lundi 21 février 2011

230. Martha and the Vandellas: "Dancing in the street" (1964)

Au cours des années 1960, de très violentes émeutes secouent les ghettos noirs des grandes villes américaines. Pendant l'été 1964, à Harlem un jeune Noir est abattu par un policier blanc, et aussitôt le ghetto s'embrase. En 1965, à la suite d'un contrôle policier qui dérape, le ghetto noir du Watts, à Los Angeles, connaît 6 jours de pillages. Les incendies volontaires, l'usage de cocktails molotov entraînent des dégâts matériels considérables dans la ville (30 millions de dollars) et s'accompagnent de heurts très violents avec la police. Le calme ne revient que grâce à l'envoi de 14 000 gardes nationaux, mais le bilan humain est très lourd: 34 morts, 900 blessés, 4000 arrestations.

Char dans les rues de Newark (New Jersey) en juillet 1967. Le 12, un jeune noir est arrêté pour une infraction au code de la route. Une rumeur se répand selon laquelle il aurait été battu à mort par les policiers. La ville connaît alors quatre jours de violences. Les émeutiers allument des incendies, pillent les magasins et s'en prennent aux forces de l'ordre.

Au cours de l'été 1966, Chicago, Cleveland, San Francisco connaissent des émeutes raciales similaires qui provoquent le décès de 7 personnes et font plus de 400 blessés. Des véritables guérillas urbaines se reproduisent et endeuillent la plupart des grandes villes américaines lors de l'été 1967, de loin le plus "chaud" et le plus meurtrier de la décennie. On dénombre 26 morts à Newark, dans le New Jersey, mais c'est Detroit qui connaît les incidents les plus graves. La Motor City subit six jours de fureur et déplore 43 morts, 467 blessées, plus de 7 200 arrêtées, 1 700 commerces pillés et 2 000 bâtiments incendiés.

* un contexte explosif.
Nicole Bacharan (cf: sources) revient sur l'engrenage qui conduit à ces émeutes: "Chacun de ces tragiques événements, aussi anarchiques, aussi imprévisibles et incontrôlables qu'ils paraissent, suivait un schéma presque identique: une période d'extrême chaleur, à laquelle les habitants du ghetto, privés de piscines publiques (...), ne trouvaient aucun soulagement; un incident avec des policiers blancs, dont les habitants ressentaient la présence musclée comme une occupation étrangère; très vite une foule se rassemblait, lançait des cocktails molotov et autres projectiles, et en quelques heures, le ghetto était à feu et à sang."

La une de Life consacrée aux émeutes de Newark, "insurrection prévisible". A l'issue, des quatre jours d'émeutes, on déplore 26 morts, 1500 blessés, des milliers d'arrestations et des millions de dollars de dégâts.

Ces émeutes sont contemporaines des deux grandes lois mettant un terme aux discriminations raciales institutionnelles: le Civil Rights Act adopté en 1964 proscrit toute discrimination dans les lieux publics, le Voting Rights act de 1965 interdit les stratagèmes juridiques visant à empêcher les Noirs de voter. Ces derniers accédaient enfin à une citoyenneté pleine et entière. Comment expliquer dans ces conditions ces explosions de violence inédites, alors même que des avancées significatives étaient obtenues en matière de droit civique? Le président Lyndon Johnson, qui a fait beaucoup plus dans ce domaine que tous ces prédécesseurs, perçoit les émeutes comme une véritable trahison. Au lendemain des émeutes du Watts, le président interroge incrédule Martin Luther King: "Comment est-ce possible, après tout ce que nous avons accompli? Le monde a-t-il perdu la tête?". Dans l'urgence, il alloue d'importants moyens aux agences fédérales sur place, ce qui n'empêche pas les violences estivales de ce produire de nouveau en 1966, 1967 et 1968. Cette situation n'est pourtant paradoxale qu'en apparence. Un rapport de 1966 sur la situation à Watts prouve que "rien n'y avait changé depuis l'année précédente et que les services engagés dans la guerre contre la pauvreté, pris dans les chicanes administratives, étaient incapables de fixer les priorités." [cf: Portes, p253]
Les jeunes émeutiers de Los Angeles, Newark ou Detroit ne se sentent guère concernées par les lois de 1964-65 qui concernent avant tout les Afro-américains du Sud ségrégationniste. "Les programmes politique et social prônés par la 'Grande Société' de Johnson avaient renforcé les espoirs et les attentes des Noirs, de sorte que les émeutes traduisirent une déception et un ressentiment à l'égard de leurs faibles retombées, et d'une société blanche qui bloquait les aspirations plus élevée que celles de la génération précédente. Le mécontentement provenait bien du décalage entre le 'progrès' et la fin de la ségrégation claironnés par l'administration fédérale et la réalité des discriminations vécues quotidiennement." [cf: NDiaye p100) Les violences policières en l'occurrence, les discrimination persistantes dans le domaine du logement et de l'emploi, les difficultés sociales constituent autant de facteurs déclenchant des émeutes.
La situation a même tendance à se dégrader au cours de la décennie compte tenu de l'escalade au Vietnam et de l'essor du Black Power.


Une du magazine Life du 27 août 1965. Les des émeutes du Watts éclatent le 11 août 1965, cinq jours seulement après l'adoption du Voting Rights Act. Tout part de l'arrestation d'un motocycliste noir en état d'ébriété. Pris à parti par un groupe de badauds, les policiers blancs appellent des renforts, à la fureur d'une foule de plus en plus hostile. Le ghetto s'embrase pour six jours. Une foule de 30 000 personnes se lance dans le pillage des magasins blancs du quartier dont les propriétaires sont accusés de vendre leurs produits à des prix excessifs. Au cours de la mise à sac qui suit, des coups de feu sont tirés. Bilan: 34 morts, plus d'un millier de blessés, quatre mille arrestations et des centaines d'immeubles détruits.


* Musique de l'Âme.
Les émeutiers reprennent à leur compte le slogan "Burn baby burn" ("brule, baby, brûle") en référence aux bombardements au napalm dans le conflit vietnamien. Il s'agit aussi de l'expression favorite de Magnificent Montague, truculent dj d'une radio de Los Angeles, KJFG, qui lance ainsi ses morceaux de soul préférés. Cette musique, trop souvent assimilée à des ballades guimauves inoffensives, s'impose pourtant bien comme l'idiome musical du mouvement des droits civiques au cours des années 1960. Au delà de son image glamour, "la soul participe activement au développement d'une fierté, d'une audace, d'une définition valorisante de la négritude qui faisaient jusqu'alors défaut." [cf: Traïni] Le terme soul, initialement utilisé par les jazzmen, transcende sa signification musicale et entre bientôt dans le vocabulaire du ghetto pour devenir synonyme de blackness (négritude).
La Motown, l'usine à tubes de Detroit, dirigée par Berry Gordy, est tout à fait représentative de cette évolution. Certains artistes du label (Marvin Gaye, les Temptations) incorporent progressivement un contenu social à leur répertoire, sans se cantonner aux ballades romantiques de leurs débuts.

Magasin saccagé, Newark, juillet 1967.

Greil Marcus note avec pertinence dans Mystery train que jusqu'à l'affirmation du mouvement des droits civiques et aux émeutes: "les voix noires canalisaient les émotions suscitées par l'exclusion politique et le désespoir social dans des chansons ayant pour sujet des tragédies sexuelles ou romantiques." De fait, le cycle de violences ouvert par les émeutes contribue à subvertir le message, jusque là inoffensif, de certaines chansons soul à l'instar du Dancing in the street de Martha and the Vandellas. Ainsi, à l'insu de ses auteurs et interprètes, la chanson s'impose comme un véritable hymne lors des émeutes qui embrasent les ghettos américains à partir de l'été 1964.
A l'origine, il n'y a pourtant rien de subversif ni de politiquement engagé dans ce morceau. La chanson annonçait un mode de vie marqué par la volonté d'occuper l'espace public, dans l'euphorie des danses collectives. Dancing in the street s'inspire aux dires de ses créateurs, des des jeux d'enfants et d'adolescents qui s'ébrouent autour des bornes d'incendie lors des journées caniculaires que connaissent l'été les grandes métropoles américaines.
Les émeutes estivales donnent un nouveau sens à cette chanson engageant les individus à "descendre dans la rue". Les émeutiers s'approprient ces paroles euphoriques. La chanteuse Martha Reeves précise pourtant qu'il ne s'agissait nullement d'un appel à la violence: "C'est tout à fait au contraire que nous voulons inciter les foules. Notre message est clair : All we need is music, sweet music… Nous voulons que chacun descende dans la rue pour danser et fraterniser, et non pas se battre." Malgré la prudence des programmateurs radio qui renâclent à passer le morceau, le titre rencontre un immense succès et se place à la deuxième place des hit-parades américains.


* Martha and the Vandellas.
Née en Alabama, Martha Reeves a grandi à Detroit au sein d'une famille de onze enfants dont le père était pasteur dans un Temple Méthodiste. En 1960, à 19 ans, elle fonde The Del-Phis, quatuor vocal repéré puis signé par le label de Chicago, Chess. Le succès n'est pas au rendez-vous, mais Martha parvient à se faire embaucher comme secrétaire à la Tamla Motown.
La jeune femme ne s'épanouit guère dans cette tâche, mais parvient progressivement à faire son trou. Avec les autres Del-Phis, elle assure les chœurs sur deux des premiers singles de Marvin Gaye. En septembre 1962, elle saisit sa chance, remplaçant au pied levé Mary Wells, alors chanteuse vedette du label, sur l'enregistrement du morceau I‘ll Have To Let Him Go. Les Del-Phis sont rebaptisés Martha & The Vandellas. Le groupe connaît rapidement un immense succès, grâce à la qualité de ses interprétations et à la qualité des compositions du trio magique de la Motown: Holland Dozier Holland. Martha Reeves est d'ailleurs en couple avec Brian Holland qui lui réserve des morceaux de choix. Les tubes s'enchaînent: Memories, puis Heat Wave 1963. Pourtant les rapports de la chanteuse avec le patron du label, Berry Gordy, s'avèrent orageux. En dépit du succès des Vandellas, ce dernier privilégie sa nouvelle signature, un autre trio vocal féminin The Supremes, à la tête duquel s'impose bientôt Diana Ross.

Martha and the Vandellas.

Les deux formations jouent pourtant dans des registres stylistiques différents. Les Supremes privilégient la sophistication, alors que les Vandellas proposent des morceaux d'une remarquable intensité, débarrassés de toute fioriture. En juin 1964, les premières remportent leur premier grand succès avec Where Did Our Love Go. Entre les deux formations la compétition est lancée. En juillet, les Vandellas ripostent et triomphent avec Dancing In The Street, composé par Mickey Stevenson et Marvin Gaye. Concentré d'énergie, le titre constitue une irrésistible incitation à la danse dont le rythme est assuré par une chaîne de vélo frappée sur le parquet du studio, doublée de tambourins qui accentuent le temps! Les chœurs répondent en écho au chant principal assuré par Martha Reeves. Cet immense succès sonne néanmoins comme un chant du cygne pour le trio. Les rapports virent à l'aigre entre Berry Gordy et Martha Reeves qui sombre dans une grave dépression. Jamais plus la chanteuse ne rencontrera un tel succès. Elle laisse néanmoins quelques sublimes morceaux, dont Dancing in the street, tube imparable et bande son surprenante des ghettos embrasés.





Dancing In The Street

Calling out around the world
Are you ready for a brand new beat?
Summer's here and the time is right
For dancing in the street
They're dancing in Chicago (dancing in the street)
Down in New Orleans (dancing in the street)
In New York City (dancing in the street)

All we need is music (sweet music)
Sweet music (sweet music)
There'll be music everywhere (everywhere)
There'll be swinging and swaying
And records playing
Dancing in the street

Oh, it doesn't matter what you wear
Just as long as you are there
So come on, every guy, grab a girl
Everywhere around the world
There'll be dancing
They're dancing in the street
(Dancing in the street)

This is an invitation
Across the nation
A chance for folks to meet
There'll be laughing, singing
And music swinging
Dancing in the street
Philadelphia, PA (dancing in the street)
Baltimore and DC now (dancing in the street)
Can't forget the Motor City (dancing in the street)

All we need is music (sweet music)
Sweet music (sweet music)
There'll be music everywhere (everywhere)
There'll be swinging and swaying
And records playing
Dancing in the street

Oh, it doesn't matter what you wear
Just as long as you are there
So come on, every guy, grab a girl
Everywhere around the world
They're dancing
They're dancing in the street
(Dancing in the street)

Way down in L.A., every day
They're dancing in the street
(Dancing in the street)
Let's start a big time now, get in time
With dancing in the street
(Dancing in the street)
Across the ocean blue, me and you
We're dancing in the street
(Dancing in the street)

***************

Danser Dans La Rue

Je lance un appel partout dans le monde
Êtes-vous prêts pour un tout nouveau rythme?
L’été est arrivé et c’est le bon temps
pour danser dans la rue.
Ils dansent à Chicago (danser dans la rue)
à la Nouvelle-Orléans (danser dans la rue)
dans la ville de New York (danser dans la rue)

Tout ce dont nous avons besoin c’est de musique (de la bonne musique)
De la bonne musique (de la bonne musique)
Il y aura de la musique partout (partout)
Il y aura des balancements, des contorsions
et des disques qui joueront
"Danser dans la rue"

Oh, ça importe peu ce que tu portes
tant que tu es présent
Alors allez, chaque gars, accrochez une fille
partout dans le monde
Il y aura de la danse
Ils dansent dans la rue
(Danser dans la rue)

Ceci est une invitation
À toute la population mondiale
Une chance pour les gens de se rencontrer
Il y aura des rires, des chants
Et de la musique envoûtante
Danser dans la rue
Philadelphie (danser dans la rue)
Baltimore et le district fédéral (danser dans la rue)
Sans oublier Motor City (danser dans la rue)

Tout ce dont nous avons besoin c’est de musique (de la bonne musique)
De la bonne musique (de la bonne musique)
Il y aura de la musique partout (partout)
Il y aura des balancements, des controsions
Et des disques qui joueront
"Danser dans la rue"

Oh, ça importe peu ce que tu portes
tant que tu es là
Alors allez, chaque gars, accrochez une fille
partout dans le monde
Il y aura de la danse
Ils dansent dans la rue
(Danser dans la rue)

Du fin fond de Los Angeles, chaque jour
Ils dansent dans la rue
(Danser dans la rue)
Commençons une fête maintenant,
en dansant dans la rue
(Danser dans la rue)
D’un bout à l’autre de l’océan bleu, toi et moi
Nous dansons dans la rue
(Danser dans la rue)

Sources:
- Jacques Portes: "Lyndon Johnson. Le paradoxe américain", Biographie Payot, 2007.
- Pap Ndiaye: "Les Noirs américains. En marche pour l'égalité", Découvertes Gallimard, 2009.
- Greil Marcus: "Mystery Train", Allia, 2001.
- Christophe Traïni: "La musique en colère", Les presses de la fondation nationale des Sciences Politiques, 2008.
- Yves Delmas, Charles Gancel: "Protest song. La chanson contestataire dans l'Amérique des Sixties", Les éditions Textuel, 2005.

Liens:
- D'autres artistes Motown sur l'histgeobox.
- The pop history dig: "Dancing in the street".

jeudi 3 février 2011

229. "John brown's body".

La guerre de Sécession éclata il y a exactement 150 ans. Trois titres ont retenu notre attention afin d'évoquer ce conflit:

- John Brown's body dont il est question ici reste l'une des chansons contestataires les plus célèbres. Elle nous permet de revenir sur l'épopée de cet abolitionniste acharné qui tenta d'éradiquer l'esclavage par la force. Les prémices de la guerre sont en germe dès les années 1850 et son expédition s'inscrit dans un contexte de tension croissante entre les deux sections du pays.

- The night they drove Dixie down du Band offre le point de vue du sudiste Virgil Kane particulièrement éprouvé par la guerre civile dont nous tenterons d'identifier les principales caractéristiques.

- Le pays sort traumatisé du conflit. Le Sud est dévasté, occupé en outre par les troupes nordistes le temps de la Reconstruction. La réconciliation sera longue à s'accomplir. Les Noirs, tout juste affranchis, en seront les grands perdants, ce qui provoque la colère d'Oscar Brown Jr dans son morceau Forty acres and a mule.

******************

En 1860, les États-Unis sont une nation profondément divisée dans laquelle les États du Nord et du Sud ne parviennent plus à coexister.
Dès l'origine, les pionniers de Virginie et de Nouvelle Angleterre ne se ressemblent pas. Si tous parlent l'anglais, les premiers sont anglicans, les seconds des puritains. La terre ingrate convainc rapidement les colons de la Nouvelle Angleterre de se tourner vers les activités commerciales et maritimes, tandis que l'économie de plantation (tabac, coton, matières tinctoriales, sucre) domine au Sud. Une fois l'indépendance obtenue, les États créent une fédération régie par la constitution de 1787. Les deux sections ( le terme utilisé au XIXème siècle pour désigner un espace géographique aux EU) qui composent les États-Unis, un Nord et un Sud séparés par la ligne Mason-Dixon, s'imposent dans les esprits bien plus qu'un sentiment national embryonnaire.

* deux sections antagonistes.
L'esclavage constitue la différence fondamentale entre ces deux sections. Si la constitution n'interdit ni la traite négrière ni l'esclavage, cette institution est rapidement limitée ou supprimée au Nord. Un compromis s'impose qui ne prévoit que de timides aménagements tels que la suppression du commerce des esclaves, devenue effective en 1808. L'évolution économique renforce encore les différences d'attitudes entre les deux sections. La révolution industrielle que connaît l'Angleterre réclame d'immenses quantités de cotons pour l'industrie textile. Le Sud profond (Géorgie, Alabama, Mississippi, Louisiane et les deux Caroline) se tourne alors vers cet "or blanc" dont la culture est permise par un climat propice.
Le coton façonne les pensées et les attitudes et permet aux plus grands propriétaires terriens détenteurs de très nombreux esclaves de diriger les choix politiques et économiques du Sud. Leurs détracteurs désignent ainsi le système sous le terme de "slavocratie". Les planteurs affirment, en s'appuyant sur la Bible, que l'esclavage est légitime. Sans lui l'économie du Sud s'écroulera. En outre, seuls les Noirs seraient à même de supporter les brûlures du soleil lors des longues journées de labeur. En 1860, les quinze États du Sud compte 12 300 000 habitants dont 4 000 000 d'esclaves et 250 000 Noirs libres.

Plantation de coton dans le Mississippi.

Or le Sud se trouve sous la dépendance des banquiers du Nord. La culture du coton s'avère en effet particulièrement exigeante. La plante nécessite la conquête de nouvelles terres car elle épuise rapidement les sols. L'interdiction de la traite engendre en outre un renchérissement du prix des esclaves, auquel s'ajoute les investissements indispensables. L'attachement des planteurs du Sud au libre-échange s'explique ainsi par la nécessité d'acheter à bon compte des machines agricoles, tout en facilitant les exportations de cotons indispensables au bon fonctionnement du système. Les planteurs imposent leurs valeurs, leurs normes, réduisant au silence les voix discordantes.
Si les propriétaires d'esclaves restent minoritaires parmi les Blancs du Sud, ils n'en imposent pas moins leurs valeurs au reste de la société. Cette civilisation agrarienne patriarcale empêche l'émergence d'une classe moyenne susceptible de déclencher une révolution industrielle et freine l'urbanisation. La Nouvelle Orléans, Atlanta, Richmond végètent et restent des villes moyennes.


Dixie: l'hymne des soldats confédérés, équivalent de Battle Hymn of the Republic pour les Nordistes, durant de la Guerre de Sécession. Le premier couplet annonce la couleur: "J'aimerais être au pays du coton / le bon vieux temps n'est pas oublié / Je te garde dans mon coeur Dixie / Dixie où je suis né / tôt par un matin glacial..." Le terme Dixie est utilisé pour désigner le Sud des États-Unis.



En Nouvelle-Angleterre, les maigres possibilités agricoles et les liens maintenus avec l'Europe expliquent l'essor d'une industrie florissante. Métallurgie, textile, transformation des produits naturels prospèrent à tel point qu'en 1860 90% des produits manufacturés du pays sont fabriqués au Nord. Les villes y connaissent un essor spectaculaire. De 33 000 habitants en 1790, New York bondit à 813 000 habitants en 1860. Avec l'ouverture d'une bourse des valeurs en 1817, la ville devient un centre financier incontournable renforcé par la présence de nombreuses usines de confection, des brasseries, ou encore des constructions navales en lien avec le port de commerce. Boston, Chicago, Philadelphie attirent des milliers d'immigrants qui trouvent facilement à s'employer. L'État fédéral adopte d'ailleurs des lois protectionnistes pour préserver les industries naissantes.

* Essor de l'abolitionnisme.
Dans ce contexte, le recours aux esclaves s'avère inutile au Nord. Les classes moyennes en plein essor croient en la perfectibilité de l'Homme et se lancent dans le mouvement abolitionniste déjà très implanté en Angleterre. Des militants, minoritaires mais déterminés, utilisent tous les moyens (pétitions, campagnes de presse, aide à l'underground railway) à leur disposition afin d'éliminer une institution incompatible selon eux avec un État qui se veut civilisé. Les dissensions ne manquent pas au sein des abolitionnistes, très partagés quant au sort à réserver aux esclaves affranchis. Quoi qu'il en soit, leurs objectifs rentrent en conflit avec les intérêts des États esclavagistes qui adoptent des codes noirs particulièrement durs et restrictifs. Dans ce contexte de tensions accrues sort le roman d'Harriet Beecher Stowe, "la Case de l'oncle Tom", qui décrit les conditions d'existence misérables des esclaves. Le livre remporte un immense succès au grand dam des esclavagistes qui dénoncent les erreurs de la romancière.

Publicité pour le best seller d'Harriet Beecher Stowe "Uncle Tom's Cabin".


* les terres conquises seront-elles libres ou esclavagistes?
La conquête des terres de l'Ouest attise le conflit Nord/Sud. Les immenses zones conquises, successivement la Louisiane (correspondant aux Grandes Plaines), la Floride en 1819, le Texas en 1845, l'Oregon en 1846, la Californie et le sud-ouest des Rocheuses en 1848, deviennent un enjeu crucial. Les Américains, au nom de leur "destinée manifeste", considèrent qu'il est de leur mission de civiliser ces terres vierges, peuplées d'indiens à éradiquer s'ils gênent la progression de la conquête de l'Ouest. Le problème fondamental se résume ainsi: les terres conquises seront-elles libres ou esclavagistes?

Les Etats-Unis après l'adoption du compromis du Missouri.

* Un équilibre précaire.
L'ordonnance du Nord Ouest (1787) organise l'entrée dans l'Union de nouveaux territoires et interdit l'esclavage dans les États qui naîtront de l'immense Louisiane (de la Pennsylvanie au Mississippi, des grands Lacs à l'Ohio). Or, la conquête de l'ouest et la création de nouveaux États qu'elle implique, fait de cette question un enjeu crucial en remettant en cause la ligne de démarcation entre États abolitionnistes et esclavagistes. En 1820, le compromis du Missouri apporte une solution en interdisant "l'institution particulière" (autre manière de désigner l'esclavage au Sud) au nord de la latitude 36°30'.
Les difficultés surgissent de nouveau dans les années 1850 avec le vote de la loi Kansas-Nebraska (1854) qui stipule que le rejet ou l'adoption de l'esclavage dépend de la souveraineté populaire des États, violant les termes du compromis et remettant en cause le critère géographique (de part et d'autre d'une ligne de démarcation) trouvé en 1820.
En 1857, une affaire retentissante attise de nouveau les tensions entre les deux sections. Par l' arrêt Dred Scott, la Cour Suprême donne tort à un esclave du Missouri qui avait suivi son maître dans l'Illinois libre et réclamait son émancipation. La Cour considère que Dred Scott n'est pas un citoyen; son action en justice est donc considérée comme nulle. En outre, elle affirme que, contrairement à ce qu'imposait le compromis du Missouri, le Congrès n'a pas le droit d'exclure l'esclavage d'une portion du territoire. Les Nordistes attachés à l'idéologie du sol libre (free soil), réclamaient au contraire une délimitation stricte des territoires de l'esclavage, avant son éradication définitive.


Les Etats-Unis après l'adoption de la loi Kansas-Nebraska.

* Bleeding Kansas.
Ulcérés par ce qu'ils considèrent comme une victoire de l'esclavagisme, les plus radicaux des abolitionnistes du Nord appellent à la désobéissance et accusent la slavocratie de vouloir imposer l'institution particulière à l'ensemble de l'Union. Des heurts violents éclatent entre abolitionnistes et esclavagistes dans les États contestés tels que le Kansas. Les bandes armées y affluent afin de faire pencher la balance en leur faveur. Une véritable guerre civile déchire l'État pendant trois ans, ce qui lui vaut l’appellation de Bleeding Kansas, le Kansas sanglant. Les Borders Ruffians soudoyés par des planteurs du Missouri sèment la terreur sur leur passage et pillent les villes tenues par l'adversaire. En 1856, des pro-esclavagistes du Mississippi mettent à sac la ville de Lawrence fondée par la New Aid Company England Emigrant dans le but d'accueillir des colons libres. Ce raid provoque la colère des abolitionnistes et entraîne des représailles, dont les plus virulentes sont menées par un certain John Brown.

Portrait de John Brown.

* John Brown.
Issu d'une famille modeste de Nouvelle Angleterre profondément calviniste, le jeune John Brown aspire à devenir ministre du culte, en vain. Il multiplie alors les activités professionnelles et travaille successivement comme tanneur, surveillant, fermier, berger, marchand de coton et postier. Il peine très vite à nourrir sa très nombreuses famille et à rembourser ses dettes. Il a en effet 20 enfants de ses deux épouses successives!
Owen Brown, le père, calviniste austère, voyait déjà dans l'esclavage "une offense à Dieu". John quant à lui exècre dès le plus jeune âge l'"institution particulière" et s'engage très tôt dans le combat pour son éradication. Engagé dans la milice d'Hudson lors de la guerre de 1812 contre l'Angleterre, il est amené à loger chez un propriétaire d'esclave, battu au moindre prétexte à coup de pelle. Il en revient plus "abolitionniste que jamais", prêt à mener "une guerre éternelle contre l'esclavage." A la suite de l'assassinat du journaliste antiabolitionniste Elijah P. Lovejoy en 1837, il se fait le serment de détruire l'esclavage.
En 1848, il s'installe avec sa famille dans la colonie pour esclaves affranchis de North Elba (NY) et se lie d'amitié avec Frederick Douglass, ancien esclave devenu un écrivain réputé.

Last moments of John Brown, célèbre tableau de Thomas Hovenden. L'artiste fait s'arrêter le condamné quelques instants pour embrasser un bébé que lui tend une femme noire.

L'adoption de la loi 1854 qui menace d'étendre les territoires de l'esclavage, convainc Brown à passer à l'action à l'automne 1855. Avec plusieurs de ses fils, il se rue sur le Kansas en 1855 afin de grossir les rangs des Jayhawkers, les abolitionnistes prêts à en découdre avec les Border Ruffians, pro-esclavagistes. D'autres incidents graves renforcent encore sa détermination. Ainsi, le 22 mai 1856, Charles Sumner, sénateur du Massachussetts, prononce un discours virulent contre les Sudistes. Il y dénonce "un crime contre le Kansas", un "viol contre un territoire vierge de la part de malfaiteurs et d'assassins du Missouri, des mercenaires recrutés parmi les vomissures des ivrognes d'une civilisation agitée." Cette charge pousse un membre du Congrès, Preston Brooks, à frapper Sumner de plus de trente coups avec le pommeau de sa canne, le blessant gravement. A la nouvelle du scandale Brown voit rouge. Les 24-25 mai 1856, il assassine avec des complices cinq personnes à Pottawatomie (Kansas). Il n'est guère inquiété pour ce massacre et poursuit donc la lutte. Fin août 1856, il mène avec ses partisans la défense d'Osawatomie, mais ne parvient pas à repousser 250 pro-esclavagistes du Missouri qui réduisent le bourg en cendres.

Preston Brooks, représentant de la Caroline du Sud agresse violemment Charles Sumner sénateur du Massachusetts.

Les violences se raréfient au Kansas avec le rejet de la constitution que proposait les pro-esclavagistes et la prise de possession de l'état par les abolitionnistes (il ne devient officiellement "libre" qu'en 1861). Brown ne désarme pas pour autant et reste persuadé que seule la lutte armée pourrait venir à bout de l’esclavage. Il échafaude alors un plan très ambitieux bien que chimérique. Épaulé d'une poignée de partisans et avec l'appui financier de riches sympathisants du Nord (les Secret Six), il entreprend de lever une armée d'esclaves pour renverser les gouvernements esclavagistes du Sud. Son objectif initial se trouve en Virginie, plus précisément la localité d'Harpers Ferry qui abrite une armurerie de l'armée des États-Unis. Situé à 50 km de l'état libre de Pennsylvanie, la bourgade se trouve en outre à proximité de zones montagneuses susceptibles de servir de refuges pour les troupes de Brown. Ce dernier compte s'y procurer les armes indispensables à la lutte.
Le 3 mai, il tient une réunion avec des leaders noirs à Chatham, Ontario (Canada). Les participants adoptent à l'unanimité une "constitution provisoire des Etats-Unis", proscrivant bien sûr l'esclavage.



Le 3 juillet 1859, Brown et ses complices trouvent refuge dans une ferme isolée située le long de la rive du Potomac, côté Maryland, à 8 km seulement au nord d'Harpers Ferry. Les raiders vivent en reclus et planifient leur expédition. William H. Leeman, qui avait déjà combattu aux côtés de Brown au Kansas résume ainsi le but de cette "armée provisoire des Etats-Unis" dans une lettre à sa mère: "faire la guerre à l'esclavage, le plus grand fléau qui n'ait jamais infecté l'Amérique. Nous sommes déterminés à frapper pour la liberté, inciter les esclaves à la rébellion et établir un gouvernement libre. Avec l'aide de Dieu nous y parviendrons."
Le 16 août, Brown rencontre de nouveau Frederick Douglass et tente de le rallier à sa cause. L'orateur refuse de participer à l'opération et prévient Brown qu'il risquait de "s'enfermer dans une parfaite souricière et que cette fois il n'allait pas en sortir vivant."
L'atmosphère devient vite oppressante dans Kennedy farm, le repère de "l'armée de libération" dont les rangs restent très clairsemés. Le 15 octobre, à la tête de 22 hommes, Brown déclenche le raid, convaincu que les volontaires afflueront à l'annonce de la prise de l'armurerie. De nuit, les assaillants prennent facilement le contrôle de cette dernière et capturent des otages, notamment des planteurs des alentours dont l'arrière-petit-neveu du président Washington. Ce n'est qu'au petit jour que les autorités de la ville découvrent la situation et organisent une riposte. Les milices locales, bientôt renforcée par 90 marines de l'Armée des États-Unis menés par Robert E. Lee, marchent sur Harpers Ferry afin d'en déloger les occupants. Les combats font rage et les premières victimes tombent des deux côtés, dont le maire ce qui provoque la colère d'une foule compacte. La prédiction de Douglass se réalise et Brown comprend qu'il est pris au piège. Le contingent d'esclaves révoltés tant attendu n'est pas venu. Brown refuse pour autant la demande de reddition rédigé par Lee. Les Marines partent alors à l'assaut de l'armurerie qu'ils contrôlent en trois petites minutes. Brown est alors lourdement blessé dans le bas de la nuque. Les rares survivants sont alors conduits dans la prison du comté à Charles Town où commence un interrogatoire musclé.


Exécution de John Brown le 2 décembre 1859. Plus de 1500 soldats se trouvent autour de l'échafaud.


L'instigateur du raid est poursuivi pour incitation à la rébellion d'esclaves, trahison contre l'État de Virginie et meurtre. Le procès débute le 27 octobre, douze jours seulement après le début de l'expédition. Les avocats de Brown tentent de le faire passer pour fou afin de lui éviter la mort ce à quoi l'accusé rétorque: "je suis tout à fait sain d'esprit, et je rejette, aussi loin que j'en suis capable, toutes tentatives pour rabaisser ma plaidoirie." Le 31 octobre, le verdict tombe après une délibération de 45 minutes: Brown est reconnu coupable des trois chefs d'accusation retenus contre lui. La sentence officielle est la pendaison, programmée pour le 2 décembre 1859. Elle ne surprend guère si l'on songe à l'effroi et la colère que suscite l'expédition d'Harpers Ferrry chez les planteurs du Sud qui redoutent plus que jamais une insurrection générale des masses serviles. En réaction, les effectifs des milices grossissent, tandis que les lynchages se multiplient dans les semaines qui suivent.

* Naissance d'un mythe.
Le combat de l'abolitionniste divise les Américains et ne laisse personne indifférent. L'éditorial du Republican daté de la pendaison de Brown constate: " jamais la mort d'un homme n'avait fait à ce point sensation en Amérique. Un sentiment d'indignation profonde et désolée semble s'être emparé des masses." Brown et ses acolytes sont bien sûr voués aux gémonies dans le Sud. Au Nord, les réactions sont mitigées. D'aucuns critiquent l'expédition aventureuse d'un homme dont l'exaltation confine au fanatisme. Lincoln par exemple se démarque du sulfureux personnage en déclarant: "même si comme nous Brown pensait que l'esclavage est mauvais, cela ne saurait excuser la violence, l'effusion de sang et la trahison."
Il trouve en revanche grâce auprès des abolitionnistes convaincus et acquiert la dimension d'un martyr allant jusqu'au sacrifice pour une noble cause. Dans les jours qui précèdent l'exécution, le gouverneur de Virginie et le président des États-Unis reçoivent d'ailleurs de nombreuses lettres réclamant la clémence. Victor Hugo écrit le 2 décembre une lettre en soutien au condamné ("Lettre aux États-Unis d'Amérique") qui se termine ainsi: "Oui, que l'Amérique le sache et y songe, il y a quelque chose de plus effrayant que Caïn tuant Abel, c'est Washington tuant Spartacus." Des sermons de commémoration sont prononcés en son honneur. Il est assimilé par certains au Christ, crucifié pour le salut de l'humanité.
Par leurs œuvres, les écrivains contribuent aussi à forger le mythe Brown considéré comme "l'apôtre" ou le "martyr" de la liberté. Les écrivains célèbrent sa mémoire à l'instar d'Hermann Melville qui lui consacre son poème The portent. Henry David Thoreau, prend fait et cause pour le Capitaine Brown dans son Plaidoyer. Fasciné par le personnage, Victor Hugo évoque John Brown dans L’Année terrible (« Décembre »):
Toi dont le gibet jette au monde qui commence, Comme au monde qui va finir, une ombre immense, John Brown, toi qui donnas aux peuples la leçon D’un autre Golgotha sur un autre horizon.

Estampe de Victor Hugo intitulée John Brown (1860).

De nos jour, John Brown doit une grande partie de sa notoriété à une ballade qui porte son nom: John Brown' Body. Il s'agit à l'origine d'un hymne chrétien écrit par William Steffe vers 1856. Au début de la guerre de Sécession, le texte est détourné une première fois par des soldats nordistes et les nouveaux vers sont lourds de sens: "Old John Brown's body lies a-mouldering in the grave,/(...)/His truth is marching on" (le corps de John Brown est étendu, immobile dans sa tombe, mais sa vérité continue d'avancer). Cette version s'impose comme un chant très populaire côté nordiste. La poétesse américaine Julia Ward Howe détourne à son tour le texte pour en faire l'hymne de l'Union en 1862 intitulé Battle Hymn of the Republic. La dimension subversive du morceau est évacuée pour en faire un hymne à la gloire de Dieu et de l'État.



Au bout du compte, l'expédition contre l'arsenal d'Harpers Ferry est révélatrice d'un pays qui n'a jamais si mal porté son nom. Un journal local sudiste Le Richmond Enquirer note ainsi le 25 octobre 1859:"l'invasion d'Harpers Ferry a fait réaliser la désunion de notre pays plus qu'aucun autre événement; il a fait revivre avec une force nouvelle, tous ceux qui rêvaient d'une Confédération sudiste. Les plus déterminés sympathisants du Nord devront s'obliger à entendre: 'si sous une forme quelconque notre paix est dérangée dans la Confédération, notre État envahi, nos pacifistes citoyens cruellement assassinés... par ceux qui se disent nos plus chaleureux amis... et que le peuple du Nord soutient cet outrage, alors laissons la désunion venir..."




John Brown's body. (voir les paroles d'une autre version du morceau ici)

John Brown's body lies a-moldering in the grave,
John Brown's body lies a-moldering in the grave,
John Brown's body lies a-moldering in the grave,
His soul is marching on.

Chorus
Glory, Glory! Hallelujah!
Glory, Glory! Hallelujah!
Glory, Glory! Hallelujah!
His soul is marching on.

2
He captured Harper's Ferry with his nineteen men so true,
He frightened old Virginia till she trembled through and through;
They hung him for a traitor, themselves the traitor crew,
His soul is marching on.

Chorus
Glory, Glory! Hallelujah!
Glory, Glory! Hallelujah!
Glory, Glory! Hallelujah!
His soul is marching on.

3
John Brown died that the slave might be free,
John Brown died that the slave might be free,
John Brown died that the slave might be free,
But his soul is marching on!

Chorus
Glory, Glory! Hallelujah!
Glory, Glory! Hallelujah!
Glory, Glory! Hallelujah!
His soul is marching on.

4
The stars above in Heaven are looking kindly down,
The stars above in Heaven are looking kindly down,
The stars above in Heaven are looking kindly down,
On the grave of old John Brown.

Chorus

Glory, Glory! Hallelujah!
Glory, Glory! Hallelujah!
Glory, Glory! Hallelujah!
On the grave of old John Brown

--------------

Le corps de John Brown repose en poussière dans sa tombe (bis)
son âme poursuit sa marche

Refrain
Gloire, gloire, alleluia (bis)
son âme poursuit sa marche

Il sera soldat dans l'Armée du Seigneur (bis)
Son âme poursuit sa marche.

Refrain

Le sac de John Brown est attaché sur son dos (bis)
Son âme poursuit sa marche.

Refrain

John Brown est mort pour que les esclaves puissent être libres (bis)
Son âme poursuit sa marche.

Refrain

Les étoiles dans le ciel le regardent avec bonté (bis)
Son âme poursuit sa marche (bis)

Refrain

Sources:
- Farid Ameur: "La guerre de Sécession", PUF, Que sais-je?, 2004. Remarquable mise au point sur le sujet. L'auteur narre avec rigueur et vivacité les diverses péripéties de la guerre de Sécession.
- André Kaspi: "La guerre de Sécession: les Etats désunis", Découverte Gallimard, 1992.
- Bernard Vincent: "Histoire des Etats Unis", Champs Flammarion, 1999.
- Howard Zinn: "Une histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos jours", Agone, 2003.
- Claude Folhen: "Histoire de l'esclavage aux Etats-Unis", Perrin, Tempus, 2007.
- L'Histoire n°361, février 2011 actuellement en kiosque qui consacre un numéro spécial à la guerre de Sécession.


Liens:
- Un site pédagogique consacré à John Brown.
- Poèmes dédiés à John Brown.
- Russel Banks: "Pourfendeur de nuages", Actes Sud, 1998. Autre chronique ici.