vendredi 16 mai 2008

35. Rolling Stones:"Street fighting man".

Ce titre des Rolling Stones n'est certainement pas un appel à la révolution, d'ailleurs le groupe s'est toujours gardé de toute forme de militantisme. Cela dit, les Stones se font ici l'écho de l'agitation de la jeunesse du monde entier. En effet, "le temps est venu de se battre" dans de nombreuses régions du monde. C'est l'occasion de dresser un tour d'horizon rapide de la contestation tout au long de cette année 1968.
Affrontements entre étudiants et police lors de la Convention démocrate d'août 1968 à Chicago.
* Depuis le milieu des années soixante, les campus américains sont parcourus par des mouvements de contestation massifs. A Berkeley, les étudiants protestent contre une administration universitaire sourde aux attentes des étudiants qui réclament de pouvoir se réunir, s'exprimer librement, sans autorisation préalable.


Manifestation de Zengakuren en 1968.
Les protestations ne faiblissent pas à avant la fin des années soixante et l'arrivée de Nixon au pouvoir. Les motifs de mécontentement sont nombreux: le bourbier vietnamien provoque la colère de milliers d'étudiants pacifistes. Ces derniers aspirent à créer un monde meilleur, plus tolérant et dans lequel les inégalités cesseraient de se creuser, un monde plus respectueux de l'environnement. Du 24 au 28 août 1968, la convention démocrate de Chicago qui doit permettre de désigner le candidat du parti pour les présidentielles de la fin d'année, s'accompagne de violentes manifestations étudiantes dans toute la ville. Enfin, les ghettos noirs s'enflamment régulièrement depuis 1964 (Watts 1965, Detroit, 1967).

* Au Japon, les étudiants dénoncent l'impérialisme américain et la présence de troupes de l'oncle Sam dans l'archipel nippon. Ils refusent surtout que leur pays serve de base arrière aux Américains dans leur lutte contre le Vietnam. Le mouvement d'extrême-gauche des Zengakuren se lance dans de violents affrontements avec la police. Spectaculaire, il s'organise en unités de 200 personnes, reconnaissables à la couleur de leurs casques. Les manifestants manœuvrent au sifflet et utilisent de longues lances de bambou contre la policiers sur lesquels ils n'hésitent pas à lancer des cocktails molotov.

* En Europe également, les étudiants protestent massivement:
- En Italie, la contestation débute en 1966 dans les universités (Trente). Elle prend la forme de grèves des cours, d'occupations de locaux... La venue du président américain Johnson fin 1967 accuse encore les tensions. Mais les affrontements les plus violents ont lieu à Rome le 1er Mars. La "bataille de la Valle Giulia" fait plusieurs centaines de blessés. Là comme ailleurs, la répression policière est brutale.

- Les étudiants d'Allemagne de l'ouest renvoient dos à dos les impérialismes américain et soviétique. Le leader du mouvement est le charismatique Rudi Dutschke, à la tête du SDS (fédération des étudiants socialistes) qui organise de nombreuses manifestations contre la réforme universitaire et la guerre du Vietnam. Les visites du vice-président américain Humphrey en avril 1967 et celle du Shah d'Iran en juin donnent lieu à des affrontements violents (un étudiant décède). La presse du groupe Springer (40% des quotidiens allemands) se déchaînent contre Dutschke et incite les autorités à la plus grande fermeté face aux manifestants. Le 11 avril 1968, "Rudi le rouge" est victime d'un attentat, ce qui entraîne de véritables émeutes.

- Même l'Espagne franquiste bouge (un peu). En 1967-1968, les étudiants tentent de  créer des syndicats vraiment démocratiques.  La réponse des autorités ne se fait pas attendre. La faculté des sciences politiques et économiques de Madrid est fermée en janvier 1968. Le 30 avril, le 1er et 2 mai, des manifestations se déroulent à l'appel d'organisations clandestines et s'accompagnent d'affrontements. Dans la deuxième quinzaine de mai, les occupations des universités se multiplient. Des barricades sont même édifiées. Le savoir-faire répressif de la dictature finit par voir raison des revendications estudiantines.

- Enfin et n'en déplaisent aux Stones, la capitale anglaise connaît tout de même deux grandes manifestations contre la guerre du Vietnam. En tête des cortèges, on trouve Tariq Ali, un étudiant pakistanais qui entraîne dans son sillage près de 25000 personnes. Des bagarres éclatent devant l'ambassade américaine.

* En Amérique latine, le Che assassiné en 1967 devient une icône vénérée et une source d'inspiration pour tous les révoltés de la planète. A Mexico, à compter du mois d'août 1968, les étudiants manifestent face au pouvoir et réclament des libertés politiques. A la veille des JO, le pouvoir écrase la révolte avec une brutalité inouïe. Le 2 octobre, l'armée tire sur des étudiants désarmés, provoquant la mort de 200 à 300 personnes. 



Street Fighting Man
(M. Jagger/K. Richards)

Ev'rywhere I hear the sound of marching, charging feet, boy
'Cause summer's here and the time is right for fighting in the street, boy
Well then what can a poor boy do
Except to sing for a rock 'n' roll band
'Cause in sleepy London town
There's just no place for a street fighting man
No!

Hey! Think the time is right for a palace revolution
'Cause where I live the game to play is compromise solution
Well then what can a poor boy do
Except to sing for a rock 'n' roll band
'Cause in sleepy London town
There's no place for a street fighting man
No!
Get down

Hey! Said my name is called disturbance
I'll shout and scream, I'll kill the king, I'll rail at all his servants
Well, what can a poor boy do
Except to sing for a rock 'n' roll band
'Cause in sleepy London town
There's no place for a street fighting man
No
Get down

......................

J'entends partout le son des manifestations et des marches,
parce qu'il fait beau et que le temps est venu de se battre dans la rue, mec
alors que peut faire un pauv' gars
à part chanter dans un groupe de rock
car dans Londres endormie,
il n'y a pas de place pour un combattant de la rue.

Hey ! je pense que le temps est mûr pour une révolution de palais
Mais là où je vis le jeu en vogue c'est la solution de compromis
alors que peut faire un pauv' gars
à part chanter dans un groupe de rock
car dans Londres endormie,
il n'y a pas de place pour un combattant de la rue.

Hey ! j'ai dit que mon nom était Agitation
Je vais hurler et crier, que je vais tuer le roi et mettre à mal tous ses domestiques
alors que peut faire un pauv' gars
à part chanter dans un groupe de rock
car dans Londres endormie,
il n'y a pas de place pour un combattant de la rue.

Liens:
- l'agitation des campus américains,
- L'année 1968 au Japon : les vents de la colère.

1 commentaire:

Florian a dit…

Le lien vers la chanson étant mort, voici un lien vers une autre vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=qUO8ScYVeDo
A bientôt !