Entre mars 1918 et août 1919, la grippe espagnole sème le chaos et provoque la mort de près de 50 millions de personnes à travers toute la planète, avant de disparaître et de sombrer dans un relatif oubli.
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* Une première vague relativement bénigne, de mars à juin 1918.
En dépit de son nom, les premiers cas de grippe sont identifiés aux États-Unis à la fin de l'hiver 1918. Comme le pays vient de s'engager dans la première guerre mondiale, l'armée met en place des camps militaires afin de peaufiner l'entraînement des soldats. Or, le 4 mars 1918, un soldat meurt de la grippe dans le camp de Funston, au Kansas. En l'absence de mesure sérieuse, la grippe prospère. Chaque semaine, de nouveaux cas apparaissent. Tous souffrent des mêmes symptômes: 40° de fièvre, maux de tête, courbatures, très forte toux, difficultés respiratoires... On ne s'inquiète pas outre mesure, car la maladie achève (encore) rarement ses victimes. En outre, l'épidémie explose au moment même où les doughboys traversent l'océan à destination du front européen. Compte tenu de la grande offensive allemande du printemps 1918, l'issue de la guerre reste encore très incertaine. Le soutien des Américains apparaît crucial et rien ne doit donc venir freiner l'entraînement des soldats. Dans ce contexte, l'état major américain décide de dissimuler à l'opinion la diffusion de la maladie au sein de l'armée. Fin mars 1918, des soldats grippés quittent les camps et embarquent pour l'Europe. L'entassement et la promiscuité sur les navires contribuent à créer ce que l'on appelle aujourd'hui des clusters. Pour acheminer les quatre millions de GI's, les itinéraires et les transports sont multipliés. Les navires accostent simultanément à Liverpool, Brest, Bordeaux, Marseille. Chaque mois, cent mille hommes débarquent, répandant sans le savoir la maladie. Le virus, encore relativement clément, poursuit incognito sa migration depuis les ports, empruntant avec la troupe les routes et les voies ferrées menant au front. Le cortège des soldats alliés profite d'un accueil enthousiaste dans les villes et villages traversés; les poignées de main et les embrassades introduisent subrepticement la grippe à travers les populations civiles. Sur le front, l'hygiène rudimentaire et la promiscuité favorisent la diffusion de la grippe, qui infecte bientôt tommies, poilus ou soldats allemands. Le virus, qui n'est pas regardant à l'uniforme, est désormais présent dans les deux camps.
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Face à l'ampleur prise par la maladie, certains médecins tentent bien de réagir, mais ils prêchent dans le désert. A Manchester, le docteur James Niven a beau préconiser le lavage
des mains et la distanciation sociale, sa voix ne peut couvrir celle du chef des services de santé britannique, pour lequel "les besoins de la guerre justifient les risques de propagation de l'infection." En France, les propos alarmistes du professeur Fernand Widal sur la maladie restent lettre morte. Pourtant, l'éminent médecin constate que "la contagion s'effectue d'une façon toute spéciale avec une rapidité de diffusion qu'on ne retrouve dans aucune autre maladie." Aucune mesure ne vient freiner l'expansion du fléau, tandis que la
prise en charge des malades s'effectue sans précaution. Bien malgré eux, les soldats rapatriés introduisent
le virus chez eux et contaminent les populations civiles. En l'absence de "geste barrière", la moindre interaction sociale augmente encore les risques de transmission. Or, en ce début de XX° siècle, les centre-villes aimantent les déplacements des populations qui se rendent au marché, au travail... (1) Dans ces conditions, la grippe tueuse se répand partout.
* Une seconde vague particulièrement explosive et meurtrière, d'août à octobre 1918.
A l'été 1918, la grippe est encore considérée comme une épidémie bénigne. C'est alors que le virus gagne en sévérité. Cette "deuxième vague", bien plus meurtrière que la précédente, resurgit d'abord en France, avant de prendre son expansion dans toutes les directions. Aux États-Unis, le fléau frappe avec une virulence inouïe. Un médecin du camp militaire de Devens (Massachusetts) constate, impuissant: "Au début, ces hommes semblent atteints d'une attaque de grippe ordinaire, puis ils développent le type de pneumonie le plus vicieux qu'on ait jamais vu. Quelques heures plus tard, leur visage devient bleu, jusqu'à ce qu'il soit difficile de distinguer les blancs des hommes de couleur." Cette situation dramatique n'empêche pas la tenue de grandes parades organisées dans les grandes villes du Nord-Est afin de lever des fonds pour l'effort de guerre. Les gigantesques rassemblements de personnes, militaires comme civils tiennent de l'aubaine pour un virus aussi contagieux. Une semaine après la grande parade du 28 septembre, Philadelphie déplore ainsi 650 morts par jour. Les hôpitaux, les services funèbres ne peuvent faire face. Les églises ferment. Seules des charrettes tirées par des chevaux sillonnent encore les rues en quête de cadavres. En Europe, la situation est tout aussi dramatique. Au front, la promiscuité des tranchées fait des ravages, au point que fin septembre 1918, la maladie élimine les soldats au même rythme que les armes.
La grippe gagne bientôt le continent africain, grand pourvoyeur de main d’œuvre et de matière première des empires coloniaux. Le ravitaillement des navires marchands en Algérie, au Maroc, en Sierra Leone, au Nigeria, provoque la dissémination du virus. De proche en proche, la maladie gagne l'ensemble du continent en suivant les fleuves et voies ferroviaires. (2) Le rapatriement des troupes coloniales contribue également à la dissémination du mal. Ainsi à l'automne 1918, la grippe s'abat tel un fléau biblique sur les Indes britanniques, entraînant le décès de près de vingt millions d'individus sur une population de 250 millions d'habitants. Un médecin rapporte: "Les hôpitaux sont submergés, à tel point qu'il est impossible d'enlever les morts assez rapidement pour faire de la place aux mourants." Faute de bois et de temps, les fleuves charrient les corps et non les cendres comme le voudrait la tradition de crémation des défunts. Fin octobre, les hôpitaux français ne peuvent plus faire face. Pour désencombrer les hôpitaux, certains incitent les patients à soigner leur grippe à domicile. Au pic de l'épidémie, à la mi-octobre, les morgues arrivent à saturation. Les cadavres s'entassent par manque de cercueils et de corbillards. Les enterrements ont lieu en catimini, à la va-vite.
* Pas de remède.
La grippe ne s'attaque pas aux enfants ni aux personnes âgées, mais foudroie en deux jours de jeunes adultes en pleine santé. Le mal procède par "bouffée", s'abattant comme une nuée de sauterelles sur un champ. Entre le surgissement de la maladie dans un village et sa disparition, il ne se passe généralement qu'une dizaine de jours. La
virologie ne se développera qu'à partir des années 1930. En 1918-19,
les bactériologistes ne disposent pas des outils leur permettant
d'observer le virus de la grippe. Ils se trouvent donc largement
démunis. Pour lutter contre le mal, en tout cas la fièvre, les médecins ne disposent que d'aspirine. Pris en surdosage le remède tue plus qu'il ne sauve. La médecine est désemparée, la science désarmée. Face au désarroi, certains tentent le tout pour le tout. D'éminents professeurs pratiquent la saignée, quand d'autres conseillent inhalations, gargarismes, injections de térébenthine ou d'huile camphrée, absorption de rhum ou de cognac. A chaque époque sa poudre de perlimpinpin. Les apprentis sorciers de la guérison s'engouffrent sur le marché de l'espoir, commercialisant des remèdes aussi loufoques qu'inefficaces. En dépit de ces médecines fantaisistes, l'hécatombe a tout de même dessillé les yeux, provoquant une prise de conscience
salvatrice, même si trop tardive et insuffisante. A défaut de vaccins ou de médicaments, des traitements prophylactiques apparaissent alors. Les populations sont invitées à éternuer dans leurs mouchoirs, à proscrire les crachats, à porter des masques comme aux États-Unis ou au Japon, à se laver les mains. Dans le même temps, les pouvoirs publics tentent enfin de limiter les grands rassemblements de population et les interactions sociales. Les commerces sont fermés aux heures de pointe, tout comme certains
lieux publics (théâtres, cinémas, écoles). Le problème reste que ces mesures ne sont que très temporaires et localisées.
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* Une dernière résurgence au début de 1919.
Avec la signature de l'armistice, le 11 novembre 1918, la guerre s'achève enfin, mais pas la maladie. Les courbes de taux de mortalité s'infléchissent. Si la pandémie semble en recul, elle n'a cependant pas disparu. Une "troisième vague" déferle sur des régions jusque là épargnées. Mi-novembre, le Talun, un vapeur parti de Nouvelle-Zélande, fait escale aux Fidji, aux Samoa occidentales, aux Tonga. Il transporte la mort dans ses cales, semant son poison au cœur des populations mélanésiennes qui n'avaient jamais été exposées jusque là au virus de la grippe. Ces archipels enregistrent les taux de décès les plus élevés. L'Arctique n'est pas épargnée. La rencontre fortuite avec des pêcheurs entraîne la décimation des populations inuits de l'Alaska. Fin décembre 1918, un bateau échappe à la stricte quarantaine maritime imposée par l'Australie, qui avait permis au pays d'échapper jusque là à la grippe. Des soldats malades débarqués contaminent bientôt un tiers des habitants de Sidney. En mars 1919, dans les jours qui suivent le carnaval de Rio, les Cariocas connaissent une véritable hécatombe.
Après dix-huit mois de ravages, la pandémie disparaît enfin. Sans vaccin ni politique sanitaire efficace, l'immunité collective est atteinte, mais au prix de la perte d'au moins 50 millions d'habitants. On déplore 550 000 décès aux États-Unis, 240 000 en France, 1,5 million en Indonésie, 20 millions en Inde...
Des régions, des pays, des communautés sont plus frappés que d'autres et la pandémie est également un révélateur des inégalités raciales et sociales. Néanmoins, la grippe n'aura épargné aucune
classe sociale, terrassant les anonymes comme les célébrités. David
Lloyd George, le premier ministre britannique, Franklin Delano
Roosevelt, le jeune secrétaire d’État américain à la marine, Woodrow
Wilson, le président américain, guérissent, quand Guillaume Apollinaire, Edmond Rostand, Egon Schiele ou Max Weber trépassent.
* Comment expliquer un bilan si lourd? Les systèmes de santé durement éprouvés par la guerre ne
disposent pas de respirateurs artificiels, ni de la possibilité
d'intuber efficacement les malades ayant développé des formes graves.
Les conditions de vie très difficiles, le manque d'hygiène dont
souffrent une grande partie de la population d'alors représentent également un
terreau favorable à la propagation et la persistance de l'épidémie. Les
longues années de guerre et son cortège de privations, de rationnements
et de pénuries avaient largement affaibli les corps des combattants,
mais aussi des civils. Dans un premier temps, le nom même de l'épidémie contribua peut-être à en relativiser la dangerosité. D'aucuns avancèrent alors qu'il ne s'agissait que d'une grippe, comme l'humanité en avait déjà surmonté beaucoup au cours de son histoire.
Ces chiffres, si effroyables soient-ils, sont pourtant restés ignorés, comme éclipsés par ceux de la Grande Guerre. Ainsi, la pandémie resta longtemps un événement refoulé de l'inconscient collectif. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce relatif effacement.
Avec la révolution pasteurienne, les progrès de l'hygiène et de l'asepsie, les autorités médicales se crurent enfin débarrassées des grandes épidémies infectieuses. L'hécatombe provoquée par la grippe démontra cruellement le contraire. Les médecins n'avaient donc aucun intérêt à entretenir la mémoire de ce grand ratage. D'autre part, la sidération provoquée par les morts de la Grande Guerre ne laisse aucune place aux victimes de la grippe. Au traumatisme des combats se superpose celui de la pandémie, mais il s'agit d'un ennemi moins visible et identifiable. Être terrassé par la grippe est pathétique, bien moins glorieux au yeux des contemporains que de tomber au champ d'honneur. Enfin, la grippe n'est qu'une maladie... Le 9 novembre 1918, le journal satirique Le Rire perçoit très bien ce phénomène: "La grippe aura beau se promener dans Paris, elle n'y rencontrera pas cette panique plus dangereuse que le fléau lui-même. Non, la grippe - qui tue cependant beaucoup plus de monde que les obus et les torpilles - ne fait trembler personne: on en parle allègrement, on la chansonne, on la met en caricatures, on ne veut pas en avoir peur. Et si elle nous entraîne dans une danse assez macabre, on affecte d'en rire, peut-être parce que cette danse est espagnole. (...) Le danger qui ne fait pas de bruit effraie infiniment moins que le danger à grand orchestre."
* Des chansons pour se jouer de la grippe.
Les chansons humoristiques consacrées à la grippe en pleine épidémie sont autant de tentatives de résistance et de résilience face à l'indicible, un moyen de mettre à distance la peur. Ainsi, alors même que le fléau déferle sur la péninsule ibérique, les Espagnols fredonnent un air d'opérette très populaire: le soldat de Naples (El Motete). L'explosion du taux de mortalité à Madrid incite les populations à modifier les paroles de la chanson. "Soldat de Naples, sois maudit. / Ta fièvre mortelle est un mauvais présage. / Tu nous causes bien du tracas. / Bien heureuse la victime qui en réchappera." (source F)
Le 5 octobre 1918, Le Rire publie une chanson de Georges Baltha sur les différentes personnes terrorisées par la grippe. Le choix de sonorités à consonance hispanique témoignent que désormais, pour tous, la grippe est "espagnole": "On a vu ces derniers temps / Des gens, / Pris d'un' terreur singulière, / Au moindre bruit rentrer sous terre / Et final'ment foutre le camp. / N'croyez pas qu' s'ils prenaient la fuite / C'était par crainte des marmites. / Non! C'qui les mettait dans c't'état, / C'n'est pas les gothas, ni bertha: / Ah! ah! ah! / C'est la grippa, Ah! ah! ah! / Espagnola." (source E)
Sur l'air de l'Au bois de Boulogne, le même journal reproduit dans ses pages les paroles d'une chanson sobrement intitulée La Grippe. "Les gens qui crachent à profusion / portent partout la contagion, / Et ceux qui lancent des postillons / sont redoutables. / Le postillon cause tous nos maux. / D'ailleurs, consultez les journaux, / paraît que la fête à Longjumeau est formidable."
Aux Etats-Unis, en 1918, les enfants fredonnent une comptine humoristique: "I had a little bird / Its name wa Enza / I opened the window / And in flew-Enza (influenza)". "J'avais un petit oiseau/ Il s'appelait Enza / J'ai ouvert la fenêtre / Et avec lui est entré la grippe". La blague repose sur le jeu de mot final. la prononciation d' "in flew-Enza" est identique à celle d'influenza, l'autre nom de la grippe.
La Bolduc, quant à elle, garde un vif souvenir de la pandémie qui lui inspire le titre; "Tout le monde à la grippe".
* Un châtiment divin.
D'autres morceaux, beaucoup plus sombres assimilent la pandémie à la "grande faucheuse" qui vient prélever son lot de pécheurs. Selon The 1919 Influenza blues interprété au piano par Essie Jenkins, l'épidémie a pour origine la colère de Dieu. "En l'année 1919 / Les hommes et les femmes mouraient / à cause de ce truc que les médecins appelait grippe. (...) Hé bien, c'était un châtiment divin, / le Seigneur (...) tuait les riches comme les pauvres. / L'influenza est le genre de maladie, / Qui te met à genoux / (...) En quelques jours tu es conduit vers ce trou dans le sol appelé tombe."
Le Jesus is coming de Blind Willie Johnson dépeint également la pandémie comme un châtiment divin. Le morceau est enregistré à Dallas en 1928 dans un studio temporaire. «Nous vous avions prévenu, notre Seigneur vous avez averti / Jésus arrive bientôt. / En 1918 et 1919, Dieu envoya une maladie dévastatrice / Elle tua des milliers de personnes (...) / La grande maladie était puissante et les malades étaient partout. / C'était une épidémie et elle voyageait dans les airs. / Les docteurs étaient troublés et ne savaient pas quoi faire. / Ils se réunirent et l'appelèrent grippe espagnole. / Les soldats mouraient sur le champ de bataille et mouraient aussi dans les comtés. / Le capitaine disait au lieutenant: "Je ne sais pas quoi faire." / Et bien, Dieu a demandé à la nation de se détourner du mal, de chercher Dieu et deprier. / Les dirigeants ont dit au peuple :
"vous feriez mieux de fermer vos écoles publiques. / Jusqu'à ce que les
décès soient derrière nous. Vous feriez mieux de fermer vos églises aussi." / Nous vous avions prévenu, notre Seigneur vous avez averti. / Jésus arrive bientôt. / Nous vous avions prévenu.» (4)
Conclusion: Le contexte de guerre joue un rôle crucial dans la diffusion de la maladie car le conflit implique d'importants mouvements de population et parce que l'état de santé des populations est dégradé par les pénuries. Quoiqu'il en soit, la pandémie de grippe espagnole s'impose comme l'étalon de mesure dans les plans de lutte contre les maladies émergentes. La COVID 19, nous a rappelé que le risque infectieux n'a pas disparu.
L'historienne Anne Rasmussen rappelle que "la grippe a tué, en quelques mois, plus que la guerre dans toute sa durée, et a constitué le phénomène pandémique le plus meurtrier de l'histoire de l'humanité." La pandémie "prolonge la catastrophe de la guerre et l'amplifie (...), ajoute du deuil au deuil." Le conflit aura joué un rôle crucial dans la diffusion de la maladie, en particulier en raison de la concentration et du déplacement des troupes. Pourtant si chaque village français possède son monument aux morts de la grande guerre, aucun ne fut érigé pour se souvenir des grippés.
Notes:
1. Seule la Suisse prend des précautions. En juillet 1918, un arrêté fédéral recommande aux cantons d'interdire les grands rassemblements et de fermer les lieux publics.
2. On estime qu'en moins d'un an, le virus extermine deux millions et demi de personnes.
Les chercheurs américains parviennent à reconstituer le virus de la grippe espagnole (A H1N1) à partir de poumons conservés de soldats de la première guerre mondiale.
3. On ne connaît pas l'auteur du blues, mais il semble inspiré du Memphis flu d'Elder David Curry, un blues composé en 1930, un an après le passage d'une autre grande grippe dévastatrice aux États-Unis.
4.
Prédicateur itinérant doté d'une voix puissante et rocailleuse, Blind
Willie Johnson est né vers 1902 dans une petite ville du Texas. Aveuglé
au vitriol à l'âge de sept ans, il n'a dès lors d'autres ressources pour
vivre que de chanter et jouer de la guitare dans les rues. Il fait
glisser un canif sur les cordes de son instrument, ce que l'on appelle
le "knife style". Doté d'une voix rocailleuse, Johnson est "un «preacher» passionné qui vocifère plus ses sermons qu'il ne les chante."
Ordonné prédicateur baptiste, il est repéré par des talent-scouts de
Columbia en 1927, ce qui lui permet de graver une trentaine de morceaux à
l'intensité dramatique poignante. Il s'impose alors comme un des grands créateurs du "holy blues". (source G p 180)
Sources:
A. "Grippe espagnole 1914-1918: comprendre l'épidémie" avec Anne Rasmussen [Concordance des Temps]
B. "La pire épidémie du siècle" avec Freddy Vinet [La marche de l'Histoire]
C. "Grippe de 1918: la plus grande pandémie de l'histoire de l'humanité?" avec Frédéric Vagneron et Freddy Vinet[Le cours de l'Histoire]
D. Claude Quétel: "Grippe espagnole: le tueur que l'on attendait pas", in L'Histoire n° 449, juillet-août 2018.
E. Agnès Sandras, "L’humour face aux épidémies – Partie II. Rire au moment où se conjuguent la Grande Guerre et la grippe dite espagnole (1918)," in L'Histoire à la BnF, 06/04/2020
F. "La grippe espagnole, la grande tueuse", documentaire de Paul Le Rouyer et Lucie Pastor, 2021.
G. Gérard Herzhaft: "La grande encyclopédie du blues", Fayard, 1997.
H. Anne Rasmussen: "Dans l'urgence et le secret. Conflits et consensus autour de la grippe espagnole, 1918-1919", Mil neuf cent. Revue d'histoire intellectuelle, vol. 25, n°1, 2007, p.171.
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