jeudi 7 janvier 2010

197. Léo Ferré: Monsieur tout blanc".


En 1949, Léo Ferré, jeune chanteur de cabaret écrit Monsieur Tout-Blanc, une chanson interdite alors par le Comité d’écoute de la radiodiffusion française, car Ferré y brocarde en effet le silence du pape Pie XII au cours de la seconde guerre mondiale. Alors qu'il prend connaissance de la persécutions des juifs, celui n'intervient pas publiquement.Monsieur Tout-blanc
L'oiseau blessé que chaque jour, vous consommez
Etait d'une race maudite
En ce temps là, dites
Vous vous taisiez...



61 ans après la sortie de cette chanson, l'attitude du pape reste toujours controversée. Pour y voir plus clair, il faut revenir en arrière.

Le 20 juillet 1933, alors que les nazis sont depuis peu au pouvoir, Pie XI, prédécesseur de Pie XII, signe un concordat avec l'Allemagne hitlérienne par l'intermédiaire de Frantz Von Papen et d'Eugenio Pacelli, secrétaire d'Etat de l'Eglise (et futur Pie XII). Mais, les violations du concordat, la dissolution des mouvements de jeunesse catholique, l'embrigadement de la jeunesse dans les Jeunesses hitlériennes aboutissent bientôt à la rupture entre le le IIIe Reich et le Saint-Siège. Longtemps, les autorités catholiques espérèrent pouvoir freiner l'anticléricalisme du pouvoir, en vain.

C'est pourquoi, en mars 1937, Pie XI publie l'encyclique Mit brennender Sorge (« C'est avec une brûlante inquiétude »). Il y condamne la mystique païenne sur laquelle repose le nazisme, ainsi que les thèses racistes contraires au discours chrétien ("Celui qui sépare la race, la nation, le gouvernement (…) de toutes les valeurs humaines de référence et en fait des normes supérieures, plus hautes que les valeurs religieuses et les révèrent avec idolâtrie, pervertit et détruit l’ordre recommandé par Dieu (…)").En effet, depuis 1935, les lois de Nuremberg institutionnalisent l'antisémitisme, thème central du nazisme hitlérien.Le décret-loi du 17 novembre 1938 complète cette législation et énumère les mesures pour la « défense de la race », établissant des critères pour identifier les Juifs, sur lesquels pèsent une série d'interdictions multipliées au fil des mois.


Mit brennender Sorge est suivie de peu par l'encyclique Divini redemptoris qui dénonce le communisme. Elle marque la volonté du pape de s'impliquer dans le domaine politique face à la dangereuse séduction qu'exercent alors les deux totalitarismes. Cette prise de position semble avoir eu un impact assez limité, puisque la population de l'Autriche, majoritairement catholique, vote son rattachement au Reich en 1938. Au fond, de nombreux catholiques allemands (comme le reste de la population d'ailleurs) semblent se rallier sans difficultés au régime nazi.
Au Vatican, certains ne cachaient pas non plus une certaine sympathie à l'égard des régimes autoritaires de tendance clérico-fasciste à l'instar de l'Espagne franquiste et espérait pouvoir « catholiciser » le fascisme.
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Panneau consacré 0 Pie XII au mémorial de Yad Vashem à Jérusalem.

* Election de Pie XII au pontificat.


Pie XI meurt le 10 février 1939. Très rapidement son successeur, le cardinal Eugenio Pacelli, est élu pape sous le nom de Pie XII. Connu à Rome pour sa prudence, il connaît parfaitement les arcanes diplomatiques européennes, après sa longue nonciature en Allemagne. Avant d'accéder au pontificat, il intervient à plusieurs reprises auprès de Pie XI pour éviter qu'il ne rompe avec l'Allemagne.


Ses premières actions en tant que pape, confirment cette tendance puisqu'il demande à l'Osservatore Romano (le quotidien édité par le service officiel d'information du Vatican) d'éviter toute polémique à l'égard de l'Allemagne. Après les critiques ouvertes de la fin du pontificat de son prédécesseur, il engage une politique de détente à l'égard du IIIème Reich, en concertation avec les cardinaux allemands.

Alors que les tensions internationales laissent augurer un conflit, le pape déploie toute son énergie afin de préserver la paix. Une fois les hostilités ouvertes, en septembre 1939, Pie XII est informé des méthodes de guerre et d'occupation nazies (massacres d'intellectuels en Pologne, traitements réservés aux Juifs). Le Saint-Siège se contente alors de dénonciations en termes très généraux. Le pape se trouve alors face à un dilemme: faut-il dénoncer publiquement de tels crimes ?[pie_XII.jpg]


Il répond par la négative. Plusieurs éléments permettent de comprendre le mutisme du saint-siège au cours de la guerre.
* "Rendre à César ce qui appartient à César et à l'Eglise ce qui appartient à l'Eglise".

Pour Pie XII, cela ne fait aucun doute, il doit rester impartial face aux conflits temporels qui opposent les puissances européennes. De la sorte il espère préserver son rôle de médiateur potentiel entre les belligérants. Dans ces conditions, il considère qu'il doit rester neutre. Il évite ainsi également de se couper des catholiques des pays belligérants qui combattent pour leurs patries respectives.

Au fond le pape semble avant tout envisager cette guerre comme une lutte pour l'hégémonie européenne, sans voir qu'il s'agit d'un affrontement à mort entre idéologies opposées (démocratie libérale contre les différentes formes de fascisme).

* La crainte d'entraîner des persécutions contre les catholiques allemands.
Le pape était particulièrement préoccupé par le sort des catholiques allemands.
Ainsi, il écrit aux évêques allemands au cours du conflit:

« S'il est un pays, en ces temps de guerre, que nous avons souhaité traiter avec une considération particulière, c'est bien l'Allemagne, et ce parce que nous voulons épargner aux catholiques allemands toute aggravation inévitable d'une situation déjà si douloureuse. »Lettre du 1er mars 1942 à l'archevêque de Fribourg, Mgr Gröber

Alors que « la persécution religieuse » se poursuit au sein du IIIème Reich (les services de sécurité du Reich classaient dans la rubrique « Gegner » (adversaires) les activités pastorales et de formation de l’Église allemande, les autorités ecclésiastiques réaffirment l’esprit de loyauté à l’égard de l’État. Pie XII entend « laisser aux Pasteurs travaillant sur place » le soin d'évaluer la possibilité et l'opportunité de parler ou non en public. Les évêques allemands ont choisi de se taire.


Certes, à l'été 1941, de nombreux évêques dénoncent l'assassinat systématique des handicapés et des malades mentaux. Ces critiques aboutissent à l'interruption de l'opération. Mais, en revanche, ils gardent le silence face aux mesures visant les Juifs (tout comme ils s'étaient tus au cours des années 1930, alors que les premières mesures antijuives rentraient en application).

Lorsque les persécutions s'accentuent pour aboutir à l'extermination systématique, le silence du pape se poursuit. Ses défenseurs avancent qu'il manquait d'informations. Or, à l'évidence les faits étaient connus de Pie XII.

Le 5 février 1942, Mgr Berning, l'évêque d'Osnabrück écrit : « Le plan d'élimination totale des Juifs se poursuit à l'évidence. [...] Que peut-il arriver ? Les évêques peuvent-ils lancer depuis leur chaire une protestation publique ? » (le 20 janvier 1942, la conférence de Wannsee avait officiellement décidé d'appliquer la « Solution finale »).D'autres voix s'élèvent aussi au sein du clergé allemand réclamant une dénonciation publique collective. Ainsi, le 27 février 1943, Margarete Sommer, responsable de l'« Oeuvre de secours de la Curie berlinoise », particulièrement engagée dans l'aide aux Juifs persécutés, invite les évêques à « parler du haut de leur chaire de manière aussi claire et explicite que possible ». En vain.

Dans l'ensemble, le clergé allemand rechigne à toute prise de position ferme contre le nazisme, sa marge de manœuvre étant, il est vrai, limitée. Ainsi le cardinal Faulhaber, archevêque de Munich, rappelait lors de la conférence de l'épiscopat bavarois du 30-31 mars 1943 :
« La tension et le dissentiment se diffusent également dans les milieux catholiques et s'expriment à travers des questions dramatiques telles que celles-ci : pourquoi les évêques ne s'engagent-ils pas ? Pourquoi ne parlent-ils pas ? Et l'on répond : rien ne pourrait rendre un meilleur service aux plus grands adversaires de l'Église que de recourir maintenant à l'artillerie lourde. A un moment où nous nous trouvons en difficulté, cela permettrait encore une fois de remettre sur le tapis la vieille histoire du coup de poignard dans le dos [selon laquelle les socialistes et les révolutionnaires allemands auraient contraint le pays à l'armistice en 1918]. Mon impression, c'est que c'est justement cela qu'on attend. »

L'archevêque redoute de voir les catholiques accusés de constituer une cinquième colonne au sein du IIIème Reich, ce qui aggraverait les persécutions antichrétiennes et mettrait en péril le catholicisme allemand. Il s'avère que Pie XII partage totalement cette analyse. Par ailleurs, un autre élément doit être pris en compte pour tenter de comprendre le mutisme du souverain pontife: son anticommunisme viscéral.
Spiegel - Der SPIEGEL 43/1997 -- Augstein über Papst Pius XII. und den Holocaust



* Le communisme, « grand ennemi de la chrétienté »

Avec le déclenchement de l'opération Barbarossa (attaque du Reich contre l'URSS), le 22 juin 1941, le pape redoute d'affaiblir l'Allemagne dans la lutte à mort qui l'oppose, à l'est, au communisme, « grand ennemi de la chrétienté et de la civilisation chrétienne ». Le démantèlement de l'Eglise orthodoxe en URSS, les massacres de prêtres au cours de la guerre civile espagnole (qu'il attribue à la haine antichrétienne des communistes), sans parler du pacte germano-soviétique qui aboutit à l'anéantissement de la Pologne catholique, confortent un peu plus encore le pape dans ses convictions.

La guerre d'anéantissement à l'est lui laisse espérer une usure réciproque des deux totalitarismes. Mgr Tardini, proche collaborateur de Pie XII, écrit ainsi au représentant personnel de Roosevelt auprès du Vatican, en septembre 1941, que l'idée était « [que] le communisme sorte défait et anéanti de la guerre qui a lieu actuellement en Russie, et que le nazisme en sorte affaibli et... à vaincre ».

Pie XII et ses collaborateurs redoutent plus que tout une victoire écrasante de Staline et
souhait,ent donc que soit conclue une paix séparée qui permettrait à I'Europe occidentale de récupérer une Allemagne vaincue et libérée du nazisme tout en bloquant l'avancée soviétique vers l'Europe centrale. Dans cette logique, il fallait éviter de s'aliéner les catholiques allemands et donc maintenir des relations diplomatiques avec l'Allemagne nazie.


http://www.lefigaro.fr/medias/2008/12/01/472e4e0e-bf80-11dd-bdc3-22cef07f568d.jpg
Pie XII en 1945.

Alors même qu'une rafle de plus de mille Juifs romains se déroulent à Rome (16 octobre 1943), le pape ne sort pas de sa réserve. Confidentiellement, le cardinal Maglione se contente de faire savoir à l'ambassadeur allemand que le Saint-Siège ne « voudrait pas être contraint d'exprimer sa désapprobation » si la rafle devait se poursuivre.
Elle est effectivement suspendue, mais de nombreux individus ont été déportés et il apparaît bien ici que le Vatican souhaitait en premier lieu éviter une rupture avec l'Allemagne.

L'ambassadeur allemand auprès du Saint-Siège écrit d'ailleurs à son ministre des affaires étrangères:
« Le pape, bien que pressé, dit-on, de divers côtés, ne s'est laissé amener à élever aucune protestation contre la déportation des Juifs de Rome. Bien qu'il doivent prévoir que son attitude sera retenue contre lui par nos adversaires et par les milieux protestants des pays anglo-saxons à des fins de propagande, il a aussi tout fait, dans cette affaire épineuse, pour ne pas grever les relations avec le gouvernement allemand et les services allemands de Rome. »
Weizsäcker au Ministère des Affaires étrangères, 28/10/1943

* «Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ! » Le vieil antijudaïsme chrétien, profondément enraciné chez nombre de croyants, constitue sans doute aussi une des clefs d'explication au mutisme pontifical.
G. Miccoli (voir source) précise:
"au début du XXe siècle, l'apparition et le succès d'un antisémitisme raciste, qui affirmait dans le même temps son caractère explicitement antichrétien et qui devint l'élément fondamental de l'idéologie nazie, créèrent un trouble. On s'efforça alors de distinguer un antisémitisme « acceptable », qui combattait les Juifs pour ce qu'ils faisaient de mal, d'un antisémitisme raciste et non chrétien, qui combattait les Juifs en tant que juifs.
Mais la distinction ainsi formulée sur le plan des principes et des intentions ne pouvait pas avoir une grande influence sur les mesures concrètes de discrimination et d'oppression. Le silence quasi total des hiérarchies catholiques durant les années 1930 découle également de là. Ce n'est pas un hasard si, en août 1943, le secrétariat d'État retenait encore que les lois antijuives du fascisme devaient être corrigées mais non abolies, parce que, « suivant les principes et la tradition de l’Église catholique », elles contenaient des « dispositions qui méritaient confirmation »."

Beaucoup de chrétiens considèrent alors toujours les Juifs comme le peuple déicide, ceux qui ont persécuté le Christ. G. Miccoli rappelle ainsi que "des ecclésiastiques et des évêques expliquaient encore les événements en cours, dans les années 1930 et au début des années 1940, en renvoyant au chapitre 27, verset 25, de l'Évangile de Matthieu : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ! » (réponse du peuple juif à Pilate)."

Au fond, la "question juive" occupait une place tout à fait secondaire dans les préoccupations du Saint-Siège et dans le contentieux qui l'opposait au IIIe Reich. Ce qui ne veut pas dire d'ailleurs que tous les chrétiens étaient sur cette même ligne, loin s'en faut ( à titre individuel ou même au sein d'organisations officielles). Les tentatives pour organiser des secours (favoriser l'émigration vers le nouveau monde, cacher les juifs persécutés) ou venir en aides aux victimes existèrent au cours du conflit.
Mais comme on peut le lire dans la légende concernant Pie XII au mémorial de Yad Vashem, on peut lire: " Son silence et son absence de directives ont contraint le clergé en Europe à décider de façon indépendante de l'attitude à adopter face à la persécution des Juifs."




* Une controverse réactivée par Benoît XVI.

Comment expliquer que la controverse, très ancienne, autour des relations complexes entre Pie XII et l'Allemagne nazie, ressurgissent aujourd'hui?Le samedi 19 décembre 2009, Benoît XVI a proclamé "vénérable" Pie XII, dernière étape avant la béatification. Pour le Vatican, la décision de béatifier Pie XII repose sur "son témoignage de vie chrétienne" et non sur "la portée historique de tous ses choix opérationnels".


Néanmoins, plusieurs éléments attisent toujours la controverse:
-Le refus du Vatican d'ouvrir ses archives.
- Le fait que cette procédure interviennent à la suite d'un ensemble de décisions allant toutes dans le même sens: la levée de l'excommunication de Mgr Williamson, un évêque négationniste; l'excommunication d'une mère brésilienne après l'avortement de sa fillette de 9 ans; les propos antipréservatif lors de sa tournée en Afrique...
Si sur le fond, ces positions ne tranchent pas vraiment avec celles de ses prédécesseurs, elles confirment en tout cas que le Vatican est décidément en décalage avec son temps.


Pour terminer laissons la parole:
- à François Mauriac.
Dans sa préface au livre de Léon Poliakov Le Bréviaire de la Haine (1951), le grand écrivain catholique regrette: "Nous n'avons pas eu la consolation, d'entendre le successeur du Galiléen, Simon Pierre, condamner clairement, nettement et non par des allusions diplomatiques, la mise en croix de ces innombrables frères du Seigneur".


- à Osborne Francis d’Arcy, le représentant britannique auprès du Saint-Siège, qui soulignait en son temps combien "La politique de silence envers des crimes commis contre la conscience du Monde, implique nécessairement une renonciation à toute autorité morale et en conséquence entraîne une atrophie de l’influence du Vatican."

Sources:
- Giovanni Miccoli: "Pie XII, Hitler et les juifs", L'Histoire n°241, 03/2001.


Monsieur Tout-Blanc
Vous enseignez la charité
Bien ordonnée
Dans vos chateaux en Italie
Monsieur Tout-Blanc
La charité
C'est très gentil
Mais qu'est-ce que c'est ?
Expliquez-moi


Pendant c'temps-là moi j'vis à Aubervilliers
C'est un p'tit coin perdu au bout d'la misère
Où l'on a pas tell'ment d'questions à s'poser
Pour briffer faut bosser mon p'tit père

Monsieur Tout-Blanc
L'oiseau blessé que chaque jour
Vous consommez
Etait d'une race maudite
Monsieur Tout-Blanc
Entre nous dites
Rappelez-vous
Y a pas longtemps
Vous vous taisiez

Pendant c'temps-là moi j'vivai à Aubervilliers
Ca n'était pas l'époque à dir'des rosaires
y avait des tas d'questions qu'il fallait s'poser
Pour durer faut lutter mon p'tit père

Monsieur Tout-Blanc
Si vous partez un beau matin
Les pieds devant
Pour vos chateaux en paradis
Monsieur Tout-Blanc
Le paradis
C'est p't' êt'joli
Priez pour moi
Moi j'ai pas l'temps

Car je vivrais toujours à Aubervilliers
Avec deux bras noués autour d'ma misère
On n'aura plus tell'ment d'questions à s'poser
Dans la vie faut s'aimer mon p'tit père
Monsieur Tout-Blanc
Si j'enseignais la charité
Bien ordonnée
Dans mes chateaux d'Aubervilliers
Monsieur Tout-Blanc
Ca n'est pas vous
Qu'j'irai trouver
Pour m'indiquer
C'qu'il faut donner

Liens:
- Pie XII et les juifs.

- Entretien de G. Miccoli sur le site de La Croix: "ce qui fait question, c'est sa prise de parole publique" et aussi "le discernement fait aussi partie des vertus héroïques."

- "Pie XII et le IIIe Reich" sur le blog de l'histoire.

1 commentaire:

Florian a dit…

Le lien est mort, je vous propose trois liens, pour trois versions :
L'originale (1949) : https://www.youtube.com/watch?v=MJpbPIj8g64&feature=youtu.be (je viens de la mettre, j'ignore combin de temps elle sera disponible)
Une version studio (1970) : https://www.youtube.com/watch?v=9DLHPFVi2j4
Une version live que je ne sais pas dater : https://www.youtube.com/watch?v=9DLHPFVi2j4