mercredi 12 octobre 2011

248. Oscar Brown Jr: "Forty acres and a mule"

- John Brown's body reste l'une des chansons contestataires les plus célèbres. Elle nous permet de revenir sur l'épopée de cet abolitionniste acharné qui tenta d'éradiquer l'esclavage par la force. Les prémices de la guerre sont en germe dès les années 1850 et son expédition s'inscrit dans un contexte de tension croissante entre les deux sections du pays.

- The night they drove Dixie down du Band offre le point de vue du sudiste Virgil Kane particulièrement éprouvé par la guerre civile dont nous tenterons d'identifier les principales caractéristiques.

- L'élection d'Abraham Lincoln plonge le pays dans la guerre. Dès lors le président s'emploie à sauvegarder de l'Union. L'émancipation des esclaves est le fruit de la guerre. Leabelly consacre un blues au "grand émancipateur". (à venir)

- Le pays sort traumatisé du conflit. Le Sud est dévasté, occupé en outre par les troupes nordistes le temps de la Reconstruction. La réconciliation sera longue à s'accomplir. Les Noirs, tout juste affranchis, en seront les grands perdants, ce qui provoque la colère d'Oscar Brown Jr dans son morceau Forty acres and a mule qui retient notre attention ici.
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Un membre du Klan et de la White League s'emploient à rendre la vie de cette famille noire "pire que l'esclavage." Gravure de Thomas Nast pour le Harper's Weekly, 24 octobre 1874.

* Le Sud ravagé.
La guerre civile laisse un pays exsangue. L'utilisation d'armes nouvelles, l'ampleur des effectifs engagés, la multiplicité des théâtres d'opération, la primauté accordée à l'offensive, auxquels s'ajoutent la difficile prise en charge des blessés, expliquent la lourdeur du bilan humain. On déplore 620 000 victimes, 360 000 Nordistes et 260 000 Sudistes, et près d'un million de blessés et invalides. Un combattant sur cinq est tué au cours du conflit.
Au Sud, les dégâts matériels s'avèrent considérables. La violence des opérations a réduit de nombreuses villes et plantations en cendres. Ainsi, lors de la marche à la mer, les colonnes infernales de Sherman ravagent tout sur leur passage.
Les moyens de transport sont inutilisables. Les soldats démobilisés errent hagards, dans l'attente d'une occupation rémunérée, tandis que des bandes de pillards profitent de l'absence d'autorités pour s'accaparer ce qui peut encore l'être.

La petite maison, en bois, d'une famille de métayers (Alabama, vers 1902).

* Quelle reconstruction?
Victorieux du Sud, les Yankees se trouvent face à une série de choix cruciaux. Quel sort faut-il réserver aux vaincus? Comment résoudre les problèmes nés de l'affranchissement des esclaves? De quelle manière faut-il reconstruire l'ancienne Confédération?
Avant même la fin de la guerre, Lincoln fixe les conditions de réintégration des Etats du Sud dans l'Union. Magnanime, il opte pour un pardon immédiat et une retour rapide au statu quo ante. A ses yeux, il suffit que 10% des citoyens d'un Etat" rebelle" prêtent serment de fidélité à l'Union et acceptent l'abolition de l'esclavage pour constituer un gouvernement légal.
Son assassinat, le 14 avril 1865, entraîne son remplacement immédiat par Andrew Johnson, un démocrate du Tennessee rallié à l'Union et à la stratégie du vieil Abe. Le nouveau président se déclare prêt à pardonner aux anciens rebelles à condition qu'ils entérinent l'abolition de l'esclavage, annulent les ordonnances de sécession et prêtent un serment de loyauté à l'Union. Mais, ce "président par accident" n'a pas la stature de son prédécesseur et peine à imposer ses vues au Congrès.
Quoi qu'il en soit, les Etats du Sud sont réadmis à bon compte dans l'Union et s'empressent d'élire d'anciens sécessionnistes convaincus. Soucieux de limiter autant que possible les conséquences de l'abolition de l'esclavage, ces derniers s'empressent d'imposer des Black Codes humiliants et discriminatoires, censés maintenir la population de couleur dans une position subalterne.

Au Congrès, les républicains se divisent entre radicaux et modérés. Les premiers  entendent bien contrecarrer la reconstruction présidentielle. Menés par Thaddeus Stevens, les radicaux refusent toute forme de conciliation avec l'ancienne Confédération qu'ils entendent gérer en province conquise, tout en châtiant les rebelles. Les Noirs doivent pouvoir voter et jouir de l'égalité complète. L'adoption de ces "Codes noirs" provoque leur fureur.
Un véritable bras de fer s'engage entre l'exécutif et le législatif. Ainsi, le président Johnson use à deux reprises de son veto pour bloquer des décisions prises par le Congrès. (1)
Mais, le triomphe des républicains radicaux aux législatives de 1866 lui fait perdre le contrôle de la Reconstruction. Et si la procédure d'impeachment à l'encontre de Johnson échoue à une voix près (février 1868), le Congrès n'en adopte pas moins le Reconstruction Acts, qui impose au Sud des mesures drastiques (mars 1867).
Sommés d'organiser des conventions chargées de voter de nouvelles constitutions garantissant aux Noirs le droit de vote, les Etats dissidents sont répartis en cinq districts militaires placés sous la surveillance des troupes fédérales.

 Les Etats sudistes, répartis en cinq districts militaire.Cliquez sur la carte pour l'agrandir.

Les Noirs cessent d'être esclaves avec l'adjonction du 13ème amendement à la Constitution (18 décembre 1865). Les radicaux réclament en outre que l'intégralité des droits civiques soient accordés aux anciens esclaves. En dépit du veto opposé par le président Johnson, le Congrès adopte le 14è amendement qui reconnaît à tous les citoyens l'égale protection des lois et interdit aux Etats de restreindre les droits civiques sans une procédure régulière. L'établissement du principe de proportionnalité entre le nombre de représentants et la population masculine, prouve que les Noirs sont désormais comptés comme citoyens à part entière lors des élections. La Cour suprême ne ratifie toutefois la loi qu'en  juillet 1868.
Enfin le 15è amendement (1870) interdit à tout Etat de priver un citoyen du droit de vote sous prétexte de "race, couleur ou servitude antérieure".

Sous la contrainte, ces mesures sont appliquées tant bien que mal. Les affranchis s'inscrivent sur les listes électorales sous la protection de l'armée, contribuant au succès du candidat républicain, Ulysses Grant en 1868 (puis 1872).
Des Noirs accèdent aux postes de maires ou de shérifs et sont élus aux législatures d'Etats, voire au Congrès fédéral. (2) Et, en dépit d'une représentation modeste, la vie politique des affranchis n'en demeure pas moins très dynamique. (3) Tous s'emploient à favoriser l'adoption de législations progressistes en matière de droits civiques.

 "First vote". Gravure d'après Alfred R. Waud. Couverture du Harper's Weekly, 16 novembre 1867. Au  delà de considérations philanthropiques, le soutien des Républicains au vote noir est également mu par un intérêt bien compris. Ils espèrent ainsi se créer une clientèle électorale dans le Sud afin d'y concurrencer efficacement l'hégémonie des démocrates.

* De l'esclave au sharecropper.
La répétition des mesures adoptées en faveur des anciens esclaves montre néanmoins la difficulté de leur application.
Ces beaux principes sont malmenés par les conditions d'existence sordides de nombreux affranchis, bien mal intégrés à la nation américaine. Réduits à la condition de salariés agricoles ou de métayers (sharecropper), avec des salaires inférieurs de moitié à ceux des Blancs, ils peinent à joindre les deux bouts et se retrouvent rapidement à la merci des anciens maîtres. Beaucoup ne survivent que grâce aux prêts usuraires et sombrent progressivement dans la spirale de l'endettement, une nouvelle forme de servage.
Compte tenu de ces difficultés d'existence, certains tentent leur chance dans les villes du sud en cours d'industrialisation. Or, là encore, les bas salaires imposés et l'exclusion des syndicats, font des Noirs une main d’œuvre idéale et soumise.
Pour venir en aide aux anciens esclaves, le Congrès vote la création du  Freedman's bureau  en 1865. Disposant d'un budget nettement insuffisant, ce Bureau des Affranchis s'emploie néanmoins à distribuer des rations alimentaires, à prodiguer des soins médicaux, à rédiger des contrats de travail et à établir des écoles. Son efficacité reste toutefois limitée, en dépit des accusions portées par les suprématistes blancs accusant les Noirs de dilapider les fonds publics par ce biais.

 Crée par le Congrès en 1865 pour apporter assistance aux esclaves affranchis dépourvus de moyens de subsistance, le Freedman's Bureau fit l'objet de nombreuses critiqiues. Une affiche du parti démocrate publiée en 1866 dénonçant le fait que l'"agence avait pour objet d'encourager le nègre à la paresse aux dépens de l'homme blanc."

* Sus aux Noirs, scalawags et carpetbaggers.
Toutes les décisions précédemment évoquées sont imposées par l'Etat fédéral et mises en œuvre sous la contrainte, alors que la société blanche sudiste n'entend pas remettre en cause sérieusement ses fondements. La haine viscérale du Noir anime toujours bien des sudistes, décidés à rétablir l'ancien système par tous les moyens. Prompts à se poser en victimes, et au mépris de la vérité, d'aucuns considèrent que les Noirs accaparent les postes de commandement.
Les nostalgiques de la Confédération usent de violences afin de "maintenir le Noir à sa place." Les sociétés secrètes se multiplient à l'instar des chevaliers du Camélia blanc (Knights of the White Camelia), de la Fraternité blanche, des Fils du Sud, de la Société de la rose blanche, des chevaliers de la croix noire ou du Ku Klux Klan, qui refusent toute remise en cause de la suprématie blanche.

 Fondé dans le Tennessee en 1865 par d'anciens officiers sudistes, le Ku-Klux-Klan rassemble à la fois les élites locales qui dirigent l'organisation et des petits blancs déterminés. La milice terroriste use de méthodes brutales: croix embrasées, églises et écoles fréquentées par les Noirs incendiées, élus et électeurs noirs menacés et violentés. Dissoute en 1869 sous la pression du Congrès, elle continue néanmoins clandestinement à semer la terreur. Ci-dessus deux membres du Klan encagoulés.

Ces organisation racistes ne reculent devant aucun moyen pour terroriser leurs ennemis. L'émancipation des Noirs leur paraît inconcevable. Alliés des affranchis, les Carpetbaggers et scalawags, suscitent chez eux une animosité non moins grande. Les sudistes rayent la cupidité des yankees venus tenter leur chance dans le Sud, munis d'un simple sac de toile (carpet bag). Il fustige la félonie des scalawags, ces sudistes qui, par conviction ou opportunisme, prennent le parti du nord. (4) Enlèvements, mutilations, tortures, assassinats se généralisent.


D'après cette caricature du Ku Klux Klan datant de septembre 1868, voici le sort promis aux carpetbaggers qui oseraient s'aventurer à Oaks. Les "porteurs de valises" sont des Nordistes venus s'installer dans le Sud lors de la Reconstruction. Accusés de se comporter en charognard dépeçant une région en ruine, ils deviennent l'objet de la vindicte publique.

* Ce renversement de situation s'explique par le désengagement du Nord.
Entre les deux sections, l'heure de la conciliation semble avoir sonné, alors que la lassitude point au Nord. Les milieux d'affaires en particulier, redoutent que les tensions persistantes ne finissent par pénaliser la croissance économique en berne depuis la crise financière de 1873. D'une manière générale, le sort des Noirs ne passionne plus l'opinion publique nordiste. Les scandales politico-financiers qui éclaboussent l'entourage du président Grant, la disparition des figures de la vieille garde abolitionniste (Thaddeus Stevens et Charles Sumner en 1868 et 1874) profitent aux démocrates, dont les positions se renforcent lors des consultations électorales successives.
Les élections présidentielles de 1876 constituent un tournant. Redoutant de ne pas l'emporter, le candidat républicain Rutherford Hayes, pour s'assurer les votes des grands électeurs du Sud, promet d'en retirer les troupes fédérales une fois à la Maison Blanche.
Ce compromis confirme le retour au pouvoir (pour presque un siècle!) des Démocrates conservateurs dits « rédempteurs » (Redeemers), fermement décidés à rédimer le Sud de l'influence "malfaisante" des Noirs et de leurs alliés, Carpetbaggers et Scalawags.

Avec l'aval des instances fédérales, les Sudistes usent dès lors de tous les stratagèmes pour restaurer la suprématie blanche dans le Sud. Tout un ensemble de conditions restrictives sont par exemple adoptées par les Etats afin de restreindre l'accès aux urnes des Noirs.  La liste des conditions à remplir pour s'inscrire sur les listes électorales ne cesse de s'allonger: savoir lire et écrire, comprendre la Constitution, s'acquitter d'un impôt particulier (poll taxes). La "clause du grand-père" permet aussi de priver de vote tous ceux dont les aïeux n'étaient pas électeurs en 1867, autrement dit tous les affranchis. En outre, les circonscriptions sont sans cesse remodelées afin d'atténuer autant que possible le vote noir. Dans ces conditions, en 1910, la grande majorité des Noirs du Sud a été privée de ses droits civiques (disenfranchisement).

Gare routière d'Oklahoma City, 1939. Jeune homme s'abreuvant à une fontaine publique réservée aux Noirs et séparée de celle dévolue aux Blancs, visible à l'arrière plan. A partir des années 1880, la ségrégation s'organise dans les transports en commun, les lieux publics (écoles, toilettes), les lieux de résidence...

Ecartés des urnes, les Noirs sont aussi socialement séparés des Blancs par les lois Jim Crow. Et alors que la loi de 1875 interdit la ségrégation, la Cour Suprême la déclare inconstitutionnelle en 1883. En reconnaissant la primauté du droit des Etats sur le droit fédéral, elle entérine et justifie la ségrégation en marche au Sud par le principe habile du "séparé mais égal": égalité de principe dans les droits, séparation de fait dans la vie quotidienne. Ainsi, l'organisme chargé de faire respecter la Constitution est-il le premier à violer les 14è et 15è amendements! (5)
Au bout du compte, il ne semble pas excessif d'affirmer que la réconciliation entre les deux sections s'effectue aux dépens des Noirs. Dépossédés de leurs droits et victimes des discriminations, ces derniers réagissent de manières très diverses à leur marginalisation. (6)


 Robinson, près de Waco (Texas), le 16 mai 1916. Le corps calciné de Jesse Washington, lynché après avoir avoué le viol et l'assassinat d'une fermière blanche. Entre 10 000 et 15 000 personnes assistent au lynchage. Un témoins rapporte: «Les spectateurs étaient accrochés aux fenêtres de l'hôtel de ville et des autres bâtiments d'où on avait une bonne vue et, quand le corps du Noir com­mença à brûler, des cris de joie s'élevèrent des milliers de poitrines.»
En parallèle à la mise en place de la ségrégation, les violences raciales se multiplient, en particulier les lynchages à partir des années 1890.


* "40 acres and a mule."
Touche à tout inclassable, Oscar Brown Jr s'impose comme un brillant chanteur, excellant dans la composition de comédies musicales satiriques. Militant infatigable, il compose en 1965 le morceau Forty acres and a mule, dont le titre se réfère à une promesse faite aux esclaves affranchis à l'issue de la guerre de Sécession. En compensation des souffrances endurées, ces derniers étaient censés obtenir 40 acres (16 hectares) de terre à cultiver et une mule. Leurs descendants attendent encore!

Notes:
1. Le premier veto limite les compétences du Bureau des affranchis, tout juste crée par le Congrès. Le second empêche l'acquisition des droits civiques par les anciens esclaves. Le Congrès passe outre en adoptant le 14ème amendement (1868).
2. Entre 1868 et 1877, on compte 2 sénateurs  et 14 représentants noirs à Washington. Ce qui représente seulement 6% des représentants fédéraux des Etats du Sud.
3. Rappelons à cet égard le rôle essentiel joué par les églises noires, lieu de socialisation par excellence des affranchis.
4. Le terme scalawag désigne un "vagabond" dans l'argot anglais, le terme est ensuite utilisé pour désigner le bétail de mauvaise qualité, et donc peu fiable.
5. L'arrêt Plessy contre Ferguson  adopté à une majorité de 7 voix contre une justifie la ségrégation. A la Nouvelle Orléans, le 7 juin 1892, Homer Plessy "qui a un huitième de sang noir et sept huitième de sang blanc" (sic) s'installe dans un wagon de première classe réservé aux Blancs. Or, une loi de l'Etat de Louisiane (1890) prévoit que les sociétés de chemin de fer "doivent fournir aux personnes de race blanche ou de couleur des installations séparées mais égales." Sommé de rejoindre un compartiment noir, Plessy refuse. Arrêté et emprisonné, il porte l'affaire devant la Cour suprême de Louisiane qui confirme la condamnation, avant que la Cour suprême n'enfonce le clou le 18 mai 1896.
(6) Certains mettent l'accent sur la promotion sociale: ainsi Booker T. Washington crée un institut technique en Alabama pour intégrer ses frères de couleur à la société américaine. En réaction au caractère strictement matérialiste de l'opération, l'intellectuel W.E. Du Bois influence durablement le premier mouvement de protestation noir, la National Association for the Advancement of Colored People (1910). L'organisation, ouverte aux Blancs, lutte contre la ségrégation, pour une éducation égale, pour l'application loyale de la Constitution.  



Oscar Brown Jr: "Forty acres and a mule"

If i'm not mistaken
I once read, Durin' that short spell I Spent to school
Where ev'ry slave set free Was s'posed to get, For slavin
Forty acres and a mule.

si je ne me suis pas trompé
j'ai lu, pendant le peu de temps passé à l'école
que, tous les esclaves affranchis
étaient censés recevoir en dédommagement 40 acres et une mule

Now ain't no tellin'
How much work was done By my ancestors Under slaver's rule,
But sure as hell The total's got to run At least,
To forty acres and a mule.

Maintenant dites moi
combien de tâches mes ancêtres ont-ils effectué sous le joug de l'esclavage,
mais aussi sûr que l'enfer existe le total équivaut au minimum
à quarante acres et une mule

Now i'm sayin' this / To see folks sweat / `cause i'm not bitter / Neither am i cruel,
But ain't nobody paid / For slavery yet;
About my forty acres and a mule.

Maintenant je dis ceci / pour voir des gens en sueur / car je ne suis ni amer ni cruel,
mais personne n'a été payée / pour les années d'esclavage; / à propos de mes quarante acres et ma mule.

We had a promise / That was taken back, / And when we hollered
It was, "hush, be cool!" / Well me, / I`m bein' rowdy / Hot an' black:
I want my forty acres and a mule!

Une promesse nous a été faite,/ qui n'a pas été tenue /
C'était "silence, sois calme!" / Eh bien, moi, / je suis un être bruyant / chaud et noir:
je veux mes quarante acres et ma mule!

Don't tell me / Not to get myself upset, / Don't look at me / Like i'm some kinda ghoul,
Jus' answer quietly / When do I get / My goddam forty acres and my mule?

Ne me demande pas / de ne pas être bouleversé,
ne me regarde pas comme une sorte de vampire,
réponds juste doucement / quand ais-je eu / mes putains de quarante acres et ma mule?

No thanks, / I'll take my own self / Out to lunch.
No thanks, / I'll dig me / My own swimmin'pool,
An' lay / An' play aroun' / With my own bunch,
If i git forty acres and a mule

Non merci, / je vais me débrouiller pour manger.
Non merci, / je vais creuser ma propre piscine
et m'allonger / et jouer autour / avec mon propre groupe
si j'obtiens mes quarante acres et ma mule

`cause interest gotta go on / jus' like rent,
(I may be crazy, but I ain't no fool) / One hundred years of debt / at ten percent per year,
Per forty acres, / An' per mule.

Car les intérêts vont me revenir / comme un loyer
(je suis peut-être fou mais pas idiot) / 100 ans de dette / à 10 pour cent / par an,
pour quarante acres et par mule.

Now add that up / an' ooooeeee looka there!
No wonder y'all / called great grandmaw a jew'l.
Jus' pay me that / an' call the whole thing square
yes lordy,
Forty acres and a mule!

Maintenant ajoute cela / et regarde par là!
ne me fait pas passer des vessies pour des lanternes
Paie moi juste ça / ?
seigneur
quarante acres et une mule!

Sources:
- Farid Ameur: "La guerre de Sécession", PUF, Que sais-je?, 2004. Remarquable mise au point sur le sujet. L'auteur narre avec rigueur et vivacité les diverses péripéties de la guerre de Sécession.
- Pap Ndiaye: "Les Noirs américains. En marche pour l'égalité", Découvertes Gallimard, 2009.
- André Kaspi: "Les Américains. 1. Naissance et essor des États-Unis (1607-1945)", Point histoire.
- Nicole Bacharan: "Les Noirs américains. Des champs de coton à la Maison Blanche.", Panama, 2008.
- André Kaspi: "La guerre de Sécession: les Etats désunis", découvertes Gallimard.

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