Le dernier album de R.Wan réserve de belles surprises, au premier rang desquelles figure le troublant « papier d’Arménie », évocation sensible du génocide arménien. L'impeccable orchestration plonge l'auditeur dans une atmosphère ouateuse et onirique; quant au texte, il insiste sur la fragilité de la mémoire. L'éloignement dans le temps rend d'autant plus ténu les souvenirs d'un drame que les autorités turques s'emploient à nier ("une fumée de martyrs que l'armée nie en bloc"). La chanson constitue un bel hommage à une génération perdue d'Arméniens, derniers représentants d'une population présente depuis des lustres sur cette terre âprement disputée par les puissances régionales successives (le chanteur évoque tour à tour Byzance, Constantinople, Istanbul).
En quoi les massacres de 1915 se distinguent-ils des pogroms précédents? Pourquoi constituent-ils toujours une pierre d'achoppement dans les relations entre la Turquie et les communautés arméniennes de la planète?
***********
Entre mer Noire et mer Caspienne, Caucase et Mésopotamie, situé au carrefour des grands Empires perse, romain, byzantin, puis arabe, mongol, ottoman et russe, le royaume chrétien d'Arménie est âprement disputé depuis sa fondation au VIème siècle avant JC.
Au XVIè siècle, partagé entre l'empire ottoman et persan, il est aussi l'objet de la convoitise des Russes. Par le traité de Türkmençay de 1828, la Perse cède à la Russie toute l'Arménie orientale. Les provinces de l'ouest restent quant à elles soumises à l'Empire ottoman.
Ce dernier, en plein reflux dans la seconde moitié du XIXème siècle, perd progressivement la plupart de ses territoires européens.
Ce dépeçage constitue un véritable traumatisme pour les autorités turques contraintes de se recentrer sur l'Anatolie. Or, même dans son repli anatolien, l'Empire reste fragile puisque la question arménienne devient un des motifs d'ingérence des puissances européennes. Intéressées au partage des dépouilles de l'empire, ces dernières imposent par exemple lors du congrès de Berlin de 1878, l'octroi de mesures garantissant la sécurité des populations arméniennes. On prévoit ainsi que "les améliorations et les réformes nécessaires seront effectuées sans retard dans les provinces habitées par les Arméniens."
Le traité reste toutefois lettre morte, car les autorités turques redoutent que la population arménienne, qui constitue une majorité absolue ou relative dans les provinces (vilayet) de l'est, ne revendique à son tour un statut d'autonomie qui pourrait constituer un premier pas vers l'indépendance.
Dès lors, pour contrecarrer un éventuel séparatisme, les gouvernements successifs engagent une politique de redécoupage administratif et d'installation de réfugiés musulmans des Balkans et du Caucase dans les provinces arméniennes. Face à cette pression démographique, les Arméniens se dotent de partis politiques: Armenakan créé à Van en 1885, parti Hintchak (social-démocrate) fondé à Genève en 1887 et parti Dachnak à Tiflis côté russe en 1890. Ce dernier prône l'autodéfense et l'émancipation des Arméniens de l'empire ottoman. Les affrontements se multiplient dans les campagnes du Sassoun (à l'ouest du lac de Van). En 1894, pressé d'appliquer les réformes promises au congrès de Berlin, le sultan attise au contraire les haines en colportant des rumeurs de complot qui débuchent sur le massacre des Arméniens.
Les manifestations de protestation organisées par le parti Hintchak à Constantinople le 30 septembre 1895 entraînent de nouvelles exécutions. Les violences se poursuivent dans les provinces jusqu'en 1896 et se soldent par plus de 200 000 victimes. La cruauté exceptionnelle dans la mise à mort caractérise ces massacres qui contribuent par ailleurs à marginaliser un peu plus les Arméniens survivants.
Erzéroum, octobre 1895. Enterrement d'Arméniens dans une fosse commune, au lendemain des massacres. |
Le mouvement des Jeunes-Turcs s'empare du pouvoir en 1908. Ses fondateurs ont créé quelques années plus tôt à Salonique le Comité union et progrès (CPU) dont le programme de 1902 prétend "établir, entre les différentes nations de l'empire, une entente qui assurerait à tous la pleine jouissance de leurs droits." Or, à l'idéal révolutionnaire initial succède rapidement un nationalisme exacerbé par la perte des derniers territoires européens de l'Empire (guerres balkaniques de 1912-1913).
Réfugiés des Balkans pour une majorité d'entre eux, les Jeunes-Turcs sont plus que jamais déterminés à sauver ce qui reste de l'Empire. Ils militent pour la turquification du territoire et aspirent à créer une « grande Turquie » ethniquement homogène. Pour ce faire, ils organisent de vastes déplacements des populations visant à installer des musulmans provenant du Caucase et des Balkans en Anatolie pour en renforcer le caractère musulman et turc. (1)
Or, la réalisation de ce projet risque d'être entravé par la question des minorités. Les Arméniens constituent un obstacle à la réalisation du grand ensemble "pantouranien" (de la Turquie à la Sibérie). (2)
Cette politique d'"ingénierie démographique" (cf Fuat Dündar) a de lourdes conséquences. Les tensions s'aggravent dans les vilayets orientaux en raison des expropriations menées par des réfugiés de Macédoine et de Thrace, mais aussi à cause des actes de brigandage opérés par les nomades kurdes encouragés par les autorités.
C'est alors qu'une seconde vague de massacres d'Arméniens débute à Adana aux lendemains des fêtes de Pâques. Du 14 au 16 avril 1909, les quartiers arméniens sont pris d'assaut. Les troupes régulières envoyées de Constantinople, loin de mettre un terme aux violences, y participent. Les assassinats se multiplient dans toute la Cilicie. Au total, on dénombre 30 000 victimes. Même si beaucoup attribuent la responsabilité des exactions à l'ancien régime agonisant - le sultan Abdülhamid abdique peu après -, la responsabilité des Jeunes-Turcs semble pourtant bien engagée.
En 1913, à l'issue des guerres balkaniques, le pouvoir est accaparé par le CPU qui instaure une dictature militaire dirigée par Enver, Djémal et Talaat, respectivement en charge de la Guerre, de la Marine et de l'Intérieur.
A la veille de la Première Guerre mondiale, on dénombre entre
1,5 (d'après les autorités turques) et 2 millions (selon le patriarcat de Constantinople) d'Arméniens dans l'Empire, principalement installés dans les
vilayets (provinces) de Van, Bitlis, Erzurum, Sivas, ainsi qu'à Istanbul. Cliquez sur la carte pour l'agrandir. |
En février 1914, sous la pression des puissances occidentales, les autorités ottomanes signent la « réforme de l’Arménie ». Inspiré par la Russie, ce plan de réformes en faveur des Arméniens de l’Anatolie orientale, est rapidement considéré par le CUP comme un premier pas vers l’indépendance pour ces régions. Rendu caduque par l'entrée en guerre, il marque aux yeux des Jeunes-Turcs l’intrusion inacceptable des Russes dans ce qu'ils considèrent comme le « foyer turc ». Son effet sera déterminant dans la politique anti-arménienne menée en 1915.
Admiratifs de la puissance militaire allemande et convaincus de sa victoire finale, les Jeunes-Turcs (Enver Pacha, Djemal Pacha) entrent en guerre aux côtés de la Triplice à la fin octobre 1914. Ils espèrent de cet engagement des gains de territoire. Mais, très vite, la situation s'avère catastrophique pour les armées ottomanes qui subissent un très grave revers lors de l’attaque de Sarikamich (en décembre 1914-janvier 1915) contre la Russie. Cette déroute ouvre l’Anatolie aux armées du tsar. La défaite de Suez (janvier-février 1915) contre les Britanniques, et la bataille des Dardanelles aggravent encore la situation. Dans ces conditions, comme le disait Enver Pacha au consul américain, « on ne peut pas se permettre une attaque [des Arméniens] dans le dos », c’est-à-dire en Anatolie orientale.
* Origines et principales étapes des massacres:
Lors de l'offensive russe de l'hiver 1914, les territoires turco-arméniens sont envahis. La contre-offensive menée par Enver Pacha dans le Caucase se solde par un cuisant échec pour la Turquie qui perd 90 000 hommes en quelques semaines. Pour le gouvernement jeune-turc, la faute en incombe à une conspiration russo-arménienne, d'autant mieux établie selon lui que des soldats arméniens combattent dans les deux armées. Ces derniers deviennent alors des boucs émissaires pratiques dans le contexte chaotique de l'Empire en guerre.
Il semble possible de distinguer trois phases principales du génocide.
1 Première étape, policière :
Aux lendemains de la bataille de Sarikamich en décembre 1914, l’armée identifie une poignée d'agitateurs nationalistes arméniens (comitadji) au sein de l’armée russe et constate la désertion de quelques Arméniens des troupes ottomanes. Des rumeurs véhiculées par les Jeunes Turcs accréditent alors l'idée que les soldats arméniens désertent en masse pour s'enrôler dans les forces russes. Dès le mois de février 1915, ces allégations servent au désarmement des soldats arméniens de l'armée turque. Affectés à des bataillons de travail, la plupart sont ensuite exécutés.
2. Dans un second temps (février 1915), le commandant Djemal Pacha décide de déporter les Arméniens de Dörtyol (point de débarquement potentiel pour les alliés) et de Zeytoun (zone de ralliement des jeunes Arméniens fuyant le service militaire) vers la province de Konya.
Le 24 inaugure une nouvelle phase marquée par la destitution des fonctionnaires et l'arrestation des élites d’Istanbul (avocats, médecins, journalistes, députés) déportées en Anatolie avant d'être éliminées.
La nouvelle de ces déportations provoque une véritable panique chez les Arméniens des régions orientales qui redoutent une extermination systématique. A Van, ces derniers s'empressent de dresser des barricades.
C'est alors qu'est décidée l'évacuation, d'abord limitée (9 mai 1915), puis totale (le 23) des Arméniens des provinces d’Erzéroum, Bitlis et Van. Les Russes s'emparent de cette dernière au cours du mois de mai ce qui offre un répit aux Arméniens dont certains se réfugient en Russie. Pour les autorités turques, ces départs confirment la "duplicité arménienne".
Convoi d'Arménien lors des déportations en direction de la Syrie. [photo d'Armin Wegner] (3) Selon un employé allemand du chemin de fer de Bagdad: "Pendant le transport, on volait d'abord aux déportés leur argent comptant, puis tous leurs biens. Les 4/5 des déportés sont des femmes et des enfants. Les 3/5 d'entre eux vont nu-pieds. Les déportés étaient particulièrement affligés de n'avoir pu ensevelir leurs morts. Les cadavres restent sur la route, n'importe où. Des femmes portent encore sur leur dos, pendant des journées entières, les cadavres de leurs enfants." |
3. En plein repli devant l'avancée russe, les unités turques perpétuent des massacres de masse (de fin mai à août 1915). Pour l'occasion, les troupes régulières sont épaulées par les régiments kurdes de cavalerie. (4)
Sous prétexte de déplacer de manière provisoire les populations arméniennes loin des zones de front, Talaat Pacha ordonne dans un télégramme codé (21 juin 1915), l’évacuation de « tous les Arméniens sans exception » des provinces d'Anatolie orientale. Mais les déportations affectent bientôt (hiver 1915-1916) les provinces de l'ouest pourtant très éloignées du front.
Les rares hommes valides non mobilisés sont séparés de leurs familles et assassinés. Femmes, enfants et vieillards sont astreints aux terribles "marches de la mort", à l'issue desquelles les survivants sont regroupés dans des camps de concentration installés dans les déserts de Syrie et de Mésopotamie.
Quant ils ne sont pas massacrés dans des zones désertiques (charnier de Deir ez Zor), les orphelins arméniens sont dispersés par le gouvernement dans des foyers musulmans ou des orphelinats; les rescapées arméniennes sont quant à elles mariées à des musulmans pour leur « assimilation et instruction ».
* Combien de victimes?
Le bilan des victimes des massacres, de la déportation ou des camps demeure un sujet très controversé et les chiffres varient considérablement selon les sources: 800 000 victimes selon les autorités turques en 1919, 1 500 000 selon certaines associations arméniennes, entre 650 000 et 1M2 de victimes pour la plupart des historiens. Des chiffres énormes puisqu'ils représentent la moitié ou les deux tiers de la population arménienne de l'Empire en 1914!
Carte
du génocide arménien (tirée du manuel d'histoire 1ère Bordas). Des
massacres sont perpétrés à l'est de Anatolie, dans les six provinces
d'Erzeroum, Bitlis, Diyarbakir, Sivas, Kharpout, Trébizonde, mais aussi dans l'ouest et le centre, ainsi qu'en Cilicie. Les rescapés du génocide sont les Arméniens délivrés par l'offensive russe, ainsi que la majorité de ceux vivant à Istanbul et Smyrne, en raison de la présence d'observateurs étrangers, témoins potentiels des exactions commises. (5) |
* Acteurs et responsabilités.
L’acteur principal des massacres de masse est une organisation secrète paramilitaire créée par le CUP probablement en 1914: l’Organisation spéciale Teshkilat-i Mahsusa (OS). Composée en partie de prisonniers de droit commun libérés, l'organisation mène d'abord des missions sur le front russe. La débâcle militaire entraîne son repli vers l'intérieur où elle se livre à des massacres de grande ampleur.
L’armée ottomane a également déporté les Arméniens. Par la loi du 27 mai 1915, elle était en
effet autorisée, sans accord préalable du pouvoir central, à « transférer » et « à mettre un
terme, immédiatement, avec la plus grande rigueur, et en utilisant la force armée, à toute
agression ( sic) et résistance » .
Enfin, les dirigeants jeunes-turcs dont beaucoup d'entre-eux avaient été contraints d'émigrer des Balkans, ne pouvaient pas ignorer le caractère meurtrier et les conséquences des déportations sur les populations.
Il convient également de préciser que, sans pouvoir enrayer l'engrenage fatal, des familles turques ont cherché à protéger des Arméniens ou à apporter une aide matérielle aux colonnes de déportés; de même certains fonctionnaires (le vali gouverneur de la province d’Aydin, Rahmi Bey) se sont opposés ou ont résisté aux ordres du CUP.
La déportation de masse des Arméniens vers des déserts où il n’y avait rien pour survivre se déroule dans des conditions terribles. Les attaques des convois, organisées (par l’OS, l’armée ou la gendarmerie), ou spontanées de la part des populations locales, aboutissent à la mort de milliers d'individus.
Au cours d'une entrevue avec l'ambassadeur américain Henry Morgenthau, Talaat Pacha justifie ainsi la déportation des Arméniens: "Je vous ai demandé de venir aujourd'hui, commença-t-il, désirant vous expliquer notre attitude à l'égard des Arméniens; elle est basée sur trois points distincts: en premier lieu, les Arméniens se sont enrichis aux dépens des Turcs; secondement, ils ont décidé de se soustraire à notre domination et de créer un état indépendant; enfin, ils ont ouvertement aidé nos ennemis, secouru les Russes dans le Caucase et par là causé nos revers. Nous avons pris la décision irrévocable de les rendre impuissants avant la fin de la guerre. (...) Nous ne voulons plus voir d'Arméniens en Anatolie, ils peuvent vivre dans le désert (sic), mais nulle part ailleurs... [...]"
Enfin, rappelons que le contexte de guerre s'avère propice aux massacres. La guerre totale empêche toute intervention étrangère puisque, à l'exception des Etats-Unis, les grandes puissances ennemies, accaparées par les opérations de guerre, n'ont plus d'influence sur le sol turc et ne peuvent plus protéger les minorités. L'allié allemand pour sa part tend à fermer les yeux sur les massacres (au grand dam de certains ressortissants allemands présents sur place).
Corrs d'Arméniens dérivant sur l'Euphrate. Photo d'Armin Wegner. La sœur Möhring, une infirmière allemande raconte: "Pendant tout un mois, on vit des corps charriés par l'Euphrate presque tous les jours, et souvent 2 à 6 corps liés ensemble. Souvent les corps des hommes sont hideusement mutilés (les organes sexuels coupés ou d'autres mutilations de ce genre). Les corps des femmes sont éventrés. (...) Les corps échoués sur les rives sont dévorés par les chiens et les vautours. |
Qu'ils émanent de rescapés arméniens, de diplomates des puissances occidentales, de missionnaires, de ressortissants étrangers ou encore de la presse des pays neutres et des pays de l'entente, les témoignages, nombreux et convergents, rendent compte presque en direct des déportations et des massacres. Tous attestent de l'intention d'éradication de la population arménienne.
* Le classement de la question arménienne après guerre.
Après la chute du gouvernement jeune-turc (fin octobre 1918), quelques-uns des principaux dignitaires du CUP sont traduits en cour martiale à Istanbul en 1919-1920. Au cours du procès des unionistes, les quatre principaux responsables, Enver, Djemal, Talaat et Nazim sont condamnés à mort par contumace en tant que membres d'une association secrète coupable de conspiration (et non comme ministres). (6) On leurs reproche des "déportations conçues et décidées par le comité central de l'Ittihad" [CUP] et "l'extermination d'un peuple constituant une communauté distincte." L'acte d'accusation poursuit: "le point essentiel qui ressort de l'enquête ouverte est que les crimes commis lors de la déportation des Arméniens en différents endroits et époques ne sont pas des faits isolés et locaux. Une force centrale organisée, composée des personnes sus-mentionnées, les a prémédités et fait exécuter, soit par des ordres secrets, soit par des instructions verbales." A l'issue du procès, même les partisans les plus convaincus de la Turquie tiennent pour acquise la déportation, l'extermination des Arméniens et la responsabilité de l'Organisation spéciale dans ce crime.
Rapidement cependant on s'efforce d'oublier ce procès dérangeant ainsi que les crimes perpétrés par le CUP. Le contexte géopolitique de la région explique en grande partie ce revirement.
En fuite au moment du procès, Talaat Pacha, considéré comme le
principal responsable des massacres, échappe à sa condamnation à mort.
Mais, le 15 mars 1921, un rescapé arménien l'assassine à Berlin. Jugé la
même année dans cette ville, Soghomon Tehlirian est acquitté, sans
doute en raison de l'émotion provoquée par le génocide et en raison de
la nécessité pour l'Allemagne de se désolidariser de ce crime dont
l'opinion internationale la juge complice. D'autres "vengeurs" arméniens traquent et tuent les principaux chefs de l'Ittihad, responsables des massacres (Enver et Djémal en 1922). |
Cependant, la République arménienne est dépecée avant même d'avoir vraiment vue le jour. Les vilayets de Kars et d'Ardahan sont reconquis par les forces kémalistes qui viennent de s'imposer en Turquie (traité d'Alexandropole), alors que l'Armée rouge occupe le reste du territoire en novembre 1920.
Les alliés, qui redoutent désormais une alliance turco-bolchévique de circonstances, abandonnent alors la cause arménienne. La victoire des forces kémalistes entraîne donc l'annulation du traité de Sèvres et son remplacement par celui de Lausanne en 1923. Il n'est plus fait mention de l'Arménie ni des droits des Arméniens.
Pour la nouvelle République turque, il n’est donc plus question de "réparations". (8) Le traité lui permet en outre d'interdire le retour des réfugiés arméniens, créant ainsi 600 000 à 800 000 apatrides contraints de s'exiler. (9) Cette dispersion les porte vers un grand nombre de pays; les principales communautés se fixant en Amérique du Nord, en France, en Syrie, au Liban.
Mustapha Kémal, initialement très sévère envers les responsables de la défaite et du génocide évolue. Il entend désormais s'appuyer sur les notables enrichis par la spoliation des biens arméniens pour contrer les prétentions territoriales des Alliés. Surtout, pour procéder à sa politique de "turcification" nécessaire à l'installation de l'Etat-nation, Kémal a plus que jamais besoin d'une Anatolie vidée de ses minorités ou en tout cas très encadrées.
L'objectif de juger les responsables du génocide n'est plus d'actualité. Les crimes commis entre le déclenchement de la première guerre mondiale et le 20 novembre 1922 sont amnistiés.
* Mémoires du génocide.
Dès 1915, on assiste au déni des massacres par les Jeunes-Turcs. La responsabilité des crimes avérés est rejetée sur d'autres (tribus arabes et kurdes). Les déportations sont, elles, justifiées au nom de la sécurité militaire à l'égard d'une population suspecte. Finalement, ces pratiques sont justifiées comme un mal nécessaire dans la situation périlleuse de l'Empire en guerre.
Par ailleurs, les représailles commises par les Arméniens contre les Turcs sur le front russe sont montées en épingle et servent de point de départ de la thèse des négationnistes dont certains vont jusqu'à prétendre qu'il s'agit d'un génocide des Turcs perpétré par les Arméniens...
Côté arménien dans l'entre-deux-guerre, les rescapés du génocide doivent vivre avec leur traumatisme. Les familles ne cessent d'évoquer les massacres qui font partie intégrante de la mémoire collective. Mais hors de la communauté, les membres de la diaspora cherchent d'abord à s'intégrer dans leurs pays d'accueil. Les bouleversements engendrés par la seconde guerre mondiale, la perpétuation des génocides juifs et tziganes conduisent à la définition du crime contre l'humanité et à l'apparition du terme de génocide. Or, comme le rappelle Vincent Duclert, "au milieu des violences de l'entre-deux-guerres, la tragédie de 1915 n'est pas perçue dans sa singularité génocidaire. C'est la définition du crime contre l'humanité, à Nuremberg, en 1945, qui va rétroactivement questionner le passé arménien."
Une question se pose: peut-on appliquer le terme de génocide - inventé par le juriste américain Raphael Lemkin pour désigner l'extermination des juifs au cours de la seconde guerre mondiale - aux massacres de 1915? Peut-on utiliser cette qualification juridique? N'y a-t-il pas rétroactivité de ce concept?
Au delà des différences de méthode et de contexte, le massacre des Arméniens peut-être considéré comme un prototype des génocides du XXème siècle par la similitude et la simultanéité des mesures adoptées d'un bout à l'autre de l'empire, l'utilisation de moyens modernes (large utilisation du télégraphe), l'ampleur des crimes, perpétrés de façon méthodique et planifiée au nom d'une idéologie mortifère.
Par ailleurs, rappelons que la réflexion de Lemkin trouve sa source dans l'étude du procès à Berlin en 1921 de Soghomon Tehlirian, meurtrier de Talaat.
Enfin, si la notion de génocide n'existe pas en 1915, le concept est néanmoins formulé dans une déclaration des trois puissances alliées de l'Entente le 24 mai 1915 qui tiennent les autorités ottomanes et leurs agents pour responsables de "crimes contre l'humanité et la civilisation".
Un autre tournant important dans la reconnaissance du génocide intervient en 1965 lors des célébrations du cinquantenaire avec "les premières manifestations de rue en Arménie [soviétique] et dans les pays d'accueil de la diaspora, (...) dans un contexte où les crimes du passé, la Shoah notamment, commencent à intégrer la conscience collective." (cf Mouradian dans un entretien accordé au Monde)
La publication de travaux d'historiens ( en particulier "Un génocide exemplaire" de Jean-Marie Carzou) au cours des années 1970 contribue également à révéler à l'opinion publique un ensemble de faits oubliés ou occultés.
Enfin, les attentats commis entre 1975 et 1983 par certains groupes arméniens contre des diplomates turcs ou des membres de leurs familles, choquent l'opinion, mais contribuent à briser le silence entourant les massacres de 1915-1916. (10)
L’indépendance de l’Arménie en 1991, la reconnaissance du génocide arménien par la sous-commission des droits de l’homme de l’ONU en 1985, puis par le Parlement européen en 1987, une qualification identique reconnue aux massacres de Bosniaques à Srebrenica encouragent les Arméniens à réclamer avec insistance la reconnaissance du génocide par Ankara.
Or, si les autorités turques ne contestent pas l'existence de massacres, elles n'en sous-estiment pas moins le nombre de victimes qu'elles persistent à attribuer avant tout aux violences inhérentes au conflit mondial. Pour le ministère turc de l'intérieur de 1919, le nombre de victimes arméniennes s'élève à 800 000. Or aujourd'hui, l’État turc évalue le nombre des morts à moins de 500 000 et récuse la qualification de "génocide" à propos des massacres de 1915, niant toute intention d'extermination.
Outre le nationalisme, l'une des principales raisons du déni se fonde sur l'opposition à toute idée d'indemnisation et de réparations pour les victimes du génocide, crime déclaré imprescriptible en 1968 par la Convention votée par l'Assemblée générale de l'ONU en 1948.
Notables arméniens de la ville de Kharpout (Anatolie orientale) arrêtés et conduits en prison en mai 1915. |
La position officielle d'Ankara reste ancrée dans un récit national exempt de toute "tâche sombre" et déconnecté des recherches novatrices. Cette conception de l'histoire comme vérité officielle fonctionne comme un instrument de contrôle social et idéologique. Enseignée à l'école, elle impose une vulgate fondée sur quelques points simples:
- En collaborant avec l'ennemi russe, les Arméniens ont trahi l'empire ottoman.
- Ils seraient en outre responsables d'un nombre de victimes musulmanes supérieur à celui des victimes du génocide.
- Enfin, les revendications de reconnaissance du génocide seraient fomentées par des puissances étrangères soucieuses de dépecer la Turquie.
Au bout du compte, c'est la politique de négation d'Ankara qui incite les communautés arméniennes à réclamer la reconnaissance du génocide auprès des organisations internationales ou des États tiers afin d'exercer une pression externe sur les autorités. Aussi, de un certain nombre de pays tels que l'Argentine, le Canada, la France, la Russie adoptent des textes reconnaissant le génocide arménien.
Ces lois mémorielles soulèvent cependant de nombreuses critiques émanant de divers horizons:
a. une majorité d'intellectuels turcs considèrent ces initiatives étrangères avec suspicion, surtout lorsqu'elles émanent d’États ayant tardé à reconnaître leurs propres responsabilités historiques (torture lors de la guerre d'Algérie en particulier).
b. le gouvernement actuel turc brandit la menace du boycott et affirme sa volonté de laisser les historiens débattre entre eux (tout en marginalisant les tenants d'une histoire dissidente).
c. enfin, de nombreux historiens considèrent que de telles lois amènent un encadrement de la recherche, contribuant donc paradoxalement à son affaiblissement.
De même, pour de nombreux démocrates turcs, par leur caractère exclusivement répressif, les lois aboutissant à la pénalisation de la négation du génocide s'avèrent contre-productives.
Pour autant, la situation n'est pas figée et on assiste à une lente évolution des mentalités en Turquie comme le
prouve:
1. l'émotion inédite provoquée en Turquie par l'assassinat du journaliste Hrant Dink en janvier 2007. Ce crime fut perpétré en plein jour dans le centre d'Istanbul par un jeune nationaliste fanatisé de 17 ans. Arménien d'Anatolie, Hrant était l'un des intellectuels les plus engagés sur le front de la démocratisation de la Turquie et un partisan de la réconciliation entre Turcs et Arméniens. A la tête d'Agos (le sillon), un journal hebdomadaire bilingue (turc et arménien), il publiait des historiens turcs tels que Taner Akçam tout en critiquant l'absence de dialogue d'une partie de la diaspora arménienne avec les démocrates turcs de bonne volonté. En insistant d'autre part sur la complexité d'une société turque mélangée, Dink
met à mal la double fiction sur laquelle repose la Turquie
post-kémaliste: celle de n'avoir pas procédé au génocide et celle d'être un État
ethniquement homogène (sans minorités kurdes, grecques, ou arméniennes). C'est aussi pour cela qu'il a été visé.
Ses funérailles rassemblèrent 100 000 personnes dont de nombreux Turcs sincèrement affectés par sa disparition.
En avril 2008, la campagne de demande de pardon initiée par 4 intellectuels turcs permet de faire de la question arménienne un sujet de débat de la politique turque.
2. la victoire des islamistes modérés en 2002 apporte une relative démocratisation avec un progrès sur la plan de la liberté d'expression, permettant l'édition et la traduction d'ouvrages, l'organisation de projets artistiques et de colloques sur les événements génocidaire", autant d'événements invitant les Turcs au dialogue et à l'introspection historique. Depuis 2009 cependant, on assiste à un raidissement du pouvoir qui fait peser des menaces de procès et d'emprisonnement sur les chercheurs et historiens.
3. Attitude particulièrement dommageable compte tenu de l'intense renouvellement historiographique sur la question du génocide de la part d'historiens turcs soucieux d'aborder en face la réalité. Leurs travaux mettent à mal l'argumentaire ressassé des autorités qui accusaient jusqu'alors les études orientées d'historiens étrangers mal intentionnés. Par conséquent, elles s'emploient à discréditer ces chercheurs tout en donnant le plus de visibilité possible aux historiens "officiels".
Notes:
1. Cette politique démographique est un projet global qui concerne une dizaine de peuples différents. Bulgares de Thrace et Roums Grecs orthodoxes de l'Empire sont forcés à émigrer, à l'inverse des milliers de musulmans des Balkans incités à s'installer dans les villages non musulmans d'Anatolie (muhadjir). La déportation générale des Arméniens au cours de la guerre s'inscrit dans ce projet de vaste programme de recomposition ethnique de l'Empire.
2. Vincent Duclerc rappelle ainsi que "le sentiment d'un Empire assiégé, menacé en Europe et dans le Caucase, nourrit une rhétorique sur l'ennemi intérieur. Au final, les Arméniens, qui passaient pour la minorité la plus fidèle, deviennent désignés comme des traîtres en puissance parce qu'ils constituent la minorité la plus nombreuse."
3. Malgré la censure exercée par les autorités, cet officier du corps sanitaire allemand, prend des dizaines de clichés au cours des déportations.
4. Musulmans non turcs organisés en tribus, les Kurdes vivent dans les zones frontalières souvent rétives au pouvoir central. Au cours des massacres, ils sont utilisés par les jeunes-Turcs comme bras armé dans le génocide.
5. C'est dans des télégrammes codés récemment mis à jour, que Talat Pacha établit pour chaque province des « seuils » que la population arménienne ne doit pas dépasser à des dates données (12 juillet 1915, 5 août, 27 octobre...). Dans les provinces orientales concernées par la "réforme de 1914" et dont on redoute la sécession, plus un seul Arménien ne doit rester. Ailleurs, on prévoit des pourcentages de 2 % pour Alep, 5 % pour les autres régions d’Anatolie et 10 % dans les régions désertiques de Deir ez-Zor, Damas et Mossoul.
6. Dans la nuit du 1er au 2 novembre 1918, Enver, Talaat se sont enfuis à bord d'un navire allemand à Odessa, d'où ils ont gagné Berlin.
7. les provinces d'Anatolie de l'Est, majoritairement peuplées d'Arméniens avant le génocide, sont attribuées à la première république d'Arménie, née dans le Caucase russe le 28 mai 1918 après l'éclatement de l'empire tsariste.
8. En 1923, une mesure d'amnistie générale est proclamée et les minutes du procès des unionistes détruites.
9. les communautés d'Iran et de Transcaucasie (Arménie, Géorgie, Azerbaïdjan), en revanche, restent stables.
10. L'attentat contre le comptoir de la Turkish Airlines à Orly en 1983 (8 morts et 55 blessés), unanimement condamné, conduit à la fin de ces actions
******
les paroles ci-dessous sont une transcription, il y a donc peut-être des erreurs. Merci de nous les signaler.
Le papier d'Arménie
Le papier d'Arménie, le passeport d'Aznavour
brûle mon ennui dans des roulis étranges.
Il brûle le souvenir d'une liste en boule
une fumée de martyrs que l'armée nie en bloc
Le papier d'Arménie assainit l'air
embrume mes nuits d'un infini mystère.
Les lambeaux s'envolent
et de liste en boule ne reste que l'auréole de Constantinople
Brûle, brûle, consume les souvenirs
que la brume de Sevan libère les martyrs.
Brûle le mystère et la fumée s'enroule
aux flammes de l'enfer des lames d'Istanbul
Le papier d'Arménie parfume tous les airs
d'une mélancolie jaillie d'une autre ère.
Il brûle mes hivers, pèse ma souffrance
souvenirs d'une terre où c'était Byzance
Brûle, brûle, consume les souvenirs
que la brume d'Erevan libère les martyrs.
Brûle les mystères et la fumée s'enroule
aux flammes de l'enfer des lames d'Istanbul
Brûle, brûle, consume les souvenirs
que le Caucase embaume, réveille les fantômes.
Brûle le mystère et la fumée s'enroule
aux flammes de l'enfer des lames d'Istanbul
Sources:
- "Génocide arménien : le scénario". Entretien avec Fuat Dündar dans L'Histoire n°341.
- "Génocide arménien : ce que l'on sait vraiment" par Julien Gautier dans L'Histoire n°315.
- Annie et Jean-Pierre Mahé: "L'Arménie à l'épreuve des siècles", Découvertes Gallimard, 2005.
- Anne Dastakian et Claire Mouradian: "100 réponses sur le génocide des Arméniens", Tournon, 2005. Consultable en ligne.
- Gérard Chalian et Yves Tournon: "le génocide des Arméniens", éditions Complexe, 2006.
- "Les Turcs retrouvent la mémoire", entretien avec Ahmet Insel in les collections de l'Histoire n°45, octobre2009.
- "Le génocide arménien" entretien accordé au Monde par Vincent Duclert.
- "Le génocide des Arméniens", les archives du monde, Le Monde 2, 16 avril 2005.
- Hamit Bozarslan: "Les assassins de la mémoire arménienne", Le Nouvel Observateur hors-série "L'histoire en procès".
Liens:
- Critique de l'album "peau rouge" de R Wan, son site My Space et Facebook.
- "Le tabou du génocide arménien hante la société turque" entretien accordé par Taner Akçam au Monde diplomatique.
- Sur Samarra, Died nous présente la BD "Medz yeghern" ("le grand mal" en arménien) de Paolo Cossi.
- Imprescriptible, site de référence sur le génocide arménien, propose une sélection de liens très précieuse.
- site web conçu à l’occasion de l’année de l’Arménie en 2006-2007.
Ses funérailles rassemblèrent 100 000 personnes dont de nombreux Turcs sincèrement affectés par sa disparition.
En avril 2008, la campagne de demande de pardon initiée par 4 intellectuels turcs permet de faire de la question arménienne un sujet de débat de la politique turque.
2. la victoire des islamistes modérés en 2002 apporte une relative démocratisation avec un progrès sur la plan de la liberté d'expression, permettant l'édition et la traduction d'ouvrages, l'organisation de projets artistiques et de colloques sur les événements génocidaire", autant d'événements invitant les Turcs au dialogue et à l'introspection historique. Depuis 2009 cependant, on assiste à un raidissement du pouvoir qui fait peser des menaces de procès et d'emprisonnement sur les chercheurs et historiens.
3. Attitude particulièrement dommageable compte tenu de l'intense renouvellement historiographique sur la question du génocide de la part d'historiens turcs soucieux d'aborder en face la réalité. Leurs travaux mettent à mal l'argumentaire ressassé des autorités qui accusaient jusqu'alors les études orientées d'historiens étrangers mal intentionnés. Par conséquent, elles s'emploient à discréditer ces chercheurs tout en donnant le plus de visibilité possible aux historiens "officiels".
Notes:
1. Cette politique démographique est un projet global qui concerne une dizaine de peuples différents. Bulgares de Thrace et Roums Grecs orthodoxes de l'Empire sont forcés à émigrer, à l'inverse des milliers de musulmans des Balkans incités à s'installer dans les villages non musulmans d'Anatolie (muhadjir). La déportation générale des Arméniens au cours de la guerre s'inscrit dans ce projet de vaste programme de recomposition ethnique de l'Empire.
2. Vincent Duclerc rappelle ainsi que "le sentiment d'un Empire assiégé, menacé en Europe et dans le Caucase, nourrit une rhétorique sur l'ennemi intérieur. Au final, les Arméniens, qui passaient pour la minorité la plus fidèle, deviennent désignés comme des traîtres en puissance parce qu'ils constituent la minorité la plus nombreuse."
3. Malgré la censure exercée par les autorités, cet officier du corps sanitaire allemand, prend des dizaines de clichés au cours des déportations.
4. Musulmans non turcs organisés en tribus, les Kurdes vivent dans les zones frontalières souvent rétives au pouvoir central. Au cours des massacres, ils sont utilisés par les jeunes-Turcs comme bras armé dans le génocide.
5. C'est dans des télégrammes codés récemment mis à jour, que Talat Pacha établit pour chaque province des « seuils » que la population arménienne ne doit pas dépasser à des dates données (12 juillet 1915, 5 août, 27 octobre...). Dans les provinces orientales concernées par la "réforme de 1914" et dont on redoute la sécession, plus un seul Arménien ne doit rester. Ailleurs, on prévoit des pourcentages de 2 % pour Alep, 5 % pour les autres régions d’Anatolie et 10 % dans les régions désertiques de Deir ez-Zor, Damas et Mossoul.
6. Dans la nuit du 1er au 2 novembre 1918, Enver, Talaat se sont enfuis à bord d'un navire allemand à Odessa, d'où ils ont gagné Berlin.
7. les provinces d'Anatolie de l'Est, majoritairement peuplées d'Arméniens avant le génocide, sont attribuées à la première république d'Arménie, née dans le Caucase russe le 28 mai 1918 après l'éclatement de l'empire tsariste.
8. En 1923, une mesure d'amnistie générale est proclamée et les minutes du procès des unionistes détruites.
9. les communautés d'Iran et de Transcaucasie (Arménie, Géorgie, Azerbaïdjan), en revanche, restent stables.
10. L'attentat contre le comptoir de la Turkish Airlines à Orly en 1983 (8 morts et 55 blessés), unanimement condamné, conduit à la fin de ces actions
******
les paroles ci-dessous sont une transcription, il y a donc peut-être des erreurs. Merci de nous les signaler.
Le papier d'Arménie
Le papier d'Arménie, le passeport d'Aznavour
brûle mon ennui dans des roulis étranges.
Il brûle le souvenir d'une liste en boule
une fumée de martyrs que l'armée nie en bloc
Le papier d'Arménie assainit l'air
embrume mes nuits d'un infini mystère.
Les lambeaux s'envolent
et de liste en boule ne reste que l'auréole de Constantinople
Brûle, brûle, consume les souvenirs
que la brume de Sevan libère les martyrs.
Brûle le mystère et la fumée s'enroule
aux flammes de l'enfer des lames d'Istanbul
Le papier d'Arménie parfume tous les airs
d'une mélancolie jaillie d'une autre ère.
Il brûle mes hivers, pèse ma souffrance
souvenirs d'une terre où c'était Byzance
Brûle, brûle, consume les souvenirs
que la brume d'Erevan libère les martyrs.
Brûle les mystères et la fumée s'enroule
aux flammes de l'enfer des lames d'Istanbul
Brûle, brûle, consume les souvenirs
que le Caucase embaume, réveille les fantômes.
Brûle le mystère et la fumée s'enroule
aux flammes de l'enfer des lames d'Istanbul
Sources:
- "Génocide arménien : le scénario". Entretien avec Fuat Dündar dans L'Histoire n°341.
- "Génocide arménien : ce que l'on sait vraiment" par Julien Gautier dans L'Histoire n°315.
- Annie et Jean-Pierre Mahé: "L'Arménie à l'épreuve des siècles", Découvertes Gallimard, 2005.
- Anne Dastakian et Claire Mouradian: "100 réponses sur le génocide des Arméniens", Tournon, 2005. Consultable en ligne.
- Gérard Chalian et Yves Tournon: "le génocide des Arméniens", éditions Complexe, 2006.
- "Les Turcs retrouvent la mémoire", entretien avec Ahmet Insel in les collections de l'Histoire n°45, octobre2009.
- "Le génocide arménien" entretien accordé au Monde par Vincent Duclert.
- "Le génocide des Arméniens", les archives du monde, Le Monde 2, 16 avril 2005.
- Hamit Bozarslan: "Les assassins de la mémoire arménienne", Le Nouvel Observateur hors-série "L'histoire en procès".
Liens:
- Critique de l'album "peau rouge" de R Wan, son site My Space et Facebook.
- "Le tabou du génocide arménien hante la société turque" entretien accordé par Taner Akçam au Monde diplomatique.
- Sur Samarra, Died nous présente la BD "Medz yeghern" ("le grand mal" en arménien) de Paolo Cossi.
- Imprescriptible, site de référence sur le génocide arménien, propose une sélection de liens très précieuse.
- site web conçu à l’occasion de l’année de l’Arménie en 2006-2007.
- Pearltrees sur le génocide arménien (merci Emmanuel Grange).
- Institut français de l'éducation: "le génocide arménien à l'école"
- LDH Toulon: "le génocide arménien".
- Le Monde 2: "Turcs-Arméniens, le temps du dialogue".
- " Les Petits-Enfants: paidoyer pour la Turquie de demain". Un conseil de lecture de Vservat sur son Histgeoblog.
- Autre chanson consacrée au génocide arménien: "ils sont tombés" par Charles Aznavour. Si vous connaissez d'autres titres consacrés au sujet, n'hésitez pas à nous les signaler en commentaire.
- Carte du génocide.
- Institut français de l'éducation: "le génocide arménien à l'école"
- LDH Toulon: "le génocide arménien".
- Le Monde 2: "Turcs-Arméniens, le temps du dialogue".
- " Les Petits-Enfants: paidoyer pour la Turquie de demain". Un conseil de lecture de Vservat sur son Histgeoblog.
- Autre chanson consacrée au génocide arménien: "ils sont tombés" par Charles Aznavour. Si vous connaissez d'autres titres consacrés au sujet, n'hésitez pas à nous les signaler en commentaire.
- Carte du génocide.