Ce titre s'inscrit dans le mouvement de fierté noire (black pride) qui incite les Afro-américains à assumer fièrement leur identité, leurs racines culturelles et leur couleur de peau. En 1968, lorsque Brown troque son fameux brushing au profit d'une coiffure afro, l'événement donne lieu a de nombreux commentaires dans la presse. Ainsi, le magasine Soul lance:"Depuis des années, le King était un esclave. Esclave de qui, de quoi? James Brown devait arborer cette coiffure qui lui demandait de douloureuses heures de préparation, depuis des temps immémoriaux. Jusqu'au mois dernier. A présent, le King arbore une coiffure afro. Tout le monde, y compris les Blacks Panthers et le SNCC, pense que c'est une bonne chose. "
Pour autant, James Brown ne côtoie guère les Panthers ou d'autres organisations nationalistes noires. Il refuse d'ailleurs de prononcer l'expression black power. C'est avant tout un travailleur acharné, fier de sa réussite. En 1968, il est a la tête de trois stations de radio, possède des voitures rutilantes, un jet privé, un château de style victorien en plein Queens. Brown considère qu'une ascension sociale est possible pour les jeunes noirs, à condition qu'ils ne soient pas exploités économiquement. Le texte de la chanson s'inscrit d'ailleurs dans cette veine.
Obligé d’arrêter l’école précocement, James Brown tente tout au long de sa carrière de convaincre la jeunesse des ghettos de miser sur l’éducation. Il chante ainsi en 1966 Don’t be a drop-out (« ne soyez pas un élève en rupture ») et adopte le point de vue d’un jeune qui a laissé tomber l’école :
« Il se présente à un travail / Et Mr Man dit : /
Sans éducation / C’est comme si vous étiez mort ».
Quelques années plus tard, il clame avec fierté I don’t want anybody to give me nothing (open the door, I’ll getit myself), « J’veux pas que quelqu’un me donne quoi que ce soit (ouvrez la porte je l’obtiendrai moi-même) ». De fait, en 1968, James Brown a relevé son pari, il est devenu le champion du capitalisme noir, grâce à un talent indéniable et une discipline de travail spartiate (ses musiciens sont constamment mis à l'amende pour des motifs variés: retard aux répétitions, chemise mal repassée...).
[Wikimedia Commons] |
Quelques années plus tôt, Brown a sympathisé avec le vice-président de Johnson, le démocrate Hubert Humphrey qu’il soutient lors des primaires de 1968. Il accompagne même le candidat démocrate dans les ghettos lors de la campagne présidentielle. Opportuniste avant tout, Brown accepte les invitations du nouveau président Nixon, qu'il soutient en 1972 avant d'appuyer Reagan en 1980.
Ce parcours politique sinueux peut surprendre, mais il est à l'image du personnage. La même année que Say it loud, puissante charge contre le racisme qui gangrène son pays, Brown enregistre America is my home, une déclaration d'amour aux Etats-Unis...
James Brown "Say it loud I'm black and I'm proud!" (1968).
Uh! With your bad self!
Say it loud: I'm black and I'm proud!
Say it loud: I'm black and I'm proud!
Some people say we've got a lot of malice
Some say it’s a lot of nerve
But I say we won't quit moving until we get what we deserve
We have been bucked and we have been scorned
We have been treated bad, talked about as just bones
But just as it takes two eyes to make a pair,
Brother we can’t quit until we get our share
Say it loud: I'm black and I'm proud!
Say it loud: I'm black and I'm proud!
One more time!
Say it loud: I'm black and I'm proud!
I worked on jobs with my feet and my hand
But all the work I did was for the other man
Now we demand a chance to do things for ourselves
We're tired of beatin' our head against the wall
And workin' for someone else
Say it loud: I'm black and I'm proud
Say it loud: I'm black and I'm proud
Say it loud: I'm black and I'm proud
Say it loud: I'm black and I'm proud
We're people, we're just like the birds and the bees
We'd rather die on our feet
Than be livin' on our knees
Say it loud: I'm black and I'm proud
Say it loud: I'm black and I'm proud
Say it loud: I'm black and I'm proud
Say it loud: I'm black and I'm proud
.............................
Dis le fort: je suis noir et j'en suis fier (X2)
Certains affirment que nous sommes retors (...)
je dis que nous n'arrêterons pas de bouger tant que nous n'aurons pas ce que nous méritons
Nous avons été contrariés nous avons été dédaignés
nous avons été maltraités, méprisés comme un tas d'os
Mais aussi vrai qu'il faut deux yeux pour faire une paire,
frère nous ne cesserons pas tant que nous n'aurons pas reçu notre dû
Dites le haut et fort: Je suis noir et j'en suis fier (X2)
Encore une fois
Dites le haut et fort: Je suis noir et j'en suis fier
Je travaille avec mes pieds et mes mains,
mais tout ce que j'ai fait c'est pour les autres
maintenant nous voulons bénéficier des fruits de notre travail
nous sommes las de nous cogner la tête contre les murs
et de travailler pour les autres.
Dis le fort: je suis noir et j'en suis fier (X4)
Nous sommes des personnes, nous sommes exactement comme les oiseaux et les abeilles
nous préférons mourir debout que vivre à genoux
Dis le fort: je suis noir et j'en suis fier (X4)
1 commentaire:
A ce sujet, un DVD vient de sortir sur le rôle joué par le concernt de Boston au lendemain de l'assassinat de King. Des choses intéressantes.
http://www.amazon.co.uk/Night-James-Brown-Saved-Boston/dp/B001E6Q0VC/ref=sr_1_2?ie=UTF8&s=dvd&qid=1234720567&sr=1-2
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