vendredi 26 juin 2009

172. Alpha Blondy: "Apartheid is nazism."

Une des nombreuses plaques apposées sur les lieux publics en Afrique du sud au temps de l'Apartheid.

En 1948, le parti national purifié de Daniel Malan accède au pouvoir. Ce mouvement ultranationaliste impose alors l'apartheid ("séparation" en afrikaans). Ce système politique, et juridique repose sur la stricte séparation des Blancs et des non-Blancs. Surtout, il assure l'hégémonie d'une petite minorité blanche sur le reste de la population.

* Au cours des années 1950, une série de lois et ajustements juridiques permettent de contrôler la population:

Maisons dans le township de Soweto.

- Le population registration act (loi d'enregistrement de la population) de 1950 aboutit à la classification, sur des bases raciales, de la population. Quatre groupes sont ainsi distingués: les Blancs, les métis, les indiens et les Noirs.

- La prohibition of mixed mariages interdit les mariages inter-raciaux (1949) , tandis que l'immorality amendment act prohibe aussi les relations sexuelles.

- La reservation of separate amenities act (loi sur la séparation des équipements publics de 1953) aboutit à la ségrégation dans tous les lieux publics (transports, écoles, hôpitaux, cimetières...). On parle de Petty apartheid.



Une corde sépare Blancs et Noirs dans un stade.

- Le Group aeras act conduit à une ségrégation spatiale implacable puisqu'il détermine, pour chaque groupe racial, une zone d'habitation. Pour les Noirs sont ainsi créés 10 homelands ("patries") ou bantoustans, régions rurales bien délimitées qui se transforment en "réserves" indigènes prétendument autonomes. Au travers d'une autonomie fictive, Bernard Droz (voir sources) rappelle que" les Bantoustans répondent à un triple objectif: freiner la mobilité géographique de la main d'oeuvre, et par là son insertion urbaine; atténuer les tensions en permettant à une élite noire d'accéder à des responsabilités, entraver et diviser le nationalisme noir en ranimant la diversité ou les hostilités ethniques". Cette mesure (Grand Apartheid) réserve l'immense majorité du territoire (et les meilleures terres) à la minorité blanche.
Il convient d'ajouter à ce dispositif législatif l'apartheid urbain, qui oblige les Noirs à vivre à l'écart des villes, dans des agglomérations de petites habitations, les townships, dont Soweto (acronyme de South West Townships), constitue l'archétype.

Sous couvert d'anticommunisme, les gouvernements successifs autorisent la répression de toute activité d'opposition. Enfin, la loi sur le terrorisme (1967), terme à la définition particulièrement élastique dans la loi, légalise les mesures d'exception (état d'urgence, couvre-feu...) et conduit le pays dans une dérive totalitaire. De fait, la classification des individus selon des critères raciaux, l'emprise de l'Etat sur l'individu, jusque dans la sphère la plus intime; les déplacements de personnes dans des territoires réservés ne manquent pas de faire songer à l'Allemagne nazie, même si évidemment la comparaison s'arrête là.

Alpha Blondy invite en tout cas, les Etats-Unis à faire pression sur le régime de Pretoria afin qu'ils mettent un terme au système de l'apartheid. De fait, le milieu des années 1980 constitue une période charnière pour les autorités sud-africaines. Désormais, elles doivent compter avec un blocus qui asphyxie l'économie du pays. Ceci prouve aussi que, pendant près de quarante ans, la communauté internationale s'est révélée particulièrement timorée à l'endroit des autorités sud-africaines, se contentant le plus souvent d'une condamnation verbale du régime (c'est particulièrement vrai du Royaume-uni, longtemps très conciliant avec son ancien dominion). La progression de l'influence communiste en Afrique australe avec la décolonisation portugaise explique en partie cette réserve côté occidental, en tout cas jusqu'au milieu des années 1980... mais cela est une autre histoire dont nous vous parlons ici.





Alpha Blondy: "Apartheid is racism". (1985)

America, America, America
Break the neck of this apartheid
America, America, America
Break the neck of this apartheid

This apartheid system is nazism, nazism,
they are nazi

1939-1945
Nazi war in Europe
Today in 1985
Hitler on the rise in South Africa

So America, America, America
I say break the neck of this apartheid

You don't have the right to shoot the children
You don't have the right to shoot the children, I say
'Cause black and white we are all the same
'Cause black and white we are all the same, I say

We are all the same i say
so got to wipe away hatred i say

America, America, America
I say break the neck of this apartheid
America, America, America
You've got to break the neck of this apartheid

_____________________
Amérique, Amérique, Amérique, Amérique
tord le cou à l'apartheid (2X)

l'apartheid c'est le nazisme
ce sont des nazis

1939-1945, la guerre nazie déferle sur Europe
Aujourd'hui en 1985, Hitler est de retour en Afrique du sud
Amérique, Amérique, Amérique, Amérique
tord le cou à l'apartheid (2X)

vous n'avez pas le droit de tirer sur des enfants (2X)
Noirs ou Blancs nous sommes les mêmes (2X)

nous sommes tous les mêmes
alors balayons toute cette haine
Amérique, Amérique, Amérique, Amérique
tord le cou à l'apartheid (2X)


Sources:
- L'Histoire n° 306. Fr. X. Fauvelle-Aymar: "Et l'Afrique du sud inventa l'Apartheid", février 2006.
- E. Melmoux et D. Mitzinmacker: "Dictionnaire d'histoire contemporaine", Nathan, 2008.
- L'Afrique enchantée: "l'Afrique du sud: on dit quoi?".- Bernard Droz: "Histoire de la décolonisation", Point, Le Seuil.

Liens:

- "De l'apartheid à la nation arc-en-ciel".- Un dossier en anglais sur l'Apartheid.
- Photos de l'ONU sur l'apartheid.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci pour cet article très intéressant.

vouci un lien vers la chanson de Alpha blondy (à l'heure où j'écris le lien Youtube est "cassé)

http://www.deezer.com/track/2044583