Fela Kuti est la figure fondatrice de l'Afrobeat, un genre musical né de la fusion d'éléments puisés dans la culture yoruba, le highlife ghanéen, le funk et la soul américaine. Le très riche répertoire de l'artiste permet une plongée musicale dans l'histoire du Nigéria, ce géant démographique africain dont les riches ressources ont été captées par la puissance coloniale britannique, puis par une oligarchie financière et militaire.
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Fela grandit au sein d'une famille bourgeoise influente, dont les membres sont de très fortes personnalités. Le grand-père paternel, J.J. Ransome Kuti, est pasteur. Au début du XXème siècle, il entreprend avec succès des campagnes d'évangélisation dans la province de l'Egbaland. Pour convaincre ses futurs ouailles, il accompagne ses prêches à la guitare et devient le "pasteur chantant". (1) Le père, Israël Oludotun Ransome Kuti, dit "Daodu", est un enseignant influent. A la tête de l'Abeokuta Grammar School, il impose des méthodes rigoureuses à ses étudiants auxquels il assène parfois des coups de chicotte. Sa mère, Funimulayo Ransome Kuti (FRK) est une personnalité exceptionnelle. Institutrice, elle développe très tôt une conscience civique aiguisée. A la tête d'un groupe de femmes issues de la bonne société d'Abeokuta, elle considère l'alphabétisation comme une priorité et l'arme indispensable à toute mobilisation. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, elle s'oppose aux taxes iniques imposées aux commerçantes par l'Akalé, le roi yoruba à la solde des colonisateurs britanniques. Les manifestations massives organisées par son groupe de femmes réussissent à faire abdiquer le satrape. Pour Fela, elle sera un modèle, une mère courageuse, indépendante, soucieuse de transmettre à sa progéniture des valeurs de résistance.
Portrait photographique de la famille Kuti, au début des années 1940. [Public domain] |
Pas facile pour Fela de grandir dans l'ombre d'une famille si prestigieuse. Dans un premier temps, le jeune homme vit en dilettante, indifférent à la situation sociale et politique de son pays. Il suit ses cours en touriste et ne se passionne vraiment que pour la musique. En 1958, il se rend à Londres pour apprendre la trompette classique au Trinity College of Music. Avec son ami Jimo Kombi Braimah et des musiciens venus des Antilles anglophones, il forme un orchestre baptisé Koola Lobitos. La formation tente de créer une musique jazz mâtinée de highlife, un genre élaboré à Accra dans les années 1920. Lors de ce séjour anglais, Fela rencontre Remi Taylor, une jeune métisse qu'il épouse et avec laquelle il a rapidement deux enfants.
Indépendant depuis 1960, le Nigeria dispose d'atouts certains. Premier producteur d'huile de palme mondial, il est aussi un riche exportateur d'arachides et de cacao. La découverte de gisement de pétrole en 1956, laisse entrevoir de belles perspectives économiques dans le secteur des hydrocarbures. La constitution fait du pays un État fédéral, structuré autour de régions dominées par une ethnie majoritaire: Hausas et Fulanis au nord, igbos à l'est , Yorubas à l'ouest. De vives tensions intercommunautaires éclatent très vite, empêchant l'instauration d'un régime politique stable. En 1966, un groupe d'officier igbos, mécontents des résultats électoraux, renversent le gouvernement et placent l'un entre eux à la tête de l’État. Ce putsch n'est que le premier d'une longue série de coups de force perpétrés par les militaires. A peine arrivé au pouvoir, le général Johnson Aguiyi-Ironsi est assassiné et remplacé par le général Gowon. (2)
Revenons à Fela. En 1963, il rentre à Lagos et s'installe dans une maison que possède sa mère dans le quartier de Mushin. Le musicien se fait embaucher par la Nigeria Broadcasting Corporation, ce qui lui permet de bénéficier d'un accès illimité à la discothèque de la radio nationale. Le jeune homme parfait ainsi sa connaissance musicale, au détriment de son implication professionnelle. Le non renouvellement de son contrat, en 1965, contraint Fela à s'engager davantage dans la musique, dont il espère vivre. A cette fin, il reforme Koola Lobitos en y intégrant des musiciens aguerris comme Tony Allen à la batterie, Tunde Williams à la trompette, Christopher Awaifor au saxo ténor, Henry Coffi aux congas, Lekan Animashaun au saxo baryton... La formation se produit au club de Kakadu dans le quartier de Yaba. Le groupe peine encore à s'imposer et souffre de la comparaison avec les prestations explosives de Geraldo Pino au Stadium Hotel. Dépité, Fela se sent dans l'impasse. Pour prendre du recul, il se rend au Ghana et y trouve un nom pour la musique qu'il rêve de créer: l'Afrobeat, le tempo de l'Afrique. De retour au Nigeria, le musicien se voit confier la gestion du club du Kakadu Hotel, rebaptisé Afro Spot. Koola Lobitos y enregistre l'album Afro Beat on Stage... Recorded live at the Afro Spot. Sur deux titres (Waka Waka et Ako), on y entend les prémisses du style Fela.
En 1969, Fela s'envole avec quelques uns de ses musiciens pour New York. L'accueil est glacial et le groupe peine à trouver des engagements. La troupe tente alors sa chance en Californie. Fela y rencontre Sandra Smith. Membre du Black Panther Party, la jeune femme lui fait découvrir Malcolm X et Eldridge Cleaver. "Comme beaucoup d'Afro-américains à cette époque, Sandra Smith est fascinée par une Afrique mythique, magique, dont elle trouve l'écho à travers le personnage et la musique de Fela. Mais elle reste frustrée de le voir si peu conscient des ravages de la colonisation et de la nécessité pour toutes les jeunes nations africaines, nouvellement indépendantes, de reconquérir leur propre identité culturelle, enracinée dans la richesse ancestrale du vieux continent." (source A p 55-57) C'est donc paradoxalement à des milliers de kilomètres du Nigeria que Fela se découvre une conscience africaniste. Il perçoit avec plus d'acuité les maux qui ronge son pays. Dès lors, le musicien prône un retour à des valeurs africaines (la pratique animiste des orishas). Sur le plan musical, le séjour américain semble également bénéfique.
Lorsque Fela rentre au Nigeria début 1970, la guerre du Biafra vient de s'achever. (3) Un vent de changement souffle sur Lagos. La manne pétrolière entraîne la prolifération des chantiers de constructions. Les viaducs de béton enjambent désormais la lagune, dont les rives se hérissent de hauts immeubles. La ville reste néanmoins une anomalie brutale, une mégapole
poussée de manière anarchique, sans planification urbanistique aucune;
une cité portuaire tentaculaire, ville de violence et d'excès où se
côtoient nababs de l'industrie pétrolière et migrants ruraux fraîchement
installés dans d'immenses ghettos aux baraques et étals délabrées.
Fela s'installe dans une maison située dans le quartier de Moshalasi
Mushin. Il y dirige une sorte de communauté, au sein de laquelle il se comporte en gourou ou en monarque semi-éclairé. Toute une faune interlope composée de
dealers de marijuana, de prostituées, se greffe bientôt autour de son
quartier général. Le groupe investit le Club de l'Hôtel Empire qui prend
le nom d'Africa Shrine, un "Temple" dont Fela devient le "Grand
Prêtre". Le public de Koola Lobitos rassemble non seulement les étudiants,
mais aussi les populations nouvellement urbanisées. A cette époque, Fela abandonne le nom de Ransome - un patronyme britannique adopté par son grand père - et devient Anikulapo, "celui qui a la mort dans son carquois".
C'est dans ces années que Fela et ses musiciens donnent naissance à l'Afrobeat. Sur scène, l'orchestre rassemble de quinze à trente musiciens, tous placés sous la férule de l'omnipotent grand maître. D'opulentes sections de cuivres se mêlent aux guitares, aux orgues et percussions multiples (dont les maracas shekere). Les musiciens se relaient durant des concerts marathons, mais ne jouent jamais d'un seul bloc sur scène. Les morceaux se développent sur des formats longs, correspondant à ce que peut contenir une face de 33 tours. Les titres prennent la forme de développements rythmiques lancinants, propices à la transe. Fela chante et psalmodie des textes incendiaires, traversés de solos d'orgue électrique ou de saxo alto. Par sa puissance de feu, le genre contamine immédiatement les pays voisins.
En 1971, Koola Libitos devient Africa 70. La formation compte désormais 2 trompettes, 3 saxos, 3 guitares électriques, 4 percussionnistes, auxquels il convient d'ajouter Tony Allen à la batterie et la direction de l'orchestre, ainsi que six chanteuses assurant les chœurs. Cette année là sort l'album Shakara, fruit de l'association avec J.K. Braimah. Les textes de Fela, désormais rédigés en "pidgin english", (4) abordent les thèmes touchant l'ensemble de la société nigériane: les pratiques concussionnaires de l’État, la soldatesque nigériane ou la morgue de la bourgeoise africaine... "Go slow" dénonce par exemple les embouteillages monstres de Lagos, les comparant à la façon dont le pays est géré. "Gentleman" s'en prend aux Africains qui s'habillent à l'Occidentale. Dans "Je' nwi temi", le musicien affirme que personne ne pourra le faire taire. "Même si la vérité est parfois difficile à entendre, elle reste ce qu'elle est: la vérité." "Why black man dey suffer", toujours en 1971, dénonce les affres du colonialisme. Cette nouvelle liberté de ton agace les autorités. Le 30 avril 1974, une cinquantaine de policiers débarquent chez l'artiste en quête de produits stupéfiants dont la détention entraîne de longues peines de prison. De l'herbe est saisie et Fela emprisonné dans la cellule "Kalakuta" ("vaurien") de la prison d'Alagbon Close. Pour mieux railler ses geôliers, le musicien rebaptise son fief "République de Kalakuta" et compose "Expensive shit", un morceau dans lequel il raconte comment il a avalé l'herbe apportée par les pandores pour le confondre. Demandant à observer la pièce à conviction, il l'ingère. Les policiers n'auront plus qu'à attendre la fin du transit pour tenter de retrouver la drogue dans l'étron fumant. Entre temps, Fela est parvenu à troquer sa crotte avec un codétenu. L'histoire aurait pu en rester là, mais le musicien en fait une chanson et elle est loin d'être merdique. (5)
En novembre 1974, la police met à sac le fief de Fela, ce qui inspire à ce dernier l'album Kalakuta show. Plus la police frappe, plus il crée, plus la répression s'abat, plus elle l'inspire! Entre 1975 et 1977, Fela enregistre 23 albums remplis de chefs d’œuvre comme Yellow fever, Zombie, No agreement, Shuffering and Smiling, Sorrow Tears and Blood, Water get no enemy. Les paroles ciblent les déviances de la société nigériane postcoloniale (Colonial mentality), l'oppression insupportable qu'exerce le pouvoir militaire sur le peuple, la corruption des gouvernants (Monkey banana, Unnecessary Begging), la trahison des élites africaines soucieuses de vivre à l'occidentale en tournant le dos à leur identité africaine (J.D.D. = Johnny Just Drop).
En juillet 1975, deux généraux putschistes, Muhammad et Obasanjo, renversent le régime du général Gowon. La nouvelle junte met en œuvre des réformes populaires et promet de redonner le pouvoir aux civils à l'horizon 1979. Pour des questions de prestige, et pour restaurer l'image dégradée du pays après la guerre du Biafra, les gouvernants nigérians décident d'organiser un grand événement culturel international: le deuxième FESTAC (Festival mondial des Arts Noirs et Africains). Des stars internationales tels qu'Isaac Hayes, Stevie Wonder, Sun Ra, Gilberto Gil, Miriam Makeba se rendent à Lagos. Sollicité, Fela pose des exigences que les autorités ne peuvent accepter. L'artiste fustige ce qu'il considère comme une "pure escroquerie". Pour l'occasion, et afin d'impressionner les visiteurs étrangers, le gouvernement a mis en place une circulation alternée dans Lagos, ordonné le ramassage des ordures qui jonchent habituellement les rues, fait disperser les étals des commerçants ambulants. Fela, qui a décidé de se lancer en politique, annonce la tenue d'un "contre-festac" au Shrine. Dans la foulée, il publie le morceau "Zombie", une violente charge contre la brutalité de soldats assimilés à des morts-vivants. Habitué "à obéir sans réfléchir","Zombie ne pense pas, à moins que tu lui dises de penser." Obasanjo ne tolère plus ces provocations. Prétextant une rixe entre les soldats et des boys de Fela, le dictateur envoie l'armée détruire Kalakuta, le 18 février 1977. C'est à une mise à sac méthodique de la maison que procèdent les militaires. Non contents de détruire les véhicules et les instruments de musique, la troupe frappe, viole les femmes présentes, puis défenestre la mère de Fela. (6) Alors que le saxophoniste est emprisonné pendant un mois, le gouvernement décline toute responsabilité. Officiellement, l'attaque sanglante est attribuée à des "soldats inconnus". Le drame inspire aussitôt à Fela Sorrow, Tears and Blood et Unknown soldier. Dans la première, il dénonce la police et l'armée qui laissent derrière elles "la douleur, les larmes et le sang, leurs marques de fabrique." Sa maison brûlée, ses biens pillés, Fela est également contraint à l'exil au Ghana pour quelques mois. De retour à Lagos, le musicien réinstalle la Kalakuta Republik à Ikeja, reconstruit un nouveau Shrine et annonce la création du Movement of the People en vue des élections d'octobre 1979. Sa candidature sera finalement invalidée en mars. Cette même année, Tony Allen décide de quitter le groupe.
En 1979, le second choc pétrolier provoque une nouvelle flambée des cours du brut. Pourtant, la manne pétrolière nigériane ne profite qu'à la petite caste au pouvoir. La corruption, qui tient lieu de mode de gouvernement, engraisse une poignée de richissimes potentats. La grande majorité des Nigérians ne bénéficieront jamais des retombées de l'exploitation de l'or noir, dont les cours s'effondrent à partir de 1981.
S.aderogba, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons |
Fela et ses musiciens accèdent à la notoriété internationale au cours de la décennie 1980. L'orchestre tourne désormais très souvent en Europe (Allemagne, Italie, France, Belgique). Africa 70 a cédé la place à Egypt 80 qui se produit trois soirs par semaine au nouveau Shrine. Fela, le visage marqué de blanc, officie devant un autel consacré aux divinités africaines. Il ne jure plus que par le Professeur Hindu, un gourou magicien qui défend les thèses africanistes. Sous son influence, Fela s'enfonce toujours plus dans une paranoïa entretenue par le harcèlement policier. Le 11 décembre 1981, les forces spéciales opèrent une nouvelle descente dans le quartier général de Fela. Battu comme plâtre, blessé, il est incarcéré quinze jours sous l'accusation de vol à main armée. A sa sortie de prison, l'artiste compose Look and Laugh. "Obasanjo a passé la main au gouvernement de Shagari / Le gouvernement de Shagari a mené une politique sans queue ni tête pendant quatre ans / Pas plus d'eau que d'électricité avec Shagari / On dit que l'économie du pays s'effondre (...) / Que n'ai-je pas chanté sur ce pays / Chanté et rechanté / Jusqu'à ce qu'ils viennent / m'arrêter pour attaque à main armée / Je vois ça et je me marre, bien obligé (...) / Que n'ai-je pas chanté sur ce pays / Chanté et rechanté / Jusqu'à ce qu'ils viennent brûler ma maison / Toutes mes propriétés / En faire un grand feu / Me battre et me faire frapper / Tuer ma mère / Je vois ça et je me marre, bien obligé. (...)"
Les coups d'état succèdent aux coups d'état, mais quel que soit le nom du dictateur, la répression reste de mise. (7) Avec l'instauration d'un couvre-feu, les fêtes cessent, les clubs ferment, la musique se tait. Seul le Shrine continue ses activités. Le 4 septembre 1984 à l'aéroport de Lagos, alors qu'il s'apprête à embarquer pour la tournée américaine d'Egypt 80, Fela est pris en flagrant délit d'exportation de devises. Retour à la case prison pour une peine de 5 ans. L'annonce de la détention suscite un vaste mouvement de mobilisation. Amnesty International réclame la libération du "prisonnier d'opinion". En France, le groupe Jéricho, composé d'artistes réputés tels que Mory Kanté, Ray Lema, joue pour "faire tomber les murs qui enferment Fela." Finalement, le 24 avril 1986, après vingt mois de détention, l'artiste quitte sa geôle. Barclay publie alors un double 33-tours regroupant les morceaux Teacher don't teach me nonsense et Look and Laugh. Fela et sa troupe peuvent reprendre les tournées. Trois derniers albums sortiront encore (Beasts of no Nation en 1989, Overtake, don't overtake, overtake en 1990 et Underground system en 1992). Enfermé dans sa parano, Fela ne quitte plus sa maison. Son inspiration se tarit. Malade du sida, l'homme est emporté en quelques semaines. Il meurt le 2 août 1997. Ses obsèques suscitent une immense émotion.
* Un héritage immense.
Il faut attendre les années 2000, avec la réédition de ses disques, pour que l'héritage musical de Fela ne soit perçu à sa juste valeur hors d'Afrique. L’œuvre est fascinante, éminemment personnelle, chaque album liant le parcours du musicien avec la situation économique et sociale du Nigeria. Pléthorique, elle possède une incroyable cohérence stylistique, au point que la pulsation si particulière de sa musique est identifiable dès les premières secondes. Architecte des masses sonores, génie de l'arrangement pour vents, le saxophoniste apprécie la puissance de sections de cuivres hyper compactes. Par
sa musique, l'artiste cherche à provoquer l'effet de transe des rituels
animistes. L'afrobeat ingère la culture occidentale pour mieux développer une culture autonome, un procédé qui n'est pas sans évoquer le cannibalisme culturel défendu par Oswaldo de
Andrade dans son Manifeste anthropophage de 1928.
Le message politique et revendicatif des chansons de Fela - la
dénonciation de l'exploitation des ressources nationales par de grandes
firmes transnationales, du népotisme, des violences policières... - reste plus que jamais d'actualité au Nigeria ou pour les afro-descendants aux Etats-Unis. L'Afrobeat ne disparaît pas avec son créateur, loin s'en faut. Plusieurs générations d'instrumentistes prennent la relève de Fela. Deux de ses enfants, Femi et Seun, entretiennent l'héritage paternel. D'anciens musiciens de Fela continuent à entretenir la flamme à l'instar du batteur Tony Allen ou du guitariste Ogene Kologbo. La France, les Etats-Unis sont devenus des terres d'accueil du genre avec des formations telles que Ghetto Blaster, Fanga, SoulJazz Orchestra, Budos Band, Antibalas Afrobeat Orchestra... Longtemps méprisée ou ignorée, l’œuvre de Fela est redécouverte et honorée comme le prouve la grande exposition que lui consacre la Cité de la musique à Paris.
Notes:
1. Au cours de sa croisade en faveur du retour aux valeurs culturelles et traditionnelles de l'Afrique ancestrale, Fela s'opposera violemment à l'héritage grand-paternel.
2. En 1975, après neuf ans au sommet de l'Etat, ce dernier est destitué. Son successeur, Murtala Ramat Mohammed, est tué six mois plus tard. En 1979, le chef d’état-major Olusegun Obasanjo finit par remettre le pouvoir à un civil après quatre ans de règne, mais le chef d'État élu, Shehu Shagari, est renversé en 1983 par le général Muhammadu Buhari. Deux ans plus tard, ce dernier est à son tour évincé...
3. Le colonel Ojukwu proclame la sécession de la région orientale du Biafra, ce qui déclenche une guerre civile particulièrement meurtrière, de 1967 à 1970.
4. la langue d'échange populaire commune à toutes les ethnies du Nigeria.
5. Ils utilisent ta merde pour te mettre en prison / Ils prennent ma merde parce qu'elle vaut cher / Ils montrent ma merde, faut pas la perdre / C'était de la bonne dope / Wey Alagbon!
6. Le 13 avril 1977, à 77 ans, Funmilayo Kuti succombe aux blessures infligées par sa défenestration.
7. Lors du nouvel an 1984, le général Muhammadu Buhari organise un nouveau coup d'état et met en place un régime d'une violence extrême. La junte invente la "Guerre contre l'Indiscipline", s'arrogeant le droit de détenir en prison tout suspect, indéfiniment et sans procès. Le dictateur est renversé à son tour le 27 août 1987 par ses collègues du Conseil militaire suprême sous la direction du général Ibrahim Babangida. Ce dernier sera à son tour remplacé par le général Abacha, avant que ne revienne au sommet de l'Etat Obasanjo en 1999.
Sources:
A. François Besignor:"Fela Kuti, le génie de l'Afrobeat", Éditions Demi-Lune, collection Voix du monde, 2012.
B. "Lagos et le Nigeria de Fela Kuti", dans l'émission Jukebox sur France Culture.
C. "Petit atlas des musiques urbaines", Editions de l'Oeuvre, 2010.
D. Lamoureux David, « Comprendre l’organisation spatiale de Lagos, 1955-2015 », Hérodote, 2015/4 (n° 159), p. 112-125.
E. "Fela Kuti (1938-1997), la musique est un sport de combat" (Une vie une œuvre sur France Culture)
F. Elodie Descamps: "Nigeria: Funmilayo Ransome-Kuti, la mère des droits des femmes", in Jeune Afrique, 7 mars 2018.
G. François Bensignor: « Les origines de l’afrobeat », Hommes & migrations [En ligne], 1279 | 2009, mis en ligne le 29 mai 2013
H. "Histoires de Fela: Confusion Break bone" (Pan African Music)
I. «Fela Kuti: retour sur la vie et le combat du "Black president" en dix dates.»
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