Au cœur du Massif central, le départ des paysans pauvres vers la ville pour y chercher "fortune" est une vieille tradition
et constitue même, par son ampleur, un des traits caractéristiques de la démographie limousine au XIX° siècle.
Pourquoi des dizaines de milliers de Creusois ont-ils migré vers les grandes villes du pays? Quelles furent les conséquences immédiates et plus lointaines de ces migrations?
Au fil du billet nous nous placerons dans les pas de Martin Nadaud, empruntant largement aux Mémoires de Léonard, dans lesquelles il se remémore, au soir de sa vie, son expérience de maçons creusois dans la capitale.
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Pourquoi des dizaines de milliers de Creusois ont-ils migré vers les grandes villes du pays? Quelles furent les conséquences immédiates et plus lointaines de ces migrations?
Au fil du billet nous nous placerons dans les pas de Martin Nadaud, empruntant largement aux Mémoires de Léonard, dans lesquelles il se remémore, au soir de sa vie, son expérience de maçons creusois dans la capitale.
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* Un phénomène ancien.
Les migrations "maçonnantes" constituent un phénomène ancien dans tout le Limousin. Ainsi, si l'on en croit le directeur des travaux du château de Versailles, qui écrit à Colbert dans l'hiver 1670, ces migrants constituent une importante main d’œuvre pour la construction des bâtiments : "tous nos ouvrages seront mieux établis après les fêtes [Pâques?] parce que les Limousins seront de retour".
Ces migrations se poursuivent et s’accroissent régulièrement au XVIII° siècles, avant d'atteindre un maximum au XIX°. A la fin du premier Empire, le préfet estime à 13 000 le nombre des Creusois qui s'en vont chaque année travailler hors du pays. Au cours des décennies suivantes, les migrations se poursuivent. On évalue ainsi à 50 000 le nombre total des migrants limousins à la fin de la Monarchie de Juillet. L'augmentation des départs s'accélère encore lors de la période 1847-1861 car comme le note le maire de saint Oradoux en 1857: "Tous ceux qui étaient capables de se livrer à un travail quelconque ont émigré depuis que le vivres sont si chers."
L'apogée du mouvement semble se situer à la fin du Second Empire, lorsque les grands travaux effectués dans les villes attirent une très nombreuse main d’œuvre. La guerre de 1870 interrompt un temps les migrations, qui reprennent de plus bel vers 1875, avant que les flux migratoires ne se tarissent progressivement (en 1880 encore, il y a 40 à 45 000 migrants dans la Creuse, soit 15% de la population totale du département). C'est la grande guerre qui marque la fin des migrations "maçonnantes", la plupart des bâtisseurs s'étant installés dans leurs villes d'accueil.
* Pourquoi part-on?
Le déclin des usages ruraux communautaires et la disparition des activités proto-industrielles de nombreuses campagnes privent les plus pauvres des ressources d'appoint. Ce sont donc avant tout les paysans les plus modestes, souvent victimes des crises agricoles et originaires des régions les plus isolées et les plus périphériques, à l'instar de la Creuse, qui prennent la route .
- L'émigration y est une nécessité car les plateaux fragmentés de la "montagne limousine" n'offrent que des sols pauvres et difficiles à travailler. Les rendements y sont très faibles. Aussi, l'origine des départs réside principalement dans l'insuffisance du pays en ressources agricoles. L'accroissement démographique au cours du XIX° aggrave encore la situation de campagnes désormais surpeuplées. Dans ces conditions, les migrations apportent le complément de ressources indispensable grâce aux gains et aux économies des migrants. (1) L'absence de ces derniers des campagnes limousines près de neuf mois de l'année permet en outre de réduire la pression sur ces territoires (moins de bouches à nourrir).
- Le système de transmission des propriétés explique également l'ampleur des migrations limousines. Le patrimoine familial étant considéré comme indivisible, il faut éviter de l'amputer. Par conséquent, ce bien peut être maintenu dans son intégrité à la seule condition que les enfants d'une même famille renoncent au partage à la mort des parents. L'usage de transmettre la propriété des aïeux à un seul membre de la famille ("l'aîné"), de génération en génération, s'impose progressivement. Le fils avantagé doit donc partir pour plusieurs "campagnes" afin d'indemniser ses frères et sœurs cohéritiers. Chargé de la perpétuation du patrimoine familial, il se livre à l'émigration saisonnière et revient au pays où sont ses biens et ses intérêts. Les frères et sœurs obligés de renoncer au partage sont eux-mêmes fréquemment contraints de se fixer hors du pays, parfois de manière définitive.
- La migration est encore rendue nécessaire par le manque d'industries locales, par l'insuffisance des ressources procurées par la micro-propriété dominante ainsi que par la faiblesse des revenus de nombreux métayers et fermiers soumis à l'impôt. Ces paysans sans terres optent donc souvent pour un travail plus rémunérateur.
* Quels métiers?
La très grande majorité des migrants s'adonnent aux métiers du bâtiment (maçon, tailleur de pierres, paveur, charpentier, peintre et couvreur). Cette spécialisation s'explique avant tout comme nous l'avons vu par la pauvreté des sols et l'absence d'autres activités susceptibles de subvenir aux besoins. En outre, l'activité ne nécessite pas un long et coûteux apprentissage pour le "goujat" qui gâche le mortier et porte les pierres pour le compte du maître-maçon. (2)
Le corps de métier s'avère très hiérarchisé. Le "garçon maçon" ou goujat gâche le plâtre et le mortier, transportant les moellons pour l'ouvrier maçon. Aguerri, ce dernier travaille aux fondations et érige le gros œuvre. Les plus doués deviennent maître-compagnons et reçoivent les ordres du maître-maçon, un entrepreneur qui distribue le travail et supervise l'avancement des travaux sur le chantier.
* Nomadisme d'été.
Jusqu'au milieu du XIXème siècle, ces sont surtout les migrations temporaires qui marquent les esprits par leur ampleur et la régularité de leur rythme.
Les maçons partent aux alentours du 15 mars et rentrent entre le 15 novembre et le 15 décembre pour une durée d'au moins 9 mois. Une fois les hommes adultes partis (2/3), il ne reste plus au pays que les vieillards, les femmes et les enfants, contraints de suppléer à l'absence des premiers pour toutes les tâches agricoles, en particulier les travaux les plus durs (moissons).
* D'où part-on? Vers quelles destinations?
Les migrations "maçonnantes" sont très importantes dans les cantons nord-est de la Haute-Vienne et dans l'ensemble de la Creuse. Les arrondissements les plus élevés et les plus pauvres du département sont particulièrement affectés par l'émigration qui y représente une véritable nécessité.
* Un voyage éprouvant.
La façon dont s'effectue le voyage a évolué au cours du siècle. Longtemps les maçons ont voyagé à pied, par bandes de 15 à 20, sous la conduite d'un maître-compagnon (3) ou plus simplement d'un chef désigné par le groupe.
Au cours du trajet, un "éclaireur" part de l'avant sur la route et s'occupe de la logistique pour le reste de la bande (nourriture, hébergement).
Les maçons empruntent toujours les mêmes routes à l'aller comme au retour. Aussi, ils font halte aux mêmes étapes et fréquentent les mêmes auberges. Si l'on en croit Martin Nadaud, la nourriture y est correcte, à la différence de la literie, la plupart du temps déplorable. Les paillasses miteuses qui tiennent lieu de lits sont infestées de punaises ou de puces (cf Nadaud: "nous nous couchâmes, non sur des lits, mais sur des balles de son et de paille hachée par l’usure et, naturellement, pleines de vermine.").
Au cours du XIX°, les conditions de voyage se modifient quelque peu. Si certains continuent d'effectuer à pied la totalité du parcours ; d'autres empruntent les voitures publiques ou le chemin de fer dont l'utilisation se généralise sous la IIIe République.
* le retour au pays.
Lorsque le froid rigoureux impose la fermeture des chantiers, les migrants prennent le chemin du retour dans les mêmes conditions qu'à l'aller, nantis toutefois du pécule amassé lors de la campagne.
Les sommes gagnées par les maçons représentent un profit bien supérieur à ce qu'ils auraient obtenu des sols ingrats du Limousin. Lors d'une bonne campagne, un travailleur revenu au pays peut s'acquitter de ses créances, payer une partie de la dot d'une fille ou encore investir dans l'achat d'une terre.
Le calendrier imposé par les migrations explique que ce soit l'hiver que se règlent la plupart des affaires, l'hiver encore que l'on renouvelle le cheptel par la fréquentation des foires, l'hiver enfin qu'aient lieu les principales festivités: mariages au mois de février, fêtes de familles, bals dans une grange au son de la cabrette et de la vielle...
Les migrants sont alors l'objet de toutes les sollicitations. Lors des veillées, ils narrent leurs exploits devant un auditoire fasciné. Leur présence au village permet encore la réalisation des travaux d'entretien ou de réparation.
* Les conditions de vie et de travail des maçons.
Les conditions de vie du migrant durant la "campagne" varient selon la destination et le métier pratiqué. Beaucoup d'apprentis se rendent d'abord dans le Rhône où ils semblent mieux traités que dans la capitale.
Une fois arrivés à bon port, les migrants partent en quête d'un logement, le garnis. C'est ainsi qu'on désigne les chambres où s'entassent 10 ou 12 hommes "où ne logent que des ouvriers de la même profession et qui sont tenues par des entrepreneurs de la même industrie." A Paris, la plupart des pensions ou hôtels meublés se situent dans les vieux quartiers proches de l'Hôtel de ville et autour de la montagne sainte Geneviève.
A Lyon, les maçons occupent d'abord la Part-Dieu, avant de s'installer dans les garnis du quartier de la Guillotière, de l'autre côté du Rhône.
Ces localisations impliquent souvent de très longues marches journalière pour rallier les chantiers, fréquemment situés en banlieue. La sédentarisation familiale et l'extension de la ville conduisent les ouvriers du bâtiment à s'installer de plus en plus en périphérie, plus près des chantiers.
Une fois installés, les maçons s'en vont quérir un travail sur les places d'embauchages (place de Grève et du Châtelet). Lors des périodes de crise, les maçons courent de chantier en chantier pour trouver une place, tentant alors de réactiver les solidarités d'origine en s'adressant à leurs anciens compatriotes. (4)
Lors des périodes de ralentissement économique, les bâtisseurs sont contraints de chômer et il est fréquent qu'à l'issue de la campagne, ils n'aient pas les fonds nécessaires au retour, qu'ils sont alors obligés d'ajourner.
Le métier en lui-même, fort pénible, nécessite une grande force physique, de l'endurance. Par tous les temps, le maçon porte de lourdes charges et doit se tenir debout toute la journée sur un échafaudage. Les accidents sont d'autant plus fréquents que les entrepreneurs ne prennent guère de précautions.
Les maçons limousins sont souvent mal perçus par les autochtones, suscitant des réactions xénophobes, comparables à celles auxquelles sont confrontés les maçons piémontais qui affluent à Lyon au XX° siècle. Au milieu du XIX° siècle, les rapports administratifs utilisent le terme "étranger" pour désigner les Limousins. La police en particulier se méfie de cette population flottante, jugée instable et facilement manipulable. Leurs déplacements font ainsi l'objet d'une surveillance pointilleuse, notamment par l'intermédiaire du livret ouvrier.
* les migrations temporaires deviennent définitives.
Au fil du siècle, le séjour à la ville s'allonge au delà d'une campagne. C'est particulièrement vrai des migrants qui pratiquent un métier offrant du travail toute l'année (peintre, tailleur de pierre), mais le phénomène s'observe également pour les métiers saisonniers (maçons ou tuiliers).
On assiste ainsi à une tendance à la fixation dans le pays où on a les intérêts les plus importants, les retours au pays s'espaçant de plus en plus jusqu'à cesser totalement.
Certes, les deux formes de migration, définitive et temporaire, coexistent longtemps sachant que le migrant part la plupart du temps avec l'idée de revenir, mais sa migration devient définitive à la faveur de rencontres, du décès des parents ou d'une opportunité professionnelle particulière.
Les migrations définitives progressent également grâce à la création d'industries nouvelles dans les régions proches des foyers de départs. Ainsi, l'essor de la sidérurgie au Creusot ou des usines Michelin à Clermont-Ferrand entraînent de nombreux départs, souvent définitifs.
Dans ces conditions, les femmes à leur tour gagnent les villes pour rejoindre "leurs" maçons. Lorsque le ménage possède une propriété au pays, elle est confiée aux vieux parents ou aux frères et sœurs plus jeunes. Si il y a retour, c'est pour prendre la succession des aïeux devenus infirmes ou disparus.
Beaucoup de migrants coupent progressivement les liens avec le pays, se contentant d'entretenir un sentiment de solidarité en employant (pour ceux qui ont réussi) prioritairement des compatriotes.
* Quelles sont les conséquences des migrations en Creuse sous la IIIème République?
L'émigration permet dans un premier temps de décongestionner les campagnes surpeuplées et d'établir un équilibre plus aisé entre les maigres ressources du sol et le nombre de ses habitants.
Elle apporte d'autre part les fonds nécessaires à l'achat d'une terre. La vente des biens des partants définitifs permet à de nombreuses familles d'arrondir leur patrimoine, leurs permettant de vivre sans plus avoir à recourir au nomadisme. Dans ces conditions, le faire-valoir direct progresse tout au long du XIX° au détriment du métayage ou du fermage.
Si il est très difficile de mesurer l'incidence des migrations, on peut néanmoins affirmer qu'elles ont modifié le comportement démographique des populations concernées. L'essor des migrations définitives et le développement de l'exode rural entraînent ainsi un dépeuplement très marqué, accentué encore par une natalité en berne (ce sont de jeunes adultes qui partent).
D'un autre côté, les migrations contribuent à améliorer l'état sanitaire des individus, car les migrants installés en ville disposent d'une alimentation supérieure à celle des ruraux, notamment parce qu'ils consomment davantage de viande. Enfin, les économies rapportées par les travailleurs temporaires ont permis à la paysannerie creusoise de mieux surmonter les périodes de crise. Elles contribuent sous la IIIème République à répandre une plus grande aisance dans les campagnes, tout en facilitant dans une certaine mesure une amélioration des techniques culturales.
Les migrations contribuent en outre à modifier la psychologie paysanne traditionnelle:
- le fils migrant utilise ses gains pour acquérir son indépendance morale.
- seules maîtresses au logis pendant de longs mois, les femmes acquièrent par la force des choses une plus grande autonomie et voient leur rôle valorisé.
- enfin la migration ouvre au monde et permet à un certain nombre de maçons de bénéficier du minimum d'instruction leurs permettant de s'exprimer et d'écrire en français. La correspondance avec la famille restée au pays se fait d'ailleurs dans cette langue.
A la fin du XIX° siècle, un important discours clérical et conservateur s'emploie à dépeindre l'émigration comme un véritable fléau. La ville, véritable Babylone moderne, est décrite comme le lieu des pires turpitudes, le tombeau des saines coutumes rurales. D'aucuns accusent les migrants d'avoir ramené pêle-mêle au pays alcool, syphilis et irréligion. En 1908, l'économiste Emile Cheysson écrit par exemple à propos d'un Aveyronnais: "(...) les hommes étaient de granit dans ce pays là, très robuste, (...) l'émigration les amenant à Paris les a singulièrement amoindris. [...] Ils revenaient mourir au pays natal, rapportant leurs maladies, leurs tares et souvent leurs contagions (...). [...] Par conséquent, l'émigration non seulement diminue la population, mais surtout elle diminue sa qualité morale et sa vigueur (...)."
Alain Corbin démontre que les migrants ont au contraire amélioré la santé générale, en accroissant l'aisance, et en apprenant aux leurs à manger pain et viande au lieu de châtaignes et bouillie. En outre, les migrations ne semblent pas le facteur décisif du déclin spectaculaire de la foi en Limousin puisque le processus de détachement se repère avant leur grand essor.
* Une transformation des mentalités?
Plusieurs thèses s'affrontent au sujet de l'intégration des Creusois dans la ville. D'aucuns insistent sur le grégarisme de migrants vivant presque uniquement entre eux, et s'intégrant du coup très mal à la société urbaine. Au début du XIX° siècle, beaucoup de ces hommes ne parlent que le patois, ce qui les incitent, au moins dans un premier temps, à se regrouper (situation comparable à celle de tous les travailleurs immigrés fraîchement arrivés de leur pays d'origine). Logés par un entrepreneur, lui-même Creusois la plupart du temps, ils seraient restés accrochés aux mêmes quartiers, tout en cultivant leur particularisme.
Les adversaires de cette thèse insistent au contraire sur la pénétration des valeurs urbaines chez les migrants. (5) A l'origine, ces derniers sont, pour une majorité d'entre-eux, des paysans vivant dans un milieu clôt. Or, dans les villes, ils entrent en contact avec un mouvement ouvrier en pleine construction au XIX°. Cette rencontre a sans aucun doute des répercussions sur les mentalités des maçons dont beaucoup sont les témoins, voire les acteurs des journées révolutionnaires qui jalonnent le XIX° (révolte des canuts à Lyon en 1831, 3 glorieuses de 1848, Commune...). Donc, pour les tenants du "creuset" urbain, les maçons migrants participent à la vie politique, sociale et syndicale du mouvement ouvrier qu'ils côtoient dans leurs pays d'accueil. Dans cette hypothèse, les migrations jouent un rôle clef dans la diffusion du sentiment républicain et laïc dans le nord ouest du Massif central. (6)
Sans qu'il nous soit possible de trancher entre ces deux opinions, il convient toutefois d'insister sur la grande diversité des situations et des individus.
Que reste-t-il de ces migrations limousines? Celles-ci restent encore présentes dans les mémoires de certains des descendants de maçons, dont la plupart connaissent la "chanson des maçons de la Creuse". Ce morceau, qui s'est imposé rapidement comme un hymne de ralliement pour les maçons, fut composé par Jean Petit (1810-1880), tailleur de pierre sous le Second Empire. La vie des migrants saisonniers est évoquée avec force détail.
Cependant, le principal legs dont nous sommes redevables aux maçons-migrants reste l'impressionnant patrimoine bâti par leur soin à Lyon et Paris au XIX° siècle.
Ces migrations se poursuivent et s’accroissent régulièrement au XVIII° siècles, avant d'atteindre un maximum au XIX°. A la fin du premier Empire, le préfet estime à 13 000 le nombre des Creusois qui s'en vont chaque année travailler hors du pays. Au cours des décennies suivantes, les migrations se poursuivent. On évalue ainsi à 50 000 le nombre total des migrants limousins à la fin de la Monarchie de Juillet. L'augmentation des départs s'accélère encore lors de la période 1847-1861 car comme le note le maire de saint Oradoux en 1857: "Tous ceux qui étaient capables de se livrer à un travail quelconque ont émigré depuis que le vivres sont si chers."
L'apogée du mouvement semble se situer à la fin du Second Empire, lorsque les grands travaux effectués dans les villes attirent une très nombreuse main d’œuvre. La guerre de 1870 interrompt un temps les migrations, qui reprennent de plus bel vers 1875, avant que les flux migratoires ne se tarissent progressivement (en 1880 encore, il y a 40 à 45 000 migrants dans la Creuse, soit 15% de la population totale du département). C'est la grande guerre qui marque la fin des migrations "maçonnantes", la plupart des bâtisseurs s'étant installés dans leurs villes d'accueil.
Percement de l'avenue de l'Opéra, Anonyme, Paris, musée Carnavalet. Les grands travaux d'Haussmann nécessite une nombreuse main d’œuvre, constituée notamment de maçons limousins. D'une manière générale, la venue de maçons-migrants reste conditionnée par la conjoncture économique globale. Leur nombre peut donc varier considérablement. |
* Pourquoi part-on?
Le déclin des usages ruraux communautaires et la disparition des activités proto-industrielles de nombreuses campagnes privent les plus pauvres des ressources d'appoint. Ce sont donc avant tout les paysans les plus modestes, souvent victimes des crises agricoles et originaires des régions les plus isolées et les plus périphériques, à l'instar de la Creuse, qui prennent la route .
- L'émigration y est une nécessité car les plateaux fragmentés de la "montagne limousine" n'offrent que des sols pauvres et difficiles à travailler. Les rendements y sont très faibles. Aussi, l'origine des départs réside principalement dans l'insuffisance du pays en ressources agricoles. L'accroissement démographique au cours du XIX° aggrave encore la situation de campagnes désormais surpeuplées. Dans ces conditions, les migrations apportent le complément de ressources indispensable grâce aux gains et aux économies des migrants. (1) L'absence de ces derniers des campagnes limousines près de neuf mois de l'année permet en outre de réduire la pression sur ces territoires (moins de bouches à nourrir).
- Le système de transmission des propriétés explique également l'ampleur des migrations limousines. Le patrimoine familial étant considéré comme indivisible, il faut éviter de l'amputer. Par conséquent, ce bien peut être maintenu dans son intégrité à la seule condition que les enfants d'une même famille renoncent au partage à la mort des parents. L'usage de transmettre la propriété des aïeux à un seul membre de la famille ("l'aîné"), de génération en génération, s'impose progressivement. Le fils avantagé doit donc partir pour plusieurs "campagnes" afin d'indemniser ses frères et sœurs cohéritiers. Chargé de la perpétuation du patrimoine familial, il se livre à l'émigration saisonnière et revient au pays où sont ses biens et ses intérêts. Les frères et sœurs obligés de renoncer au partage sont eux-mêmes fréquemment contraints de se fixer hors du pays, parfois de manière définitive.
- La migration est encore rendue nécessaire par le manque d'industries locales, par l'insuffisance des ressources procurées par la micro-propriété dominante ainsi que par la faiblesse des revenus de nombreux métayers et fermiers soumis à l'impôt. Ces paysans sans terres optent donc souvent pour un travail plus rémunérateur.
* Quels métiers?
La très grande majorité des migrants s'adonnent aux métiers du bâtiment (maçon, tailleur de pierres, paveur, charpentier, peintre et couvreur). Cette spécialisation s'explique avant tout comme nous l'avons vu par la pauvreté des sols et l'absence d'autres activités susceptibles de subvenir aux besoins. En outre, l'activité ne nécessite pas un long et coûteux apprentissage pour le "goujat" qui gâche le mortier et porte les pierres pour le compte du maître-maçon. (2)
Le corps de métier s'avère très hiérarchisé. Le "garçon maçon" ou goujat gâche le plâtre et le mortier, transportant les moellons pour l'ouvrier maçon. Aguerri, ce dernier travaille aux fondations et érige le gros œuvre. Les plus doués deviennent maître-compagnons et reçoivent les ordres du maître-maçon, un entrepreneur qui distribue le travail et supervise l'avancement des travaux sur le chantier.
* Nomadisme d'été.
Jusqu'au milieu du XIXème siècle, ces sont surtout les migrations temporaires qui marquent les esprits par leur ampleur et la régularité de leur rythme.
Les maçons partent aux alentours du 15 mars et rentrent entre le 15 novembre et le 15 décembre pour une durée d'au moins 9 mois. Une fois les hommes adultes partis (2/3), il ne reste plus au pays que les vieillards, les femmes et les enfants, contraints de suppléer à l'absence des premiers pour toutes les tâches agricoles, en particulier les travaux les plus durs (moissons).
* D'où part-on? Vers quelles destinations?
Les migrations "maçonnantes" sont très importantes dans les cantons nord-est de la Haute-Vienne et dans l'ensemble de la Creuse. Les arrondissements les plus élevés et les plus pauvres du département sont particulièrement affectés par l'émigration qui y représente une véritable nécessité.
* Un voyage éprouvant.
La façon dont s'effectue le voyage a évolué au cours du siècle. Longtemps les maçons ont voyagé à pied, par bandes de 15 à 20, sous la conduite d'un maître-compagnon (3) ou plus simplement d'un chef désigné par le groupe.
Au cours du trajet, un "éclaireur" part de l'avant sur la route et s'occupe de la logistique pour le reste de la bande (nourriture, hébergement).
Les maçons empruntent toujours les mêmes routes à l'aller comme au retour. Aussi, ils font halte aux mêmes étapes et fréquentent les mêmes auberges. Si l'on en croit Martin Nadaud, la nourriture y est correcte, à la différence de la literie, la plupart du temps déplorable. Les paillasses miteuses qui tiennent lieu de lits sont infestées de punaises ou de puces (cf Nadaud: "nous nous couchâmes, non sur des lits, mais sur des balles de son et de paille hachée par l’usure et, naturellement, pleines de vermine.").
Au cours du XIX°, les conditions de voyage se modifient quelque peu. Si certains continuent d'effectuer à pied la totalité du parcours ; d'autres empruntent les voitures publiques ou le chemin de fer dont l'utilisation se généralise sous la IIIe République.
* le retour au pays.
Lorsque le froid rigoureux impose la fermeture des chantiers, les migrants prennent le chemin du retour dans les mêmes conditions qu'à l'aller, nantis toutefois du pécule amassé lors de la campagne.
Les sommes gagnées par les maçons représentent un profit bien supérieur à ce qu'ils auraient obtenu des sols ingrats du Limousin. Lors d'une bonne campagne, un travailleur revenu au pays peut s'acquitter de ses créances, payer une partie de la dot d'une fille ou encore investir dans l'achat d'une terre.
Le calendrier imposé par les migrations explique que ce soit l'hiver que se règlent la plupart des affaires, l'hiver encore que l'on renouvelle le cheptel par la fréquentation des foires, l'hiver enfin qu'aient lieu les principales festivités: mariages au mois de février, fêtes de familles, bals dans une grange au son de la cabrette et de la vielle...
Les migrants sont alors l'objet de toutes les sollicitations. Lors des veillées, ils narrent leurs exploits devant un auditoire fasciné. Leur présence au village permet encore la réalisation des travaux d'entretien ou de réparation.
* Les conditions de vie et de travail des maçons.
Les conditions de vie du migrant durant la "campagne" varient selon la destination et le métier pratiqué. Beaucoup d'apprentis se rendent d'abord dans le Rhône où ils semblent mieux traités que dans la capitale.
Une fois arrivés à bon port, les migrants partent en quête d'un logement, le garnis. C'est ainsi qu'on désigne les chambres où s'entassent 10 ou 12 hommes "où ne logent que des ouvriers de la même profession et qui sont tenues par des entrepreneurs de la même industrie." A Paris, la plupart des pensions ou hôtels meublés se situent dans les vieux quartiers proches de l'Hôtel de ville et autour de la montagne sainte Geneviève.
A Lyon, les maçons occupent d'abord la Part-Dieu, avant de s'installer dans les garnis du quartier de la Guillotière, de l'autre côté du Rhône.
Ces localisations impliquent souvent de très longues marches journalière pour rallier les chantiers, fréquemment situés en banlieue. La sédentarisation familiale et l'extension de la ville conduisent les ouvriers du bâtiment à s'installer de plus en plus en périphérie, plus près des chantiers.
Une fois installés, les maçons s'en vont quérir un travail sur les places d'embauchages (place de Grève et du Châtelet). Lors des périodes de crise, les maçons courent de chantier en chantier pour trouver une place, tentant alors de réactiver les solidarités d'origine en s'adressant à leurs anciens compatriotes. (4)
Lors des périodes de ralentissement économique, les bâtisseurs sont contraints de chômer et il est fréquent qu'à l'issue de la campagne, ils n'aient pas les fonds nécessaires au retour, qu'ils sont alors obligés d'ajourner.
Le métier en lui-même, fort pénible, nécessite une grande force physique, de l'endurance. Par tous les temps, le maçon porte de lourdes charges et doit se tenir debout toute la journée sur un échafaudage. Les accidents sont d'autant plus fréquents que les entrepreneurs ne prennent guère de précautions.
Le métier de maçon s'avère très dangereux et les accidents mortels fréquents. |
* les migrations temporaires deviennent définitives.
Au fil du siècle, le séjour à la ville s'allonge au delà d'une campagne. C'est particulièrement vrai des migrants qui pratiquent un métier offrant du travail toute l'année (peintre, tailleur de pierre), mais le phénomène s'observe également pour les métiers saisonniers (maçons ou tuiliers).
On assiste ainsi à une tendance à la fixation dans le pays où on a les intérêts les plus importants, les retours au pays s'espaçant de plus en plus jusqu'à cesser totalement.
Certes, les deux formes de migration, définitive et temporaire, coexistent longtemps sachant que le migrant part la plupart du temps avec l'idée de revenir, mais sa migration devient définitive à la faveur de rencontres, du décès des parents ou d'une opportunité professionnelle particulière.
Les migrations définitives progressent également grâce à la création d'industries nouvelles dans les régions proches des foyers de départs. Ainsi, l'essor de la sidérurgie au Creusot ou des usines Michelin à Clermont-Ferrand entraînent de nombreux départs, souvent définitifs.
Dans ces conditions, les femmes à leur tour gagnent les villes pour rejoindre "leurs" maçons. Lorsque le ménage possède une propriété au pays, elle est confiée aux vieux parents ou aux frères et sœurs plus jeunes. Si il y a retour, c'est pour prendre la succession des aïeux devenus infirmes ou disparus.
Beaucoup de migrants coupent progressivement les liens avec le pays, se contentant d'entretenir un sentiment de solidarité en employant (pour ceux qui ont réussi) prioritairement des compatriotes.
Maçons creusois posant devant un échafaudage. |
* Quelles sont les conséquences des migrations en Creuse sous la IIIème République?
L'émigration permet dans un premier temps de décongestionner les campagnes surpeuplées et d'établir un équilibre plus aisé entre les maigres ressources du sol et le nombre de ses habitants.
Elle apporte d'autre part les fonds nécessaires à l'achat d'une terre. La vente des biens des partants définitifs permet à de nombreuses familles d'arrondir leur patrimoine, leurs permettant de vivre sans plus avoir à recourir au nomadisme. Dans ces conditions, le faire-valoir direct progresse tout au long du XIX° au détriment du métayage ou du fermage.
Si il est très difficile de mesurer l'incidence des migrations, on peut néanmoins affirmer qu'elles ont modifié le comportement démographique des populations concernées. L'essor des migrations définitives et le développement de l'exode rural entraînent ainsi un dépeuplement très marqué, accentué encore par une natalité en berne (ce sont de jeunes adultes qui partent).
D'un autre côté, les migrations contribuent à améliorer l'état sanitaire des individus, car les migrants installés en ville disposent d'une alimentation supérieure à celle des ruraux, notamment parce qu'ils consomment davantage de viande. Enfin, les économies rapportées par les travailleurs temporaires ont permis à la paysannerie creusoise de mieux surmonter les périodes de crise. Elles contribuent sous la IIIème République à répandre une plus grande aisance dans les campagnes, tout en facilitant dans une certaine mesure une amélioration des techniques culturales.
Les migrations contribuent en outre à modifier la psychologie paysanne traditionnelle:
- le fils migrant utilise ses gains pour acquérir son indépendance morale.
- seules maîtresses au logis pendant de longs mois, les femmes acquièrent par la force des choses une plus grande autonomie et voient leur rôle valorisé.
- enfin la migration ouvre au monde et permet à un certain nombre de maçons de bénéficier du minimum d'instruction leurs permettant de s'exprimer et d'écrire en français. La correspondance avec la famille restée au pays se fait d'ailleurs dans cette langue.
Caricature de Martin Nadaud. |
A la fin du XIX° siècle, un important discours clérical et conservateur s'emploie à dépeindre l'émigration comme un véritable fléau. La ville, véritable Babylone moderne, est décrite comme le lieu des pires turpitudes, le tombeau des saines coutumes rurales. D'aucuns accusent les migrants d'avoir ramené pêle-mêle au pays alcool, syphilis et irréligion. En 1908, l'économiste Emile Cheysson écrit par exemple à propos d'un Aveyronnais: "(...) les hommes étaient de granit dans ce pays là, très robuste, (...) l'émigration les amenant à Paris les a singulièrement amoindris. [...] Ils revenaient mourir au pays natal, rapportant leurs maladies, leurs tares et souvent leurs contagions (...). [...] Par conséquent, l'émigration non seulement diminue la population, mais surtout elle diminue sa qualité morale et sa vigueur (...)."
Alain Corbin démontre que les migrants ont au contraire amélioré la santé générale, en accroissant l'aisance, et en apprenant aux leurs à manger pain et viande au lieu de châtaignes et bouillie. En outre, les migrations ne semblent pas le facteur décisif du déclin spectaculaire de la foi en Limousin puisque le processus de détachement se repère avant leur grand essor.
* Une transformation des mentalités?
Plusieurs thèses s'affrontent au sujet de l'intégration des Creusois dans la ville. D'aucuns insistent sur le grégarisme de migrants vivant presque uniquement entre eux, et s'intégrant du coup très mal à la société urbaine. Au début du XIX° siècle, beaucoup de ces hommes ne parlent que le patois, ce qui les incitent, au moins dans un premier temps, à se regrouper (situation comparable à celle de tous les travailleurs immigrés fraîchement arrivés de leur pays d'origine). Logés par un entrepreneur, lui-même Creusois la plupart du temps, ils seraient restés accrochés aux mêmes quartiers, tout en cultivant leur particularisme.
Les adversaires de cette thèse insistent au contraire sur la pénétration des valeurs urbaines chez les migrants. (5) A l'origine, ces derniers sont, pour une majorité d'entre-eux, des paysans vivant dans un milieu clôt. Or, dans les villes, ils entrent en contact avec un mouvement ouvrier en pleine construction au XIX°. Cette rencontre a sans aucun doute des répercussions sur les mentalités des maçons dont beaucoup sont les témoins, voire les acteurs des journées révolutionnaires qui jalonnent le XIX° (révolte des canuts à Lyon en 1831, 3 glorieuses de 1848, Commune...). Donc, pour les tenants du "creuset" urbain, les maçons migrants participent à la vie politique, sociale et syndicale du mouvement ouvrier qu'ils côtoient dans leurs pays d'accueil. Dans cette hypothèse, les migrations jouent un rôle clef dans la diffusion du sentiment républicain et laïc dans le nord ouest du Massif central. (6)
Sans qu'il nous soit possible de trancher entre ces deux opinions, il convient toutefois d'insister sur la grande diversité des situations et des individus.
Que reste-t-il de ces migrations limousines? Celles-ci restent encore présentes dans les mémoires de certains des descendants de maçons, dont la plupart connaissent la "chanson des maçons de la Creuse". Ce morceau, qui s'est imposé rapidement comme un hymne de ralliement pour les maçons, fut composé par Jean Petit (1810-1880), tailleur de pierre sous le Second Empire. La vie des migrants saisonniers est évoquée avec force détail.
Cependant, le principal legs dont nous sommes redevables aux maçons-migrants reste l'impressionnant patrimoine bâti par leur soin à Lyon et Paris au XIX° siècle.
Notes.
1. L'agriculture de subsistance domine et ne permet pas de fournir les rentrées d'argent nécessaires au paiement de l'impôt ou à l'achat des instruments agricoles. Dans ces conditions, ce sont les maçons qui apportent l'argent nécessaire.
2. Le terme générique de maçon cache en fait la grande diversité des métiers du bâtiment pratiqués par les migrants (tailleurs de pierre, plâtriers, peintres). Il convient en outre d'ajouter à ces nomades d'été les tuiliers (originaires principalement de la montagne limousine) qui travaillent dans le Forez ou dans les départements limitrophes du Berry, de l'Allier.
Une autre forme d'émigration, d'hiver cette fois, s'impose sur les sols pauvres de la montagne limousines: celle des scieurs de long ("bûcheron"), cardeurs de laine et peigneur de chanvre. Exploitant le bois sur pied, les premiers se répandent dans les forêts du sud-ouest de la France (des Charentes jusqu'au Gers en passant par la Dordogne). Victimes de la concurrence de la grande industrie, ces migrations régressent avant de disparaître au cours du dernier tiers du XIX°.
3. Ce dernier prend en charge les frais du voyage (entretien, nourriture). A l'arrivée, l'entrepreneur recrute et fournit le travail sur le chantier de construction dont il a la responsabilité.
4. Cette solidarité s'accompagne cependant d'une rivalité profonde entre les ouvriers originaires de la Basse Marche (La Souterraine, Dun , Grand-Bourg) qu'on appelle les Brulas et ceux originaires de Haute Marche (Pontarion, Vallières) nommés Bigaros. La méfiance réciproque faisaient qu'un maître compagnon Bigaro se serait bien gardé d'embaucher des Brulas (ou vice-versa). Martin Nadaud, tout comme le "solitaire", en font état dans leurs écrits.
5. Annie Moulin qui s'est intéressée aux maçons de la Haute-Marche au XVIII° note: "La plupart des Marchois, par leur manière de vivre leur séjour dans la capitale, ne forment pas un groupe d'isolés reconstituant leurs habitudes villageoises à Paris. Ils vont à la rencontre des Parisiens, participant pleinement à toutes les manifestations de la sociabilité populaire."
6. E.R. Labande (cf sources) ajoute: "Si elle ne peut à elle seule expliquer le précoce ralliement des populations limousines aux options de la gauche démocrate-socialiste, du moins a-t-elle conféré aux mentalités politiques des caractères originaux. Soulignons par exemple le précoce ouvriérisme que manifeste chez les maçons creusois le désir de se dégager du patronage bourgeois en matière politique. "
Le traditionnel ancrage à gauche de ces territoires (à l'exception des Combrailles) ne s'est guère démenti jusqu'à aujourd'hui. Le résultat du premier tour de la présidentielle 2012 dans la commune natale de Martin Nadaud n'en est que plus affligeant ( Marine Le Pen y est arrivée en tête avec 37% des suffrages).
Sources:
- André Merlier: "Types d’émigration limousine" in Les Études rhodaniennes. Vol. 10 n°3-4, 1934. pp. 215-242.
- Edmond-René Labande: "Histoire du Poitou, du Limousin et des pays charentais", éditions Privat, 1976.
- Maurice Agulhon: "les transformations du monde paysan", in Histoire de la France rurale tome 3, G. Duby et A. Wallon (dir.), Point Seuil, 1976.
- Souvenirs d'un maçon de la Creuse, par "le solitaire".
- Le volume consacré au Limousin de l'encyclopédie Bonneton, 2000.
- Dossier pédagogique (PDF) sur le site de la Maison Martin Nadaud à la Martinèche.
- Gallica.bnf.fr: Martin Nadaud, Mémoires de Léonard, ancien garçon maçon, Bourganeuf, A. Duboueix, imprimeur-libraire, 1895, p. 28-33 [disponible sur Gallica ] Libre de droits.
- 10 questions à Jean-Luc Ochandiano, auteur de "Lyon, un chantier limousin."
Liens:
- Les vieux métiers du Limousin: les métiers du bâtiment.
- "Martin nadaud, maçon de la Creuse" sur le blog De quoi faire débat.
- Geo Culture en Limousin "Mémoires de Léonard, ancien garçon maçon."
- Martin Nadaud dans les Portraits limousins de la Bfm de Limoges.
- Le site de la Martinèche, maison de Martin Nadaud.
- Sur les traces de Léonard.
- Reportage de Télé Millevaches consacré aux maçons migrants.
- "Villes en chantier, villes creusets".
- Danyel Waro : "Béber" (1996)
- L'excellente Passerelle d'Emmanuel Grange: "Leçon de géographie à destination de Technikart".
2 commentaires:
On sent que le sujet te tiens à coeur...Il me semble que l'ami Jablonka a commis un livre il y a déjà un moment sur les tentatives de repeuplement du département par la migration forcée d'enfants réunionnais mais je me rends compte que tu dois déjà le savoir vu que :
http://lhistgeobox.blogspot.fr/2009/06/168-danyel-waro-beber-1996.html
Ce serait peut être bien d'ajouter un renvoi à cet article sur ton post.
T'as raison Vero, je l'avais oublié ceuli là (mémoire de poisson rouge).
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