samedi 28 août 2010

215. The Pogues: "Poor Paddy on the railway".

 Sur l'histgeobox, nous nous intéressons aux conséquences politiques et sociales de l'importante émigration irlandaise aux Etats-Unis du XIX° siècle au début du XX°.
Entre 1815 et 1930, 18 millions de Britanniques quittent leur terre natale pour aller s'installer sur d'autres continents, en particulier vers l'Amérique.
* La "maladie de la pomme de terre" (mildiou) entraîne une terrible famine qui tue et précipite sur les chemins de l'exil des milliers d'Irlandais. La chanson "Dear Old Skibbereen" chantée par Sinead O'Connor nous permet de revenir sur ce drame national.
* Ces migrations de la misère se déroulent dans des conditions terrifiantes. L'entassement, le manque d'hygiène et les organsimes affaiblis par les carences alimentaires font des navires de véritables mouroirs dont les Pogues parlent dans leur morceau "Thousands are sailing".
* Une fois arrivés à destinations, les Irlandais occupent les postes les plus ingrats. La version de la chanson traditionnelle "Poor Paddy on the railway", interprétée ici par les Pogues, évoque l'existence difficile d'un Irlandais obligé de travailler sur les lignes de chemins de fer en construction en Angleterre (Liverpool, Leeds...).

* Les immigrants aspirent à vivre dignement et si possible à s'enrichir. Pourtant, les conditions d'existence s'avèrent la plupart du temps très difficiles pour les migrants, bien loin du pays de cocagne vanté par les compagnies maritimes. Outre la douleur du déracinement, ils souvent accueillis avec réticence, voire victimes de xénophobie:
- La chanson "No Irish need apply" ("pas besoin d'Irlandais") illustre l'hostilité des Américains de "souche" envers les nouveaux venus.
- Les paroles du morceau "Don't bite the hand that's feeding you" rendent perceptibles le racisme dont sont toujours victimes les immigrés au début du XX°.

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Au cours du XIX° siècle, l'Europe connaît un accroissement démographique sans précédent. Les progrès agricoles permettent de libérer de nombreux bras qui trouve à s'employer en ville où la révolution industrielle permet d'absorber une partie de cette population en plein essor... mais une partie seulement. Malgré l'exode rural massif, la surpopulation affecte de nombreuses régions rurales. Parmi ces populations jeunes qui peinent à se procurer leur pitance, les candidats à l'exil se multiplient. Ils migrent principalement vers le nouveau monde, en particulier les Etats-Unis. Pour les pouvoirs publics américains, il est essentiel d'attirer les migrants indispensables à la mise en valeur d'un territoire qui se limite encore au début du XIX° siècle, à une bande côtière sur l'Atlantique. Les autorités ouvrent donc largement les frontières du pays et envoient en Europe des agents recruteurs qui font miroiter monts et merveilles à des populations déjà convaincues.
Immigrants irlandais travaillant sur une ligne de chemin de fer aux Etats-Unis.
Entre 1820 et 1920, 55 millions d'Européens quittent le continent, dont 33 millions vers les Etats-Unis. Parmi eux, on compte 11 millions d'Irlandais. Dès les années 1830, ces derniers quittent leurs foyers pour s'employer dans les secteurs qui manquent de bras, soit les tâches les plus pénibles, les moins qualifiées. Les Anglais, très nombreux à migrer eux aussi, désignent ces activités comme les 3 D, "dirty, dangerous, demeaning" ("salle, dangereux, dégradant").
Tous les Irlandais ne partent pas pour le nouveau monde, loin s'en faut et les flux migratoires sont aussi intra-européens. En Angleterre, les Irlandais occupent les postes les plus ingrats. Ils y construisent des routes, déchargent les marchandises en tant que dockers. Le pauvre Paddy de la chanson quant à lui, pose des ballasts pour les chemins de fer. Les jeunes Irlandaises, quant à elles, trouvent à s'employer en tant que domestiques ou comme ouvrières dans l'industrie textile. Bien que sujets de la reine, les Irlandais y sont traités en parias.

Immigrants irlandais quittant leur village pour le Canada durant la grande famine, entre 1845 et 1850.
La version de la chanson traditionnelle "Poor Paddy on the railway", interprétée ici par les Pogues, évoque l'existence difficile d'un Irlandais obligé de travailler sur les lignes de chemins de fer en construction en Angleterre (Liverpool, Leeds...). La chanson débute en 1841, au début d'une décennie terrible pour l'Irlande dont les pommes de terre, aliment de base des paysans, sont frappées par le mildiou. La famine qu'il provoque entraîne la mort d'un million d'Irlandais et l'émigration de près de deux millions de personnes, obligées de fuir pour éviter de mourir littéralement de faim! Il s'agit donc bien ici de migrations motivées par la misère.



The Pogues: "Poor Paddy on the railways" [Pauvre Paddy* pose des rails.]
In eighteen hundred and forty-one / My corduroy breeches I put on / My corduroy breeches I put on / To work upon the railway, the railway / I'm weary of the railway / Poor Paddy works on the railway
En 1841 / je mis mon pantalon de velours / pour construire le chemin de fer (2X) / je suis las du chemin de fer / pauvre Paddy pose les rails
In eighteen hundred and forty-two / From hartlepool I moved to crewe / Found myself a job to do / A working on the railway
En 1842 / de Hartlepool j'ai déménagé pour Crewe / me suis trouvé un travail à faire / sur le chemin de fer

In eighteen hundred and forty-three / I broke the shovel across me knee / I went to work for the company / On the leeds to selby railway

En 1843 / j'ai cassé ma pelle sur mon genoux / je suis parti travailler à l'usine / sur la ligne Leeds Selby

In eighteen hundred and forty-four / I landed on the liverpool shore / My belly was empty me hands were raw / With working on the railway, the railway / I'm sick to my guts of the railway / Poor paddy works on the railway

En 1844 / j'ai atteri sur les rives de Liverpool / mon ventre était vide et mes mains à vif / avec le boulot sur les chemins de fer / j'en crève du chemin de fer / pauvre Paddy pose des rails
In eighteen hundred and forty-five / When Daniel O'Connell he was alive / When Daniel O'Connell he was alive / To work upon the railway, the railway / I'm weary of the railway / Poor Paddy works on the railway
En 1845 / quand Daniel O'Connell était encore en vie (2X) / Pour construire le chemin de fer / J’en ai marre du chemin de fer / Pauvre Paddy pose des rails…
In eighteen hundred and forty-six / I made my trade to carrying bricks / I made my trade to carrying bricks / For working on the railway / I'm weary of the railway / Poor Paddy works on the railway
En 1846 / j'ai gagner ma vie à porter des briques / Pour construire le chemin de fer / J’en ai marre du chemin de fer / Pauvre Paddy pose des rails…
In eighteen hundred and forty-seven / Poor paddy was thinking of going to heaven
The old bugger was thinking of going to heaven / To work upon the railway, the railway / I'm sick to my death of the railway / Poor paddy works on the railway

En 1847 / le pauvre Paddy pensait à rejoindre le Paradis / le vieux bougre pensait à rejoindre le paradis / Pour construire le chemin de fer / J’en ai marre du chemin de fer / je suis malade à en crever du chemin de fer / Pauvre Paddy pose des rails…
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Dans une autre version de la chanson, à laquelle il convient de retrancher quelques couplets des Pogues, on trouve des références à l'émigration vers les Etats-Unis. Comme le souligne les paroles, les conditions d'existence s'avèrent la plupart du temps très difficiles pour les migrants, bien loin du pays de cocagne vanté par les compagnies maritimes. [nous en reparlerons très bientôt ]:
In eighteen hundred and forty-three / I sailed away across the sea / I sailed away across the sea / To work upon the railway, the railway / I'm weary of the railway / Poor Paddy works on the railway
En 1843 / j'ai navigué sur l'océan (2X) / pour travailler sur le chemin de fer / je suis fatigué du chemin de fer / pauvre Paddy pose les rails
In eighteen hundred and forty-four / I landed on Columbia's shore / I landed on Columbia's shore / To work upon the railway, the railway / I'm weary of the railway / Poor Paddy works on the railway
En mil huit cent quarante quatre / J’ai débarqué sur les côtes de Columbia (bis)
Pour construire le chemin de fer / J’en ai marre du chemin de fer / Pauvre Paddy pose des rails…

* Paddy, le surnom utilisé pour désigner les Irlandais en Angleterre au XIXe siècle.
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1 commentaire:

véronique servat a dit…

Une très belle ouverture pour le nouveau programme de seconde non?