samedi 27 décembre 2008

129. Bob Dylan: "Talkin' John Birch Paranoid Blues".

 Une pancarte le long d'une autoroute à Birmingham (Alabama), en juin 1963:"Sauvons notre République, destituons Earl Warren". D'autres pancartes similaires furent érigées par la John Birch Society en réaction à l'action d'Earl Warren, membre de la Cour suprême, favorable à la déségrégation dans le sud des Etats-Unis.

Dylan écrivit ce titre à propos de la John Birch Society, une organisation politique ultra-conservatrice fondée en 1958, pour combattre la "menace communiste" aux Etats-Unis. L'organisation doit son nom à un militaire et missionnaire baptiste d’extrême droite assassiné en 1945 par des communistes.
Le chanteur parodie ici les méthodes de l'organisation, qu'il considérait comme une menace pour la liberté d'expression aux Etats-Unis, car ses membres accusaient tous ceux qu'ils n'appréciaient pas d'être des communistes.



Cette chanson vaudra quelques déboires à Dylan. Ainsi, le 12 mai 1963, le chanteur doit participer au Ed Sullivan Show, le gigantesque show musical télévisé des années 1950 et 1960, dont les audiences atteignaient des records.
Alors que Dylan devait interpréter « Talkin’ John Birch Society Blues », Stove Phelps, le conseiller à la programmation de CBS (chaîne sur laquelle était diffusée l'émission), s'y oppose.
Dylan refuse alors d’interpréter une autre chanson, et s’en va, furieux. Surtout,
le morceau, censé figuré sur le second album de Dylan, the freewheelin' Bob Dylan, est censuré par Columbia qui redoute un procès de la John Birch organisation.



Le titre permet d'illustrer les accès de fièvre qui s'emparent des Etats-Unis à intervalles réguliers. En l'occurrence, il s'inscrit dans le contexte de la guerre froide. Face à la menace que constitue le bloc soviétique, de nombreux Américains versent dans l'anticommunisme viscéral, quitte à voir des communistes partout. Cette red scare, la "peur du rouge", s'était déjà emparée du pays, au début du siècle, frappant impitoyablement tout individu de sympathie anarchiste.


Mais, l'acmé du phénomène reste sans conteste, la période du mccarthysme qui s'abat sur les Etats-Unis de 1947 à 1953.
Cette épisode se caractérisa par une paranoïa aigüe qui s'empara d'une frange très large de la population américaine. McCarthy en vint à suspecter tout le monde, voyant la mainmise des communistes sur l'ensemble des postes de direction aux Etats-Unis, de la Maison Blanche au Pentagone en passant par Hollywood.

Dylan démonte avec beaucoup d'humour ce mode de pensée qui conduit l'individu à suspecter tout le monde (même les présidents américains les lus illustres ne sont pas épargnés: "Prenez Eisenhower, c'est rien qu'un espion russe / Tout comme Lincoln, Jefferson et le nommé Roosevelt") et à voir des complots partout. Il met aussi en évidence les accointances nombreuses entre l'anticommunisme aux Etats-Unis et sympathies néo-nazies. Outre la référence à Hitler, le chanteur mentionne aussi George Lincoln Rockwell, le leader du parti néo-nazi américain au cours des années soixante: "il n'y a qu'un homme qui soit vraiment américain, c'est George Lincoln Rockwell".

George Lincoln Rockwell, parfois appelé l'"Hitler américain".

A d'autres occasions et dans des contextes très différents, l'opinion publique américaine et ses relais médiatiques, ont pris pour cible d'autres populations.
- Ainsi, pendant la seconde guerre mondiale, les Américains d'origine japonaise furent arrêtés et parqués dans des camps d'internement.
- Après les attentats du 11 septembre 2001, les populations originaires du Proche-Orient furent souvent victimes d'amalgames scandaleux.

"Bob Dylan: "Talkin' John Birch Paranoid Blues"

Well, I was feelin' sad and feelin' blue,
I didn't know what in the world I was gonna do,

Them Communists they wus comin' around,
They wus in the air,
They wus on the ground.
They wouldn't gimme no peace. . .


So I run down most hurriedly
And joined up with the John Birch Society,
I got me a secret membership card
And started off a-walkin' down the road.
Yee-hoo, I'm a real John Bircher now!
Look out you Commies!

Now we all agree with Hitlers' views,
Although he killed six million Jews.
It don't matter too much that he was a Fascist,
At least you can't say he was a Communist!
That's to say like if you got a cold you take a shot of malaria.

Well, I wus lookin' everywhere for them gol-darned Reds.
I got up in the mornin' 'n' looked under my bed,
Looked in the sink, behind the door,
Looked in the glove compartment of my car.
Couldn't find 'em . . .

I wus lookin' high an' low for them Reds everywhere,
I wus lookin' in the sink an' underneath the chair.
I looked way up my chimney hole,
I even looked deep inside my toilet bowl.
They got away . . .

Well, I wus sittin' home alone an' started to sweat,
Figured they wus in my T.V. set.
Peeked behind the picture frame,
Got a shock from my feet, hittin' right up in the brain.
Them Reds caused it!
I know they did . . . them hard-core ones.

Well, I quit my job so I could work alone,
Then I changed my name to Sherlock Holmes.
Followed some clues from my detective bag
And discovered they wus red stripes on the American flag!
That ol' Betty Ross . . .

Well, I investigated all the books in the library,
Ninety percent of 'em gotta be burned away.
I investigated all the people that I knowed,
Ninety-eight percent of them gotta go.
The other two percent are fellow Birchers . . . just like me.

Now Eisenhower, he's a Russian spy,
Lincoln, Jefferson and that Roosevelt guy.
To my knowledge there's just one man
That's really a true American: George Lincoln Rockwell.
I know for a fact he hates Commies cus he picketed the movie Exodus.

Well, I fin'ly started thinkin' straight
When I run outa things to investigate.
Couldn't imagine doin' anything else,
So now I'm sittin' home investigatin' myself!
Hope I don't find out anything . . . hmm, great God!

___________

J'étais triste et plein d'idées noires
et sans la moindre idée de ce que j'allais faire
et ces sacrés communistes qui rôdaient
ils étaient sur les ondes et dans l'air
ils étaient sur terre ils n'allaient jamais me ficher la paix

Alors j'ai pris mes jambes à mon cou pour aller
m'inscrire à la John Birch Society
je m'y suis pris une carte de membre secret
et je suis reparti parcourir les rues
Youpi me voilà John Bircher pour de bon!
Garez-vous, les cocos!

On est tous d'accord avec Hitler
bien qu'il est tué six millions de juifs
quelle importance qu'il ait été fasciste
au moins on peut pas dire qu'il était communiste!
C'est comme qui dirait se faire piquer pour le typhus quand on a un rhume

je me suis mis à les chercher partout, ces bon Dieu de rouges
le matin au réveil, un coup d'œil sous mon lit
un coup d'œil dans l'évier, un coup derrière ma porte
et dans la boîte à gants de la voiture
pas moyen de les repérer

je les ai cherchés du sol au plafond, les rouges
je les ai cherchés dans l'évier, sous la chaise
j'ai regardé dans le conduit de la cheminée
et même au fond de ma cuvette de cabinets
ils m'échappaient...

Assis tout seul chez moi, j'avais des sueurs froides
je les croyais dans ma télé
j'ai glissé un œil derrière l'écran
j'ai encaissé le jus, ça m'a secoué des pieds jusqu'au bulbe
C'était un coup des rouges!
C'était bien eux... ils sont coriaces!

J'ai quitté mon boulot pour travailler tout seul
j'ai changé mon nom pour celui de Sherlock Holmes
mon fourre-tout de limier à la main, j'ai suivi des indices
et découvert qu'il y avait des bandes de rouges sur le drapeau américain!
Cette vieille Betsy Ross... [elle fabriqua le 1er drapeau américain tel qu'il fut adopté par le Congrès, en 1977]

J'ai inspecté tous les livres dans la bibliothèque
à quatre-vingt-dix pour cent, ils sont à brûler
j'ai inspecté tous les gens que je connaissais
à quatre-vingt-dix pour cent, faut qu'ils y passent
les deux pour cent restants étaient des John Birchers ... comme moi

Prenez Eisenhower, c'est rien qu'un espion russe
Tout comme Lincoln, Jefferson et le nommé Roosevelt
à ma connaissance, il n'y a qu'un homme
qui soit vraiment américain, c'est George Lincoln Rockwell
c'est la vérité vraie qu'il encaisse pas les communistes: il a fait manifester
devant l'entrée d'Exodus

Pour finir, j'ai commencé à voir juste
quand j'ai plus rien eu sur quoi enquêter
et comme j'imaginais pas pouvoir faire autre chose
je me retrouve assis chez moi à enquêter sur moi!
j'espère que je vais rien trouver ... enfin... bon Dieu!

Sources:
- Extraits de la biographie que François Bon consacre à Dylan.
- "Les conservateurs américains se mobilisent" par Etienne Augris.
- Une courte biographie de Dylan.
- Un article clair et complet sur "la chasse aux sorcières" sur le blog de R. Tribouilloy.
- La red scare ne date de l'après seconde-guerre mondiale, la preuve.

mardi 23 décembre 2008

128. Barry Sadler:"Ballad of the green berets" (1965).


Pochette du disque de Barry Sadler.

Bien loin du protest song ou des chants révolutionnaires, voici un hymne à l'armée américaine, envisagée comme ultime rempart face à l'avancée communiste, sur fond de guerre du Vietnam.

Ce morceau du Staff Sergeant Barry Sadler date de 1965. L’escalade militaire a débuté au Vietnam, mais les protestations contre l’intervention américaine restent alors extrêmement minoritaires.
A ce titre, ce morceau semble très représentatif de l’état d’esprit de la majorité silencieuse américaine d'alors. Cet élément est à bien prendre en compte, tant le succès a posteriori des chanteurs rocks protestataires, ou en tout cas critiques, peut brouiller les repères. Et si, au fil du conflit, l'opinion américaine se montre de plus en plus rétive à l'idée d'envoyer ses boys au Vietnam, une majorité d'Américains n'en soutient pas moins son gouvernement dans son œuvre de "défense de la démocratie" face au péril communiste.
Cela permet aussi de souligner à quel point le phénomène protest restait minoritaire à l’époque.


Le lieutenant colonel Robert L. Stirm retrouve sa famille, après avoir passé 5 ans en captivité comme prisonnier de guerre au Nord Vietnam (1973 © Slava Veder).


L’interprète et auteur de la chanson, le Staff Sergeant Barry Sadler est parti pour le Vietnam à l’époque des premiers « conseillers militaires ». Il devient très vite, un vrai héros de la guerre. En effet, lors d'une mission, il perd une moitié de jambe dans un piège de bambous empoisonnés qui provoque une infection de la blessure. Mais, l'homme a de la ressource. Il s'opère seul et se rétablit lentement à l'hôpital. Dès 1965, il compose cette ode aux bérets verts, le prestigieux corps d’élite de l’armée américaine ("Aujourd'hui, une centaine d'hommes seront testés /
mais trois seulement obtiendront le béret vert."). La chanson raconte l’histoire d’un soldat mourant qui s’adresse à son épouse. Le dernier couplet de la chanson s'avère particulièrement pathétique.

Les valeurs traditionnelles américaines sont ici défendues:
- le patriotisme qui anime nombre de soldats ("Les ailes d'argent sur la poitrine /
ces hommes, sont ce que l'Amérique compte de meilleur").
-le sentiment de défendre la liberté, ou en tout cas une juste cause ("il est mort pour les opprimés").
- la glorification de l’armée.


Barry Sadler, un véritable héros de guerre.

Le disque sort en janvier 1966, quelques mois après la publication du roman de Robin Moore, "Les bérets verts", un best-seller qui exalte lui aussi le corps d'élite de l'armée américaine. Il s’écoule plus d’un million d’exemplaires du morceau dès le week-end qui suit la sortie du disque, dont le lancement est même soutenu par le Pentagone. Il restera n°1 durant cinq semaines et sera le disque le plus vendu de 1966 !!!
Le morceau sera repris à de trop nombreuses reprises, dans le monde entier. En France, Bernard Minet se fendra de son "Petit tambour", tandis que dès 1966, Bernard Tapy (en version chanteur) entonnera l'inoubliable, et pourtant oublié ", passeport pour le soleil"... Bon, comme il ne faut pas abuser des bonnes choses, je vous épargne la multitude d'autres reprises du morceau qui existent (80 artistes différents enregistrent leurs versions du morceau de Sadler en 1966).


Après le roman de Moore, la chanson de Sadler, on peut s'étonner de l'échec commercial du film "Green berets", réalisé et interprété par le très conservateur John Wayne. Mais, à y regarder de plus près, le fiasco était prévisible. En effet, le film sort en 1968, deux ans après le roman et la chanson précédemment évoqués. La situation s'est considérablement détériorée au Vietnam et l'opinion semble de plus en plus lasse de cette guerre meurtrière à l'issue improbable.

Le brave Sadler décédera en 1989, un an après avoir été blessé par balle, au Guatemala, où il entraînait les contras nicaraguayens (alliés désignés de l'URSS, ... oops je voulais dire "l'Empire du mal", que Reagan s'était promis de détruire).



Barry Sadler:"Ballad of the green berets" (1965).

"Fighting soldiers from the sky
Fearless men who jump and die
Men who mean just what they say
The brave men of the Green Beret
Chorus:
Silver wings upon their chest
These are men, America's best
One hundred men will test today
But only three win the Green Beret

Trained to live off natures land
Trained in combat, hand-to-hand
Men who fight by night and day
Courage peak from the Green Berets

(Chorus) Silver wings upon their chest
These are men, America's best
One hundred men will test today
But only three win the Green Beret

Back at home a young wife waits
Her Green Beret has met his fate
He has died for those oppressed
Leaving her his last request
"Put silver wings on my son's chest
Make him one of America's best
He'll be a man they'll test one day
Have him win the Green Beret"

(Chorus) Silver wings upon their chest
These are men, America's best
One hundred men will test today
But only three win the Green Beret

____________________________________

Ces combattants venus du ciel /
des hommes sans peur, qui sautent et meurent /
des hommes qui font tout ce qu'ils disent /
les braves gars au béret vert

Refrain
Les ailes d'argent sur la poitrine /
ces hommes, sont ce que l'Amérique compte de meilleur /
Aujourd'hui, une centaine d'hommes seront testés /
mais trois seulement obtiendront le béret vert."

Exercés pour vivre en milieu hostile /
Prêts pour combattre, en corps-à-corps /
des hommes qui combattent de jour comme de nuit /
Armés de courage par leurs bérets verts

Refrain
Les ailes d'argent sur la poitrine /
ces hommes, sont ce que l'Amérique compte de meilleur /
Aujourd'hui, une centaine d'hommes seront testés /
mais trois seulement obtiendront le béret vert."

A la maison une jeune femme attend /
son béret vert a rencontré son destin /
il est mort pour les opprimés /
en lui laissant sa dernière volonté /
'Epingle les ailes d'argent sur la poitrine de mon fils /
fais-en l'un des meilleurs d'Amérique /
il sera de ces hommes qu'ils testeront un jour /
fais lui gagner le béret vert"

Refrain
Les ailes d'argent sur la poitrine /
ces hommes, sont ce que l'Amérique compte de meilleur /
Aujourd'hui, une centaine d'hommes seront testés /
mais trois seulement obtiendront le béret vert."

Source:
- Y. Delmas et C. Gancel:"Protest song", Textuel, Paris, 2005, p 159.

dimanche 21 décembre 2008

127. Sagbohan Danialou: "Commerce Triangulaire (A Qui la Faute)".

Sagbohan Danialou est un musicien béninois renommé. Initié à la musique par son père, Sagbohan Danialou débute comme percussionniste dans une formation de six musiciens. Percussionniste moderne mais aussi traditionnel, Sagbohan Danialou s'adressent particulièrement à la jeunesse dans ses chansons et place l’éducation au coeur de son répertoire.
Une préoccupation que l’on retrouve dans les paroles de ses chansons. « Je ne veux pas être seulement un chanteur qui chante. Je veux également être utile à la société. Le thème que je choisis doit être bien perçu et éducatif ». Exemple ici avec ce morceau consacré au commerce triangulaire.



Le commerce triangulaire est le nom que l'on donne au commerce des esclaves. La traite négrière transatlantique commença au XVIème siècle pour s'achever au XIXème siècle. Il s'agissait de transporter des êtres humains d'Afrique en Amérique pour en faire des esclaves. Ce voyage, la traite, se déroulait en effet en plusieurs étapes :

Dans un premier temps, les navires négriers, affrétés par de riches armateurs européens, quittaient les ports français (Nantes, La Rochelle, Bordeaux, Le Havre), hollandais ou britanniques, chargés de vivres et diverses marchandises (quincaillerie, armes, poudre, étoffes, cuivre, eau de vie...), destinées à l'achat des esclaves, en Afrique.

Une fois les esclaves razziés ou achetés à un marchand d'esclave local, les navires quittaient la côte africaine. Dans leurs cales, les malheureux esclaves enchaînés devaient supporter des conditions de transport effroyables. Lors de cette traversée, les pertes humaines étaient très nombreuses (parfois supérieures à 10%), les négriers chargeant leurs navires au maximum.

Sur place, tous les esclaves étaient vendus, individuellement aux Etats-Unis ou en groupe aux Antilles, mais le navire ne repartait jamais vide. Avec l'argent de la vente des esclaves, les négriers se fournissaient en produits locaux coloniaux (café, sucre...), revendus dans toute l'Europe.



Ce système s'avèrait très lucratif pour ses organisateurs et il a fait la richesse de ports européens comme Bordeaux ou Nantes. La traite finit par être interdite en 1808 en Angleterre, en 1812 par les Etats-Unis, en 1827 par la France. Pour autant, l'esclavage se perpétua, par "reproduction" sur place (au XIXème siècle, on utilisait l'horrible expression "faire du noir"). Et il fallut attendre encore plusieurs dizaines d'années pour qu'il soit supprimé.
François-Auguste Biard [Public domain]
La Révolution française abolit l'esclavage (en 1794), mais Napoléon, qui a épousé une béké de la Martique, Joséphine de Beauharnais, le rétablit (dès 1802). Il ne sera définitivement aboli qu'en 1848 (sous la IIème République), sous l'impulsion du député Victor Schoelcher.

Sagbohan Danialou: "Commerce Triangulaire (A Qui la Faute)".

"Les enfants les plus valides ont été arrachés / au continent noir pour alimenter le commerce triangulaire (2X) (...)
c'est un péché commun entre vendeurs et acheteurs
Les enfants les plus valides ont été arrachés / au continent noir pour alimenter le commerce triangulaire (2X) (...)
C'est un péché commun entre noirs et blancs (...)
faisons taire les rancœurs, lamentations et passions, / allons à l'autel du pardon, de la réconciliation / c'est ce que le général a compris / en invitant les frères de la diaspora à la conférence du pardon et de la réconciliation (...)"

Sources:
« Atlas des esclavages », Marcel Dorigny et Bernard Gainot, cartographie par Fabrice Le Goff, Collection Mini Atlas © Éditions Autrement, 2006.

Liens:
- Un dossier très complet mis au point par Etienne Augris.
- Les routes de l'esclavagisme (Unesco.org).
- Un dossier très complet sur l'esclavage.
- Le code noir.
- La traite des noirs en 30 questions.
- Le système de la traite.
- Une très bonne sélection de sites consacrés à ce thème sur le site du CRDP de l'académie de Nice.
- Article consacré à l'abolition de l'esclavage sur le site de l'Assemblée nationale.

mercredi 17 décembre 2008

126. Skatalites:"Malcolm X".

Au début des années soixante, une nouvelle génération de musiciens accède au devant de la scène musicale jamaïcaine. Tommy mc Cook (saxophone), Roland Alphonso (Saxophone), Lester Sterling (saxophone) , Johnny Moore (trompette), Baba Brooks (trompette), Jah Jerry (guitare), Harold Moore (guitare), Lloyd Brevette (basse), Lloyd Knibs (batterie), Jackie Mittoo (piano) Lord Tanamo(chant), Tony da Costa (chant) et Don Dummond (trombone) constituent ainsi l'ossature des Skatalites, le plus grand groupe de ska de l'île. Très vite, ils imposent leur style explosif sur des instrumentaux à l'enthousiasme communicatif.


Les Jamaïcains n'ont pu rester indifférents à l'essor du mouvement des droits civiques, puis sa radicalisation dans le cadre du Black Power. Ils se sont immédiatement identifiés aux grands leaders, notamment Malcom X, très populaire chez les rude boys de l'île, qui se retrouvaient dans les thématiques développés par cet homme en colère.
De nombreux morceaux du répertoire jamaïcain illustrent ces emprunts aux cousins afro-américains dont la musique inondait la Jamaïque via les ondes et soulignent en même temps la volonté de changements. Quelques exemples: « Fighting For your Rights » des mrveilleux Techniques, « Equal Rights » des Heptones ou « Young Gifted And Black » de Bob Andy et Marcia Griffiths, emprunté à Nina Simone.

Ici, les Skatalites rendent un vibrant hommage à Malcolm X. Né Malcolm Little, le jeune homme, arrêté pour de menus larcins en 1946, se convertit à l'islam en prison. Il devient un disciple Elijah Muhammad, fondateur d'une secte rigoriste, la Nation of islam. Malcolm abandonne à cette occasion son nom de naissance, "imposé à [ses] ancêtres par quelque diable blanc aux yeux bleus". Il devient le porte parole de l'organisation musulmane. Il y déploie ses talents oratoires exceptionnels.

Très tôt, il renonce à la politique non-violente de Martin Luther King et ne cesse de promettre à l'"Amérique un bain de sang". En 1963, en froid avec Muhammad, Malcolm X quitte la Nation of islam. Un voyage à la Mecque infléchit fortement sa pensée politique et il tend à se rapprocher de la lutte contre l'impérialisme et le néo-colonialisme de la mouvance tiers-mondiste en plein développement. Il fonde ainsi l'Organisation pour l'unité afro-américaine.

Il est assassiné dans des circonstances mystérieuses en 1965. En tout cas, il influencera très largement le mouvement des Black Panthers qui apparaît quelques années plus tard.

Liens:
- Pour en savoir plus sur les Skatalites (Ital corner), voir cet excellent blog consacré, entre autres aux musiques jamaïcaines.
- Un autre article de l'Histgeobox dédié à Malcolm X.
- "La musique au temps des Black Panthers' sur Lire-Ecouter-Voir.

dimanche 14 décembre 2008

125. J.R. Caussimon: "LaCommune est en lutte". (1975).

Jean Roger Caussimon est un auteur de très nombreuses chansons, interprétées notamment par Léo Ferré ("monsieur William"). Il n'hésite pas cependant à chanter lui-même ses compositions dans lesquelles il pourfend les conservatismes et les réactionnaires de tout poil. Cette chanson est enregistrée par Jean-Roger Caussimon pour le film de Bertrand Tavernier "Le juge et l'assassin". Elle constitue le final de ce film dont l'action se situe en 1893... Il est pourtant bien ici question de la Commune de Paris.



Pour mieux saisir les origines de la Commune, il convient de revenir à la cuisante défaite de la France face à la Prusse, en 1870. Le Nord et l'Est du territoire sont envahis, l'empereur arrêté, les généraux faits prisonniers... Et si le gouvernement de la Défense nationale entendait, dans un premier temps, continuer à tout prix le combat, il perd bientôt son ardeur.
* Pendant ce temps, Paris est encerclé par les Prussiens et assiégé. Au cours de l'hiver 1870, les Parisiens subissent un siège terrible et souffrent de la faim. Ils se défendent comme ils le peuvent, notamment les gardes nationaux qui touchent une modeste solde, qui permet aux plus pauvres de survivre. Animés par un grand patriotisme (ils ont acheté avec leurs deniers 227 canons entreposés sur les hauteurs de Montmartre), ils souhaitent combattre jusqu'au bout, sans abdiquer. Les loyers ont été suspendus tant que les activités n’ont pas repris.


Charles-Henri Piulle: "Cantine municipale pendant le siège de Paris"(65x81cm, Carnavalet).
Après un siège si rude, la demande d'armistice formulée par le gouvernement provisoire, en février 1871, écœure les Parisiens, d'autant plus humiliés que les Prussiens entrent dans Paris le 1er mars.
Or, les Parisiens qui ont subi le siège ne sont pas tous les Parisiens : ce sont les plus pauvres qui n’ont pas de maison de campagne et ont dû rester à Paris, la plupart des plus riches sont partis avant le siège. Ces Parisiens pauvres, surtout des ouvriers, sont fortement marqués alors par les idées socialistes, notamment celles de Proudhon et de Blanqui. Rapidment les esprits s'échauffent...

Les provocations « versaillaises ».
Bismarck veut négocier la paix non pas avec le gouvernement provisoire de septembre 1870, mais avec un gouvernement légitime désigné par les Français. Des élections sont donc organisées pour élire une Assemblée. La campagne se fait sur l’unique thème de la paix (proposée par les monarchistes, les bonapartistes et la droite en général) ou la guerre (voulue par les Républicains). La victoire revient aux conservateurs, représentant la France rurale et traditionnelle, se méfiant des « rouges », des « classes dangereuses » ouvrières des villes: on compte 400 royalistes, 30 bonapartistes et 150 républicains. Cette Assemblée désigne en son sein un gouvernement, dirigé par Thiers, «chef du pouvoir exécutif de la République française ».
D'emblée, cette majorité favorable à la paix inspire la plus grande méfiance au peuple de Paris qui élit pour sa part des républicains radicaux.

Dès lors, les nouveaux pouvoirs multiplient les provocations contre les Parisiens :
- ils choisissent de s’installer à Versailles, et non à Paris, dont ils redoutent les agitations révolutionnaires ;
- le gouvernement supprime aussitôt la solde des gardes nationaux parisiens (seul revenu de la plupart des familles, que le siège avait privées de leur travail) et le moratoire (=délai) des loyers et des effets de commerce décidé pendant le siège.
- Enfin, il décide de récupérer les canons achetés par les Parisiens et massés sur les hauteurs de Montmartre et de Belleville. Pour Thiers, il convient en effet de désarmer la garde nationale.

Avril-mai 1871. Rue de la Bonne. Pièce d'artillerie qui paraît avoir été placée rue de la Bonne et semble avoir été dirigée vers le nord. 20528-2 © Bibliothèque Historique de la Ville de Paris

* La Commune de Paris (mars-mai 1871).

Le 18 mars 1871, les insurgés empêchent les soldats envoyés par le gouvernement versaillais de récupérer les canons. Les troupes fraternisent aec les émeutiers et exécutent les généraux Lecomte et Thomas. Le 26 mars, des élections permettent de désigner est un Conseil insurrectionnel de la Commune [sur le modèle de celle l'An II sous la Révolution française, associée dans les mémoires à la Convention et au Comité de Salut public qui avait aboli la monarchie et sauvé la République en 1792], véritable gouvernement de 90 membres, composé des diverses tendances du socialisme français de l’époque. On peut citer, entre autres, le socialiste Eugène Varlin, le blanquiste Edouard Vaillant, l’écrivain Jules Vallès (L‘Insurgé), le peintre Gustave Courbet, des ouvriers…
Refusant toute négociation avec les insurgés, Thiers retire ses troupes de Paris pour préparer une reconquête de la ville insurgée.

Pendant 72 jours, cette Commune gouverne Paris, proclamée "ville libre". Elle met en place quelques mesures sont projetées:
- Proclamation de la journée de 10 heures;
- L'interdiction du travail de nuit pour les femmes et les enfants;
- la Séparation de l’Eglise et de l’Etat, la laïcisation de l’enseignement;
- Création de coopératives ouvrières.
- l'adoption du drapeau rouge, le rétablissement du calendrier révolutionnaire.
Dans les faits, faute de temps et de moyens, ces mesures resteront à l'état de projets.

En tout cas, une intense activité révolutionnaire règne, à laquelle tous participent, notamment les femmes. C’est une fête continuelle, une libération, mais les disputes sont très nombreuses au sein du Conseil et les Versaillais attendent leur heure…

* La répression :

- Le siège de la capitale par l’armée versaillaise dure 6 semaines, pendant lesquelles les bombardements sont intenses.
- Sous les ordres du maréchal Mac Mahon, les 130 000 « versaillais » libérés de façon anticipée par Bismarck à la demande de Thiers (entre conservateurs !), réussissent à pénétrer dans Paris, après deux mois de siège. Face à eux, on a 20 000 à 30 000 « fédérés » (rappel de la Révolution), braves, mais mal encadrés et parmi lesquels on compte peu de soldats de métier. Des exécutions sommaires ont lieu dans les deux camps.
- C’est alors la « semaine sanglante » (21-28 mai) : des combats acharnés ont lieu dans la capitale, dont les principaux lieux de pouvoir sont incendiés par les Communards (palais des Tuileries, Hôtel de Ville). Le Paris ouvrier de l’Est, hérissé de 500 barricades, se défend contre les Versaillais et les derniers combats ont lieu dans le cimetière du Père Lachaise. Les derniers chefs communards y sont fusillés contre le « mur des fédérés ».

- La répression est d’une férocité extrême, à la mesure de la peur des conservateurs et des possédants : c’est l’épilogue d’une guerre non pas civile, mais sociale (= exemple pris par K. Marx pour illustrer la lutte des classes). On ne connaît pas le bilan exact, mais c’est une immense boucherie: sans doute environ 20 000 morts dans les combats (dont 3500 fusillés), 38 000 arrêtés dont plus de 10 000 condamnés, 8000 déportés (Algérie, Guyane, Nouvelle Calédonie).
Les conséquences de la répression.


Cadavres de Communards.

- Le mouvement ouvrier et socialiste est décapité pour une génération. Les premiers grands troubles sociaux ne se produiront qu’après 1900.
- L’extrême gauche s’éloigne pour longtemps de la République, qui, comme en juin 1848, se coupe de ses racines populaires.
- Paradoxalement, la répression ancre solidement la République dans la France conservatrice : elle a montré qu’elle pouvait contenir les désordres.
- Paris ne fait plus l’histoire du pays, à l’heure du suffrage universel : le mouvement n’a pratiquement pas été imité en province.
Il faut attendre 1880 pour qu'une amnistie complète soit adoptée, permettant la libération de plus de 500 prisonniers, dont Louise Michel.
Très vite, la Commune devient une référence incontournable pour la gauche. Elle possède ses "lieux de mémoire", comme le mur des Fédérés, au Père Lachaise, devant lequel chaque 1er mai, les organisations de gauche se retrouvent à partr de 1880.



Texte de Jean-Roger Caussimon, musique de Philippe Sarde

Sans doute, mon amour, on n’a pas eu de chance
Il y avait la guerre
Et nous avions vingt ans
L’hiver de 70 fut hiver de souffrance
Et pire est la misère
En ce nouveau printemps...
Les lilas vont fleurir les hauteurs de Belleville
Les versants de la Butte
Et le Bois de Meudon...
Nous irons les cueillir en des temps plus faciles...

La Commune est en lutte
Et demain, nous vaincrons...

Nous avons entendu la voix des camarades :
« Les Versaillais infâmes
Approchent de Paris...
Tu m’as dit : « Avec toi, je vais aux barricades
La place d’une femme
Est près de son mari... »
Quand le premier de nous est tombé sur les pierres
En dernière culbute
Une balle en plein front
Sur lui, tu t’es penchée pour fermer ses paupières...

La Commune est en lutte
Et demain, nous vaincrons...

Ouvriers, paysans, unissons nos colères
Malheur à qui nous vole
En nous avilissant...
Nous voulons le respect et de justes salaires
Et le seuil des écoles
Ouvert à nos enfants.
Nos parents ne savaient ni lire ni écrire
On les traitait de brutes
Ils acceptaient l’affront...
L’Égalité, la vraie, est à qui la désire...

La Commune est en lutte
Et demain, nous vaincrons...

Les valets des tyrans étaient en plus grand nombre
Il a fallu nous rendre
On va nous fusiller
Mais notre cri d’espoir qui va jaillir de l’ombre
Le monde va l’entendre
Et ne plus l’oublier...
Soldats, obéissez aux ordres de vos maîtres
Que l’on nous exécute
En nous visant au cœur
De notre sang versé,
la Liberté va naître...

La Commune est en lutte
Et nous sommes vainqueurs...

* Sources:
- Jacques Rougerie:"Paris insurgé, La Commune de 1871", Gallimard, 1995.

Sur la platine: décembre 2008.

The paragons.

Sur la platine ce mois-ci:




1. Big Maybelle: "It's a man man's world". Une reprise savoureuse de ce tube de James Brown par une des pionnières du rythm and blues, la truculente Big Maybelle.

2. Caravan Palace: "Jolie coquine". Ce jeune groupe français mélange avec bonheur jazz manouche et sonorités électro. Sur certains titres de leur album, le résultat est franchement enthousiasmant, à l'instar de cette "jolie coquine".

3. Scotty:"I worry". Un de mes chanteurs jamaïcains favoris. Scotty possède une voix gorgée de soul qui fait mouche à tous les coups. Sous la houlette du producteur Derrick Harriot, il enregistra au cours des années soixante des morceaux qui, quarante ans après, n'ont pas pris une ride.

4. The Paragons:"Man next door". Encore une pépite rocksteady jamaïcain signée des Paragons, le groupe à succès du label Treasure Isle de Duke Reid. Le leader de ce groupe à géométrie variable, John Holt, deviendra une des plus superstars de l'île, s'illustrant dans tous les registres, du reggae roots, au dancehall, en passant par les ballades sentimentales les plus langoureuses, grâce à sa voix de velours.

5. Wilson Simonal:"Ne vem que mao tem". Un classique brésilien repris chez nous par Marcel Zanini, qui en fit son "Tu veux ou tu veux pas". Pour les chanteurs français, de variété ou autre, la musique brésilienne constituera une source d'inspiration de choix. Nougaro ("tu verras, tu verras"), Vassiliu ("les eaux de mars") ne s'y tromperont pas.

6. Cartola:"Alvorada". Une des légendes de la samba brésilienne, Cartola possède une voix légérement voilée, absolument irrésistible: la preuve. A l'écoute du morceau, il semble bien difficile de rester statique.
Cartola

7. Orchestre Poly-Rythmo:"Gbeti Majro". Un morceau de funk béninois qui n'a rien à envier aux classiques incendiaires de James Brown et ses JB's. Le morceau est tiré d'une formidable compilation, qui illustre la richesse du patrimoine musical de l'Afrique de l'ouest, qui ne se limite pas à l'afrobeat nigerian.

8. Joseph Kabasele et l'African Jazz:"Indépendance cha cha". Enfin pour terminer, ce morceau irrésistible de rumba congolaise, dont nous vous avons parlé sur le blog.

Lien: Pour en savoir plus sur la compilation African Scream Contest.

vendredi 5 décembre 2008

124. Lord Brynner:"Congo war". (1966)

Ce ska survolté de l'obscur Lord Brynner permet d'évoquer la crise congolaise, ces cinq années de guerres civiles qui débutèrent quelques jours seulement après l'indépendance et ne s'achevèrent qu'avec la prise de pouvoir de Mobutu.



Sans aucune préparation, l'indépendance du Congo est accordée par la Belgique le 30 juin 1960. Par une mesure de compromis, le pouvoir est partagé entre deux adversaires politiques: Lumumba devient premier ministre et Joseph Kasavubu président. Patrice Lumumba se trouve alors dans une situation compliquée. En effet, il dispose de très peu de cadres formés. D'autre part, cinq jours après l'indépendance, l'armée se mutine. Lumumba entend maintenir l'unité du pays, or le 11 juillet 1960, la plus riche province du pays, le Katanga fait sécession et déclare unilatéralement son indépendance. La Belgique, qui y voit un moyen de préserver ses intérêts économiques, soutient activement cette sécession (tout comme de nombreux mercenaires européens et sud-africain, ainsi que l'Union minière du Haut-Katanga).

La riche province du Katanga (diamants, cobalt) fait sécession, bientôt suivie par le sud Kasaï (bien pourvue, elle aussi, en diamants). (cette carte est tirée de l'émission Le dessous des cartes).

Dans ces conditions, Lumumba menace de se tourner vers l'URSS. Kasavubu et Lumumba se destituent mutuellement début septembre 1960. Placé en résidence surveillé, Lumumba est finalement trahi par son ancien secrétaire, le général Mobutu, qui est devenu l'homme fort du pays depuis qu'il contrôle la capitale. Traqué par les hommes de Mobutu, les services secrets belges, les agents de la CIA, Lumumba est arrêté le 3 décembre 1960 et transféré au Katanga, aux mains de son pire ennemi, M. Tshombé.

Le 17 janvier 1961, il est assassiné. Les milices de Mobutu déterrent son corps à deux reprises, avant de le faire disparaître dans l'acide sulfurique, gracieusement fournie par l'Union minière du Haut Katanga, toujours détenue par les Belges. Pendant ce temps, la sécession du Katanga se poursuit et il faut l'intervention des casques bleus de l'ONU (déc. 1962-fév. 1963) pour réduire la résistance de Moïse Tshombé, le leader katangais.

Dans la province de Stanleyville, au nord, les partisans de Pierre Mulele, ancien partisan de Lumumba, forment une rébellion, qui se réclame de l'esprit de Patrice Lumumba. En fait, le gouvernement de Kasavubu ne parvient pas à contrôler le pays, traversé par de nombreux mouvements autonomistes.
C'est finalement un coup d'Etat militaire, conduit le 24 novembre 1965 par le colonel Mobutu, qui instaure l'unité nationale et tente de relancer l'économie. Mobutu établit un régime présidentiel autoritaire, s'appuyant sur un parti unique. Il élimine impitoyablement tous ses rivaux. Il parvint ainsi à se maintenir au pouvoir jusqu'en 1997 (M. Augris vous en reparle très bientôt).

Lord Brynner:"Congo war".
It is sad but it’s exciting, / When I read the newspaper.
About what’s happening / In the western province of Africa.
Everybody’s fighting,
to get the fortune and fame.
But it is amusing,
When I read all the bosses names.
Such as Kasavubu,
and Antoine Gizenga
Fighting to gain power over Katanga.
Colonel Mombutu
and Justin Momboko
rivaling Tshombé
to be boss over the Congo.
My father made me to know
that my great great gandfather
Came from the Congo in the Western Province of Katanga.
But I can’t remember his name,
because it was too long.
and if I called the name I might have to bite me tonge.
All like Kasavubu
and Patrice Lumumba
Fighting to gain power over Katanga
Colonel Mombutu
and Justin Momboko
rivaling Tshombe to be boss over the Congo.
Oh Congo bawa wa mojique berle
arre baba arela ah roqo di mole,
Mojique berle Congo,
eh uwah Kosu.
______________________
Lord Brynner:"La guerre du Congo".
Dans les régions de l'afrique de l'ouest / tout le monde se bat pour la fortune et la gloire / mais il est amusant de lire tous les noms des chefs.
comme Kasavubu, / et Antoine Gizenga / s'affrontant pour s'emparer du Katanga.
Colonel Mobutu / et Justin Momboko / rivalisant avec Tshombé / pour contrôler le Congo.
Mon père m'apprit / que mon arrière-arrière grand-père / venait du Congo, de la province de l'ouest, le Katanga. Mais je ne me souviens plus de son nom, / car il était trop long.
et si je donnais le nom je m'en mordrai peut-être les doigts.
comme Kasavubu / et Patrice Lumumba / s'affrontant afin de s'emparer du Katanga / Colonel Mobutu / et Justin Momboko combattant Tshombe pour devenir les maîtres du Congo.
Oh Congo bawa wa mojique berle
arre baba arela ah roqo di mole,
Mojique berle Congo,
eh uwah Kosu.

Spéciale dédicace à Marie, qui a traduit ce texte.
Découvrir:
- Lopango Ya Banka est un groupe de rap engagé porté par huit jeunes artistes d’origine congolaise. Kongo Bololo, le premier album du groupe, interprété dans trois langues de la République Démocratique du Congo.



Liens:
* Sur l'histgeobox, d'autres titres sont consacrés au Congo:
- Vincent Courtois et Ze Jam Afane:"L'arbre Lumumba". Une superbe chanson qui permet d'aborder la déforestation en Afrique centrale, mais aussi l'assassinat de Patrice Lumumba.
- Joseph Kabasele et l'African Jazz: "Indépendance cha cha". Ce morceau, composé lors de l'indépendance du Congo, devint un succès immense dans tous les pays africains nouvellement indépendants.
- Baloji: "Tout ceci ne vous rendra pas le Congo" (très bientôt sur le blog).
* La dernière lettre de Patrice Lumumba, adressée à son épouse.