samedi 25 octobre 2008

Les hymnes ont une histoire (I) L'hymne italien, une histoire mouvementée


Frères d’Italie (Fratelli d’Italia connu également sous le nom d’Inno di Mameli) est l’hymne italien depuis 2005, date à laquelle le Sénat l’a adopté officiellement. Nous avons eu l’occasion de l’entendre à plusieurs reprises ces dernières années surtout sur les terrains de foot lors des finales importantes en 2000 (Euro) et en 2006 (Mondial). C’est durant ces moments qu’une guerre symbolique des hymnes est généralement déclarée : c’est à celui qui sifflera et huera le plus fort l’hymne adverse… Les supporters sont très souvent de belles recrues pour un patriotisme aveugle et revanchard, prêts, le plus souvent, à des excès que l’intelligence et la tolérance ne pourraient que réprimer.


Mais revenons à cet hymne dont les paroles ont été écrites en 1847 par Goffredo Mameli 1827-1849), jeune étudiant patriote qui rédigea dès l’âge de vingt ans les paroles de cette chanson. Patriote, il a été de tous les combats pour tenter d'imposer la République. En 1849, il combat aux côtés de Garibaldi contre les troupes françaises et, blessé à la jambe, il est emporté par la gangrène à l’âge de 22 ans.
La musique est composée par Michele Novaro (1818-1885), l'hymne est enlevé, spontané mais pas suffisamment solennel selon les contemporains. C'est pourquoi Giuseppe Mazzini (le patriote républicain) qui dirige alors la république romaine demande à Mameli d’écrire un nouvel hymne qui sera cette fois-ci mis en musique par le déjà célèbre Giuseppe Verdi. Le résultat est, dira-t-on très décevant et c'est la première version qui sera chantée un peu partout dans cette nouvelle Italie du Risorgimento. Avec l'instauration du royaume d'une Italie unifiée, l'hymne change et devient la marche royale (Marcia reale) jusqu'en 1946.

Avec la fin du fascisme et l'instauration de la République italienne, on adopte provisoirement un nouvel hymne : la leggenda del Piave. Cette chanson a été rédigée par E.A Mario (de son vrai nom Giovanni Gaeta) en juillet 1918 afin de célébrer les victoires italiennes en Vénétie (faisant ainsi oublier le désastre de Caporetto).

Cet hymne sera remplacé dès 1948 par Frères d'Italie qui s'imposera progressivement dans le cœur des Italiens de gauche comme de droite. Dans les années 90, l'émergence d'un sentiment séparatiste incarné par la Ligue lombarde d'Umberto Bossi remet sur le plateau la question de l'hymne national. Son parti souhaitant remettre en cause l'unité italienne n'apprécie guère le texte de Mameli et lui préférerait le Nabbucco de Verdi. La droite et la gauche tombent finalement d'accord et maintiennent l'hymne de Mameli à condition qu'on fasse évoluer l'orchestration afin de le rendre plus harmonieux et plus moderne.
En juillet 2008, Umberto Bossi fustige encore l'hymne national, l'Etat centralisateur et fasciste...provoquant un scandale dans la classe politique choquant de nombreux Italiens qui se sont attachés à l'un des symboles de l'unité italienne (unité finalement très récente).






Paroles et traduction :
Fratelli d'Italia - Frères d'Italie
L'Italia s'è desta, - L'Italie s'est levée,
Dell'elmo di Scipio - Avec le heaume de Scipion [l'Africain]
S'è cinta la testa. - Elle s'est ceint la tête.
Dov'è la Vittoria? - Où est la Victoire ?
Le porga la chioma, - Qu'elle lui tende sa chevelure,
Ché schiava di Roma - Car esclave de Rome
Iddio la creò. - Dieu la créa.
Stringiamoci a coorte - Serrons-nous en cohortes
Siam pronti alla morte - Nous sommes prêts à la mort
L'Italia chiamò. - L'Italie [nous] a appelé.
Noi siamo da secoli - Nous sommes depuis des siècles
Calpesti, derisi, - Piétinés, moqués,
Perché non siam popolo, - Parce que nous ne sommes pas un peuple,
Perché siam divisi. - Parce que nous sommes divisés.
Raccolgaci un'unica - Que nous rassemble un unique
Bandiera, una speme: - Drapeau, un espoir :
Di fonderci insieme - De nous fondre ensemble
Già l'ora suonò. - L'heure a déjà sonné.
Stringiamoci a coorte - Laissez nous joindre la cohorte Siam pronti alla morte - Nous sommes prêt à mourir L'Italia chiamò. - L'Italie s'est levée.
Uniamoci, amiamoci, - Unissons-nous, aimons-nous
l'Unione, e l'amore - L'Union, et l'amour
Rivelano ai Popoli - Révèlent aux Peuples
Le vie del Signore; - Les voies du Seigneur ;
Giuriamo far libero - Jurons de libérer
Il suolo natío: - Le sol natal :
Uniti per Dio - Unis pour Dieu
Chi vincerci può? - Qui peut nous vaincre ?
Stringiamoci a coorte - Laissez nous joindre la cohorte Siam pronti alla morte - Nous sommes prêt à mourir L'Italia chiamò. - L'Italie s'est levée.
Dall'Alpi a Sicilia - Des Alpes à la Sicile
Dovunque è Legnano, - Legnano est partout
Ogn'uom di Ferruccio - Chaque homme a le cœur,
Ha il core, ha la mano, - A la main de Ferruccio,
I bimbi d'Italia - Les enfants d'Italie
Si chiaman Balilla, - S'appellent Balilla,
Il suon d'ogni squilla - Le son de chaque cloche
I Vespri suonò. - A sonné les Vêpres.
Stringiamoci a coorte - Laissez nous joindre la cohorte
Siam pronti alla morte - Nous sommes prêt à mourir
L'Italia chiamò. - L'Italie s'est levée.
Son giunchi che piegano - Les épées vendues
Le spade vendute: - Sont des joncs qui ploient
Già l'Aquila d'Austria - L'Aigle d'Autriche
Le penne ha perdute. - A déjà perdu ses plumes
Il sangue d'Italia, - Il a bu le sang d'Italie,
Il sangue polacco, - Le sang polonais,
Bevé, col cosacco, - avec le Cosaque,
Ma il cor le bruciò. - Mais cela lui a brûlé le cœur.


Voici une version de footballeurs, heureusement, ils jouent mieux au foot qu'ils ne chantent !

JC Diedrich

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