vendredi 9 mars 2012

257. "Die Partei hat immer recht" (1950) / "Le parti a toujours raison"

Au sortir de la seconde guerre mondiale, l'Allemagne est provisoirement découpée en 4 zones d'occupation par les vainqueurs qui entendent dénazifier le pays. Dans leur secteur, les Soviétiques imposent très vite leur modèle politique.
A l'issue du blocus de Berlin voulu par Staline, deux États allemands distincts naissent.
Dans ce contexte de guerre froide, la République démocratique allemande (RDA) devient donc dès sa création le 7 octobre 1949, une "démocratie populaire" qui s'enracine dans le bloc de l'Est. Satellisée par l'URSS, l'Allemagne de l'Est doit intégrer les alliances économique (CAEM ou COMECON en 1950) et militaire (le pacte de Varsovie en 1955) imposées par le grand frère soviétique.

 File d'attente devant un Intershop. Ces magasins, créés en 1962 pour les étrangers, proposent des produits occidentaux que l'on peut acheter avec des devises de l'ouest (moyens pour les autorités de se procurer les devises étrangères nécessaires aux importations). A partir de 1974, les Intershop sont ouverts aux citoyens est-allemands qui se ruent vers ce petit bout d'Occident au sein du bloc socialiste.

* Les SED parti-État et la Stasi.
Dès l'origine, l'emprise du SED sur la vie politique est-allemande est totale. Sous la pression de l'administration militaire soviétique, le parti social-démocrate allemand (SPD) et le parti communiste allemand (KPD) fusionnent en avril 1946 pour devenir le parti socialiste unifié (SED = le parti communiste est-allemand). Les différentes formations politiques rassemblées dans un "bloc anti-fasciste" doivent désormais constituer une liste commune de candidats qui les placent en fait sous le contrôle du SED, dont la prééminence est encore renforcée par le trucage des élections. "Instrument du prolétariat", le parti s'aligne sur l'idéologie marxiste-léniniste. Son comité central, organe de direction du SED, élit le bureau politique à l'origine des décisions importantes. Walter Ubricht, le premier secrétaire du parti, dirige le comité central jusqu'en 1971. Erich Honeker lui succède et prend le titre de Secrétaire général. 
Le pluralisme de façade ne remet nullement en cause le rôle de parti unique du SED qui étend ses ramifications dans toute la RDA et crée de nombreuses organisations de masse qui constituent autant de courroies de transmission du parti. Le SED et l'Etat ne font qu'un.
Les consultations électorales ne sont que des mascarades dans la mesure où les électeurs se voit présenter une liste unique. L'élection, purement formelle, se résume au pliage du bulletin de vote avant son introduction dans l'urne. Pour autant, s'abstenir de voter revient à voter contre la liste unique et donc le socialisme. L'abstention s'avère donc marginale.

Le SED, parti de masse, est en réalité un parti de cadres dans lequel les travailleurs sont sous-représentés. Le cumul des fonctions de dirigeants vieillissants devient une règle. Toute opposition  est muselée par le ministère de la Sécurité d’État, plus connu sous le nom de Stasi. Crée en 1950, il représente "le bouclier et l'épée du parti" (« Schild und Schwert der Partei »). Les milliers d'agents officiels ou officieux (1) recrutés par la Stasi épient et surveillent la population est-allemande afin de neutraliser toute opposition. Les personnes jugées suspectes font l'objet d'une surveillance étroite. Un gigantesque système de fichage de la société, en particulier des milieux sensibles tels que les Églises, les universités, mais aussi les cellules locales du parti, se met en place.

 Walter Ulbricht, secrétaire général du SED, converse avec des ouvriers sur une affiche de propagande en faveur du premier plan quinquennal (1952). "L'industrie lourde, base de l'indépendance et de la prospérité." La priorité est mise sur l'industrie lourde au détriment des biens de consommation.


* Collectivisation des moyens de production et pénuries.
L'URSS engage la collectivisation des moyens de production. Dès 1946, les forces d'occupation nationalisent les grandes industries, tout en tolérant pour près de 25 ans la persistance des petites et moyennes entreprises privées.  
Les usines deviennent non seulement des lieux de production, mais aussi de formation idéologique par l'entremise des "brigades de production".  (2) En outre, l'entreprise propose aux salariés de nombreux services (crèches, camps de vacances, bibliothèques, suivi médical). Elle joue donc un rôle primordial dans la vie des Allemands de l'Est. 
En 1948, le régime, qui place également le travail au cœur de ses préoccupations (3), prend comme modèle le mineur Adolf Hennecke, capable à l'instar de Stakhanov d'abattre un "travail herculéen". Son exemple donne naissance au mouvement des activistes censé contribuer à l'émulation socialiste. 
Les ouvriers ne disposent d'aucune autonomie dans l'entreprise. Ainsi, le syndicat FDGB, théoriquement indépendant des partis politiques se soumet progressivement au SED dont il devient une simple courroie de transmission. Sans être obligatoire, l'adhésion y est presque incontournable, compte tenu des avantages qu'il procure à ses membres (il regroupe ainsi 97% des salariés en 1982!).

Dans les campagnes, les grandes propriétés terriennes deviennent des coopératives agricoles et les paysans, théoriquement toujours propriétaires de leurs exploitations, des employés de l’État.
 Cette collectivisation brutale désorganise profondément un secteur agricole incapable de nourrir correctement la population. Aussi, jusqu'en 1958, un système de rationnement existe et les Allemands de l'est doivent composer avec la pénurie et la piètre qualité de produits peu variés (pommes de terre, choux). 
Ces difficultés d'approvisionnement ont de graves répercussion dans la vie quotidienne. De nombreux salariés doivent ainsi déserter leur travail pour prendre place dans les interminables files d'attente devant les magasins alimentaires. (4)
Le logement constitue un autre gros problème, d'autant que des millions de réfugiés affluent en 1945 dans le pays en ruine. La priorité accordée à l'industrie lourde empêche de mener la vaste politique de construction qui s'impose. Aussi, jusqu'aux années 1970, les conditions de logement individuel des Ossis s'avèrent précaires (insalubrité et surpeuplement). Plutôt que de pallier à la pénurie, les autorités se contentent de geler les loyers afin d'atténuer les mécontentements.

 Document de propagande vantant les mérites de la politique familiale en RDA. Les autorités favorisent l'activité professionnelles des mères de famille et la socialisation des enfants par la société. Concrètement, l’État favorise le travail des femmes par la mise en place d'un système de jardins d'enfants. Ainsi en 1988, 91,3% des femmes travaillent.


* Embrigadement de la jeunesse et politique culturelle.
Comme dans toute dictature digne de ce nom, la RDA accorde une très grande attention à la jeunesse, encadrée par l'école et les organisations de jeunesse (Pionniers de 6 à 14 ans, Jeunesse allemande libre de 15 à 25)
La tâche assignée à l'école s'avère essentielle puisqu'elle s'impose comme le lieu de formation de "l'homme socialiste nouveau", un lieu d'intense politisation. Le régime compte ainsi sur les instituteurs affiliés à la Stasi pour identifier les "émigrants de 8 heures du soir" dont les parents regardent la télévision occidentale. (5)

Le premier secrétaire du SED, Walter Ulbricht lors d'une cérémonie de Jugendweihe en 1957. Ce rite socialiste introduit en 1955 se voulait une alternative à la confirmation protestante ou à la communion catholique. L'événement symbolisait l'entrée des enfants de 14 ans dans le monde des adultes. A l'occasion d'une cérémonie organisée en juin, les jeunes prêtent serment de fidélité au socialisme, à la RDA. Près de 95% des enfants se prêtent à cette consécration politico-religieuse qui participe à l'endoctrinement de la jeunesse.

En parallèle à la scolarisation, les autorités mettent sur pied des organisations de jeunesse qui se décomposent en plusieurs entités fondées sur l'âge des enfants. 
Créée en 1948, l'organisation des Pionniers regroupe les élèves des classes 1 à 7 (âgés de 6 à 13 ans). A 14 ans, les jeunes entrant en 8ème classe intègrent la Freie Deutsche Jugend (FDJ = Jeunesse allemande libre) et revêtent la chemise bleue. Les membres de l'organisation se voient assigner des missions politiques qui consistent par exemple à  contrer l'écoute clandestine des radios et télévisions de l'Ouest en modifiant l'orientation des antennes.  
Les pratiques sportives sont valorisées au sein d'une organisation dont l'objectif paramilitaire est  sans cesse rappelé par les parades qui émaillent les innombrables commémorations voulues par le régime. Au bout du compte, la FDJ est le vivier des cadres du parti, de l'Etat et de l'économie.
 L'adhésion aux mouvements de jeunesse, théoriquement volontaire et reposant sur la liberté individuelle, se révèle en fait presque incontournable. Ceux qui restent en dehors du mouvement subissent en effet de nombreux obstacles dans leur vie professionnelle future. Par conséquent, environ 75% des jeunes est-allemands s'y engagent au cours des années 1950. 

 Erich Honecker au milieu de Jeunes Pionniers lors d'un rassemblement à Dresde en 1982. Les enfants arborent chemise blanche et pantalon ou jupe bleu marine, et un foulard bleu autour du cou.

La culture est elle aussi strictement contrôlée et instrumentalisée. Dès juillet 1945, la création du Kulturbund  permet de placer sous surveillance de nombreux écrivains et d'en stipendier d'autres... 
Par la suite, les conférences organisées par le régime en 1959 et 1964 à Bitterfeld assignent des missions bien spécifiques aux intellectuels censés se rapprocher des travailleurs ou évoquer la construction du socialisme. Tous ceux qui récusent ce carcan sont mis à l'index et exclus à l'instar du chanteur Wolf Biermann qui se voit retirer la nationalité est-allemande en 1976 alors qu'il se produit à l'Ouest.

* Que refuser à un parti qui vous délègue le vent et le soleil?
La chanson s'impose comme le principal vecteur d'embrigadement des jeunes Pionniers, trop petits pour ingurgiter les œuvres de Marx ou Lénine. Le site de l'exposition "Der Sozialismus siegt - la RDA dos au mur" propose les paroles de quelques uns de ces chants en particulier l’hymne du SED au titre évocateur : Die Partei hat immer recht ("le Parti a toujours raison"). 
Les paroles du morceau écrites en 1950, sonnent cruellement aux oreilles après l'érection du mur en 1961 ("II nous a tout donné /La brique pour construire et le grand plan"). Quant à l'affirmation selon laquelle "Là où il [le parti] se trouvait, se trouvait la vie", elle est ruinée par le sort réservé à Peter Fechter et 136 autres individus, abattus par les VoPos (diminutif de Volkspolizei = police du peuple) alors qu'ils tentaient de franchir le mur.


* Rejets et arrangements.
Cette société sous surveillance, embrigadée dès le plus jeune âge, constamment contrôlée par les indicateurs de la Stasi, ne cesse de s'éloigner du régime. La marche forcée vers le socialisme suscite très tôt de vives résistances.
Ainsi, le 16 juin 1953, les ouvriers des grands chantiers de construction de l'avenue Stalinallee de Berlin se mettent en grève pour protester contre l'augmentation des cadences de travail et la diminution des salaires. La grève gagne les autres grandes villes et se transforme en révolte populaire avec la revendication d'élections libres. La répression est immédiate. L'armée soviétique et la police est-allemande écrasent les manifestants, provoquant une centaine de morts et un millier de blessés.


Char soviétique dans les rues de Berlin-Est en juin 1953. La mort de Staline trois mois auparavant favorise
cette éclosion publique de la parole ouvrière.

La révolte berlinoise déstabilise profondément le SED qui prend conscience de la précarité de ses positions. Le régime ne doit son salut qu'à l'intervention soviétique, ce qui contribue un peu plus  encore à sa soumission.
La répression des manifestations ouvrières de 1953, motive le passage à l'ouest d'un flot important d'est-Allemands. Jusqu’en août 1961 , ces départs restent faciles d’un secteur à l'autre de Berlin où par la frontière encore perméable qui sépare les deux Allemagne.
Ainsi, entre 1949 et 1961, 3,5 millions d’individus désertent l’Allemagne de l’Est (par la « brèche » berlinoise pour 95% d'entre-eux). Fuyant l'absence de libertés et les faible niveau de vie, ce sont les plus jeunes et les plus qualifiés qui se réfugient en RFA.
Or, l'ampleur de cette hémorragie menace l'existence même de la RDA. Les Soviétiques redoutent en outre l'effet déstabilisateur sur les autres pays limitrophes. Walter Ulbricht, premier secrétaire du SED réclame donc avec insistance l’autorisation de Nikita Khrouchtchev pour ériger un mur infranchissable entre les deux secteurs de Berlin. La construction débute le dimanche 13 août 1961 vers deux heures du matin. Stupéfaits, les Berlinois découvrent au réveil des fils de fer barbelés, bases du mur à venir.


 Bande de jeunes devant un "disco club" à proximité de Dresde, en 1980. Malgré l'intense encadrement idéologique dont la jeunesse est l'objet, celle-ci ne cesse de s'éloigner du régime. 
Le divorce est consommé au cours des années 1980 pour une jeunesse privée de toute perspective d'ascension sociale par un pouvoir gérontocratique. 


* Les tentatives d'adaptation du régime et "société de niches".
Après l'érection du mur, la population conçoit la nécessité d'engager une série d'arrangements avec un régime qui semble fait pour durer. Le contrôle social intense impose l'acceptation d'un certain nombre de règles. En contrepartie, le régime conçoit la nécessité d'apporter une certaine amélioration aux conditions d'existence d'une population lassée des pénuries et privée des libertés fondamentales. Aussi, dans la mesure du possible, le SED fait de la RDA un modèle de société de consommation socialiste qui se traduit par la diffusion des appareils ménagers, de la télévision et de la Trabant dont se dotent environ 15% des Allemands de l'Est à a fin des années 1960. (6) A partir du milieu de la décennie, ces derniers disposent d'une troisième de congés payés qui permet pourquoi pas de profiter des séjours sur les côtes de la Baltique ou sur les rives du lac Balaton (Hongrie).

Reste que, en dépit de tous ses efforts, l’État ne parvient pas à contrôler totalement la société. La population se ménage des espaces de repli (au sein des groupes religieux, lors de réunions privées). Les datchas, les maisons de campagne à la russe, et les jardins privatifs (7) deviennent des refuges permettant d'échapper au contrôle tatillon du parti et de ses organes. 
Le développement de cette "société de niches"  s'accompagne du repli sur la vie privée et la sphère familiale avec l'essor de pratiques (naissances hors mariage, divorces) qui ne s'inscrivent pas dans le modèle traditionnel de la famille nucléaire voulue par le pouvoir. 
De même, le recours accru aux pratiques contraceptives rend inefficace les mesures natalistes adoptées par le régime et le problème de la dénatalité affecte la RDA à partir de la fin des années 1960.

Terminons avec un constat dressé par Emmanuel Droit en conclusion d'un article passionnant publié dans L'Histoire (voir sources): " Les dirigeants du SED, portés par une foi inébranlable dans le bien-fondé de leur mission historique de construire le premier Etat socialiste sur le sol allemand, ont bouleversé le quotidien des Allemands de l'Est. Dans les années 1950, ces transformations brutales conduisent des centaines de milliers de citoyens à passer à l'Ouest. A partir des années 1960, les dirigeants du SED ont renoncé à "gouverner les âmes" pour mieux contrôler une population qui doit s'arranger avec l'économie de panne, l'économie de pénurie et une politisation à outrance de l'espace public et du calendrier. (8) Ni Etat totalitaire ni dictature douce, la RDA fut un régime de dictature moderne qui imposa un certain nombre de contraintes à sa population.

Au bout du compte, la faillite économique d'un État à l'appareil de production obsolète (et vivant au crochet de l'Allemagne de l'ouest depuis l'ostpolitik de Willy Brandt), le très fort mécontentement social provoquent la désagrégation souterraine d'un régime déjà largement moribond lors de son renversement en novembre 1989.





Notes:
1. Ces indicateurs espèrent retirer des avantages personnels de cette collaboration.
2. La brigade est une unité de production indépendante du syndicat. Il s'agit en outre d'une unité de vie également car la brigade organise la vie collective. C'est aussi un lieu de surveillance.
3. L'article 24 de la constitution de 1974 rappelle que "le droit au travail est indissociable du devoir de travailler."
4.  Absentéisme souvent toléré comme le concède le contremaître d'une entreprise: "Comme le ravitaillement laissait à désirer, les femmes quittaient l'atelier le vendredi midi en disant:'Je dois aller chez le boucher. Ce soir, il n'y aura plus rien.' Eh bien! que pouvait-on dire à ces gens là? On a simplement fermé les yeux."
5. La réforme scolaire de 1946 met sur pied une filière unique de 8 ans à l'issue de laquelle, les jeunes sont dirigés soit vers un apprentissage professionnel soit vers le lycée. 
La réforme de 1959 remplace ce système par une école polytechnique de 10 classes qui assure un équilibre entre formation théorique (communiste avec intégration de l'idéologie marxiste-léniniste à l'éducation civique) et pratique (stages en usine). En 1978, un enseignement militaire censé inculquer aux enfants l'amour et le respect de l'armée, est introduit à l'école.
L'orientation relève exclusivement des décisions de l'Etat; les places offertes dans les filières universitaire s'adaptant aux besoins recensés selon les prévisions du plan.
6. Après un délai d'attente d'environ dix à quinze ans pour l'obtenir. 
7. Il y a en RDA plus de 1 million de propriétaires de jardins Shreber (du nom d'un médecin hygiéniste). 
8. Commémoration de la mort de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht en janvier, journée de la femme le 8 mars, du travail le 1er mai, de la paix le 1er septembre, de la naissance de la RDA le 7 octobre...



 "Lied der Partei" / "Die Partei hat immer recht" (Louis Fürnberg)
"Le chant du Parti" / "Le Parti a toujours raison"

Sie hat uns alles gegeben,
Sonne und Wind und sie geizte nie.
Wo sie war, war das Leben,
Was wir sind, sind wir durch sie.
Sie hat uns niemals verlassen,
Fror auch die Welt, uns war warm.
Uns schützt die Mutter der Massen,
Uns trägt ihr mächtiger Arm.


Refrain:
Die Partei, die Partei,
Die hat immer recht
Und Genossen es bleibe dabei,
Denn wer kämpft für das Recht,
Der hat immer recht
Gegen Lüge und Ausbeuterei.
Wer das Leben beleidigt,
Ist dumm oder schlecht,
Wer die Menschen verteidigt,
Hat immer recht.


So aus Lenin'schem Geist
Wächst von Stalin geschweißt
Die Partei, die Partei, die Partei.
Sie hat uns niemals geschmeichelt.
Sank uns im Kampfe auch mal der Mut,
Hat sie uns leis nur gestreichelt:
"Zagt nicht!" und gleich war uns gut.
Zählt denn noch Schmerz und Beschwerde,
Wenn uns das Gute gelingt,
Wenn man den Ärmsten der Erde,
Freiheit und Frieden erzwingt?


Refrain: ...


Sie hat uns alles gegeben,
Ziegel zum Bau und den großen Plan.
Sie sprach: "Meistert das Leben,
Vorwärts Genossen, packt an."
Hetzen Hyänen zum Kriege,
Bricht euer Bau ihre Macht.
Zimmert das Haus und die Wiege,
Bauleute, seid auf der Wacht!

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II nous a tout donné
Le soleil et le vent. Il n'était jamais avare.
Là où il se trouvait, se trouvait la vie.
Ce que nous sommes, nous le sommes grâce à lui
II ne nous a jamais abandonnés.
Même quand le monde gelait, nous avions chaud.
La mère (1) des masses nous protège.
Son bras puissant nous porte.

Refrain                                  Le parti, le parti a toujours raison
Et, camarades, qu'il en reste ainsi.
Car celui qui se bat pour le droit
Celui-ci a toujours raison.
Contre le mensonge et l'exploitation.

Chœur des femmes :           Celui qui offense la vie
 Est sot ou mauvais.
 Celui qui défend l'humanité
 A toujours raison.

Tous ensemble :                     Ainsi par l'esprit de Lénine
 Soudé par Staline,
 Grandit le parti, le parti, le parti.

2ème couplet :                       II ne nous a jamais flattés.
 Si dans le combat, notre courage a faibli,
 II ne nous a que légèrement caressés,
 « Ne vous découragez pas » et immédiatement nous            allions bien.
 La douleur et les plaintes comptent-elles encore
 Quand le bien est vainqueur,
 Quand, pour les plus pauvres de la terre,
 On conquiert la liberté et la paix.

3ème couplet :                       II nous a tout donné
 La brique pour construire et le grand plan.
 Il nous a dit ; maîtrisez la vie
 En avant, camarades, retroussez vos manches.
 Chassez les hyènes qui veulent la guerre,
 Que votre édifice brise leur force.
 Charpentez la maison et le berceau.
 Bâtisseurs, soyez sur vos gardes.


Cité par Susanne FRITSCHE, Die Mauer ist gefallen, eine kleine Geschichte der DDR (Le mur est tombé, une petite histoire de la RDA), éditions DTV, Munich, 2005.
Traduction : Claire Dietrich
Note :
(1) La comparaison avec la mère s'explique par le fait qu'en allemand le nom « parti » est féminin (die Mutter, die Partei)


Sources:
- Emmanuel Droit:"Le communisme au quotidien", L'Histoire n°346, octobre 2009. Article très clair et synthétique sur la vie ordinaire en Allemagne de l'Est.
- Francis Lachaise: "Histoire d'un État disparu: la République démocratique allemande de 1945 à nos jours", Ellipses, les essentiels, 2001.
- Emmanuel Droit: "Vers un homme nouveau? L'éducation socialiste en RDA (1949-1989)". 
- Sandrine Kott: "A la recherche d'une culture socialiste. Le cas des entreprises en RDA (1949-1989)" Vingtième siècle, revue d'histoire, année 1999, volume 63.  
- La Marche de l'histoire: "Adieu camarades! Ils vivaient en RDA", invitée Sandrine Kott, lundi 6 février 2012.
- Xavier Carpentier-Tanguy: "L'écran noir de 1965." Les formes de violence culturelle en RDA.
- Manuel d'histoire franco-allemand Terminale L/ES/S, Nathan, 2006. 
- Brochure de l'exposition "Der Sozialismus siegt - la RDA dos au mur" proposée par la BU de l'université Paris 8. (PDF)
- Site de l'exposition "Die heile Welt der Diktatur? Herrschaft und Alltag in der DDR."



Liens:
- La radio WFMU propose une sélection de chansons de propagande du parti communiste est-allemand: "A Short Audio-Visual History Of The GDR (mp3s, videos)
- Arte: "Impressions de RDA
- "Adieu camarades! 1975-1991" Le site internet créé à l'occasion de la diffusion sur Arte d'une série documentaire réalisée par Andreï Nekrassov.

- Des ressources intéressantes comparant les sociétés française et allemande. 
- "Petit abécédaire de la RDA... ou glossaire d'un pays qui n'existe plus (1976-1990)" 
- Rock est-allemand.

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