Le 28 décembre 1895, des spectateurs médusés découvrent le cinéma dans une salle de spectacle de Paris, dans le sous-sol du Grand Café, boulevard des Capucines. Les frères Lumière sont les organisateurs de cette première projection publique. Le ticket ne coûte qu'un franc et la séance dure un quart d'heure. Dix films sont projetés, notamment "la Sortie de l'usine Lumière à Lyon", "l'arrivée du train en gare de La Ciotat" (voir ci-dessous).
Au départ, les séances n'attirent pas grand monde, mais quelques semaines après la première, on se presse sur les boulevards pour assister aux projections. Jusqu’en 1905, les Frères Lumière sillonnent les grandes villes de France pour présenter leur Cinématographe. Dans le même temps, ils envoient dans le monde entier des opérateurs filmer des vues.
Affiche de Marcelin Auzolle (1896).
Pour inventer le cinématographe, les frères Lumière se sont servis des travaux d'autres inventeurs, comme le kinétoscope de Thomas Edison (1891). Ils les ont améliorés en fabriquant un mécanisme simple et en utilisant une pellicule perforée. En 1896, les frères Lumière ouvrent la première salle de cinéma.
Les pionniers français du cinéma ouvrent ensuite les premiers studios:
- En 1897, Georges Méliès fait construire le sien. Dans des décors peints, entre 600 et 800 films y sont tournés. Il y réalise notamment un des premiers films de fiction, son plus connu: "le voyage dans la lune "(1902). Méliès innove également en utilisant une caméra en plein air et des pellicules coloriées à la main.
* Mais ne l'oublions pas, le cinéma reste est un art, mais aussi une industrie, très rapidement florissante. Les frères Pathé et Léon Gaumont le comprennent mieux que quiconque.
- Dès 1895, Léon Gaumont se trouve à la tête d'une société de production, de distribution et d'exploitation cinématographique (la plus ancienne de toutes). En 1911, il fait construire à Clichy le Gaumont-Palace, capable d'accueillir 3400 spectateurs! Le cinéma perd ainsi progressivement son caractère temporaire et itinérant.
Le Gaumont-Palace.
- En 1907, Charles Pathé loue les films aux exploitants par l'intermédiaire de sociétés concessionnaires et impose ainsi un système promis à un bel avenir, dans lequel production, distribution, exploitation restent distinctes. Dans ses studios, Pathé produit des centaines de films, des créations ou adaptations de succès littéraires ("Fantômas").
De grandes vedettes apparaissent alors à l'instar de Max Linder qui excelle dans le comique burlesque ou encore le réalisateur Louis Feuillade engagé à la veille de 1914 par Pathé. Avec la grande guerre, la production française décline, rapidement supplantée par Hollywood, la nouvelle "usine à rêves" du monde.
Fantômas est le héros d'une série de romans populaires de Pierre Souvestre et Marcel Allain, adaptés au cinéma par Louis Feuillade en 1913-1914.
Depuis 1910 à Hollywood, situé à proximité de Los Angeles, accueille un vaste complexe de studios. Les conditions climatiques californiennes, la luminosité du site, la main d'oeuvre bon marché disponibles, constituent autant d'atouts essentiels pour le site. De très grandes compagnies cinématographiques prospèrent alors et accompagnent l'essor du cinéma qui s'impose comme l'un des principaux médias de la culture de masse. Dès l'entre-deux-guerres, la production hollywoodienne domine le monde et attire les plus grands talents, acteurs comme réalisateurs. Cette domination outrancière de l'industrie cinématographique américaine ne s'est, jusqu'à présent, jamais démentie. Certes, les studios indiens de Bollywood connaissent un développement impressionnant, mais l'impact des productions à l'échelle mondiale reste sans commune mesure avec les blockbusters hollywoodiens.
Les innovation technologiques de l'âge industriel permettent bien sûr au 7ème art de se transformer. Jusqu'en 1927, le cinéma reste muet ce qui ne l'empêche pas de fasciner un public toujours plus nombreux. Il séduit notamment les classes les plus modestes grâce au faible prix des premières salles, nickelodeons, accessibles pour une pièce de cinq cents en nickel (aux Etats-Unis). Des réalisateurs-acteurs tels que Charlie Chaplin ou encore Buster Keaton, pour ne citer que les plus illustres, triomphent grâce à leurs géniales trouvailles et leur inventivité sans cesse renouvelée.
Le cinéma devient parlant ("le chanteur de jazz" en 1927), puis en couleurs (Becky Sharp en 1935). Son essor s'accompagne en outre d'une spécialisation de la production par genres. En Italie, par exemple, le péplum, qui trouve son inspiration dans l'histoire ou la mythologie antique, apparaît à la veille de la première guerre mondiale. Aux Etats-Unis, les premiers westerns remontent aux années 1930. On y exalte la conquête de l'ouest et les luttes contre les tribus indiennes.
Le facétieux Boris Vian propose avec sa chanson cinématographe une admirable peinture des moeurs de la société de son époque. Il se souvient d'abord, petit enfant, de l'excitation qui le gagnait une fois assis dans la pénombre, l'expérience extraordinaire que constituait pour lui une sortie au cinéma.
Dans le premier couplet, il évoque le cinéma muet (il a 6 ans en 1926) et décrit des personnages aux gestes exagérés à l'image des premiers acteurs, obligés de mimer pour se faire comprendre. Si les dialogues ne peuvent encore être intégrés au film, la musique est partie intégrante de ce premier âge du cinéma ("Un piano jouait des choses d'atmosphère"). Le chanteur confirme encore à quel point, le cinéma reste alors un loisir à la portée de tous ("Ça coûtait pas cher / On en avait pour ses trois francs").
Dans le second couplet, Vian évoque des bandits ("Le bandit va pouvoir mettre la main /
Sur le fric, c'est tragique"). Le cinéma de gangster connaît en effet tès tôt un développement exceptionnel et les figures du grand banditisme, les mafieux, fascinent tout particulièrement le public ("scarface" en 1932).
Dans le couplet suivant, ce n'est plus le petit Boris qui se rend au "cinéma", mais un jeune homme qui va au "cinémascope" (terme galvaudé alors que cinéma reste irremplaçable) en charmante compagnie. Le chanteur y mentionne les "cow-boys sans foi ni loi", poursuivis par des "justiciers qui viennent fourrer / Leur grand pied dans le plat". Le western s'est ainsi définitivement imposé comme un genre populaire.
Dans l'ultime couplet, le chanteur avoue qu'il se désintéresse progressivement du film ayant beaucoup mieux à faire. De fait, le cinéma s'impose très vite comme un lieu de vie familier, particulièrement apprécié de ceux qui veulent se séduire, l'obscurité et la promiscuité facilitant les contacts...
Vian mentionne au passage une des très grandes vedettes du cinéma, qui, ne l'oublions pas permet l'émergence du star-system, en la personne de Gary Cooper. La présence d'Alan Ladd à ses côté, laisse à penser qu'il pourrait s'agir du film "souls to sea" ("âmes à la mer" en 1931) de Henry Hataway. N'hésitez pas à me corriger si vous avez la réponse.
Boris Vian
CINÉMATOGRAPHE
Quand j'avais six ans / La première fois / Que papa m'emmena au cinéma / Moi je trouvais ça / Plus palpitant que n'importe quoi / Y avait sur l'écran / Des drôles de gars / Des moustachus / Des fiers à bras / Des qui s'entretuent / Chaque fois qui trouvent / Un cheveu dans le plat / Un piano jouait des choses d'atmosphère / Guillaume Tell ou le grand air du Trouvère / Et tout le public / En frémissant / Se passionnait pour ces braves gens / Ça coûtait pas cher / On en avait pour ses trois francs
Belle, belle, belle, belle, belle comme l'amour / Blonde, blonde, blonde, blonde, blonde comme le jour / Un rêve est passé sur l'écran / Et dans la salle obscurément / Les mains se cherchent, les mains se trouvent / Timidement / Belle, belle, belle, belle la revoilà / Et dans la salle plus d'un coeur bat / La voiture où elle se croit en sûreté / Vient de s'écraser par terre / Avec un essieu cassé / Le bandit va pouvoir mettre la main / Sur le fric, c'est tragique / Non d'un chien / C'est fini, tout s'allume / A mercredi prochain
Maintenant ce n'est plus mon papa / Qui peut m'emmener au cinéma / Car il plante ses choux / Là-bas pas loin de Saint Cucufa / Mais j'ai rencontré une Dalila / Un drôle de môme, une fille comme ça / Elle adore aller le mercredi dans les cinémas / Bien sûr c'est devenu le cinémascope / Mais ça remue toujours et ça galope / Et ça reste encore comme autrefois / Rempli de cow-boys sans foi ni loi / Et de justiciers qui viennent fourrer / Leur grand pied dans le plat
Gare, gare, gare, gare, Gary Cooper / S'approche du ravin d'enfer / Fais attention pauvre crétin / Car Alan Ladd n'est pas très loin / A cinq cents mètres il loge une balle / Dans un croûton de pain / Gare, gare, gare, gare, pendant ce temps-là / Je l'apprends doucement au creux de mon bras / Le fauteuil où elle se croyait en sûreté / N'empêche pas ma fois d'arriver à l'embrasser / J'ai pas vu si Gary serait gagnant / Mais comme c'est le cinéma permanent / Ma chéri rappelle toi on est resté un an / Et on a eu beaucoup d'enfants.
Sources:
- Les docs de l'actu n° 12: "50 inventions qui ont changé notre vie".
- Une synthèse claire sur l'histoire du cinéma français.
- Le manuel d'Histoire de première des éditions Nathan, sous la dir. de Guillaume Le Quintrec.
Liens:
- Zéro de conduite: l'actualité éducative du cinéma.
jeudi 26 novembre 2009
dimanche 22 novembre 2009
192. "Cinq mai", une chanson autour de la légende de Napoléon
Jean-Louis Murat, le très provocateur chanteur auvergnat a commis (il y a quelque temps déjà) un merveilleux album intitulé 1829 dans lequel il reprend des chansons de Pierre-Jean Béranger. Ce dernier est l'auteur de chansons qui a rencontré un énorme succès au XIXe siècle, sorte de Brassens du 19è siècle (oui, j'ose une comparaison aussi incongrue qu'improbable !)
Un autre article dans histgeobox avait déjà évoqué cet album pour la chanson intitulée : les souvenirs du peuple
Le Cinq mai est une chanson encore très politique de Pierre-Jean Béranger. Je ne vais pas refaire la biographie du Monsieur.... Retenons qu'il est né en 1780 et qu'il devient dès son plus jeune âge typographe. Très tôt républicain, il trouve dans Lucien Bonaparte un protecteur de très haut rang sous l'Empire. Après 1815, Béranger devient l'un des opposants les plus zélés de la Restauration. Son premier recueil de textes lui vaut d'être emprisonné ce qui l'amène de ce fait vers une certaine popularité. Aux procès succèdent d'autres pamphlets et d'autres succès. En 1848, il est élu député mais refuse de siéger préférant garder ses distances avec la réalité du pouvoir.
Ses nombreux textes traitent souvent de la liberté, de la République et de la grandeur passée de l'Empire. Dans le Cinq mai, Béranger évoque la date de la mort de l'Empereur : le 5 mai 1821, à Ste-Hélène (il n'est pas le seul, il existe aussi un poème de Nerval avec le même titre). Le narrateur du texte est un ancien soldat de la Grande Armée qui a fuit la France pour l'Amérique au moment du retour de la monarchie. Résigné il souhaite revenir en France pour mourir (La main d'un fils me fermera les yeux) sur un navire espagnol qui fait escale à Ste-Hélène.
Les Espagnols (qui ont pourtant tant souffert de l'invasion napoléonienne) semblent regretter l'Empereur et détester davantage encore les Anglais qui le tiennent éloigné aussi loin de l'Europe.
L'ensemble du texte exprime cette admiration sans nuance que Béranger porte pour l'empereur défunt : ce "boulet invincible qui fracassa vingt trônes" "fatigua la Victoire" qui avait du mal à le suivre. Napoléon dialogue avec les dieux, le narrateur comprend qu'il ne pourra refaire le coup des Cent jours (armons soudain deux millions de soldats).l Mais le narrateur aperçois un pavillon noir et comprend que l'Empereur est mort. Tout le monde pleure Napoléon, même ses anciens ennemis.
Le soulagement est du côté des Anglais qui tenaient prisonnier l'Empereur depuis 7 ans sur cette île perdue dans l'Atlantique sud, Ste-Hélène. Sa mort laisse enfin planer le doute sur son éventuel empoisonnement (les dernières analyses de ses cheveux infirmeraient cette thèse)....la légende grossit et en décembre 1840, Louis-Philippe décide de faire rentrer les cendres de l'Empereur aux Invalides à Paris. Louis-Philippe a bien compris que le retour de l'Empereur serait l'occasion de fédérer une grande partie de la population autour du grand homme et du nouveau régime qui le célèbre. Sur ce sujet, il faudrait lire le très motivant ouvrage de Natalie Petiteau Lendemains d'Empire. Les soldats de Napoléon dans la France du XIXe siècle, La Boutique de l'Histoire, 2003. Elle raconte justement la persistance du mythe napoléonien dans la société française. Lire le compte-rendu dans la Revue 19e siècle.
Le personnage de roman (Les Misérables de Hugo) qui incarne très justement cette nostalgie est bien sûr Thénardier, ancien soldat de la Grande Armée ayant participé à la bataille de Waterloo. Devenu aubergiste, il a accueilli contre rémunération la petite Cosette....
Bourvil (à gauche) incarne Thénardier au cinéma
POur écouter la chanson, cliquez sur le lien http://www.deezer.com/listen-3504926
Ses nombreux textes traitent souvent de la liberté, de la République et de la grandeur passée de l'Empire. Dans le Cinq mai, Béranger évoque la date de la mort de l'Empereur : le 5 mai 1821, à Ste-Hélène (il n'est pas le seul, il existe aussi un poème de Nerval avec le même titre). Le narrateur du texte est un ancien soldat de la Grande Armée qui a fuit la France pour l'Amérique au moment du retour de la monarchie. Résigné il souhaite revenir en France pour mourir (La main d'un fils me fermera les yeux) sur un navire espagnol qui fait escale à Ste-Hélène.
Les Espagnols (qui ont pourtant tant souffert de l'invasion napoléonienne) semblent regretter l'Empereur et détester davantage encore les Anglais qui le tiennent éloigné aussi loin de l'Europe.
L'ensemble du texte exprime cette admiration sans nuance que Béranger porte pour l'empereur défunt : ce "boulet invincible qui fracassa vingt trônes" "fatigua la Victoire" qui avait du mal à le suivre. Napoléon dialogue avec les dieux, le narrateur comprend qu'il ne pourra refaire le coup des Cent jours (armons soudain deux millions de soldats).l Mais le narrateur aperçois un pavillon noir et comprend que l'Empereur est mort. Tout le monde pleure Napoléon, même ses anciens ennemis.
Le soulagement est du côté des Anglais qui tenaient prisonnier l'Empereur depuis 7 ans sur cette île perdue dans l'Atlantique sud, Ste-Hélène. Sa mort laisse enfin planer le doute sur son éventuel empoisonnement (les dernières analyses de ses cheveux infirmeraient cette thèse)....la légende grossit et en décembre 1840, Louis-Philippe décide de faire rentrer les cendres de l'Empereur aux Invalides à Paris. Louis-Philippe a bien compris que le retour de l'Empereur serait l'occasion de fédérer une grande partie de la population autour du grand homme et du nouveau régime qui le célèbre. Sur ce sujet, il faudrait lire le très motivant ouvrage de Natalie Petiteau Lendemains d'Empire. Les soldats de Napoléon dans la France du XIXe siècle, La Boutique de l'Histoire, 2003. Elle raconte justement la persistance du mythe napoléonien dans la société française. Lire le compte-rendu dans la Revue 19e siècle.
Le personnage de roman (Les Misérables de Hugo) qui incarne très justement cette nostalgie est bien sûr Thénardier, ancien soldat de la Grande Armée ayant participé à la bataille de Waterloo. Devenu aubergiste, il a accueilli contre rémunération la petite Cosette....
Bourvil (à gauche) incarne Thénardier au cinéma
POur écouter la chanson, cliquez sur le lien http://www.deezer.com/listen-3504926
LE CINQ MAI 1821.
Des espagnols m' ont pris sur leur navire,
aux bords lointains où tristement j' errais.
Humble débris d' un héroïque empire,
j' avais dans l' Inde exilé mes regrets.
Mais loin du cap, après cinq ans d' absence
sous le soleil, je vogue plus joyeux.
Pauvre soldat, je reverrai la France :
la main d' un fils me fermera les yeux.
Dieux ! Le pilote a crié : Sainte-Hélène !
Et voilà donc où languit le héros !
Bons espagnols, là s' éteint votre haine ;
nous maudissons ses fers et ses bourreaux.
Je ne puis rien, rien pour sa délivrance :
le temps n' est plus des trépas glorieux !
La main d' un fils me fermera les yeux.
Des espagnols m' ont pris sur leur navire,
aux bords lointains où tristement j' errais.
Humble débris d' un héroïque empire,
j' avais dans l' Inde exilé mes regrets.
Mais loin du cap, après cinq ans d' absence
sous le soleil, je vogue plus joyeux.
Pauvre soldat, je reverrai la France :
la main d' un fils me fermera les yeux.
Dieux ! Le pilote a crié : Sainte-Hélène !
Et voilà donc où languit le héros !
Bons espagnols, là s' éteint votre haine ;
nous maudissons ses fers et ses bourreaux.
Je ne puis rien, rien pour sa délivrance :
le temps n' est plus des trépas glorieux !
La main d' un fils me fermera les yeux.
Peut-être il dort ce boulet invincible
qui fracassa vingt trônes à-la-fois.
Ne peut-il pas, se relevant terrible,
aller mourir sur la tête des rois ?
Ah ! Ce rocher repousse l' espérance :
l' aigle n' est plus dans le secret des dieux.
La main d' un fils me fermera les yeux.
Il fatiguait la victoire à le suivre :
elle était lasse ; il ne l' attendit pas.
Trahi deux fois, ce grand homme a su vivre.
Mais quels serpents enveloppent ses pas !
De tout laurier un poison est l' essence ;
la mort couronne un front victorieux.
La main d' un fils me fermera les yeux.
Dès qu' on signale une nef vagabonde,
" serait-ce lui ? Disent les potentats :
vient-il encor redemander le monde ?
Armons soudain deux millions de soldats. "
et lui, peut-être accablé de souffrance,
à la patrie adresse ses adieux.
Grand de génie et grand de caractère,
pourquoi du sceptre arma-t-il son orgueil ?
Bien au-dessus des trônes de la terre
il apparaît brillant sur cet écueil.
Sa gloire est là comme le phare immense
d' un nouveau monde et d' un monde trop vieux.
La main d' un fils me fermera les yeux.
Bons espagnols, que voit-on au rivage ?
Un drapeau noir ! Ah, grands dieux, je frémis !
Quoi ! Lui mourir ! ô gloire ! Quel veuvage !
Autour de moi pleurent ses ennemis.
Loin de ce roc nous fuyons en silence ;
l' astre du jour abandonne les cieux.
La main d' un fils me fermera les yeux.
Le film d'Antoine de Caunes, Monsieur N s'inspire des légendes autour de la mort de Napoléon, empoisonnement ou fuite de Ste-Hélène. Tout cela entretient encore actuellement la légende......même si la légende noire tend à l'emporter aujourd'hui même en France.
"L'histoire est un mensonge que personne ne conteste " nous dit à ce propos Napoléon Bonaparte !
JC Diedrich
mercredi 18 novembre 2009
Sur la platine: novembre 2009.
1. Nitin Sawhney: "Days of fire". Le producteur et musicien touche à tout propose ici une belle chanson consacrée aux attentats qui endeuillèrent Londres en 2005.
Pochette de la compilation "Gypsy Beats and Balkans Bangers" dont est tiré le titre suivant.
2. Mahala Rai Band: "Mahalageasca (Bucovina Dub)". La musique des Balkans se prête très bien aux bidouillages sonores électro comme le prouve ce morceau.
3. B. Alone: "Time is love". Titre très agréable d'un jeune musicien français. Trouvé sur Nova tunes 1.9
4. Lord Tanamo: "I'm in the mood for ska". Ce chanteur de mentos jamaïcains est aussi un des précuseurs du ska. Voici un de ses titres les plus connus.
O.V. Wright.
5. OV. Wright: "Ace of spades". Immense chanteur de deep soul injustement méconnu. Ses interprétations et sa voix profonde méritent pourtant que l'on s'y attarde.
6. Johnny Pate: "Shaft in Africa". Ce titre instrumental funky, tout de cuivre vêtu, est à écouter sur une compilation soul jazz records consacrée à la musique des films blaxpoitation (ici Shaft en Afrique).
Pochette de la compilation "Hits and misses. Muhammad Ali and the ultimate sound of fistfighting" parue sur le label Trikont.
7. Sir Mack Rice: "Muhammad Ali". Entrée en matière pleine de punch pour ce morceau dédié à Mohammed Ali. A écouter sur une compilation très intéressante du label allemand Trikont autour des combats du champion poids lourd. Nous vous en avons parlé ici.
8. James Carr: "the dark end of the street". Autre très grand chanteur de soul à la voix troublante, James Carr interprète ici une ballade particulièrement envoûtante.
samedi 14 novembre 2009
191. Ouza et ses Ouzettes: "Lat Dior"
Bien que la France se soit installée par la force en Algérie dès 1830, elle ne se soucie guère, pendant presque un demi-siècle, d'acquérir d'autres colonies. C'est seulement après la défaite de 1870 contre les Prussiens que la colonisation apparaît comme un moyen d'affermir sa puissance et de compenser, psychologiquement du moins, la perte de l'Alsace-Lorraine.
Néanmoins, au beau milieu du siècle, la France a vu s'agrandir son ancienne colonie du Sénégal sous l'impulsion de Faidherbe, gouverneur de 1854 à 1861 puis de 1863 à 1865.
Sans politique coloniale bien établie, le gouvernement français laisse alors une importante marge de manœuvre à ses fonctionnaires outre-mer. Faidherbe, particulièrement entreprenant, permet à la France d'accroître ses possessions dans la région.
Faidherbe.
Saint-Louis, située à l'embouchure du Sénégal, constitue une base idéale pour poursuivre la prospection en Afrique occidentale puisque le fleuve peut servir d'axe privilégié vers le Niger, le principal fleuve d'Afrique occidentale, véritable "autoroute fluviale". Or Faidherbe voit grand: impérialiste avant l'heure, il veut non seulement développer la colonie du Sénégal mais encore imposer la présence française à une grande partie de l'Afrique occidentale. Aussi lance-t-il des expéditions vers l'intérieur, en Mauritanie, en Guinée. Mais, ses ambitieux projets contredisent les intérêts des dirigeants africains qui, dans le même temps, sont en train d'affermir leur puissance autour du Sénégal.
Carte ancienne des "peuples du Sénégal" sur laquelle on distingue le royaume du Cayor.
Au Sénégal, les Français se heurtent surtout à Lat Dior, le damel (roi) du Kayor, royaume situé sur la rive gauche du fleuve. Les affrontements débutent dès 1861 et progressivement les Français entament l'annexion du Kayor. En guise de lot de consolation, ils proposent au souverain déchu le titre de chef de canton! Lat Dior, qui n'entend pas être ainsi ravalé à un rang subalterne, refuse catégoriquement. Les colonisateurs répliquent par une politique promise à un bel avenir dans toute l'Afrique occidentale: ils remplacent le monarque récalcitrant par un parent plus conciliant dans l'espoir de le manipuler plus aisément.
Lat Dior ne désarme pas et poursuit la lutte: commencent 20 années d'échauffourées ponctuées de périodes de paix provisoires (qui ne prennent fin qu'à la mort de l'infatigable souverain, en 1886). Ce dernier entend à tout prix, empêcher l'installation de voies ferrées sur son territoire (craignant que ce ne soit que les prémisses d'une conquête à venir).
Le 17 novembre 1882, il adresse une lettre au gouverneur Servatius dans laquelle il menace: "Tant que je vivrai, sache-le bien, je m'opposerai de toutes mes forces à la construction de ce chemin de fer." Déterminés, les Français envahissent le Kayor dès le mois de décembre.
Conscient de son infériorité militaire, Lat Dior se réfugie au Jolof. La conquête coloniale française s'avère pourtant plutôt lente et ne s'achève qu'en 1886. A cette date, un arrêté d'expulsion fut prononcé contre Lat Dior. Furieux, celui-ci mit ses dernières forces dans la bataille et mobilisa ses fidèles (300 hommes tout au plus). Il lança alors la campagne contre la France et ses alliés, d'anciens sujets de Lat Dior. Le 27 octobre 1886, il infligea de lourdes pertes à ses ennemis au puits de Dekle. Il trouva la mort lors de cette bataille (tout comme ses deux fils et 80 de ses partisans). Sa disparition signa la disparition du royaume du Kayor. Dés lors, les Français pouvaient se consacrer à la conquête du reste du pays.
La résistance de Lat-Dior et celle d'El Hadj Omar, quelques années auparavant, annoncent la résistance africaine qui accompagnera presque partout la pénétration française (voir l'article que nous consacrons à Samori Touré sur le blog). En tout les cas, Lat Dior est considéré comme un héros national au Sénégal. Aussi, de nombreux artistes du pays lui ont rendu hommage en composant des morceaux à sa mémoire.
Au Sénégal, Ousmane Diallo, alias Ouza, est surtout connu pour ses prises de positions contre l'exploitation coloniale : "Thiaroye 44" dénonce ainsi l'assassinat par l'armée française de tirailleurs sénégalais réclamant leur solde. La chanson "Xeet", qui traite de l'aliénation culturelle, lui causera d'ailleurs des problèmes politiques. En compagnie de ses Ouzettes, il a sillonné l'Afrique de l'Ouest et rencontré un grand succès.
Parmi la jeune génération de chanteuse sénégalaise, Coumba Gawlo y va de son hommage avec ce Kor Dior.
Sources:
- Histoire générale de l'Afrique (t. VII): l'Afrique sous domination coloniale (1180-1935). Présence africaine.
- Anne Hugon: "Vers Tombouctou. L'Afrique des explorateurs t.II", découvertes Gallimard, 1994.
Liens:
- "Lat Dior, dernier damel du Cayor".
- Un portrait de Lat Dior sur Tidiane.net
Néanmoins, au beau milieu du siècle, la France a vu s'agrandir son ancienne colonie du Sénégal sous l'impulsion de Faidherbe, gouverneur de 1854 à 1861 puis de 1863 à 1865.
Sans politique coloniale bien établie, le gouvernement français laisse alors une importante marge de manœuvre à ses fonctionnaires outre-mer. Faidherbe, particulièrement entreprenant, permet à la France d'accroître ses possessions dans la région.
Faidherbe.
Saint-Louis, située à l'embouchure du Sénégal, constitue une base idéale pour poursuivre la prospection en Afrique occidentale puisque le fleuve peut servir d'axe privilégié vers le Niger, le principal fleuve d'Afrique occidentale, véritable "autoroute fluviale". Or Faidherbe voit grand: impérialiste avant l'heure, il veut non seulement développer la colonie du Sénégal mais encore imposer la présence française à une grande partie de l'Afrique occidentale. Aussi lance-t-il des expéditions vers l'intérieur, en Mauritanie, en Guinée. Mais, ses ambitieux projets contredisent les intérêts des dirigeants africains qui, dans le même temps, sont en train d'affermir leur puissance autour du Sénégal.
Carte ancienne des "peuples du Sénégal" sur laquelle on distingue le royaume du Cayor.
Au Sénégal, les Français se heurtent surtout à Lat Dior, le damel (roi) du Kayor, royaume situé sur la rive gauche du fleuve. Les affrontements débutent dès 1861 et progressivement les Français entament l'annexion du Kayor. En guise de lot de consolation, ils proposent au souverain déchu le titre de chef de canton! Lat Dior, qui n'entend pas être ainsi ravalé à un rang subalterne, refuse catégoriquement. Les colonisateurs répliquent par une politique promise à un bel avenir dans toute l'Afrique occidentale: ils remplacent le monarque récalcitrant par un parent plus conciliant dans l'espoir de le manipuler plus aisément.
Lat Dior ne désarme pas et poursuit la lutte: commencent 20 années d'échauffourées ponctuées de périodes de paix provisoires (qui ne prennent fin qu'à la mort de l'infatigable souverain, en 1886). Ce dernier entend à tout prix, empêcher l'installation de voies ferrées sur son territoire (craignant que ce ne soit que les prémisses d'une conquête à venir).
Le 17 novembre 1882, il adresse une lettre au gouverneur Servatius dans laquelle il menace: "Tant que je vivrai, sache-le bien, je m'opposerai de toutes mes forces à la construction de ce chemin de fer." Déterminés, les Français envahissent le Kayor dès le mois de décembre.
Conscient de son infériorité militaire, Lat Dior se réfugie au Jolof. La conquête coloniale française s'avère pourtant plutôt lente et ne s'achève qu'en 1886. A cette date, un arrêté d'expulsion fut prononcé contre Lat Dior. Furieux, celui-ci mit ses dernières forces dans la bataille et mobilisa ses fidèles (300 hommes tout au plus). Il lança alors la campagne contre la France et ses alliés, d'anciens sujets de Lat Dior. Le 27 octobre 1886, il infligea de lourdes pertes à ses ennemis au puits de Dekle. Il trouva la mort lors de cette bataille (tout comme ses deux fils et 80 de ses partisans). Sa disparition signa la disparition du royaume du Kayor. Dés lors, les Français pouvaient se consacrer à la conquête du reste du pays.
La résistance de Lat-Dior et celle d'El Hadj Omar, quelques années auparavant, annoncent la résistance africaine qui accompagnera presque partout la pénétration française (voir l'article que nous consacrons à Samori Touré sur le blog). En tout les cas, Lat Dior est considéré comme un héros national au Sénégal. Aussi, de nombreux artistes du pays lui ont rendu hommage en composant des morceaux à sa mémoire.
Au Sénégal, Ousmane Diallo, alias Ouza, est surtout connu pour ses prises de positions contre l'exploitation coloniale : "Thiaroye 44" dénonce ainsi l'assassinat par l'armée française de tirailleurs sénégalais réclamant leur solde. La chanson "Xeet", qui traite de l'aliénation culturelle, lui causera d'ailleurs des problèmes politiques. En compagnie de ses Ouzettes, il a sillonné l'Afrique de l'Ouest et rencontré un grand succès.
Parmi la jeune génération de chanteuse sénégalaise, Coumba Gawlo y va de son hommage avec ce Kor Dior.
Sources:
- Histoire générale de l'Afrique (t. VII): l'Afrique sous domination coloniale (1180-1935). Présence africaine.
- Anne Hugon: "Vers Tombouctou. L'Afrique des explorateurs t.II", découvertes Gallimard, 1994.
Liens:
- "Lat Dior, dernier damel du Cayor".
- Un portrait de Lat Dior sur Tidiane.net
mardi 3 novembre 2009
190. Alpha Blondy: « Armée française » (1988).
L’année 1960 est celle des indépendances pour les colonies françaises d’Afrique subsaharienne. Et si l'on excepte la terrible guerre de libération au Cameroun (dont nous reparlerons bientôt) ces colonies ont été "décolonisées" avant que ne s'y développent de grandes luttes pour l'indépendance. Or, dès la fin des années 1950, le gouvernement français choisit de confier le pouvoir à des Africains "modérés" afin de mener avec ces derniers des politiques de coopération.
Ces indépendances suscitent d’importants débats entre les nouveaux pays. Certains penchent pour une indépendance fédérative dans le cadre du projet panafricain porté, entre autres par Kwame Nkrumah. Or cette option est vite écartée par la plupart des pays.
Au bout du compte, ce sont des indépendances bilatérales qui s’imposent. Le président ivoirien Félix Houphouët Boigny parle ainsi de « l’indépendance dans l’interdépendance. » En effet, ce mode de décolonisation s’avère particulièrement avantageux pour l’ancienne puissance coloniale qui peut facilement imposer une coopération (économique et militaire) et une aide publique au développement (APD) qui lui est largement bénéficiaire comme l’atteste, de manière symbolique, le maintien de la zone monétaire CFA (Communauté financière africaine) et celui de la zone linguistique et culturelle (francophonie).
Au cours des années soixante, les pays nouvellement indépendants d’Afrique de l'ouest doivent choisir leur camp dans le contexte de la guerre froide. Propagande et contrepropagande vont bon train.
Or, selon un accord tacite avec les Etats-Unis, c'est la France qui a pour mission de tenir ce pré-carré hors de portée de l'influence communiste ou, en tout cas, d'un régime hostile aux intérêts Occidentaux.
* le « gendarme » français. Ainsi, l'ancienne puissance coloniale s'est vite transformée en gendarme de l'Afrique de l'ouest.
L'objectif déclaré des autorités françaises est de veiller à la stabilité du continent. De fait, il faut reconnaître que dans les anciennes colonies françaises (anciennement AOF et AEF dont elle a la charge), il y eut nettement moins de victimes de guerre que dans les ex-colonies britanniques (Ouganda, Kenya), belges (soubresauts sanglants au lendemain des indépendances avec la guerre civile provoquée par la sécession katangaise qu'appuient les grandes compagnies minières occidentales) ou portugaises (ces dernières étant ravagées par de terribles guerres civiles en Angola notamment). Cette décolonisation très avantageuse pour la France lui permet de maintenir des liens et une influence très forts en Afrique subsaharienne. Aussi, dans les pays où la décolonisation s’est opérée sans violences majeures s’installe très vite un système politico-économique d’interdépendance (connu sous le nom de Françafrique) qui privilégie le maintien des intérêts français, souvent au détriment de la démocratie (voir les récents événements au Gabon).
Des années soixante aux années quatre-vingt, la France soutient des démocraties de façade telles que la Côte d’Ivoire de Félix Houphouët Boigny, le Burkina Faso de Blaise Compraoré, le Sénégal d’Abdou Diouf, ou des dictatures classiques comme le Cameroun d’Ahmadou Ahidjo, le Togo de Gnassingbé Eyadema, le Gabon d’Omar Bongo, le Tchad d’Idriss Déby...
N. Sarkozy et son homologue tchadien en 2008.
La France maintient son influence grâce à son importante présence militaire sur le continent. Elle y multiplie d’ailleurs les interventions armées, à plus ou moins juste titre. Revenons sur quelques unes de ces interventions: - En 1962, elle intervient pour la sauvegarde du président Léopold Sédar Senghor au Sénégal. - En mai 1978, intervention au Zaïre demandée par le dictateur Mobutu. Les parachutistes du régiment étranger de parachutistes de la Légion étrangère sautent sur Kolwezi, une ville minière du Zaïre pour secourir des otages européens aux mains des rebelles katangais qui étaient parvenus à rallier une partie de l'armée zaïroise (voir video ci-dessous).
Nouvelle intervention française en 1991-1992 lors des manifestations anti-Mobutu.
- En 1979, en République centrafricaine, l'opération barracuda permet de déposer l’empereur Bokassa, remplacé par David Dacko (amené dans les soutes d’un Transall français). Puis de nouveau en 1996-1997, les opérations Almandin I et II (2 300 hommes) ont pour but de neutraliser des mutineries militaires.
- 1983-1984: au Tchad, l'Opération Manta déploie 4 000 soldats afin de venir au secours de Hissène Habré, le dictateur arrivé au pouvoir en 1982 (video ci-dessous). En 1988, toujours en soutien au pouvoir en place, la France déclenche l'Opération Epervier (900 soldats) pour combattre la Libye, qui occupe le nord du pays.
- En 1986, au Togo, 150 paras français sont envoyés pour protéger le président Eyadéma après une tentative de coup d'Etat. - Débarquement aux Comores après l'assassinat du président Abdallah en 1989. Puis de nouveau en 1995, l'Opération Azalée (1 000 hommes) qui permet la mise en échec d'un putsch (orchestré par l'inévitable Bob Denard) contre le président Djohar. - Au Rwanda, de 1990 à 1993, l'Opération Noroît envoie trois compagnies françaises et des forces belges pour soutenir le gouvernement Habyarimana. Elles évacuent leurs ressortissants durant les affrontements entre le régime et l'opposition tutsie du FPR.
En 1994, 500 soldats français évacuent 1 400 étrangers au début du génocide dans le cadre de l'Opération Amaryllis. Après cent jours de génocide, l'Opération Turquoise (2 500 hommes) est menée au Zaïre et dans l'ouest du Rwanda, pour venir en aide aux réfugiés hutus (officiellement en tout cas). - Intervention en Somalie en 1992 dans le cadre de la campagne militaire américaine "restore hope" visant à stabiliser le pays. - 1997: Opération Antilope (1 250 soldats) pour évacuer 6 500 étrangers de Brazzaville. - En 2002, l'armée française est présente en Côte d'Ivoire pour s'interposer dans la guerre civile qui oppose les troupes du gouvernement et les rebelles (d'abord seule, puis sous mandat de l'ONU).
Des soldats français patrouillent lors de l'opération Licorne dans un village au nord-ouest d'Abidjan (en 2005) [AFP/JACK GUEZ].
- Enfin à plusieurs reprises, des forces françaises interviennent au Gabon de l’ami Bongo ou de son prédecesseur Léon M'Ba…
En 1964, ce dernier est renversé par un coup d'état, il doit son salut à des parachutistes français qui le remettent en selle.
En 1990, l'Opération Requin ( 2 000 soldats) permet l'évacution de 1 800 ressortissants étrangers. Elle aide surtout le régime confronté à des émeutes à Libreville et Port-Gentil. Aux lendemains des élections présidentielles 2009 qui ont permis l'adoubement d'Ali Bongo, le fils de l'ancien dictateur, la France a de nouveau déployé des troupes afin d'encadrer les manifestants qui dénonçaient la fraude électorale et menaçaient les intérêts français (Total à Libreville).
Carte tirée du magazine Jeune Afrique n°2543, du 4 au 10 octobre 2009 (cliquez sur la carte afin de l'agrandir).
Aujourd'hui encore, la France dispose de bases militaires en Afrique dans le cadre d'accords bilatéraux: deux bases permanentes à Libreville (Gabon) et Dakar (Sénégal) sur la façade atlantique de l'Afrique, auxquelles s'ajoutent les bases de Djibouti et la Réunion.
Dans sa chanson "armée française", l'Ivoirien Alpha Blondy dénonce les interventions militaires françaises à répétitions qui constituent à ses yeux autant d'atteintes à la souveraineté nationale des pays concernés.
« Armée française », Alpha Blondy, CD Ytzak Rabin, 1998
Armée française allez-vous en !
Allez-vous en de chez nous
Nous ne voulons plus d’indépendance sous haute
Surveillance (2x)
Nous sommes des Etats souverains
Votre présence militaire entame notre souveraineté
Confisque notre intégrité
Bafoue notre dignité
Et ça, ça ne peut plus durer (alors allez-vous en !)
En Côte d’Ivoire,
Nous ne voulons plus de vous
Au Sénégal,
Nous ne voulons plus de vous,
Au Gabon,
Nous ne voulons plus de vous,
En Centrafrique,
Nous ne voulons plus de vous,
A Djibouti,
Nous ne voulons plus de vous
A N’Djamena,
Nous ne voulons plus de vous
Nos Armées Nationales nous suffisent
Vos conseillers militaires nous suffisent.
Sources:
- Stephen Smith: "Atlas de l'Afrique, un continent jeune, révolté, marginalisé", Autrement, 2005.
- Yves Lacoste: "Atlas géopolitique, Larousse.
- Jeune Afrique n°2543, du 4 au 10 octobre 2009.
Liens:
- D'autres titres consacrés au système "Françafrique" sur le blog.
- Le monde.fr: "les interventions militaires françaises en Afrique depuis 1981".
- Sur l'avenir des bases françaises en Afrique.
- Rue 89: "cinquante ans d'interventions militaires françaises en Afrique".
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