vendredi 8 avril 2016

307. Parchman prison farm blues

A l'issue de la guerre de sécession, la Confédération se trouva en 1865 dans une situation chaotique. L'esclavage ayant été aboli, l'économie du Sud qui reposait sur le travail gratuit de quatre millions d'esclaves se trouvait d'un seul coup face à l'obligation de payer des salaires, ce qui horrifia aussitôt les planteurs. 
Les esclaves libérés survécurent très difficilement et s'employèrent dans les tâches les plus ingrates (chiffonniers et recycleurs). Exsangues, les grands propriétaires de l'ancienne Confédération durent se résoudre à la parcellisation de leurs terres. Pour autant cette situation ne conduisit nulle part à une véritable réforme agraire et très peu de terres furent distribuées à des esclaves noirs libérés. L'ensemble des surfaces aux mains de propriétaires noirs indépendants ne représentèrent au bout du compte qu'une part dérisoire des anciennes plantations. Les Noirs affranchis se retrouvèrent dispersés sur des lopins d'un ou deux hectares au mieux, et encouragés à venir travailler comme métayers sur des lots toujours possédés par les anciens maîtres, en échange de 30 à 60% de la récolte obtenue. (1) La solution du métayage - qui permettait à la fois de préserver la domination foncière des Blancs et d'exploiter très durement les Noirs - s'imposa donc largement. D'esclaves, les Noirs libérés devinrent alors des serfs... Pour fixer leurs employés à la glèbe et aussi afin de contrer le vagabondage endémique depuis la fin de la guerre de sécession, les États du Sud édictèrent des règlements d'une sévérité inouïe. (2) C'est ainsi que tout ancien esclave contrôlé sans argent ni but apparent à distance de son lieu de travail, se voyait condamné, enchaîné et livré au travail forcé non payé. Cette pratique peut donc être assimilée à une réduction en esclavage. D'ailleurs, bien que la mise en servitude ait été abolie par le XIII ème amendement à la Constitution, elle reste admise "pour punir un crime, dont un individu aura été dûment reconnu coupable."
Dans ces conditions, la moindre peccadille, les motifs les plus futiles ou de simples soupçons suffisaient pour motiver une arrestation. En 1935, W.E. Dubois notait ainsi que "depuis 1876, les Noirs sont arrêtés à la moindre incartade et condamnés à de longues peines ou à des amendes qu'ils payent par leur travail." L'administration pénitentiaire sudiste avait ainsi trouvé le moyen de renvoyer à l'esclavage - c'est-à-dire au travail forcé non payé - des dizaines de milliers de Noirs sans travail, pour le compte d'entreprises privées à qui elle les louait. Or cette collusion patronat local-autorité judiciaire dura jusqu'aux années 1950. 

Les fermes-pénitenciers étaient gérées comme des entreprises avec des impératifs de rentabilité.


  La détention s'avérant particulièrement coûteuse pour les deniers publics dans une économie dévastée par la guerre civile, plusieurs solutions apparaissent:
* Des années 1890 aux années 1920, le système du louage (convict lease system) des détenus mettait à disposition des industriels, promoteurs de grands chantiers (construction de digues, voies ferrées, drainage des marées, mines...) et grands propriétaires terriens une main d’œuvre nombreuse et gratuite. Les plus pauvres devaient s'acquitter de leurs amendes par leur travail. Or, à raison de cinquante cents par jour, le pauvre hère condamné à une amende de quarante dollars devait trimer pendant trois mois... Ce système permettait en outre aux États et comtés d'augmenter leurs revenus. Le Congrès n'abolit ce système cruel qu'en 1887. Les ateliers pénitentiaires s'imposèrent progressivement dans la plupart des États du Sud.  Désormais, l'entrepreneur fournissait les outils de travail et la matière première aux détenus . Payés à la pièce et plus à la journée, les détenus enduraient des cadences de travail infernales. Aussi désastreux qu'il soit, ce système fonctionna bon an mal an jusqu'à la crise de 1929. Mais à partir de cette date, le travail fourni par les prisonniers ne fut plus admis dans une société confrontée au chômage de masse, les produits fabriqués par les détenus étant considérées en outre comme une concurrence déloyale par les industriels en difficultés.

Un chain gang à la tâche.


* Les prisonniers furent alors envoyés sur les chantiers de l’État ce qui permit notamment d'apporter un début de réponse au surpeuplement carcéral. En effet, dans une grande majorité de prisons, les détenus s'entassaient dans de minuscules cellules. L'absence de sanitaires associée à l'extrême promiscuité transformaient les pénitenciers en redoutables foyers d'infection. 
Sans considération aucune pour les prisonniers, les autorités eurent alors l'idée d'extraire une partie des occupants des pénitenciers pour les employer sur des chantiers de travaux publics. Cette solution permettait de faire d'une pierre deux coups: "les prisons se vidaient de leur trop-plein, et l’État disposait d'une main-d’œuvre à bon marché pour construire des routes et des voies ferrées, exploiter des carrières et sablières, assécher les marais." 
Les États du Sud virent alors fleurir des centaines de chantiers dans lesquels trimaient dans des conditions inhumaines des milliers d'individus enchaînés, surveillés par des gardes armés. Les équipes enchaînées se composait d'hommes, de femmes et adolescents, noirs pour leur grande majorité, dont les crimes allaient du simple vagabondage au meurtre avec préméditation, en passant par des délits insignifiants tels que l'ébriété sur la voie publique... Totalement inhumain, ce système avait, aux yeux des autorités, l'avantage d'être simple et très lucratif. (3) Pour l'autorité judiciaire, il fallait rentabiliser le travail des prisonniers. De cet impératif est née l'idée du chain gang. Enchaînés les uns aux autres, vêtus de costumes rayés, les prisonniers devaient réaliser des travaux d'utilité publique.
Les comtés ou les États achetèrent d'immenses domaines comme à Angola (Louisiane, Cummins (Arkansas), Sugarland (Texas) ou Parchman (Mississippi). Cette derrière était une gigantesque ferme cotonnière de 9000 hectares construite en 1904 et dont la gestion s'apparentait à celle des plantations d'avant la guerre de Sécession, avec des prisonniers en guise d'esclaves. 
Tous ces établissements pénitentiaires cherchaient moins à punir ou réhabiliter les prisonniers qu'à faire de l'argent. Ceci explique que pendant des décennies, le système carcéral américain vécut en quasi autarcie, équilibrant ses coûts par le travail des détenus.  Encore en 1957, un reporter du New York Times notait:"Le système pénitentiaire d’État à Parchman est tout simplement une plantation de coton utilisant des détenus comme main-d’œuvre. Le gardien n'est pas un cadre pénitentiaire, mais un directeur de plantation expérimenté. Son rapport annuel au corps législatif n'est pas fait de vies sauvées; c'est une déclaration de pertes et profits, l'accent est mis sur les profits."

Travail des prisonniers dans la ferme pénitencier de Parchman (Mississippi) dans les années 1930.

La vie dans les chain gangs était proprement abominable. Les besognes les plus rudes attendaient les prisonniers, de l'abattage d'arbres, à la construction de routes, en passant par le drainage des marais. Levés dès l'aube, les détenus ne s'arrêtaient de travailler qu'au crépuscule comme le chante Bukka White dans son célèbre "Parchman Farm blues":

"Judge gimme life this morning down / on Parchman farm / I wouldn't hate it so bad, but I left my wife and my home. / We go to work in the morning just from the dawn of day / just at the setting of the sun, that's when the work is done(...) 

"Ce matin, le juge m'a condamné à perpétuité au pénitencier. / Ce ne serait pas si horrible, si je n'avais pas dû quitter ma femme et mon foyer. / Nous allons travailler le matin dès le lever du jour / et le travail ne s'arrête qu'au coucher du soleil.

Selon les saisons, les prisonniers passaient de dix à quatorze heures par jour à casser des cailloux, abattre des arbres, poser des voies de chemin de fer ou construire des digues.
Les détenus restaient toujours sous la surveillance de gardes qui prenaient le soin de les enchaîner aux heures de repos. Fers aux chevilles, ils étaient attachés à une longue chaîne tendue d'un bout à l'autre de la cabane-dortoir. Pour certaines tâches, les détenus avaient les mains libres afin de ne pas entraver leurs gestes, mais pour creuser des fossés par exemple, ils évoluaient enchaînés en formation serrée.
Les punitions étaient d'une brutalité inouïe. Sous le moindre prétexte, les prisonniers subissaient les coups de matraques ou de fouets. Les hommes qui ne respectaient pas les règles avaient affaire à Black Annie, une lanière de cuir d'un mètre cinquante utilisée pour appliquer la discipline. Dans le poignant "County farm blues" (1942), Son House évoque les terribles punitions infligées par le contremaître aux détenus: " Down South, when you do anything wrong / They'll sure put you down on the county farm / Put you under a man called captain Jack / He'll sure write his name up and down your back."
 Certains devaient porter autour de la cheville un anneau à pointes qui lacérait les jambes à chaque pas, occasionnant des plaies ouvertes et purulentes aux mollets. Déshabillées, les femmes étaient fouettées sous le regard des hommes.  Autant de pratiques qui ont tout de méthodes esclavagistes. 



Dans "the land where the blues began", Alan Lomax livre le récit sidérant de sa visite au pénitencier de Parchman, en février 1948: "Quelques rangées de fil barbelé, pas plus, marquaient la frontière entre le pénitencier d’État de Parchman et le prétendu monde libre. (...) Le pénitencier était un vaste échiquier de champs de coton entrecoupé de larges canaux de drainage et de routes gravillonnées, étirés à l'infini sous un ciel brûlant. (...) Seule la vue occasionnelle de détenus en costumes rayés et de gardes à cheval armés de fusils, vous faisait prendre conscience qu'il s'agissait d'une prison. Mais chaque noir du delta savait avec quelle facilité il pouvait se retrouver du mauvais côté de la clôture.  (...) Engagés ici en raison de leur qualification de "meneurs de négros", c'était avec joie que les cadres pénitentiaires sudistes, sûrs de leur bon droit, humiliaient, brutalisaient, torturaient souvent et assassinaient parfois, ceux dont ils avaient la charge. (...) Partout, nous entendions parler d'hommes qui travaillaient jusqu'à tomber morts ou brûlés de coups de soleil. "Se taper un Joe", autrement dit l'automutilation, était un moyen d'en sortir. La vue d'un unijambiste ou d'un manchot qui s'était lui-même coupé une jambe ou un bras à coups de hache ou de houe était courante. " [p333].


Désespérés et pensant échapper aux tortures du travail forcé, certains détenus se mutilèrent.
Les gardes à cheval faisaient preuve d'un sadisme sans bornes et usaient de la terreur pour faire obéir les convicts. En Alabama, les policiers touchaient même des primes pour toute nouvelle arrestation. Des prisons pleines était en effet synonyme de rentrées d'argent substantielles pour les trésoreries du comté.
Le bluesman Robert Pete Williams (4) confia ses souvenirs à Peter Guralnick :"J'ai été amené en 1956 (...). Quand je suis arrivé, on m'a donné des habits rayés. De grosses rayures. Un boulet en acier. (...) [Puis] on m'a donné des habits kaki, on a fait de moi un garde. On m'a mis au milieu des prisonniers assis tout autour. Et le chef, à cheval, en direction des gardes, quand il m'a appelé, il a dit: (...) "Si quelqu'un dépasse cette ligne, est-ce que tu le tues?" J'ai dit:"Chef, je n'ai pas à le tuer." J'ai dit:"S'il passe la ligne, vous savez que je peux l'arrêter." Eh bien, il n'a pas aimé ça, mais j'ai ensuite expliqué ce que je voulais dire. "S'il passe cette ligne, je peux l'abattre, je peux lui tirer dans les jambes, je peux l'arrêter sans le tuer.





* "Parchman était un pas de plus vers le fond de l'enfer." (cf Alan Lomax).
Paradoxalement les fermes pénitenciers "sont devenues de véritables mines musicales, inépuisables réserves de chansons de travail et d'équipe (...). Pour chaque tâche accomplie (...) dans le camp de construction, cette habitude de chanter et de travailler ensemble en rythme avait mis en avant une série d'airs accrocheurs qui, en dépit de la chaleur, faisaient avancer le travail(...). Les chants de brigade au travail jaillirent partout où les conditions de travail étaient particulièrement dures.  (...) Cette veine de la créativité afro-américaine fut florissante dans les pénitenciers d’État parce que, là, elle était essentielle pour la survie tant spirituelle que physique des prisonniers noirs. (...) Le rythme fixé par le meneur du chant indiquait une cadence pratique pour le travail. On entendait les refrains puissants des brigades à la houe à un mile à la ronde." [Alan Lomax p337]
"Dans l'enfer brûlant des pénitenciers, le vieil esprit collectif du chant africain rafraîchissait les âmes des prisonniers qui trimaient et suaient (...). Pour chaque tâche accompli sur le fleuve, dans les champs, puis le chemin de fer et dans le camp de construction, cette habitude de chanter ensemble, en rythme, faisait avancer le travail dans la joie. Fixer exactement le tempo correct, augmentait le flot d'énergie, diminuait la fatigue, dopait le moral et le rendement productif, tout en unifiant le groupe. Les visages des hommes, qui enregistrèrent pour moi ce jour là dans l'entrepôt à bois de la prison, étaient enflammés par l'émotion."
 
De fait quelques unes des figures majeures du Delta blues furent découverts dans ces fermes-pénitenciers. 
- Condamné pour meurtre à 15 ans de prison en 1928, Son House croupira dix longues années à Parchman, Bukka White y passera deux ans pour le même motif. Cette sinistre expérience inspirera des compositions marquantes à chacun d'eux: "Mississippi County Farm blues" pour le premier, "Parchman prison blues" pour le second.
Incarcéré pour homicide dans la ferme de Sugarland, au Texas, Huddie Ledbetter plus connu sous le nom de Leadbelly, aurait obtenu sa libération en 1920 après avoir écrit une supplique au gouverneur de l'Etat, Pat Neff. (5) En 1934, il croupissait pour le même motif à Angola Prison Farm, une exploitation pénitentiaire de Louisiane. C'est en ce lieu que le rencontrèrent John et Alan Lomax, chargés par la bibliothèque du Congrès de constituer un recueil de chants de prisonniers. Leadbelly fut de nouveau gracié après avoir écrit une chanson sur le gouverneur de Louisiane O.K. Allen, dans laquelle il plaidait pour sa liberté.
Sans surprise, Leadbelly consacra de nombreux blues aux prison farms du Sud. Son Alabama bound décrit les conditions d’existence épouvantables dans ces pénitenciers. Midnight special évoque quant à lui le train de minuit qui longe le pénitencier d’Angola. Les détenus rêvaient de pourvoir monter dans ce train, symbole de libération.
Emprisonné au cours des années 1930 à la Houston County Prison Farm, Sam Lightnin’ Hopkins se souvint de l’atmosphère de violence qui régnait dans les prisons-fermes lorsqu'il composa son Penitentiary blues (1959).  
« you ought to been on the Brazos in 1904/ you could find a dead man on every turnin’ row » [« t’aurais dû voir le pénitencier en 1904/ y avait des cadavres à chaque sillon du champ ».]





 
A propos des enregistrements réalisés dans à Parchman, Lomax écrivait: "Ces prisonniers noirs avaient regardé la mort en face chaque jour, souffert une déchéance bien plus pénible que la mort et créé des chants d'une puissance sans égale pour garder leurs coeurs en vie."
1. "Rosie" Prénom sous lequel étaient désignées les femmes rendant visite à des détenus à Parchman.
2. "Early in the mornin'"
3. "Bertha"
4. Bukka White:"Parchman Farm Blues"
5. Son House: "Mississippi County Farm blues"
6. Kokomo Arnold: "Chain gang blues"
7. Leabelly: "Midnight Special" 
8. Lightnin' Hopkins:"Penitentiary blues"
9. James "Iron Head" Baker: "Black betty" Black betty est le fouet de cuir utilisé par les matons dans les fermes pénitenciers. 

Notes:
1. 1. Le métayage, très dur dans le Mississippi, privait le fermier noir des deux tiers de sa récolte.
2. Est considéré comme vagabond celui qui n'a pas de moyens d'existence connus, qui mendie, qui n'a pas de domicile. La lutte contre le vagabondage a donc tout d'une chasse aux pauvres.  
3. Paul Oliver note ainsi que "dans la seule année 1907, la Géorgie tira du travail des équipes enchaînées un bénéfice de 350 000 dollars."
4. Robert Pete William fut découvert et enregistré en 1956 par les musicologues Harry Oster et Richard Allen alors qu'il purgeait sa peine au pénitencier d'Angola (Louisiane) où il avait été condamné à la peine de mort pour homicide. Libéré après trois ans et demi d'incarcération, il vécut dans un état de quasi-asservissement jusqu'en 1964. Finalement, Oster et Allen parvinrent à obtenir sa grâce totale en 1964.
5. Du moins si l'on en croit la légende... officiellement il dut son élargissement à sa bonne conduite. 



Sources:
- J.P. Levet:"Talkin' that talk. Le langage du blues, du jazz et du rap.", Outre Mesure, 2010.
- "Violence et répression dans le Sud", livret du numéro 56 (Leadbelly) de la collection Jazz et Blues des éditions Atlas.
- Alan Lomax: "Le pays où naquit le blues", les Fondeurs e Briques, 2013.
- Robert Springer: "Fonction sociale du blues", Éditions Parenthèses, 1999.
- Martin Scorsese présente: "Le Blues, voyage à la source", naïve, 2004.  
- Peter Guralnick: "Feel like going home. Légendes du blues et pionniers du rock'n'roll", Rivage(s) rouge, 2012.
- Michka Assayas: "Nouveau dictionnaire du rock", Robert Laffont, 2013.
- Paul Oliver:"Le monde du blues", musiques et Cie, 10/18, 2002.
- Philippe Paraire: "Philosophie du blues. Une éthique de l'errance solitaire", les Éditions de l’Épervier, 2012.
- Parchman Farm (song)

"Les prisonniers employés sur un chantier éloigné y étaient conduits dans des chariots fermés, véritables compartiments-cercueils (...)." (cf: Paul Oliver) Les prisonniers étaient transportés d'un chantier à l'autre dans des cages tirées par des mules où ils dormaient sur des planches dans une promiscuité révoltante.

Liens:
- Culture musique: "Les aventuriers du son perdu: Alan Lomax, père fondateur du Global Juke Box"
- Culture musique: "Musiques à lire: Aux racines du blues"
- Rush sur Alan Lomax.
 - Tous les morceaux enregistrés à Parchman par John et Alan Lomax sont écoutables sur le site cultural equity.
- African American prison work song.
- Blues & Folk: "Chain gangs et Work gangs.
- Les vampires de l'île du Diable: "Angola prison blues"
- No Mo' freedom: prison blues
- Wikipédia: Chain gang
- Lomax père et fils.  

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