaire et de développement des activités nautiques. (3) En outre, jusqu'en 2000, les attaques se concentrent sur la côte au vent et dans le Sud peu aménagé, dans des espaces identifiés comme « à risque ». Au contraire, la côte ouest très fréquentée apparaît comme "sûre".
 Le choc provoqué par l'amplitude inédite prise par les attaques au cours de la seule année 2011 n'en est que plus brutal. A sept reprises dont deux fatales, les squales frappent et presque toujours sur le littoral ouest, désormais ultra-touristique. L'année 2011 constitue donc "le moment pivot qui fait basculer le risque socialement accepté, 'ordinaire', en un risque inacceptable, 'absolu'." (Source A. Surmont p76)

Évolution des attaques de requins à la Réunion. (Wikimedia Common)

* La "crise requin".
A partir de 2011, les attaques suscitent un écho considérable. Les médias locaux puis nationaux évoquent désormais une "crise requin". "Si ces accidents restent marginaux  rapportés au nombre de personnes fréquentant de manière croissantes les bords de mer, leur traitement médiatique laisse transparaître  une peur réelle." (Source A: Surmont)
La présence du requin met en présence des acteurs dont les représentations et les intérêts divergent profondément, ce qui crée une instabilité sociale et attise les antagonismes. 
Face à la récurrence des assauts mortels, des groupes de surfeurs et d'usagers de la mer s'organisent en associations (Océan Prévention Réunion, Prévention Requin Réunion, Protégez nos enfants...)Très présents dans les médias, ils dénoncent l'impéritie des autorités dans la gestion de crise, réfutent les arguments de leurs adversaires (écologistes, scientifiques) et se posent en "lanceurs d'alerte". (4) Ils considèrent le "risque requin" comme un problème de santé publique susceptible de concerner l'ensemble des usagers de la mer, y compris les baigneurs, et par extension l'ensemble de l'île, menacée dans son principal secteur économique: le tourisme. Selon eux, les requins sont en surnombre et anormalement agressifs. Le squale représente une "invasion biologique" du milieu, un danger global dont il faut se prémunir grâce à des mesures radicales, en l'occurrence des campagnes de pêche systématiques. Les squales seraient en surnombre et anormalement agressifs.
Au contraire, les associations écologistes réclament le respect de la zone marine protégée et s'opposent à toute forme de pêche. Réfutant à leur tour les arguments avancés par leurs adversaires, ils fustigent la prétention égoïste de certains surfeurs à éliminer un animal de son environnement naturel.
Les scientifiques, quant à eux, s'efforcent de mener à bien leurs enquêtes. Or, leurs conclusions, jugées partiales et orientées lorsqu'elles ne vont pas dans le sens des uns ou des autres, sont fréquemment remises en cause.

La crise requin a un dimension économique indéniable en ce qu'elle menace l'activité touristique. Chaque nouvel accident impliquant le requin entraîne une psychose, chaque alerte vide les plages (hors lagon), effraie les touristes potentiels, menace les activités nautiques, les commerces du bord de mer, et tous les emplois induits.

La difficile gestion de la "crise requin" souligne enfin la dimension politique de la situation. Lorsque les attaques de requins se multiplient en 2011, les autorités ne paraissent pas prendre l'ampleur du phénomène. Multipliant les réponses dilatoires, elles se voient reprocher de pratiquer la politique de l'autruche depuis de trop longues années. La succession des préfets (quatre en 6 ans) combinée à la multiplication des instances de décisions ont compliqué encore l'adoption de mesures d'ensemble cohérentes.
Enfin, les arrêtés préfectoraux ou municipaux "interdisant la mer" aux activités nautiques en dehors de quelques zones protégées, sont perçus par certains "comme une fuite et un renoncement, un moyen (...) de ne pas se confronter à la question de la gestion."(Source A: Surmont p76)
Parce qu'elle remet en cause une certaine idée du vivre ensemble, la "crise requin" met à mal la concorde et la coexistence entre les différentes populations de l'île. Le consensus explose et fait resurgir des stéréotypes tenaces: le surf et les activités nautiques seraient les loisirs des "Zoreilles" (les "métros" venus de l'hexagone) quand les Créoles se méfieraient des dangers du littoral. Les moyens financiers importants engagés dans la réduction du "risque requin" font alors grincer des dents. En concentrant toute l'attention et les moyens, la "crise requin" contribuerait à passer sous silence les difficultés sociales d'une grande partie de la population (42% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté en 2016).

Répartition des attaques (Wiki Common)
* Pourquoi? 
Des tas de raisons sont avancées par les uns et les autres pour expliquer la recrudescence des attaques de squales. 
- Depuis 2007, une réserve marine couvre 20km de récifs correspondant au zones dévolues aux loisirs balnéaires. Cette aire de 3500 ha vise à protéger plusieurs sortes de coraux, ainsi que des centaines d'espèces animales. Les activités humaines y sont autorisées, sauf dans 5 petits sanctuaires. Depuis 2011, la plupart des attaques ont eu lieu dans cet espace plus ou moins protégé. Pour les associations de surfeurs, les élus locaux et d'autres usagers, la réserve servirait de garde manger aux requins. Pour les scientifiques au contraire, la quantité de poissons au sein de cet espace demeure trop faible pour nourrir les squales.
Certains accusaient également les élevages de poissons dans des cages aquacoles installées sur la réserve marine. Cette concentration de poissons aurait attiré les requins. Pour s'en assurer, des cages furent filmées pendant un mois par des caméras. Un petit groupe de requins fut identifié sans qu'isl ne manifestent pour autant un intérêt particulier pour les poissons captifs. Le démantèlement de ces cages n'a d'ailleurs pas mis un terme aux assauts des requins.
- En contribuant à attirer les petits poissons, la pose de récifs artificiels en 2012 aurait pu contribuer à la concentration et la sédentarisation des requins côtiers. L'observation des squales par des stations d'écoute sous-marine ne montre cependant pas d'activité particulière des requins sur les récifs artificiels.
- La surpêche des requins de récifs aurait accéléré la disparition de ces espèces, laissant une niche écologique aux requins tigres et bouledogues. Ces deux espèces seraient également attirées sur les côtes en raison de la raréfaction du poisson en haute mer.
- De même l'interdiction préfectorale de la commercialisation de la viande de requins en raison de la présence de la ciguatera (une algue qui rend la viande des poissons toxiques), a mis un terme à la pêche commerciale. Ceci aurait favorisé la recrudescence des requins.
- Le rejet des eaux usées qui accompagne l’urbanisation associé au "transfert" des eaux de l'est vers l'ouest contribueraient à accroître le ruissellement de l'eau douce vers l'océan dont elle accentuerait en outre la turbidité des eaux. Opportuniste, le requin bouledogue s'épanouit justement dans une eau saumâtre très teintée. 
En l'absence d'études scientifiques poussées, les certitudes manquent. Quoi qu'il en soit, la pression humaine, la littoralisation des activités et de l'habitat sur la côte ouest de l'île multiplient les risques de rencontres entre l'Homme et le requin, donc les accidents.


Panneau de sensibilisation (Wikimedia Common)
Les différentes mesures de réduction du risque.
Plusieurs dispositifs de préventions ont vu le jour ces dernières années.  Un centre de ressources et d'appui de la réduction du risque requin est crée. Dans ce cadre, les agents des Centres Régionaux de Surveillance et de Sauvetage (CROSS) de la Réunion collectent les signalements de squales sur les côtes. Les informations recueillies permettent d'alimenter un site internet (info-requin.re) destiné au public. 
- Afin de mieux connaître le comportement des requins et de s'en protéger, le programme de « Connaissances de l’écologie et de l’HAbitat de deux espèces de Requins Côtiers » (Charc) est mené entre 2011 et 2015. Dans ce cadre, une centaine de requins (tigres et bouledogues) ont été capturés et marqués, puis suivis via des stations d'écoute sous-marine. (5) Les résultats de cette étude ont permis de mieux connaître le mode de vie des bouledogues, une espèce jusque là relativement méconnue bien qu'elle semble impliquée dans la plupart des accidents. Avec ses mâchoires puissantes, le bouledogue sectionne ses proies et leur laisse peu de chances. Capable de nager très loin en mer, il semble se rapprocher des côtes en quête de nourriture, particulièrement en fin de journée, de mars à juin.
- De son côté, la ligue de surf a mis en place des vigies requins, soit un système de surveillance des spots par des apnéistes assistés de drones et d'équipages en zodiaque. A la différence d'autres solutions très clivantes (captures), le projet "Vigie Requin" semble accepté de tous. Il reste toutefois réservé aux entraînements de la Ligue de surf.
- Sur les rivages, une signalétique spécifique se met en place. Un drapeau orange signifie qu'un requin a été observé quelques jours auparavant. Le drapeau rouge interdit la baignade.

La protection passe par la pose de filets anti-requin sur les plages les plus fréquentées. Le coût exorbitant de tels engins et le fait qu'ils emprisonnent entre leurs mailles des espèces protégées telles que les dauphins ou les tortues, suscitent la réprobation des associations écologistes. De nouveaux filets, plus petits, résistants mieux à la houle et plus sélectifs, protègent désormais la plage de Boucan Canot et le spot de surf des Roches Noires. Plus sophistiqués, des dispositifs utilisant des barrières électromagnétiques sont testés, sans que leur efficacité ne soit pour l'instant établie.
Des associations de surfers militent pour une intensification de la pêche du requin. Depuis 2013, le projet Cap Requin vise à réguler les populations de requins dans l'ouest de la Réunion avec l'installation de drumlines au large des côtes. Constituée d'une ligne verticale fixe comportant un seul hameçon et un seul appât, elles permettent la pêche sélective des requins. Les animaux capturés sont alors marqués ou prélevés. Reste que pour les associations écologistes, en appâtant ainsi, on attire les requins près des côtes.

* Vers de nouvelles pratique?
Sur les plages, une surveillance plus importante est mise en place pour rassurer les usagers.
Les arrêtés préfectoraux et municipaux interdisent les activités nautiques hors des zones surveillées. Ainsi l'arrêté préfectoral du 8 février 2017 "restreint certaines activités (la baignade et les activités nautiques utilisant la force motrice des vagues) dans la bande des 300 mètres. Ces activités peuvent toutefois se pratiquer dans : le lagon, les espaces aménagés et surveillés hors lagons."  
Baigneurs et touristes délaissent les plages ouvertes sur l'océan (Boucan Canot ou l’Étang Salé) au profit du lagon corallien dans lequel les grands requins ne s'aventurent pas. 
Pour assurer leur sécurité, les surfeurs changent leurs habitudes. Les fortes pluies qui teintent l'eau accroissent les risques, aussi beaucoup préfèrent surfer en groupes lorsque l'eau est claire, les vagues pas trop grosses, à des horaires jugées sûrs, si possible avec l'appui de vigies. 
Réclamant plus d'empathie pour un être vivant que pour un animal et considérant qu'ils n'ont pas à changer leur mode de vie, quelques irréductibles continuent néanmoins de glisser hors des zones sécurisées malgré les interdictions préfectorales. Pour Max Grall, gérant d'une entreprise de plongée, "certains surfeurs sont conscients des risques mais une minorité gueule sans arrêt. Si je fais de la moto en short et que je chute, je ne vais pas porter plainte contre la direction de l’équipement". (source E: Pierre Sorgue)
La crise résulte ainsi de profondes transformations liées à l'évolution de la perception du risque.
"The Jaws" (Wikimedia Common)
 
* Impact médiatique.
Le fort impact médiatique des attaques de requin s’explique par leur dimension spectaculaire qui fait presque toujours intervenir des images violentes et mobilise un imaginaire monstrueux. "La représentation sociale du risque requin est donc étroitement liée à l’affectif et au symbolique. Il s’agit en effet, dans le cas des attaques de requin, de gérer un « aléa » naturel très particulier, car vivant." (source B: Surmont
La peur primale qu'inspire souvent le requin explique sans doute qu'il soit considéré comme un des plus redoutables tueurs d'hommes. En réalité, et sans vouloir minimiser ici le traumatisme que constitue une attaque de squale, le requin fait figure de "petit tueur" d'hommes si on compare les décès liés à ses attaques aux morts provoquées par celles des crocodiles, hippopotames ou autres. Parce qu'elle transmet une maladie, la piqûre du moustique peut tuer, mais de manière indirecte et retardée quand l'assaut d'un squale entraîne une mort quasi-immédiate et brutale.
Prédateur redoutable, frappant par surprise, le requin ne laisse que peu de chances à ceux qui croisent sa route. Bien qu'invisible, la menace qu'il fait peser sur les amateurs de sports nautiques alimente une peur latente, bien réelle. La dimension spectaculaire des blessures infligées (membres arrachés, hémorragies importantes, etc.) contribue encore au choc émotionnel, laissant à chaque fois aux témoins des images bouleversantes.

 

La culture populaire contribue également à entretenir la psychose d'un requin qui hante nos imaginaires. En 1975, Steven Spielberg réalise son deuxième long métrage intitulé les "Dents de la mer". Depuis lors on ne peut s'empêcher de s'y référer lorsqu'on évoque les requins ou d'entendre dans notre tête la musique de John Williams. L'histoire se déroule dans une station balnéaire d'une petite île à l'ouverture de la saison estivale. Venu de New York, le tout nouveau shérif pense avoir trouver la planque idéale. Il se trompe. La violence surgit, elle vient de la mer. (6) Le film s'appuie sur le récit que Peter Benchley fit dans son livre éponyme (en 1974) des attaques meurtrières perpétrées par les requins sur les côtes du New Jersey en 1916. Le scénario s'inspire également du récit d'un survivant de l'USS Indianapolis coulé en 1945 par un sous-marin japonais. L'auteur y témoignait de la disparition de ses camarades d'infortune dans la gueule des requins. 
Pour effrayer le spectateur, le réalisateur fait construire trois faux animaux gigantesques, des maquettes animées de 7 mètres de long. Lors du tournage des scènes sous-marines, les vrais requins apparaissant bien plus petits que les factices, Spielberg doit remplacer ses comédiens par des doublures de petite taille (1m45 pour la doublure de Dreyfus). Autre souci, le requin mécanique enchaîne les pannes obligeant le réalisateur à limiter sa présence à l'écran. Le requin nous voit, nous ne le voyons pas et nous sommes dans son environnement, à sa merci. C'est de là que naît l'angoisse et surtout de la musique cultissime de John Williams auquel il suffit de deux notes jouées et répétées à l'envi pour susciter l'angoisse. Un véritable coup de génie. Le spectateur se raidit sur son siège dès que retentit ce Mi-Fa insidieux, "incarnation terrifiante du requin qui n'apparait pas à l'image." (source H). Ce thème angoissant vaudra à Williams un Oscar.

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Les attaques de requins à la Réunion sont, elles, bien réelles. Au fond, la présence du requin soulève un enjeu crucial. Quel  usage fait-on de la nature? Doit-on envisager avant tout la mer comme un espace de distraction ou au contraire comme une ressource à préserver coûte que coûte? Quoi qu'il en soit, à la Réunion, le traumatisme que constitue chaque attaque est encore renforcé par la petitesse du territoire et la faiblesse relative de la population (850 000 habitants). Les victimes y sont souvent des connaissances et non des statistiques anonymes. 

 Notes:
1. Déjà en 1770, le chirurgien du roi mentionnait un matelot blessé par un requin. Pendant très longtemps, les Réunionnais considérèrent l'animal comme une créature ayant " de tout temps" croisé dans les eaux côtières insulaires. Le risque, considéré comme inévitable, était alors accepté. Il est vrai que les déprédations des squales restaient sporadiques.
2. deux sur des chasseurs sous-marin, une sur un pêcheur et deux sur des surfeurs. Le système semble toutefois peu efficace car les filets, très onéreux, se dégradent vite sous l'action de la houle australe.
3. Les activités de glisse sur le littoral occidental connaissent un développement exceptionnel. La plage de Boucan Canot acquiert alors une belle réputation, entre autres pour le surf, et s'impose comme la plage la plus touristique de la Réunion avec les Roches Noires.
4. Ils constituent aussi un important groupe de pression auprès des politiques, dans la mesure où ils représentent une frange relativement aisée de la population.
5. Ce programme est financé (700 000 euros) par l'Union européenne, le Conseil Régional de la Réunion et l'Etat. 
6. L'hypothèse du requin serial killer, un seul requin semant la terreur sur les plages a été envisagée à la Réunion, les scientifiques parlant à son propos de "requin déviant" qui aurait changé son régime alimentaire pour dévorer de l'humain. Deux femelles baptisées Estelle et Fanny présentes lors des attaques furent suspectées.  

Sources:
A. Emmanuelle Surmont: "La 'crise requin' à la Réunion (2011-2017), généalogie d'une construction sociale", in Historiens et Géographes n°439, p75-77, juillet-août 2017.
B. Emmanuelle Surmont: "Peur sur les plages. Du "risque requin" à la "crise requin" à la Réunion." [Géoconfluence]
C. François Taglioni et Sébastien Guiltat: "Le risque d'attaques de requins à la Réunion" [EchoGéo]
D. Les Cafés Géo: "Comment faire cohabiter hommes et requins à l'île de la Réunion?"
E. Pierre Sorgue: "Les requins déchirent la Réunion", in M Le Monde.
F. "Psychose à la Réunion", dans l'émission Affaires sensibles de France Inter du 22 septembre 2017.
G. "Enquêtes sur les attaques de requins à la Réunion" dans l'émission de France Inter le Temps d'un bivouac du 18 août 2014.

H. "Les 5 thèmes inoubliables de John Williams pour Steven Spielberg" [Télérama] 

Liens:
- "L'île au requin", carnet de voyage d'envoyé spécial.
- "Comment la 'crise requin' à La Réunion s'est transformée en une crise identitaire?" [Slate].
- Le site www.info-requin.re développé par les services de l'Etat.
- John Williams: "les dents de la mer" (cadenceinfo.com)
- Anne Le Berre: "Organiser un jeu de rôle en classe sur 'la crise requin' à la Réunion" [Géoconfluence]