mardi 20 mai 2008

38. Jean Roger Caussimon:"Les milices" (1975)

Jean Roger Caussimon.

Auteur de très nombreuses chansons, Jean-Roger Caussimon pourfend dans ses compositions les conservatismes et réactionnaires de tout poil.
Ici, il décrit une société malade dans laquelle la survie ne tiendrait qu'à l'élimination de l'ennemi, "l'autre". Dans ces conditions, l'autodéfense est de mise, le repli sur sa petite communauté, "entre gens bien", s'impose. Les miradors se dressent, les grilles se ferment, les caméras de surveillance fleurissent.
Si la musique a un peu vieilli, le texte n'a en revanche (malheureusement) pas pris de rides.



Jean Roger Caussimon:"Les milices" (1975).

Préparez vos fusils et créez vos milices
Nostalgiques du tir et chasseurs sans gibiers
"Des fois que des loubards viendraient dans le quartier"
Vivez votre penchant, soyez de la police...
A l'abri des volets de vos pavillons tristes
Meublez vos insomnies jusqu'au jour incertain
Car la rue est peuplée de sombres anarchistes,
De noirs, de portugais et de nord-africains...

Vous, vous êtes français, français à part entière
Même anciens combattants et parfois résistants
Et cet obscur chemin de torture et de sang
"Certains le referait s'il était à refaire"...
Vous avez mérité avant le dernier souffle
De vivre dans le calme et la tranquillité
D'endosser vos gilets, de chausser vos pantoufles
Et de fermer les yeux sur la réalité...

Mais la réalité déferle à votre porte
Vous ne comprenez rien à sa vague rumeur
Et vous confondez tout, parfois vous avez peur
D'un signe avant-coureur que le vent vous apporte...
Vous percevez des pleurs et des cris de souffrance
Des chants liberté, l'écho d'un attentat
Vous pensez que la guerre est encore loin de France
Et vous faites confiance à votre chef d'état...

"Étudiants et voyous c'est bien la même engeance!"
C'est écrit noir sur blanc, dans votre quotidien
Faites dresser des murs et dressez votre chien
Pensez dès maintenant à votre auto-défense...
Et quand des jeunes gens défilent en cortège
Toujours on vous les peint veules et fainéants
Alors vous les reniez, vous tombez dans ce piège
En oubliant qu'ils sont enfants de vos enfants...

Ils savent mieux que nous, de quoi le monde crève
Que le temps des robots vient à pas de géants
Qu'on sacrifie l'Esprit au profit de l'argent
Comme on tue la nature, la joie et le rêve...
Préparez vos fusils et créez vos milices
Nostalgiques du tir et chasseurs sans gibiers
"Des fois que des loubards viendraient dans le quartier"
Suivez votre penchant, soyez de la police...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Hélas, cette belle chanson de Caussimon est d'actualité en 2011. Je pense que les "référents" seraient pire, c'est peu de le dire, qu'en 1940.
Cela fait froid dans le dos.